La Chine a lancé des manœuvres militaires comme « punition sévère  » envers Taïwan

Les manœuvres ont débuté jeudi à 07H45 (23H45 GMT mercredi) et doivent durer jusqu'à vendredi, a indiqué dans un communiqué Li Xi, le porte-parole du théâtre Est de l'armée chinoise.
Les manœuvres ont débuté jeudi à 07H45 (23H45 GMT mercredi) et doivent durer jusqu'à vendredi, a indiqué dans un communiqué Li Xi, le porte-parole du théâtre Est de l'armée chinoise.
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Publié le Jeudi 23 mai 2024

La Chine a lancé des manœuvres militaires comme « punition sévère  » envers Taïwan

  • Le ministère taïwanais de la Défense a "condamné fermement" ces exercices et annoncé avoir "déployé des forces maritimes, aériennes et terrestres (...) pour défendre la liberté, la démocratie et la souveraineté" du territoire
  • Ces exercices surviennent trois jours après le discours d'investiture de Lai Ching-te

PEKIN: La Chine a encerclé jeudi Taïwan avec des navires et des avions militaires, dans le cadre de manœuvres présentées par Pékin comme une "punition" contre son nouveau président Lai Ching-te et les forces "indépendantistes" de l'île.

Le ministère taïwanais de la Défense a "condamné fermement" ces exercices et annoncé avoir "déployé des forces maritimes, aériennes et terrestres (...) pour défendre la liberté, la démocratie et la souveraineté" du territoire.

La porte-parole de la présidence taïwanaise a elle déploré "le comportement militaire provocateur" de Pékin.

Ces exercices surviennent trois jours après le discours d'investiture de Lai Ching-te. La Chine avait jugé ces propos comme un "aveu de l'indépendance de Taïwan" et avait menacé les autorités taïwanaises de "représailles".

La Chine estime que Taïwan est l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949 et l'arrivée au pouvoir des communistes.

Les manœuvres ont débuté jeudi à 07H45 (23H45 GMT mercredi) et doivent durer jusqu'à vendredi, a indiqué dans un communiqué Li Xi, le porte-parole du théâtre Est de l'armée chinoise.

Elles se déroulent "dans le détroit de Taïwan, au nord, au sud et à l'est de l'île de Taïwan, ainsi que dans les zones situées autour des îles de Kinmen, Matsu, Wuqiu et Dongyin".

Ces dernières îles sont situées à proximité immédiate de la côte est chinoise.

Les gardes-côtes chinois ont annoncé dans la foulée avoir lancé un "exercice de maintien de l'ordre" près des îles taïwanaises de Wuqiu et Dongyin.

De son côté, Taïwan a fait décoller quatre avions de chasse de la base de Hsinchu, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Taipei, aux environs de 13H locales.

Des images diffusées par les garde-côtes taïwanais montrent des officiers ordonnant par haut-parleur aux navires chinois de quitter les lieux.

"Vos mouvements affectent l'ordre et la sécurité de notre pays, veuillez faire demi-tour et quitter nos eaux restreintes dès que possible", clame l'un des officiers dans une vidéo publiée par les garde-côtes sur les réseaux sociaux.

Les gardes-côtes taïwanais ont également déployé leur flotte en mer.

« Blocus »

Ces manœuvres constituent une "punition sévère pour les actes séparatistes des forces +indépendantistes de Taïwan+ et un avertissement sévère contre l'ingérence et la provocation des forces extérieures", a indiqué Li Xi.

La Chine continentale, dirigée par le Parti communiste, dit privilégier une réunification "pacifique" avec le territoire insulaire de 23 millions d'habitants gouverné démocratiquement. Mais elle n'a jamais renoncé à employer la force militaire.

Baptisées "Joint Sword-2024A", ces nouvelles manœuvres impliquent l'armée de terre, la marine, l'armée de l'air et l'unité des fusées.

L'objectif est de "tester les capacités de combat réelles conjointes des forces du commandement", a indiqué le porte-parole.

A la télévision d'Etat chinoise CCTV, Zhang Chi, professeur à l'Université nationale de Défense à Pékin, a indiqué que les manœuvres visaient à "imposer un blocus économique sur l'île" en "étranglant" le port de Kaohsiung, stratégique pour Taïwan.

Un tel blocus permet de couper "les importations d'énergie vitales pour Taïwan" et "bloquer le soutien que certains alliés des Etats-Unis fournissent aux forces +indépendantistes de Taïwan+", selon lui.

S'exprimant à Canberra, le général américain Stephen Sklenka a jugé la situation "inquiétante".

CCTV a publié une carte montrant les neuf zones où se déroulent les exercices. La plus proche de l'île de Taïwan semble située à moins de 50 kilomètres des côtes.

Lors de sa prestation de serment lundi, Lai Ching-te, qualifié par le passé de "dangereux séparatiste" par Pékin, avait appelé la Chine à "cesser ses intimidations politiques et militaires".

Les séparatistes taïwanais "seront cloués au pilori de la honte pour l'histoire", avait réagi mardi le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi.

« Fausse route »

Cette semaine, la Chine a également répliqué en sanctionnant plusieurs entreprises américaines pour dénoncer la vente d'armes par les Etats-Unis à Taïwan.

Depuis l'arrivée au pouvoir sur l'île de Tsai Ing-wen (2016-2024), dont le parti, le même que Lai Ching-te, considère ce territoire comme déjà indépendant, les autorités taïwanaises ont renforcé leurs liens avec les Etats-Unis.

"S'appuyer sur les pays étrangers, c'est faire fausse route", a indiqué jeudi l'armée chinoise dans un message montrant d'impressionnantes et menaçantes images d'avions de chasse, de navires et de missiles.

"La patrie doit être réunifiée et sera inévitablement réunifiée", a-t-elle affirmé.

Les précédents exercices militaires chinois d'ampleur autour de Taïwan avaient eu lieu en août 2023, une "sévère mise en garde" selon Pékin après une visite de M. Lai, alors vice-président, aux Etats-Unis.

Pékin avait aussi lancé des manœuvres d'une envergure historique en août 2022 après la visite sur l'île de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis.

"L'exercice actuel s'appelle Joint Sword-2024A, ce qui signifie probablement qu'il y en aura plusieurs cette année", le "A" laissant entendre qu'il s'agit du premier d'une série, indique l'analyste Bill Bishop dans sa lettre d'information Sinocism.

Un conflit dans le détroit de Taïwan, même si la plupart des experts excluent cette hypothèse à court terme, aurait un effet dévastateur pour l'économie: plus de 50% des conteneurs transportés dans le monde transitent par ce détroit et l'île produit 70% des semi-conducteurs de la planète.


Les Etats-Unis ordonnent l'arrêt des travaux sur un immense parc éolien, presqu'achevé

Le président américain Donald Trump s'exprime dans le bureau ovale le 22 août 2025 à Washington, DC. Trump a annoncé que le tirage au sort de la Coupe du Monde de la FIFA 2026 aura lieu au Kennedy Center. (AFP)
Le président américain Donald Trump s'exprime dans le bureau ovale le 22 août 2025 à Washington, DC. Trump a annoncé que le tirage au sort de la Coupe du Monde de la FIFA 2026 aura lieu au Kennedy Center. (AFP)
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  • L'administration Trump a suspendu le projet Revolution Wind, l'un des plus grands parcs éoliens offshore aux États-Unis
  • Le projet, construit à 80% par le groupe danois Orsted, pourrait alimenter 350.000 foyers

WASHINGTON: Le gouvernement américain a ordonné vendredi l'arrêt des travaux sur un immense projet de parc éolien en mer au large de la côte nord-est, pourtant achevé à 80%.

Il s'agit du dernier d'une série de coups d'arrêt imposés à des projets d'énergie éolienne par l'administration de Donald Trump, qui a déclaré jeudi que "le vent, ça ne marche pas".

Le projet Revolution Wind, dont la construction a démarré l'an dernier après avoir reçu toutes les autorisations nécessaires, doit alimenter plus de 350.000 foyers de l'Etat de Rhode Island, selon son constructeur, l'entreprise danoise d'énergie renouvelable Orsted.

Matthew Giacona, directeur du Bureau of Ocean Energy Management (BOEM) a publié une lettre vendredi ordonnant l'"arrêt de toute activité en cours" du projet pour permettre un examen.

"En particulier, BOEM cherche à répondre à des inquiétudes concernant la protection d'intérêts de sécurité nationale aux Etats-Unis", selon cette lettre qui n'a pas donné d'autre précision.

"Vous ne pouvez pas reprendre les activités tant que BOEM" n'aura pas terminé son examen, a-t-il ajouté.

Orsted a indiqué dans un communiqué que l'entreprise "évaluait toutes les options pour régler la question rapidement" dont le recours à "de possibles procédures légales".

La ferme éolienne est achevée à 80%, avec 45 des 65 turbines prévues déjà installées, selon l'entreprise qui précise espérer terminer le projet à la fin de l'année prochaine.

Peu après son retour à la Maison Blanche pour un second mandat en janvier, Donald Trump a signé une série de décrets mettant un coup d'arrêt à l'éolien. Parmi les mesures annoncées, il a imposé un gel des permis d'exploitation et des prêts fédéraux pour tout projet d'éolien en mer ou sur terre.

"Nous n'allons pas faire le coup de l'éolien", a déclaré M. Trump en janvier, assurant que les turbines sont "laides", "bousillent le paysage" et "tuent les baleines".

Orsted, leader du développement d'énergie éolienne offshore, a annoncé lundi devoir lever 60 milliards de couronnes (9,4 milliards de dollars) via une émission de titres, pour faire face aux conséquences des décisions américaines gelant les projets de parcs éoliens.

Empire Wind, un autre gigantesque projet éolien offshore au large des côtes de New York, construit par le Norvégien Equinor, a été temporairement arrêté par l'administration Trump à la mi-avril.


Meta va dépenser plus de 10 milliards de dollars chez Google en services de cloud

Un logo de la société américaine Meta est affiché lors du salon Vivatech des startups et de l'innovation technologique, au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 mai 2024. (AFP)
Un logo de la société américaine Meta est affiché lors du salon Vivatech des startups et de l'innovation technologique, au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 mai 2024. (AFP)
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  • Meta a conclu un accord de 6 ans avec Google Cloud pour utiliser ses infrastructures, dans le but de rattraper son retard en intelligence artificielle face à OpenAI et Google
  • Mark Zuckerberg ambitionne de bâtir l’équipe IA « la plus talentueuse » de l'industrie, avec une puissance de calcul inégalée pour concevoir une intelligence artificielle surpassant celle des humains

San Francisco: Meta (Facebook, Instagram) a signé un contrat avec Google Cloud de plus de 10 milliards de dollars pour utiliser ses serveurs et d'autres services d'informatique à distance, d'après une source proche du dossier.

L'information a initialement été révélée par The Information, média spécialisé dans le secteur des technologies.

Le contrat, qui s'étend sur six ans, est l'un des plus gros jamais obtenu par la branche de cloud de Google depuis sa création il y a 17 ans.

Mi-juillet, le patron de Meta Mark Zuckerberg a fait part de sa volonté d'investir des "centaines de milliards de dollars" dans des infrastructures d'intelligence artificielle, en vue de parvenir à son objectif affiché: construire une IA plus intelligente que les humains.

Les géants des technologies dépensent des sommes colossales pour améliorer leurs modèles d'IA générative, qui nécessitent d'énormes puissance de calcul, et donc des puces informatiques de pointe et beaucoup d'énergie.

Meta compte donc faire construire des réseaux informatiques de plusieurs gigawatts, mais ne peut pas se permettre de prendre plus de retard qu'il n'en a déjà sur les leaders du secteur, notamment OpenAI (ChatGPT) et Google.

Le groupe californien a aussi débauché des employés d'OpenAI, Google et Anthropic à coup de primes conséquentes.

Mark Zuckerberg veut constituer "l'équipe la plus élitiste et la plus dense en talents de toute l'industrie", qui disposerait "d'un niveau de puissance de calcul sans équivalent dans le secteur", selon ses propos.

Meta n'a pas réagi à une sollicitation de l'AFP jeudi.

Google Cloud, numéro trois de l'informatique à distance derrière AWS (Amazon) et Microsoft, a vu ses ventes bondir de 32% au deuxième trimestre, pour dépasser les 13 milliards de dollars.

"Quasiment toutes les licornes (start-up valorisées à au moins un milliard de dollars, ndlr) de l'IA générative utilisent Google Cloud", s'est félicité la patron de la firme californienne Sundar Pichai, lors de la conférence aux analystes fin juillet.

OpenAI, pourtant partenaire privilégié de Microsoft dans l'IA, a aussi signé un contrat avec Google Cloud récemment.


Zelensky accuse Poutine de vouloir "se soustraire" à une rencontre pour la paix

Cette combinaison d'images créée le 18 août 2025 montre le président ukrainien Volodymyr Zelensky (à gauche) à Washington, DC, le 18 août 2025 et le président russe Vladimir Poutine à Anchorage, Alaska, le 15 août 2025. (AFP)
Cette combinaison d'images créée le 18 août 2025 montre le président ukrainien Volodymyr Zelensky (à gauche) à Washington, DC, le 18 août 2025 et le président russe Vladimir Poutine à Anchorage, Alaska, le 15 août 2025. (AFP)
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  • Volodymyr Zelensky reproche à la Russie de fuir les pourparlers de paix malgré les efforts diplomatiques
  • Alors que les discussions sur les garanties de sécurité se poursuivent, Kiev a testé avec succès un nouveau missile longue portée, illustrant sa volonté d'assurer sa défense indépendamment des alliés

KIEV: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé jeudi son homologue russe Vladimir Poutine de chercher à "se soustraire" à une rencontre destinée à trouver une issue à la guerre provoquée par l'invasion russe, Donald Trump lui-même tempérant son enthousiasme.

"A l'heure actuelle, les signaux envoyés par la Russie sont tout simplement indécents. Ils essaient de se soustraire à la nécessité d'organiser une réunion", a accusé M. Zelensky dans son adresse quotidienne sur les réseaux sociaux jeudi soir.

A la place, les Russes "poursuivent leurs attaques massives contre l'Ukraine et leurs assauts féroces le long de la ligne de front", a-t-il dénoncé.

La Russie a lancé dans la nuit de mercredi à jeudi une attaque massive sur l'Ukraine, utilisant 574 drones et 40 missiles, selon l'armée de l'air ukrainienne, un nombre record depuis la mi-juillet.

Ces frappes ont fait deux morts, un à Kherson et un autre à Lviv, dans l'ouest du pays. Elles ont aussi largement détruit une entreprise américaine dans la ville de Moukatchevo, dans l'ouest de l'Ukraine, a précisé M. Zelensly.

"Les Russes savaient exactement où ils avaient lancé les missiles. Nous croyons qu'il s'agissait d'une frappe délibérée spécifiquement sur une propriété appartenant à des Américains", a noté le président ukrainien. L'attaque contre Moukatchevo a fait 23 blessés, selon un nouveau bilan des autorités locales.

- "Approche différente" -

Très satisfait de sa rencontre avec M. Poutine le 15 août, Donald Trump a reconnu jeudi qu'il n'en saurait davantage sur les chances de paix que "dans les deux prochaines semaines".

"Après cela, nous devrons peut-être adopter une approche différente", a-t-il estimé sans plus de détail.

Après avoir rencontré M. Poutine en Alaska puis M. Zelensky lundi à la Maison Blanche, Donald Trump avait dit préparer une rencontre entre les dirigeants russe et ukrainien. Mais la participation des belligérants semble encore loin d'être acquise.

Si Vladimir Poutine semble avoir accepté le principe de cette rencontre, qu'il refusait jusque-là, ni date ni lieu n'ont été annoncés, et Moscou a souligné mercredi qu'une telle rencontre devait être "préparée avec le plus grand soin".

Paris a dénoncé jeudi une "absence de volonté" de la Russie de mettre fin à la guerre.

Volodymyr Zelensky, de son côté, a déclaré devant un groupe de médias parmi lesquels l'AFP vouloir comprendre "l'architecture des garanties de sécurité d'ici sept à dix jours" .

Ensuite, "nous devrions avoir une réunion bilatérale dans une semaine ou deux", a souhaité le dirigeant ukrainien, dont ce serait le cas échéant la première rencontre avec son homologue russe depuis 2019.

M. Zelensky a proposé la Suisse, l'Autriche ou la Turquie pour une éventuelle rencontre. Il a en revanche écarté la Hongrie, jugée trop proche du Kremlin.

- Nouveau missile -

Les contacts diplomatiques se sont accélérés ces dernières semaines pour trouver une issue à la guerre provoquée par l'invasion russe en février 2022, mais positions de Moscou et Kiev restent diamétralement opposées, notamment sur la question des territoires ukrainiens occupés.

Trouver un accord sur les garanties de sécurité s'annonce également complexe.

Européens et Américains ont évoqué ces derniers mois différentes possibilités allant de garanties similaires au fameux "article 5" de l'Otan au déploiement d'un contingent militaire en Ukraine.

Epine dorsale de l'Otan, à laquelle ni Moscou ni Washington ne veulent voir l'Ukraine adhérer, l'article 5 stipule que toute attaque contre un pays membre est considérée comme une attaque contre tous.

Kiev considère que, même si une issue est trouvée à cette guerre, la Russie tentera encore de l'envahir à l'avenir, d'où l'importance de ces garanties.

Moscou, qui qualifie l'expansion de l'Otan à ses frontières comme l'une des "causes profondes" ayant mené au conflit, rejette de son côté catégoriquement la plupart des scénarios envisagés.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a averti jeudi que tout déploiement d'un contingent militaire européen en Ukraine serait "inacceptable".

Parallèlement, l'Ukraine cherche à augmenter sa production d'armement, une façon de réduire sa dépendance à l'aide des alliés.

Volodymyr Zelensky a ainsi affirmé jeudi que son pays avait testé avec succès un nouveau missile d'une portée de 3.000 kilomètres appelé Flamingo.