JO-2024: la Seine trop polluée au 16 juin, à un mois et demi des épreuves

Des visiteurs prennent une photo de la Tour Eiffel dans un bateau «Taxi Seine Paris», un nouveau service de navette sur la Seine méritant deux escales au Louvre et au Bourdonnais, à Paris, le 13 juin 2024. La Seine était trop sale lors des analyses du 16 juin pour permettre le déroulement des épreuves olympiques de triathlon et de natation en eau libre, ont révélé les résultats d'une analyse le 21 juin 2024. (Photo Bertrand Guay AFP)
Des visiteurs prennent une photo de la Tour Eiffel dans un bateau «Taxi Seine Paris», un nouveau service de navette sur la Seine méritant deux escales au Louvre et au Bourdonnais, à Paris, le 13 juin 2024. La Seine était trop sale lors des analyses du 16 juin pour permettre le déroulement des épreuves olympiques de triathlon et de natation en eau libre, ont révélé les résultats d'une analyse le 21 juin 2024. (Photo Bertrand Guay AFP)
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Publié le Vendredi 21 juin 2024

JO-2024: la Seine trop polluée au 16 juin, à un mois et demi des épreuves

  • «La qualité de l'eau reste dégradée du fait d’un contexte hydrologique et météorologique défavorable : pluies, débit élevé, faible ensoleillement, températures en-dessous des normes de saison», expliquent les autorités locales
  • Le suspense demeure sur la tenue des épreuves olympiques depuis les «test-events» d'août 2023 qui ont dû être en grande partie annulés en raison d'une qualité de l'eau insuffisante

PARIS : La Seine était trop polluée au 16 juin, à un mois et demi des Jeux olympiques (26 juillet - 11 août), au regard des critères pour y autoriser les épreuves de triathlon et de natation en eau libre, selon les résultats d'analyses publiées vendredi.

«À date, les prélèvements dans la Seine ne correspondent pas aux standards que nous aurons cet été», a commenté lors d'un point presse le préfet de région Marc Guillaume, qui s'est dit «confiant, avec le Cojo (Comité d'organisation), sur la tenue des épreuves fin juillet début août dans la Seine».

Selon le bulletin hebdomadaire publié par la mairie de Paris et la préfecture d'Île-de-France, la mauvaise météo en France ces derniers jours explique des concentrations largement supérieures aux normes des deux bactéries fécales pour autoriser des compétitions dans le fleuve.

«La qualité de l'eau reste dégradée du fait d’un contexte hydrologique et météorologique défavorable : pluies, débit élevé, faible ensoleillement, températures en-dessous des normes de saison», expliquent les autorités locales.

«Le fort débit du fleuve, qui ne favorise pas une bonne qualité de l’eau, est le fruit de cette météo très pluvieuse», rappellent-elles également.

Selon les graphiques mis en ligne, le niveau de concentration en bactérie fécale E.Coli était supérieur à 1.000 unités formant colonie (UFC)/100 ml, le seuil retenu par les fédérations internationales de triathlon et de natation en eau libre pour autoriser la tenue d'épreuves, quasiment tous les jours du 10 au 16 juin.

Il atteignait ou dépassait même les 5.000 unités les 11, 15 et 16 juin. Une hausse qui «s'explique par des rejets en amont liés aux pluies», selon la mairie et la préfecture.

Star de ces JO, la Seine accueillera la cérémonie d'ouverture ainsi que les épreuves de triathlon, natation-marathon et paratriathlon.

Mais le suspense demeure sur la tenue des épreuves olympiques depuis les «test-events» d'août 2023 qui ont dû être en grande partie annulés en raison d'une qualité de l'eau insuffisante.

En cas de précipitations intenses, de l'eau non traitée - mélange de pluie et d'eaux usées - peut être rejetée dans le fleuve, un phénomène que des ouvrages de rétention inaugurés juste avant les Jeux ont vocation à empêcher.

Le plan B consiste à reporter de quelques jours les épreuves, mais pas à changer de lieu.


Législatives: la France face à un choix historique

Des électeurs font la queue pour voter dans un bureau de vote à Saint-Pierre, dans l'archipel français de l'Atlantique Nord de Saint-Pierre-et-Miquelon, le 29 juin 2024 (Photo, AFP).
Des électeurs font la queue pour voter dans un bureau de vote à Saint-Pierre, dans l'archipel français de l'Atlantique Nord de Saint-Pierre-et-Miquelon, le 29 juin 2024 (Photo, AFP).
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  • Le pays semble saisi d'une grande fébrilité et une forte participation est attendue
  • Les enseignements du premier tour pourraient toutefois être difficiles à tirer, tant les inconnues sont nombreuses

PARIS: Un scrutin historique en France: les électeurs se rendent aux urnes dimanche pour un premier tour d'élections législatives à grand suspense qui pourrait ouvrir la voie à l'accession de l'extrême droite au pouvoir dans une semaine.

Les Français sont attendus dans les bureaux de vote à partir de 08h00 (06h00 GMT) et jusqu'à 18h00, ou dans les grandes villes 20h00, heure où se dessineront les premiers résultats de ce scrutin susceptible de bouleverser le paysage politique.

Incarné par le visage lisse de son président Jordan Bardella, 28 ans, le parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) est crédité dans les sondages de 34% à 37% des intentions de vote, avec la perspective inédite d'obtenir une majorité relative ou absolue le 7 juillet, au soir du second tour.

Selon ces enquêtes d'opinion, à prendre avec précaution tant l'incertitude demeure élevée, le RN devance l'alliance de gauche du Nouveau Front populaire (NFP), donnée entre 27,5 et 29%, et le camp présidentiel (centre-droit), avec 20 à 21%.

Si Jordan Bardella devenait Premier ministre, ce serait la première fois depuis la Seconde guerre mondiale qu'un gouvernement issu de l'extrême droite dirigerait la France.

Le président Emmanuel Macron avait provoqué un séisme politique le 9 juin. A peine annoncé l'échec de ses troupes aux européennes, il avait à la surprise générale prononcé la dissolution de l'Assemblée nationale, un pari ultra risqué.

Malgré ses divergences internes, la gauche était dans les jours suivants parvenue à bâtir un accord de coalition.

Mais les différends entre La France Insoumise (LFI) et ses partenaires (socialistes, écologistes, communistes), notamment sur la figure contestée de l'ex-candidat à l'élection présidentielle Jean-Luc Mélenchon, ont vite ressurgi et souvent parasité leur campagne.

Pendant ce temps, rien n'a semblé freiner la dynamique du RN en campagne sur le pouvoir d'achat et contre l'immigration: ni le flou sur l'abrogation de la réforme des retraites de M. Macron, ni les polémiques sur les binationaux, ni les propos sulfureux de candidats RN.

Forte participation 

Les Français déjoueront-ils les pronostics des sondeurs à l'issue de ces trois semaines de campagne éclair ?

Le pays semble saisi d'une grande fébrilité et une forte participation est attendue. Elle pourrait s'établir autour de 67% des quelque 49 millions d'inscrits sur les listes électorales, largement supérieure aux 47,5% du premier tour des législatives de 2022.

Plus de 2,6 millions de procurations ont été établies, selon le ministère de l'Intérieur, un nombre quatre fois supérieur à celui d'il y a deux ans sur une période comparable.

Dès samedi, les Français de territoires d'Outre-mer se sont rendus aux urnes, avec une participation en forte hausse et, bien souvent, un sentiment de gravité.

Et dimanche, à midi locale en Nouvelle-Calédonie, la participation s'établissait à 32,39%, contre 13,06% pour le scrutin de 2022, soit un bond de près de 20 points, alors que les tensions restent vives sur l'archipel du Pacifique après les émeutes causées par la réforme électorale rejetée par les indépendantistes.

"Ca va être décisif pour le pays. Il faudrait qu'il y ait du monde mais je ne sais pas si tout le monde va jouer le jeu de venir voter", a estimé Cassandre Cazaux, infirmière "née ici" et qui se "considère calédonienne", venue voter dès la fin de son service de nuit.

Hausse également de la participation à midi locale en Polynésie française: 18% contre 15,8% en 2022.

"L'enjeu" est "fondamental" dans un "scrutin où tout peut basculer" expliquait par exemple Malika B, une électrice de 21 ans interrogée par l'AFP sur l'île antillaise de Guadeloupe.

"Les choix d'un pays impactent aussi les autres, encore plus dans cette élection. Je pense que c'est super important de donner sa voix et de faire un acte citoyen", a témoigné Antoine Rica, 34 ans, qui votait à Montréal, au Canada.

Les enseignements du premier tour pourraient toutefois être difficiles à tirer, tant les inconnues sont nombreuses.

A commencer par le nombre de triangulaires dimanche soir (trois candidats qualifiés pour le second tour), attendu en très forte hausse.

Et surtout le nombre de désistements durant l'entre-deux tours, alors que la pratique du "front républicain" pour faire barrage à l'extrême droite s'est affaiblie au fil des années.

«La plus grande clarté»

C'est chez les macronistes que la pression est la plus forte, alors qu'Emmanuel Macron a été élu président en ayant eu recours, les deux fois (2017 et 2022), à l'argument du barrage contre l'extrême droite.

Il a promis jeudi "la plus grande clarté" sur l'attitude à suivre, mais semblait jusqu'ici plutôt pencher pour un "ni RN, ni LFI", fustigé par la gauche et critiqué jusque dans son propre camp.

Lundi midi, il réunira le Premier ministre Gabriel Attal et les membres du gouvernement au palais présidentiel de l'Elysée, avec au premier plan les questions des désistements et de la stratégie face au RN.

Ces législatives ont lieu après deux années en situation de majorité relative à l'Assemblée, où les macronistes ont dû chercher des alliés texte par texte, quand ils ne recouraient pas à un article de la Constitution qui leur a permis de faire passer sans vote les budgets et la réforme des retraites.

Le triomphe du RN aux européennes - 31,4% des voix contre 14,6% au camp macroniste - a précipité les événements et les choix du chef de l'Etat, au point de l'exposer à une "cohabitation" avec M. Bardella.

La France a connu dans son histoire récente trois périodes de cohabitation entre un président et un gouvernement de bords différends, sous les présidences de François Mitterrand (1986-1988 et 1993-1995) puis de Jacques Chirac (1997-2002).


JO-2024: la Seine et les monuments emblématiques de Paris au coeur de la cérémonie d'ouverture

Un officier de police contrôle la circulation pendant que des ouvriers installent les Agitos, le symbole des Jeux Paralympiques sur l'Arc de Triomphe avant les prochains Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, à Paris, le 28 juin 2024. (Photo par Dimitar DILKOFF / AFP)
Un officier de police contrôle la circulation pendant que des ouvriers installent les Agitos, le symbole des Jeux Paralympiques sur l'Arc de Triomphe avant les prochains Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, à Paris, le 28 juin 2024. (Photo par Dimitar DILKOFF / AFP)
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  • Seulement une dizaine de personnes connaissent le scénario exact de ce spectacle de 3h45, qui commencera à 19h30 et entend «casser les codes» en se tenant pour la première fois hors d'un stade, selon le Comité d'organisation des Jeux
  • Le «plus grand spectacle du monde» se doit d'être «merveilleux, divertissant, spectaculaire mais aussi porteur de sens», selon son concepteur Thomas Jolly

PARIS : Notre-Dame, le Louvre, le musée d'Orsay... La Seine et les monuments emblématiques de Paris seront au centre de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques et paralympiques 2024, tenue secrète jusqu'au jour J, qui mêlera art et sport au cœur de la Ville Lumière.

Seulement une dizaine de personnes connaissent le scénario exact de ce spectacle de 3h45, qui commencera à 19h30 et entend «casser les codes» en se tenant pour la première fois hors d'un stade, selon le Comité d'organisation des Jeux.

- Berges et ponts -

Spectacle artistique et parade olympique protocolaire seront réunis au cœur de Paris dans une seule et même grande fête d'ouverture.

De 6.000 à 7.000 athlètes (sur les 10.500 au total), représentant toutes les nations participantes, défileront sur 85 bateaux sur la Seine aux couleurs de leur délégation jusqu'au Trocadéro, où aura lieu le bouquet final.

Ils seront célébrés par quelque 3.000 danseurs, musiciens, comédiens et circassiens qui prendront d'assaut les berges et les ponts sur un parcours de six kilomètres, le long duquel sont attendus 326.000 spectateurs. Plus d'un milliard de téléspectateurs devraient également suivre ce show inédit, qui démarrera au pont d'Austerlitz.

Environ 200 habilleurs et près de 300 coiffeurs et maquilleurs seront aussi postés dans des loges «de chaque côté de la Seine», selon les organisateurs.

Des écrans géants seront également installés sur les quais. Selon France Télévisions, le spectacle contiendra des séquences vidéos enregistrées au préalable et insérées dans la narration du récit.

- «Diversité» -

Le «plus grand spectacle du monde» se doit d'être «merveilleux, divertissant, spectaculaire mais aussi porteur de sens», selon son concepteur Thomas Jolly, que l'AFP a rencontré à plusieurs reprises ces dernières semaines.

Le parcours sera composé de douze tableaux ou stations artistiques, «traversés par le sport», qui célèbreront les athlètes, raconteront «une histoire de ce qu'est la France», un pays de la «diversité», et fêteront «le monde entier réuni», souligne-t-il.

Le directeur artistique et ses équipes ont travaillé en plusieurs étapes, construisant d'abord un récit avec des auteurs et des autrices, validé en juillet 2023. Une étude de faisabilité, bouclée fin 2023, a conduit à certaines adaptations avant d'entamer les répétitions, ainsi que la création et la conception des costumes et des décors.

- «Plus beau décor du monde» -

«Pourquoi construire des décors, alors que j'ai le plus beau du monde ?», aime à dire Thomas Jolly, qui a choisi de mettre en scène les monuments célèbres qui bordent la Seine.

Parmi ces vedettes à qui il était «impensable de ne pas rendre hommage», selon lui: Notre-Dame de Paris. Dévastée par un gigantesque incendie en 2019 et restaurée grâce à un chantier titanesque depuis, la cathédrale a retrouvé sa clarté minérale, sa flèche et la quasi-totalité de sa toiture, et doit rouvrir le 8 décembre.

Les artistes pourraient prendre d'assaut les échafaudages extérieurs encore installés, où «des répétitions ont été organisées», avant deux autres étapes au théâtre du Châtelet et au musée du Louvre, selon des sources du milieu de la culture.

A Orsay, deux personnes sélectionnées par le partenaire mondial des JO Airbnb pourront assister avec quelques autres à la cérémonie d'ouverture de la terrasse du musée, avant d'en découvrir les collections et de dormir sous la grande horloge au cinquième étage dans une chambre éphémère conçue par le designer français Mathieu Lehanneur, créateur de la torche et de la vasque olympiques.

- Stars de la chanson -

La bande sonore de la cérémonie inclut les créations du directeur musical Victor Le Masne, mêlant pop, orchestre symphonique, chœurs et boucles électro typiques de la «French Touch».

Elle piochera aussi dans «d'autres registres», selon Thomas Jolly, qui ne révèle rien mais pour qui «la France, c'est à la fois Jul, Edith Piaf ou encore Nathalie Dessay».

Côté stars, Aya Nakamura, dont le nom a circulé avec insistance ces dernières semaines, sera habillée en Dior, selon une source proche du dossier. D'après Le Canard enchaîné, Céline Dion est également attendue mais sa participation dépend de son état de santé.

- Histoire et sport -

Quelque 3.000 costumes, tous uniques, ont été créés pour l'occasion, comme des pourpoints aux allures de vestes de survêtement ou des encolures ressemblant aux collerettes du XVIe siècle, avec le souci d'utiliser des matières recyclées, selon la directrice des costumes de Paris 2024 Daphné Bürki, qui a croisé l'univers vestimentaire du sport avec celui des costumes historiques et des vêtements de gala.

- Répétitions secrètes -

Aucune répétition totale n'étant possible sans trahir la surprise, le spectacle a dû être répété en intérieur, dans de très grands hangars, et sur des bases nautiques ou des rivières.

- Dernier relayeur -

Le nom du dernier relayeur apportant la flamme aux Tuileries, où se trouvera la vasque olympique, est lui aussi tenu secret jusqu'au dernier moment.

- Renoncements -

«Il y a des tableaux que j'ai complètement +killés+, pour 1.000 raisons: la météo, les poissons, les courants, les ponts», expliquait Thomas Jolly mi-juin.

Il a par exemple renoncé à des barges décorées portant les artistes, faute de hauteur suffisante sous les ponts de Paris.

Idem pour des «ballets aquatiques», impossibles à mettre en œuvre pour «des raisons évidentes de sécurité» ou une «tour Eiffel inversée, pour la vasque finale» recevant la flamme olympique.

- Paralympiques -

Située place de la Concorde, au pied des Champs-Elysées, la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympique (28 août) est également «ambitieuse», dit-il, promettant «un spectacle absolument spectaculaire avec l'environnement» alentour.

Ce sera un condensé «d'histoire, avec ses paradoxes», une place où «on a coupé la tête de nos rois» et «la plus belle (avenue) du monde, sur laquelle on fête nos +Bleus+ en 1998, où on se réunit pour faire la fête le jour de l'an, et aussi, dans la mythologie, le séjour des hommes et des femmes vertueux».

 


La France commence à voter samedi pour des législatives historiques

Le député européen Raphael Glucksmann (à droite) arrive pour prononcer un discours lors d'une visite de soutien à la campagne d'un candidat local de la coalition de gauche "Nouveau Front Populaire" pour les élections législatives, à Rouen avec la cathédrale en arrière-plan, dans le nord-ouest de la France, le 28 juin 2024. (Photo Lou Benoist  AFP)
Le député européen Raphael Glucksmann (à droite) arrive pour prononcer un discours lors d'une visite de soutien à la campagne d'un candidat local de la coalition de gauche "Nouveau Front Populaire" pour les élections législatives, à Rouen avec la cathédrale en arrière-plan, dans le nord-ouest de la France, le 28 juin 2024. (Photo Lou Benoist AFP)
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  • Quelque 49 millions d'électeurs français sont appelés à renouveler la totalité de l'Assemblée nationale, soit 577 députés, lors de ce scrutin à deux tours, dimanche et le 7 juillet, qui pourrait bouleverser durablement l'horizon politique de la France
  • Samedi, les électeurs français de Saint‑Pierre‑et‑Miquelon ont ouvert le bal à 08H00 locales (10H00 GMT) et ceux des Antilles, de Guyane, de Polynésie française ou encore ceux vivant sur le continent américain leur emboîtent le pas

PARIS : Le premier tour d'élections législatives historiques a débuté samedi en France avec l'ouverture des bureaux de vote de certains territoires d'outre-mer et la participation est attendue en forte hausse ce week-end à ce scrutin où l'extrême droite est donnée favorite loin devant le camp du président Emmanuel Macron.

Quelque 49 millions d'électeurs français sont appelés à renouveler la totalité de l'Assemblée nationale, soit 577 députés, lors de ce scrutin à deux tours, dimanche et le 7 juillet, qui pourrait bouleverser durablement l'horizon politique de la France.

Le chef de l'Etat a provoqué ces élections anticipées en annonçant le 9 juin la dissolution de l'Assemblée, le soir même de la victoire de l'extrême droite aux élections européennes.

Samedi, les électeurs français de SaintPierreetMiquelon, archipel de l'Atlantique Nord proche du Canada, ont ouvert le bal à 08H00 locales (10H00 GMT) et ceux des Antilles, de Guyane, de Polynésie française ou encore ceux vivant sur le continent américain leur emboîtent le pas.

Les Français de métropole se rendront aux urnes dimanche.

Report de vacances, explosion du nombre de procurations, les électeurs devraient être nombreux à se mobiliser pour ce scrutin à suspense, dont la principale inconnue est de savoir si l'Assemblée nationale sera dominée pour la première fois de la Ve République par l'extrême droite.

Le jeune responsable du parti d'extrême droite du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella, 28 ans, peut-il remplacer au poste de Premier ministre Gabriel Attal, le chef de la majorité sortante ? La gauche peut-elle créer une surprise ? A défaut de réponses définitives, les premiers résultats attendus dès 20H00 dimanche devraient permettre d'y voir plus clair.

La campagne éclair s'est achevée vendredi à minuit. Jusqu'à dimanche soir, les candidats n'ont plus le droit de parole dans les médias ou de se déplacer sur le terrain et la publication des sondages est interdite.

Sondeurs et politiques s'attendent à une participation en très forte hausse par rapport aux législatives de 2022, pour lesquelles 47,51% des électeurs s'étaient déplacés. Cette fois-ci, la participation pourrait atteindre voire dépasser les deux tiers des inscrits.

Ce regain est dû en partie aux conséquences potentiellement historiques de ces législatives qui, pour la première fois depuis 1997, ne seront pas alignées avec le scrutin présidentiel.

- Le camp Macron sous pression -

Signes de la forte mobilisation attendue les 30 juin et 7 juillet : le nombre de procurations a grimpé en flèche pour dépasser les 2 millions, et le vote en ligne ouvert jusqu'à jeudi aux Français résidant à l'étranger a atteint un record (410.000 votes contre 250.000 en 2022).

Deux enquêtes d'opinion parues vendredi (Ifop pour LCI-Figaro-Sud Radio, et Odoxa pour Public Sénat-presse régionale-Nouvel Obs) créditaient le camp d'extrême droite de 35 à 36,5% des voix.

L'alliance du Nouveau Front populaire qui réunit tous les partis de gauche dont La France Insoumise (LFI, gauche radicale), est, elle, donnée autour de 27,5-29% des voix, quand le camp macroniste serait relégué autour des 20,5-21% des suffrages, selon ces instituts.

Et selon certaines enquêtes d'opinion, l'obtention d'une majorité absolue (289 députés au moins) est désormais envisageable pour le Rassemblement national et ses alliés.

Les projections en siège se heurtent toutefois à de sérieuses inconnues, à commencer par le nombre de triangulaires (trois candidats au second tour) dimanche soir, attendu en très forte hausse là encore, et le nombre de désistements dans les heures qui suivront pour tenter d'unir des voix contre le RN.

C'est sur le camp d'Emmanuel Macron que la pression est la plus forte. Le président français a promis jeudi «la plus grande clarté» sur l'attitude à suivre dans l'entre-deux tours. Plusieurs figures du camp présidentiel poussent de leur côté pour un accord de désistement clair, voire pour la fin de la tentation du «ni RN, ni LFI».

- Faire plus et mieux -

La campagne, qui a duré trois semaines, a été marquée par des incidents sur le terrain avec plusieurs candidats et militants agressés dans un contexte d'antagonismes exacerbés entre les trois blocs qui s'accusent mutuellement de violences.

Elle s'est achevée sur les accusations de Gabriel Attal de racisme à l'encontre de candidats du RN.

Vendredi, sur la chaîne de télévision M6, le Premier ministre a assuré avoir «compris le message qui a été envoyé au moment des élections européennes».

L'étoile montante des centristes espère toujours déjouer des pronostics défavorables pour le camp présidentiel.

«On nous dit qu'il faut faire plus et mieux sur le pouvoir d'achat, la sécurité notamment. On nous dit qu'il faut aussi faire différemment, associer davantage les Français à nos décisions (...)», a déclaré le Premier ministre, appelant à pouvoir «appliquer» lui-même ce programme à l'issue du scrutin.

Le chef de l'Etat Emmanuel Macron réunira lundi à midi Gabriel Attal et ses ministres au palais présidentiel de l'Elysée à six jours du second tour, a appris l'AFP de sources gouvernementales. Les questions des désistements et de la stratégie face à l'extrême droite seront sans aucun doute au menu des discussions.