France: manifestations contre l'extrême droite, tensions dans la coalition de gauche

Des manifestants se rassemblent lors d'un rassemblement contre l'extrême droite après que le président français a convoqué des élections législatives suite aux gains significatifs des partis d'extrême droite aux élections du Parlement européen, à Paris le 15 juin 2024. Photo Sameer Al-Doumy AFP)
Des manifestants se rassemblent lors d'un rassemblement contre l'extrême droite après que le président français a convoqué des élections législatives suite aux gains significatifs des partis d'extrême droite aux élections du Parlement européen, à Paris le 15 juin 2024. Photo Sameer Al-Doumy AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 16 juin 2024

France: manifestations contre l'extrême droite, tensions dans la coalition de gauche

  • «La République en flammes», «L'extrême droite est un danger mortel», proclamaient des banderoles de manifestants à Nancy (est), où plus d'un millier de personnes ont commencé à défiler samedi
  • Pour barrer l'extrême droite, les principaux partis de gauche, de La France Insoumise (LFI, gauche radicale) aux socialistes en passant par les Ecologistes, ont réussi à s'allier à la hâte

PARIS : Six jours après l'annonce-choc de législatives anticipées en France, des dizaines de milliers de personnes sont attendues samedi dans plusieurs villes pour défiler contre l'extrême droite, donnée favorite du scrutin devant la nouvelle coalition de gauche qui commence à être fissurée par de premières tensions.

Entre 300.000 à 350.000 personnes sont attendues dans la rue samedi, dont 50.000 à 100.000 dans la capitale, selon une source policière, et environ 200 manifestations sont prévues au total dans le pays pendant le week-end, à l'approche des législatives des 30 juin et 7 juillet.

«La République en flammes», «L'extrême droite est un danger mortel», proclamaient des banderoles de manifestants à Nancy (est), où plus d'un millier de personnes ont commencé à défiler samedi.

«On est à un moment historique», a déclaré à la radio France Inter Marylise Léon, la cheffe de la CFDT, l'un des cinq syndicats qui ont appelé à la mobilisation.

La dissolution de l'Assemblée nationale, décidée dimanche par le président Emmanuel Macron après la débâcle de son camp aux européennes, continue elle de provoquer des secousses politiques.

Pour barrer l'extrême droite, les principaux partis de gauche, de La France Insoumise (LFI, gauche radicale) aux socialistes en passant par les Ecologistes, ont réussi à s'allier à la hâte.

Mais leur coalition baptisée Nouveau Front populaire a connu ses premières tensions samedi après la décision de LFI de ne pas réinvestir plusieurs figures opposées au chef de file du parti, Jean-Luc Mélenchon.

Les élus mis à l'écart ont dénoncé «une purge» et accusé M. Mélenchon de «régler ses comptes».

D'autres ont déploré qu'Adrien Quatennens, proche de ce leader de la gauche radicale, ait lui été réinvesti alors qu'il avait été condamné en 2022 à quatre mois d'emprisonnement avec sursis pour violences conjugales.

«Une purge»

«Extrêmement choquée» par cette «purge», la patronne des Ecologistes Marine Tondelier a convoqué les instances de son parti. Le patron des socialistes Olivier Faure a de son côté jugé sur X «scandaleuse» l'«éviction» des députés LFI.

Favorable à l'union de la gauche malgré son opposition à LFI, l'ancien président socialiste de la République François Hollande a parallèlement annoncé sa candidature aux législatives en Corrèze (centre).

Le président Macron, qui participe ce week-end à un G7 en Italie et à un sommet sur l'Ukraine  en Suisse, a qualifié les divergences à gauche de «spectacle de grande incohérence»: «On est chez les fous, ce n'est pas sérieux».

Le programme du Nouveau Front populaire comprend une abrogation de la réforme des retraites menée sous la présidence Macron, un salaire minimum à 1.600 euros net (contre 1.383 euros actuellement) mais aussi la lutte contre l'antisémitisme et la condamnation des «massacres terroristes du Hamas» en Israël, deux sujets qui ont empoisonné les relations à gauche.

Le président du Rassemblement national Jordan Bardella, qui vise le poste de Premier ministre à 28 ans, a estimé que seules «deux formations politiques» pourront «composer un gouvernement»: la sienne, favorite des sondages, et cette nouvelle union de la gauche.

La droite républicaine, elle, se déchire depuis l'appel du président des Républicains Eric Ciotti à s'allier avec le RN. Vendredi, le tribunal de Paris a provoqué un énième rebondissement en invalidant son exclusion.

- Appel d'un footballeur -

Alors que l'Euro de football a démarré vendredi soir en Allemagne, l'attaquant de l'équipe de France Marcus Thuram a appelé à «se battre pour que le RN ne passe pas», une prise de position rare pour un sportif de haut niveau.

Le 1er mai 2002 près d'un million de personnes avaient manifesté en France après la qualification du dirigeant d'extrême droite Jean-Marie Le Pen pour le second tour de l'élection présidentielle.

Aujourd'hui, c'est le «choc des européennes», avec un score cumulé de l'extrême droite de 37,8% et la perspective d'un «RN au portes du pouvoir», qui poussent les opposants dans la rue.

Jordan Bardella a dénoncé vendredi des appels «extrêmement dangereux» à «l'insurrection», tout en se disant «très attaché à la liberté d'expression».


Pour grandir, Bordeaux doit pousser les murs vers le haut

Short Url
  • "Bordeaux est une ville basse, une ville d'échoppes, à la fois pour des raisons historiques, géographiques et géologiques (sols marécageux), avec, avant les années 1950, des émergences constituées par les clochers"
  • Certains riverains des premiers immeubles d'Euratlantique, comme le collectif d'habitants Amédée Sacré-Cœur, dénoncent néanmoins une "bétonisation à outrance"

BORDEAUX: Quand une ville basse prend de la hauteur: à Bordeaux, célèbre pour ses petites maisons en rez-de-chaussée, les nouveaux quartiers poussent à la verticale pour accueillir le flux incessant de nouveaux habitants dans la métropole, à l'image de l'immense projet Euratlantique.

L'AFP a réalisé un reportage photographique dans ces nouveaux quartiers en amont de l'inauguration, début juillet, du pont Simone-Veil, qui sera le huitième à enjamber la Garonne dans l'agglomération girondine. Symboliquement, il unira les trois villes de ce projet d'aménagement urbain, le plus vaste en dehors de la région parisienne: Bordeaux, Bègles et Floirac.

Bassins à flots, Ginko, Bastide-Niel, Brazza: d'autres nouveaux quartiers sont sortis de terre pour accompagner l'objectif d'une métropole à un million d'habitants porté dans les années 2000 par l'ancien maire de Bordeaux Alain Juppé et l'ex-président socialiste de l'intercommunalité Vincent Feltesse.

Mais Euratlantique, opération déclarée d'intérêt national en 2009 pour accompagner l'arrivée de la ligne ferroviaire à grande vitesse Paris-Bordeaux, inaugurée en 2017, est d'une autre ampleur.

Prolongé fin 2023 jusqu'à 2040, le projet vise à accueillir 50.000 habitants et 30.000 emplois sur 738 hectares de friches ferroviaires et industrielles.

La pression démographique est forte dans la métropole, qui regroupe Bordeaux et 27 autres communes: la population gagne 10.000 habitants par an et a franchi la barre des 800.000.

Les tours fleurissent, avec des innovations, comme l'ossature bois symbolisée par Hyperion, plus haut bâtiment de France de ce type, ou le futur Tebio, premier immeuble réversible de France qui pourra être affecté à du logement ou des bureaux. Ce nouveau paysage contraste avec les quartiers de petites maisons basses, ou "échoppes", qui encadrent le coeur historique de la ville, lui-même limité à trois ou quatre étages.

Mixité 

"Bordeaux est une ville basse, une ville d'échoppes, à la fois pour des raisons historiques, géographiques et géologiques (sols marécageux), avec, avant les années 1950, des émergences constituées par les clochers", explique le maire Pierre Hurmic.

"Si on veut davantage d'habitants, densifier davantage, on peut utilement passer par des surélévations d'immeubles, j'y suis très favorable, mais on ne le fera pas n'importe où", ajoute-t-il.

Certains riverains des premiers immeubles d'Euratlantique, comme le collectif d'habitants Amédée Sacré-Cœur, dénoncent néanmoins une "bétonisation à outrance".

Dans les nouveaux quartiers, le mot d'ordre affiché est mixité, avec un quota de logements sociaux de 35%, qui sera même porté à 40% dans les futurs chantiers à Bordeaux pour rattraper le retard de la ville (19% au lieu des 25% requis par la loi Solidarité et renouvellement urbain/SRU), mais aussi des prix de vente encadrés pour les logements libres, inférieurs à la moyenne de la métropole.

Des commerces d'un nouveau genre, tels un hôtel-auberge de jeunesse avec son "rooftop" ou une halle mêlant bars et restaurants branchés, visent une nouvelle population venue s'installer dans les quartiers proches de la gare, rendus attractifs par la LGV et l'essor du télétravail.

Les nouveaux bureaux, eux, portent encore la marque de l'ambition initiale d'Euratlantique, qui était de créer un quartier d'affaires, tels l'imposant siège de la Caisse des dépôts et consignations.

Aujourd'hui, cet objectif est officiellement enterré. La nouvelle feuille de route adoptée l'an dernier parle de végétalisation, de désimperméabilisation ou encore de concertation des habitants, pour bâtir "une ville sur la trajectoire de la neutralité carbone", selon la directrice générale d'Euratlantique, Valérie Lasek.


Dans le Vaucluse, des jeunes se lancent dans «  une bataille culturelle » contre le RN

"On veut "dénoncer ce qu'ils (les représentants d'extrême droite) sont, leur incompétence", relève Alexandre Lorello, 25 ans, qui "a été au Parti socialiste" mais se présente aujourd'hui avant tout comme "Vauclusien". (AFP).
"On veut "dénoncer ce qu'ils (les représentants d'extrême droite) sont, leur incompétence", relève Alexandre Lorello, 25 ans, qui "a été au Parti socialiste" mais se présente aujourd'hui avant tout comme "Vauclusien". (AFP).
Short Url
  • Dans le Vaucluse, bastion de l'extrême droite depuis plusieurs années, le RN a frôlé le grand chelem aux dernières législatives en remportant quatre circonscriptions sur cinq
  • Marion Maréchal y a eu son premier ancrage électoral et plusieurs municipalités sont dirigées par l'extrême droite, dont Orange, depuis 1995

AVIGNON: "Je liste 10 personnes les plus proches de moi en âge de voter et je les appelle pour les convaincre de voter contre l'extrême droite": dans le Vaucluse, un petit groupe de jeunes tente "une bataille culturelle" contre le Rassemblement national.

"Je ne monte jamais le ton, si la personne n'est pas réceptive (...) je lui souhaite une belle journée et je raccroche", poursuit cet "argumentaire phoning", élaboré pour les législatives du 30 juin et 7 juillet par le nouvel Observatoire de l'extrême droite du 84, "l'un des départements les plus pauvres, les plus isolés et les moins diplômés" de France, explique Antonin Dacos, 23 ans.

Dans le Vaucluse, bastion de l'extrême droite depuis plusieurs années, le RN a frôlé le grand chelem aux dernières législatives en remportant quatre circonscriptions sur cinq. Marion Maréchal y a eu son premier ancrage électoral et plusieurs municipalités sont dirigées par l'extrême droite, dont Orange, depuis 1995.

Antonin ne s'en cache pas, il est de gauche, proche du parti Génération.s. Il était jusqu'à la dissolution collaborateur parlementaire du député des Yvelines, Benjamin Lucas. Mais leur démarche n'est pas politique mais "métapolitique" et rassemble une vingtaine de jeunes de différentes sensibilités.

"On veut "dénoncer ce qu'ils (les représentants d'extrême droite) sont, leur incompétence", relève Alexandre Lorello, 25 ans, qui "a été au Parti socialiste" mais se présente aujourd'hui avant tout comme "Vauclusien".

"Le combat doit se faire sur les idées", sur leurs "valeurs fratricides", "l'économie où ils portent des sujets qui n'ont pas de sens", surenchérit cet autre jeune de 23 ans, plutôt macroniste à "fortes convictions écologiques", qui ne souhaite pas décliner son identité pour des raisons professionnelles.

Dire aux électeurs tentés par l'extrême droite qu'ils sont "des racistes, des fascistes, ça ne peut pas marcher. Ça clôt une conversation", estime Alexandre.

"Oui, il y a chez les militants RN de vrais fascistes mais chez les électeurs beaucoup se sentent méprisés par Paris alors qu'eux vivent les déserts médicaux, les gares qui ferment: il y a un lien entre la distance des services publics et le vote RN", insiste Antonin qui espère "rattraper par la main les électeurs paumés".

Ici, il y a déjà le collectif antifasciste du Vaucluse "No Pasaran 84" ou une intersyndicale mobilisée pendant les Européennes pour marteler que "l'extrême droite n'est pas le parti des salariés".

"Il faut sans doute que les opposants au RN se saisissent aussi" de la bataille culturelle que "l'extrême droite assume très clairement", analyse Christèle Lagier, spécialiste en sociologie électorale de l'extrême droite.

« Très dur »

Alors comment s'y prendre?

Avec ces législatives anticipées, ces jeunes ont mis en ligne un formulaire qui permet d'un simple clic de recevoir une liste d'arguments à faire valoir auprès "de vos amis, parents, grand-parents". Arguments transmis également via une newsletter à 900 abonnés.

En février, lors du lancement de leur Observatoire, ils ont fait un rapport sur l'activité parlementaire des quatre députés RN pointant leurs positions "antiféministes" ou "anti-classes moyennes sur le logement et le travail".

Par exemple, trois de ces quatre députés ont voté contre l'inscription dans la Constitution de l’Interruption volontaire de grossesse (IVG).

Ils relèvent également leur manque de technicité avec peu d'amendements déposés ou retoqués car mal rédigés.

Bénédicte Auzanot, députée RN sortante de la 2e circonscription du Vaucluse, estime que tout ça "c'est creux". "Ils sont censés parler du Vaucluse et ils se positionnent sur les sujets nationaux", explique-t-elle à l'AFP, qualifiant leur travail de "tract".

Sur le faible nombre d'amendements déposés pendant son mandat, cette ancienne assistante de cabinet médical assure: "J'ai défendu les amendements de mes collègues".

Sur le marché de Cavaillon, 25.000 habitants, elle est repartie en campagne "confiante". Elle distribue méthodiquement avec un grand sourire et sans trop parler son tract la montrant en photo avec Jordan Bardella.

"Pour nous en Provence-Alpes-Côte d'Azur, ce sera très dur", soupire en la voyant passer un sympathisant LFI, Thierry Rousselet, venu lui aussi distribuer des tracts, rouges et sans photo, du Nouveau Front Populaire.

"On n'arrivera pas forcément à infléchir", l'opinion des gens, "mais si déjà modestement on peut les faire réfléchir....", espèrent les jeunes de l'Observatoire.


Bardella et sa «majorité absolue»: entre appel à la mobilisation et prudence du RN

Le président du parti d'extrême droite français Rassemblement National (RN) et député européen Jordan Bardella (au centre) participe à une visite au salon Eurosatory de défense et de sécurité terrestre et aéroterrestre, au parc des expositions Paris-Nord Villepinte, à Villepinte, au nord de Paris, le 19 juin 2024. (Photo de JULIEN DE ROSA / AFP)
Le président du parti d'extrême droite français Rassemblement National (RN) et député européen Jordan Bardella (au centre) participe à une visite au salon Eurosatory de défense et de sécurité terrestre et aéroterrestre, au parc des expositions Paris-Nord Villepinte, à Villepinte, au nord de Paris, le 19 juin 2024. (Photo de JULIEN DE ROSA / AFP)
Short Url
  • «Un Premier ministre de cohabitation avec une majorité relative ne pourrait pas changer les choses»
  • Après deux ans d'usure des macronistes, privés de majorité absolue à l'Assemblée nationale, les cadres du RN veulent avoir les coudées franches s'ils remportent les législatives le 7 juillet

PARIS: Jordan Bardella le répète, il "refusera d'être nommé" à Matignon sans majorité absolue à l'issue des législatives. Un "appel à la mobilisation" des électeurs, selon ses lieutenants, mais aussi une précaution supplémentaire du RN, déjà en train de lisser son programme radical.

Besoin de «légitimité»

"Si demain je suis en capacité d'être nommé à Matignon et que je n'ai pas de majorité absolue (...) eh bien je refuserai d'être nommé", a lancé le président du Rassemblement national mardi soir sur France 2.

"Un Premier ministre de cohabitation avec une majorité relative ne pourrait pas changer les choses", a-t-il complété mercredi.

"C'est pour que les Français viennent voter", explique Renaud Labaye, bras droit de Marine Le Pen et secrétaire général du groupe RN à l'Assemblée nationale. Le parti d'extrême droite reste marqué par la démobilisation des régionales 2021, durant lesquelles il n'était pas parvenu à remporter la moindre région, malgré des sondages plutôt favorables. "On n'a pas été traumatisé, mais presque", reconnaît M. Labaye, qui espère cette fois une "participation élevée" pour renforcer la "légitimité" de l'élection.

Après deux ans d'usure des macronistes, privés de majorité absolue à l'Assemblée nationale, les cadres du RN veulent avoir les coudées franches s'ils remportent les législatives le 7 juillet.

Car le risque est réel d'une paralysie de l'Assemblée avec trois blocs sans majorité claire - Nouveau Front populaire, macronistes et RN - et des députés qui pourraient faire tomber le gouvernement à tout moment avec des motions de censure à répétition.

Une autre menace pourrait planer: la constitution encore très hypothétique d'une vaste coalition anti-extrême droite. "Même en cas de majorité relative (du RN) proche de l'absolue (289 sièges), on peut imaginer une alliance de tous les autres blocs", estime la constitutionnaliste Anne Levade.

Non à Matignon ? A voir... 

La sentence de Jordan Bardella semble toutefois moins définitive qu'il n'y paraît. Une majorité relative assez large pourrait changer la donne.

"On verra après le second tour s'il y a des gens, peut-être chez LR, qui n'ont pas suivi (le rallié) Eric Ciotti à l'instant T et qui veulent bâtir une majorité avec le RN", temporise Renaud Labaye, par exemple "260 députés (RN) et 30 députés autour de Ciotti" pour un "contrat de coalition".

Sur Public Sénat, le député Julien Odoul a aussi renvoyé la question au "choix des Français", en demandant une "majorité stable" pour que Jordan Bardella ne soit "pas à la merci de la première motion de censure" de l'Assemblée nationale.

L'enjeu est d'avoir les "marges de manoeuvre" pour gouverner, sans trop s'abîmer avant la présidentielle de 2027 à laquelle Marine Le Pen entend concourir.

"Jordan Bardella n'a intérêt ni pour lui ni pour le pays à gérer la pénurie et faire passer un budget au 49.3" cet automne, insiste Renaud Labaye.

«Refus d'obstacle» ? 

La sortie de Jordan Bardella s'inscrit plus largement dans une campagne médiatique pour arrondir l'image radicale du parti à la flamme et tenter de convaincre qu'il est capable d'exercer le pouvoir.

Le patron du RN, qui avait déjà temporisé sur l'abrogation de la réforme des retraites d'Emmanuel Macron, a édulcoré les positions lepénistes sur un autre volet mercredi: la politique étrangère. Il "n'entend pas remettre en cause les engagements" de la France en matière de défense, a-t-il affirmé, alors qu'il y a seulement deux ans Marine Le Pen prônait la sortie du commandement intégré de l'Otan.

"Le RN réclame à cor et à cri son arrivée au pouvoir, mais le plan pour Matignon n'était pas encore prêt" côté programme, juge le sociologue Etienne Ollion, spécialiste du Parlement.

Et les concurrents se sont engouffrés dans la brèche. Chez "Jordan Bardella, il y a de moins en moins de programme et de plus en plus de conditions" pour briguer Matignon. "Ça commence à ressembler à un refus d'obstacle", l'a taclé le Premier ministre Gabriel Attal.

Le RN doit en outre de nouveau composer avec les controverses qui accompagnent les dérapages de certains de ses candidats sur les réseaux sociaux. Mercredi, le parti a retiré son soutien à un prétendant dans le Morbihan, Joseph Martin, qui avait publié un message antisémite sur X (ex-Twitter) en 2018.