Températures élevées, incendies précoces: la Grèce redoute «un été très difficile»

Peu de touristes se promènent dans une rue de la vieille ville de Nauplie le 26 juillet 2023 alors que le pays est frappé par une nouvelle vague de chaleur et des incendies de forêt dus à une chaleur excessive. (AFP)
Peu de touristes se promènent dans une rue de la vieille ville de Nauplie le 26 juillet 2023 alors que le pays est frappé par une nouvelle vague de chaleur et des incendies de forêt dus à une chaleur excessive. (AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 05 juin 2024

Températures élevées, incendies précoces: la Grèce redoute «un été très difficile»

  • «L'été sera très difficile», a-t-il prévenu, alors que plus de 30% du territoire grec est couvert de forêts, selon la Banque mondiale
  • Quelque 175 000 hectares de forêts et de terres agricoles sont partis en fumée en 2023 et plus de 20 personnes sont décédées

ATHENES: Après des feux dévastateurs et une canicule inédite dans sa durée en 2023, suivis par l'hiver le plus chaud jamais répertorié, la Grèce redoute désormais de subir "un été très difficile" sur le front des incendies de forêt.

"Personne ne peut prédire exactement les conditions (météorologiques) auxquelles nous serons confrontés. Mais quelles qu'elles soient, nous devrons nous battre avec acharnement", a averti le ministre de la Crise climatique et de la Protection civile, Vassilis Kikilias, dans un entretien à l'AFP.

"L'été sera très difficile", a-t-il prévenu, alors que plus de 30% du territoire grec est couvert de forêts, selon la Banque mondiale.

Quelque 175.000 hectares de forêts et de terres agricoles sont partis en fumée en 2023 et plus de 20 personnes sont décédées.

Des feux dévastateurs avaient fait rage en juillet dernier lors d'une vague de chaleur de deux semaines, la plus longue jamais enregistrée dans le pays.

La Grèce avait à cette occasion mis sur pied la plus grande opération d'évacuation de son histoire, avec 20.000 personnes, essentiellement des touristes, contraints de quitter habitations ou lieux de villégiature sur l'île de Rhodes (sud-est).

Le mercure avait grimpé jusqu'à 46 degrés à Gythion, dans la péninsule du Péloponnèse (sud-ouest).

«Hiver le plus chaud»

La Grèce, pays méditerranéen coutumier des vagues de chaleur estivales, a ensuite traversé "l'hiver le plus chaud jamais enregistré", selon Costas Lagouvardos, directeur de recherche à l'Observatoire national d'Athènes.

Alors que l'été n'a pas encore débuté, des records de chaleur pour la première semaine de juin ont été enregistrés mardi, selon le site meteo.gr avec des températures qui ont atteint localement 39,3°C.

"Nous constatons que les années où les températures sont élevées, ce qui veut également dire sécheresse, nous avons de vastes incendies", explique Costas Lagouvardos.

En août dernier, un immense incendie dans le parc national de Dadia, proche de la frontière avec la Turquie, avait été classé comme le plus destructeur jamais enregistré dans l'UE.

Cette année, fin mars, un incendie s'est déclaré à plus de 1.000 m d'altitude, dans les montagnes de Pieria (centre).

«Avertissement majeur»

C'est "un signal d'avertissement majeur", estime Costas Lagouvardos.

Les habitants eux-mêmes n'arrivaient pas à croire que le feu ait pu prendre sur des pentes autrefois enneigées, selon Nikolaos Roumeliotis, chef adjoint des pompiers.

D'après le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), la hausse des températures provoquée par les émissions de combustibles fossiles d'origine humaine allonge la saison des incendies et accroît les surfaces brûlées.

"Depuis que j'étudie les incendies de forêt, je ne me souviens pas en avoir vu un si tôt dans l'année et à une telle altitude", souligne également Theodore Giannaros, météorologue spécialiste des incendies de l'Observatoire d'Athènes.

"C'est extrêmement inquiétant, car cela montre que nous nous dirigeons vers un climat plus chaud et plus sec", relève-t-il. "Des écosystèmes clés qui étaient moins vulnérables aux incendies pourraient progressivement le devenir davantage", juge-t-il.

Entre janvier et mai, les incendies de forêt ont augmenté de 28% sur un an, selon les pompiers.

A la fin avril, un millier de feux avaient été enregistrés, a récemment déploré le Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis.

Face à cette menace, la Grèce a pris des mesures et présenté un projet de modernisation de ses infrastructures de protection civile de 2,1 milliards d'euros, le plus ambitieux à ce jour.

Le pays a prévu, grâce à des fonds venus en grande partie de l'UE, de s'équiper à partir de 2025 de nouveaux bombardiers d'eau, hélicoptères, camions de pompiers, caméras thermiques et de plus d'une centaine de drones de surveillance.

Pour Vassilis Kikilias, l'approche de cette année consiste à envoyer des bombardiers d'eau dès qu'un feu se déclenche afin de gagner du temps.

Les autorités ont également organisé un exercice national de secours réunissant notamment pompiers, police, services d'ambulance.

Mais le problème récurrent en Grèce reste le manque de coordination entre les services chargés de la lutte anti-incendies, déplorent des experts.

Pour Théodore Giannaros, qui intervient dans le comité national chargé d'établir la carte quotidienne des risques d'incendie, la planification de la lutte devrait commencer dès novembre, ce qui n'est pas le cas.


Poutine s'entretient avec le président intérimaire de l'Iran

Le président intérimaire iranien Mohammad Mokhber et le président russe Vladimir Poutine parmi les dirigeants participant au sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Astana, au Kazakhstan. (Photo: Reuters)
Le président intérimaire iranien Mohammad Mokhber et le président russe Vladimir Poutine parmi les dirigeants participant au sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Astana, au Kazakhstan. (Photo: Reuters)
Short Url
  • Moscou et Téhéran négocient un accord de coopération bilatérale global 
  • Poutine et son homologue chinois Xi Jinping devaient participer à un sommet régional en Asie centrale réunissant de nombreux pays opposés à l'Occident

ASTANA : Le président russe Vladimir Poutine a rencontré jeudi Mohammad Mokhber, le président intérimaire de l'Iran, en marge du sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai à Astana, la capitale du Kazakhstan.

Moscou et Téhéran négocient un accord de coopération bilatérale global reflétant l'« essor sans précédent » des relations bilatérales, selon le ministère russe des Affaires étrangères.

Poutine et son homologue chinois Xi Jinping devaient participer jeudi à un sommet régional en Asie centrale réunissant de nombreux pays opposés à l'Occident.

Poutine et Xi se rencontrent régulièrement sous l'égide de l'alliance de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), dont la dernière session se tient à Astana, la capitale du Kazakhstan.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan y assiste également, puisque son pays est un « partenaire de dialogue » avec le bloc, dont les membres à part entière comprennent les États d'Asie centrale ex-soviétiques, l'Inde, la Chine, la Russie et l'Iran.

Mercredi, Poutine a tenu des réunions bilatérales avec Erdogan et Xi avant la session principale, disant au dirigeant chinois que l'alliance de Shanghai renforçait son rôle en tant que « l'un des principaux piliers d'un ordre mondial multipolaire équitable ».

Les deux pays ont dénoncé ce qu'ils appellent l'« hégémonie » menée par les États-Unis sur la scène mondiale.
Xi, critiqué en Occident pour son soutien croissant à Moscou, a dit à Poutine mercredi qu'il était ravi de revoir son « vieil ami ».

Erdogan a également rencontré Poutine en marge mercredi, l'invitant en Turquie et appelant à une « paix équitable qui puisse satisfaire les deux parties » en Ukraine. Le dirigeant turc a cherché à jouer le rôle de médiateur entre les pays en guerre.

Le Premier ministre indien Narendra Modi n'assiste pas à la réunion.

L'OCS a été fondée en 2001, mais a pris de l'importance ces dernières années. Ses neuf pays membres à part entière sont la Chine, l'Inde, l'Iran, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, l'Ouzbékistan, le Pakistan et le Tadjikistan.
Elle se veut une plateforme de coopération en concurrence avec l'Occident, avec un accent sur la sécurité et l'économie.

Un an après que l'Iran, sanctionné par l'Occident, soit devenu un membre à part entière, la Biélorussie, également ostracisée pour son soutien à la guerre de la Russie en Ukraine, deviendra le 10e membre à part entière jeudi.

Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a, dans une interview avec les médias kazakhs, loué l'alliance pour « démontrer au monde qu'il existe des plateformes internationales alternatives, d'autres centres de pouvoir ».

L'alliance prétend représenter 40 % de la population mondiale et environ 30 % de son PIB, mais il s'agit d'un groupe disparate avec de nombreux désaccords internes, y compris des différends territoriaux. 

Bien que la Russie et la Chine soient unies contre la domination occidentale, elles sont des concurrentes économiques en Asie centrale, une région riche en pétrole et en gaz qui constitue également une voie de transport cruciale entre l'Asie et l'Europe.

Le sommet inclut les États du Golfe parmi ses « partenaires de dialogue » et, signe de son importance croissante, le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, devrait s'adresser aux délégués jeudi.

Avec l'accent mis sur la sécurité lors de l'événement, l'Afghanistan est probablement un sujet de discussion. Il a le statut d'observateur à l'OCS mais est absent depuis la prise de pouvoir des talibans en 2021.

Aucun des membres n'a formellement reconnu le gouvernement taliban, mais la Chine a nommé un ambassadeur à Kaboul, le Kazakhstan a retiré les talibans de sa liste d'organisations interdites et Moscou a déclaré qu'il ferait de même.

Mais l'objectif principal de l'OCS est les liens économiques entre les pays membres et le développement de projets géants pour relier la Chine et l'Europe via l'Asie centrale.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie a accru l'intérêt des grandes puissances pour la région, où Moscou cherche à maintenir son influence traditionnelle, mais où la Chine a désormais des liens forts grâce à son projet d'infrastructure phare, la Ceinture et la Route (the Belt and Road Initiative), tandis que l'Occident rivalise également pour obtenir de l'influence.

Les sanctions occidentales contre la Russie ont bloqué des liaisons de transport souvent utilisées entre la Chine et l'Europe et ont poussé l'Union européenne à rechercher des itinéraires alternatifs, y compris à travers l'Asie centrale.


Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Ce que les élections générales britanniques pourraient signifier pour le Moyen-Orient

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak, trempé par la pluie, se tient à un pupitre alors qu'il prononce un discours annonçant le 4 juillet comme date des élections générales au Royaume-Uni. (Photo: AFP)
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak, trempé par la pluie, se tient à un pupitre alors qu'il prononce un discours annonçant le 4 juillet comme date des élections générales au Royaume-Uni. (Photo: AFP)
Short Url
  • L'inaction perçue à l'égard de Gaza a pesé sur la compétition électorale entre Rishi Sunak et Sir Keir Starmer
  • Si les sondages s'avèrent corrects et que le Labour arrive au pouvoir, les analystes prédisent une relation beaucoup plus étroite entre le Royaume-Uni et le Golfe

LONDRES : Dès l'instant où le Premier ministre britannique Rishi Sunak s'est tenu devant le 10 Downing Street le 22 mai et a annoncé qu'il convoquait des élections générales anticipées, il était clair que les six prochaines semaines ne seraient pas favorables à son parti conservateur au pouvoir.

Pour beaucoup, le nuage de pluie qui a éclaté au-dessus de la tête de Sunak pendant qu'il parlait semblait résumer les 14 dernières années, marquées par des luttes intestines entre factions qui ont vu pas moins de quatre dirigeants en huit ans depuis que Theresa May a succédé à David Cameron en 2016.

Ajoutant à la comédie du moment, la bande-son de l'annonce, grâce à un manifestant aux portes de Downing Street, diffusait à plein volume le tube pop des années 90 « Things Can Only Get Better » — l'hymne de la victoire électorale du Labour en 1997. 

Les rédacteurs de titres de journaux avaient l'embarras du choix. Parmi les candidats figuraient « Drown and out » (Submergés et dehors), « Drowning Street » (Rue noyée) et — probablement le gagnant — « Things can only get wetter » (Les choses ne peuvent que devenir plus humides). Ce dernier était d'ailleurs prémonitoire.

En théorie, selon les règles régissant les élections générales, Sunak n'avait pas besoin de se présenter devant le pays avant décembre. En réalité, cependant, Sunak et son parti étaient déjà en mauvaise posture dans les sondages, et le consensus au siège des conservateurs était que les choses ne pouvaient qu'empirer.

Comme pour prouver ce point, dans une des premières vidéos de la campagne des conservateurs, le drapeau de l'Union britannique flottait à l'envers. Une série de mésaventures et de scandales ont suivi, avec certains députés conservateurs s'avérant avoir parié contre eux-mêmes et contre le parti.

À en juger par la baisse constante du soutien au gouvernement, l'électorat n'a ni oublié ni pardonné le chaos des années Boris Johnson, illustré par les soirées alcoolisées illégales organisées à Downing Street alors que le reste du pays était confiné lors les restrictions du COVID-19.

L'électorat n'a pas non plus oublié l'incapacité à tenir les grandes promesses du Brexit, le choc à l'économie britannique provoqué par les 44 jours de mandat de Liz Truss et l'incapacité du gouvernement à contrôler les frontières du Royaume-Uni — ce qui était, après tout, la raison principale de quitter l'UE.

Le jour de l'annonce des élections, une moyenne sur sept jours des sondages montrait que le Labour avait deux fois plus de soutien que les conservateurs — 45 % contre 23 %.

Les difficultés du gouvernement ont été aggravées par la montée en puissance de Reform UK, le parti populiste de droite, gagnant du terrain grâce en grande partie à l'échec de la promesse de Sunak de réduire l'immigration et de « stopper les bateaux » transportant des immigrés clandestins à travers la Manche.

Avec 11 %, Reform avait dépassé les Lib Dems, le troisième parti traditionnel de Grande-Bretagne, et la vaste majorité des voix qu'il semblait certain de recueillir seraient celles des électeurs conservateurs mécontents.

À la veille des élections d'aujourd'hui, un sondage portant sur 18 sondages réalisés au cours des sept jours précédant le 2 juillet montrait que l'avance du Labour n'avait que très légèrement diminué, passant à 40 % contre 21 % pour les conservateurs, avec Reform atteignant 16 %.

Mercredi, un dernier sondage YouGov réalisé à la veille du vote prévoyait que le Labour remporterait 431 sièges, tandis que les conservateurs reviendraient au nouveau parlement le 9 juillet avec seulement 102 députés, soit moins d'un tiers des 365 sièges qu'ils ont remportés en 2019.

Si cela s'avère être le cas, Starmer disposerait d'une majorité de 212 députés, non seulement plus importante que celle de Tony Blair en 1997, mais aussi la plus forte performance d'un parti lors d'une élection depuis 1832.

Après la fermeture des bureaux de vote ce soir à 22 heures, il y a de fortes chances que Sunak perde même son propre siège, la circonscription de Richmond et Northallerton, que les conservateurs détiennent depuis 114 ans.

Dans tous les cas, le parti conservateur sera plongé dans une nouvelle tourmente alors que la bataille commence pour sélectionner le prochain chef du parti qui, comme le prédisent de nombreux commentateurs, peut s’attendre à au moins une décennie dans l’opposition.

Le retour du Labour, un parti complètement régénéré après 14 ans d'absence, devrait être une bonne nouvelle pour les relations de la Grande-Bretagne au Moyen-Orient, comme l’a prédit cette semaine le chroniqueur d’Arab News, Muddassar Ahmed.

Distraits par une crise domestique ou interne après l’autre, les conservateurs n’ont non seulement négligé leurs amis et alliés dans la région, mais, dans une tentative d’enrayer la perte de leurs partisans au profit de Reform UK, ont également cédé aux préjugés raciaux et religieux.

« Les scènes horribles se déroulant à Gaza, par exemple, ont bouleversé les musulmans du monde entier tout en opposant différentes communautés religieuses les unes contre les autres », a écrit Ahmed.

« Mais au lieu de travailler à reconstruire les relations entre les musulmans, les juifs et les chrétiens britanniques, le gouvernement conservateur a qualifié les efforts de soutien aux Palestiniens de simples ‘marches de haine’ insurgées — utilisant le conflit horrible pour diviser des communautés qui devraient être alliées. »

D’autre part, le Labour semble déterminé à revigorer la relation du pays avec une région autrefois centrale aux intérêts du Royaume-Uni.

En janvier de cette année, le Labour Middle East Council (LMEC) a été lancé avec « l'objectif fondamental de cultiver la compréhension et de favoriser des relations durables entre les parlementaires britanniques et le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. »

Présidé par Sir William Patey, ancien chef du département du Moyen-Orient au bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth et ambassadeur en Afghanistan, en Arabie saoudite, en Irak et au Soudan, et doté d'un conseil consultatif comprenant deux autres anciens ambassadeurs britanniques dans la région, le LMEC sera une voix forte chuchotant à l’oreille d’un gouvernement Labour qui sera très ouvert à ce qu’il a à dire.

Écrivant dans le magazine The House, Sir William a prédit qu’ « un changement de paradigme dans la politique étrangère britannique est imminent. »

Il a ajouté : « En tant que nation ayant des liens historiques profonds avec le Moyen-Orient, le Royaume-Uni a un rôle unique à jouer dans la promotion d'une région stable et prospère. »

Le rôle du LMEC serait « d'exploiter ces liens pour un avenir positif. Nous travaillerons en collaboration pour résoudre les problèmes mondiaux urgents, du changement climatique aux avancées technologiques, en veillant à ce que notre approche soit toujours fondée sur le respect, le partenariat et le progrès partagé. »

David Lammy, secrétaire d'État aux Affaires étrangères du Labour, a déjà effectué plusieurs visites dans la région depuis le 7 octobre. En avril, il a exprimé des « préoccupations sérieuses quant à une violation du droit humanitaire international » concernant l'offensive militaire d'Israël à Gaza.

Il a ajouté qu' « il était important de réaffirmer qu'une vie perdue est une vie perdue, qu'il s'agisse d'un musulman ou d'un juif. » En mai, Lammy a appelé le Royaume-Uni à suspendre les ventes d'armes à Israël.

Dans l'opposition, le Labour a hésité à appeler à un cessez-le-feu à Gaza, mais cela a été le produit de ses propres tensions internes et domestiques. Starmer a remis le parti sur les rails après des années d'accusations par des groupes d'activistes juifs britanniques selon lesquelles, sous son prédécesseur Jeremy Corbyn, le parti était fondamentalement antisémite.

Que ces accusations soient fondées ou que le soutien ferme du parti à la cause palestinienne ait été présenté à tort comme de l'antisémitisme est un point discutable. Starmer savait qu'à l'approche des élections générales, il s'agissait d'un terrain durement gagné qu'il ne pouvait se permettre de perdre.

Néanmoins, même s'il s'est aliéné certaines communautés musulmanes du Royaume-Uni en n'appelant pas à un cessez-le-feu, il s'est exprimé à maintes reprises contre les horreurs qui se sont déroulées à Gaza.

De manière cruciale, il a toujours soutenu la solution à deux États et la création d' « un État palestinien viable où le peuple palestinien et ses enfants jouissent des libertés et des opportunités que nous considérons tous comme acquises. »

D'une manière plus générale, Lammy a également indiqué clairement que le Labour avait l'intention de se réengager au Moyen-Orient par le biais d'une nouvelle politique qu'il a qualifiée de « réalisme progressiste. »

Moins d'une semaine avant que Sunak ne convoque ses élections générales surprise, Lammy a parlé de la nécessité pour le Royaume-Uni de réparer ses relations avec les États du Golfe, qu'il considérait comme « extrêmement importants pour la sécurité au Moyen-Orient » et « importants par rapport à nos missions de croissance économique. »

En raison des faux pas du gouvernement conservateur, a-t-il ajouté, les relations entre les Émirats arabes unis et le Royaume-Uni, par exemple, étaient « au plus bas. Ce n'est pas acceptable et ce n'est pas dans l'intérêt national du Royaume-Uni (et) nous chercherons à y remédier. »

Dans un article qu'il a écrit pour le magazine Foreign Affairs, Lammy est allé plus loin.

La Chine, a-t-il dit, n'est pas la seule puissance montante mondiale, et « un groupe croissant d'États — y compris le Brésil, l'Inde, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis — ont revendiqué des places à la table. Eux et d'autres ont le pouvoir de façonner leurs environnements régionaux, et ils ignorent de plus en plus souvent l'UE, le Royaume-Uni et les États-Unis. »

Lammy a regretté « les interventions militaires chaotiques de l'Occident au cours des premières décennies de ce siècle », en Afghanistan, en Irak et en Libye, qui se sont avérées être une « recette pour le désordre. »

En tant que secrétaire d'État aux Affaires étrangères de l'ombre, il a beaucoup voyagé à travers la région MENA, dans des pays comme Bahreïn, l'Égypte, Israël, la Jordanie, le Qatar, l'Arabie saoudite, la Turquie, les Émirats arabes unis et les Territoires palestiniens occupés.

Tous, a-t-il écrit, « seront des partenaires vitaux pour le Royaume-Uni dans cette décennie, notamment lorsque le pays cherchera à reconstruire Gaza et — dès que possible — à réaliser une solution à deux États. »

Pour de nombreux observateurs régionaux, le Labour commence avec une feuille blanche, mais a beaucoup à prouver.

« Il est reconnu parmi les spécialistes que les politiques étrangères ne changent pas radicalement après les élections », a déclaré Arshin Adib-Moghaddam, professeur de pensée globale et de philosophies comparées à la School of Oriental and African Studies de Londres, à Arab News.

« Par conséquent, je ne m'attends pas à des changements majeurs une fois que le Labour formera le gouvernement au Royaume-Uni.

« Cela dit, la composition du Labour et ses politiques d'arrière-ban sont susceptibles de modifier le langage et probablement même le code de conduite, en particulier en ce qui concerne la question de la Palestine. Pour un dirigeant Labour, il pourrait être beaucoup plus difficile d'être agnostique face à l'horrible situation des droits de l'homme à Gaza. »

Pour les analystes politiques conseillant des clients internationaux, cependant, les implications d'une victoire du Labour vont au-delà de la situation à Gaza.

« Dans une tentative de garantir une longévité politique, le parti renégociera les priorités politiques essentielles au Moyen-Orient », a déclaré Kasturi Mishra, consultant politique chez Hardcastle, une société de conseil mondial qui suit de près les implications de la politique étrangère des élections britanniques pour ses clients dans le domaine des affaires et de la politique internationale.

« Il pourrait s'agir d'appeler à un cessez-le-feu à Gaza, de mettre fin aux ventes d'armes à Israël, de relancer le commerce et la diplomatie avec les États du Golfe et d'augmenter les dépenses de défense du Royaume-Uni dans la région », a déclaré Mishra à Arab News.

« Cette renégociation est importante à un moment où le Royaume-Uni se trouve de plus en plus incertain de sa position mondiale.

« Le Moyen-Orient a des implications géopolitiques et de sécurité significatives pour l'Occident. Les décideurs politiques du Labour le reconnaissent et sont susceptibles de renforcer l'engagement britannique avec la région pour redéfinir son soft power et son influence. »

Mishra a souligné les multiples voyages de Lammy dans la région comme un avant-goût de l'intention du Labour de renforcer les liens avec les États du Golfe, « qui ont été négligés dans la Grande-Bretagne post-Brexit. 

« Étant donné le rôle influent de l'Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et du Qatar dans la sécurité régionale et le potentiel de collaboration avec eux sur l'atténuation du changement climatique et d'autres questions internationales, il est clair qu'il cherchera à forger des partenariats.

« Sa doctrine de réalisme progressiste combine un ordre mondial fondé sur les valeurs et le pragmatisme. On s'attend à ce qu'il privilégie une diplomatie personnalisée, plus proche de celle des Émirats arabes unis, de l'Inde et de la France. »

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Huit arrestations en Allemagne et en Suède pour des soupçons de crimes contre l'humanité en Syrie

Short Url

Les justices allemande et suédoise ont annoncé mercredi l'arrestation de huit personnes soupçonnées de crimes contre l'humanité pour le compte du régime de Bachar al-Assad durant la guerre civile en Syrie.

Dans le cadre de cette opération conjointe, cinq suspects, dont quatre membres d'une milice armée et un ex-agent des renseignements syriens, ont été arrêtés en Allemagne. Trois autres personnes ont été arrêtées en Suède.

Pour la justice allemande, les suspects "sont fortement soupçonnés d'assassinats ou de tentatives d'assassinat de civils en tant que crimes contre l'humanité et crimes de guerre" commis durant la guerre civile en Syrie déclenchée en 2011 par la répression de manifestations contre le pouvoir, selon un communiqué du parquet fédéral.

Les personnes arrêtées en Suède sont "soupçonnées d'avoir commis un crime contre l'humanité, en Syrie en 2012", ajoute un communiqué du parquet suédois.

Parmi les suspects arrêtés en Allemagne figurent quatre apatrides d'origine palestinienne, membres d'une milice armée qui exerçait "pour le compte du régime syrien" le contrôle du quartier Al Yarmouk de Damas, la capitale syrienne, précise le parquet.

"Tous les accusés ont participé à la répression violente d'une manifestation pacifique contre le gouvernement syrien le 13 juillet 2012 à Al Yarmouk", ajoute la même source, précisant qu'ils ont "délibérément tiré sur les manifestants".

En outre, "des violences physiques massives, parfois répétées" ont été infligées à des civils d'Al Yarmouk entre mi-2012 et 2014 par plusieurs suspects qui sont également soupçonnés d'avoir remis aux autorités trois civils ensuite assassinés "lors d'une exécution de masse".

Les arrestations ont été menées dans le cadre d'une coopération judiciaire entre autorités allemandes et suédoises, avec le soutien des agences Europol et Eurojust et de plusieurs pays européens.

Au nom du principe de compétence universelle --qui permet de poursuivre certains crimes graves indépendamment du lieu où ils ont été commis--, l'Allemagne a déjà jugé des Syriens pour des atrocités commises pendant la guerre civile du pays.