QUETTA : Des milliers de personnes ont participé samedi au Pakistan à l'enterrement de 10 mineurs Hazaras tués dans une attaque revendiquée par l'organisation État islamique (EI), qui avait provoqué un tollé face au manque de protection de cette communauté chiite.
Ces centaines de membres de cette minorité avaient manifesté pendant six jours avant de trouver vendredi un accord avec le gouvernement local du Baloutchistan, la province la plus grande et la plus pauvre du Pakistan.
Des milliers de manifestants avaient bloqué une route à la périphérie de Quetta, la capitale provinciale, affirmant refuser d'enterrer les morts tant que le Premier ministre Iman Khan ne s'engagerait pas à protéger cette minorité.
Les dix mineurs avaient été kidnappés dimanche d'une mine de charbon par des hommes armés avant d'être emmenés sur une colline proche, où la plupart ont été fusillés et certains décapités.
Samedi à Quetta, plus de 4 000 personnes ont assisté sous haute sécurité aux funérailles des mineurs tués.
«Halte au terrorisme, arrêtez les coupables», scandaient les personnes participant aux funérailles, a raconté un photographe de l'AFP sur place.
Ce refus d'inhumer les corps était symbolique de l'angoisse des Hazaras: le rite musulman prévoit normalement que l'enterrement ait lieu le plus tôt possible, en général sous 24 heures.
Les Hazaras constituent la majorité des chiites de Quetta, la capitale d'un Baloutchistan en proie à une insurrection.
Aisément repérables à leurs traits asiatiques marqués, qui font d'eux des cibles faciles pour des extrémistes sunnites les considérant comme des hérétiques, les Hazaras ont subi des dizaines d'attaques depuis 2001 au Pakistan comme en Afghanistan voisin.
Vendredi, les autorités ont promis l'arrestation des assaillants, des compensations pour les familles endeuillées et une meilleure protection.
Selon un haut responsable du gouvernement, le Premier ministre s'est rendu samedi à Quetta où il a rencontré les familles des victimes et s'est déclaré déterminé à déférer les coupables devant la justice.
Imran Khan s'est également engagé à ce que le gouvernement prenne toutes les mesures nécessaires pour mieux protéger les Hazaras.
«Le gouvernement provincial va constituer une équipe d'enquête conjointe pour proposer une action contre ceux reconnus coupables de négligences ayant conduit à l'incident», indique le texte de l'accord trouvé vendredi, dont l'AFP a obtenu copie.
L'accord prévoit également une haute commission dirigée par le ministre du Baloutchistan pour enquêter sur les attaques contre la communauté Hazara sur les 22 dernières années.
Les autorités pakistanaises nient depuis longtemps la présence de l'EI sur leur sol, mais le groupe sunnite a revendiqué plusieurs attaques par le passé.