PARIS : En état d'alerte face à la menace de deux variants plus contagieux du Covid-19, la France, où la campagne vaccinale s'accélère, s'apprête à étendre les couvre-feux, alors que les bars, restaurants et lieux culturels restent fermés et dans le flou.
Dès vendredi, une décision sera prise sur l'extension possible à dix nouveaux départements du couvre-feu dès 18H00, déjà en vigueur dans quinze autres depuis une semaine, surtout dans l'est de la France. A Strasbourg, la préfecture du Bas-Rhin a pris les devants en annonçant vendredi matin que le département passerait en couvre-feu à 18H00 dès dimanche.
Depuis trois jours consécutifs, le nombre de cas positifs quotidiens comptabilisés dépasse les 20.000 et l'agence Santé publique France a relevé une "nette augmentation du nombre de cas confirmés" durant la semaine du 28 décembre (96.743 cas, contre 82.734 la semaine précédente, +17%).
C'est "peut-être le début des conséquences des rassemblements de fin d'année", mais il faudra voir si cette tendance se confirme et si le nombre de patients hospitalisés augmente à son tour, ce qui est "probable", ont expliqué les responsables de l'agence sanitaire. Pour eux, les deux prochaines semaines seront "déterminantes".
Sans prononcer le mot de "reconfinement", et tout en prévenant que les écoles ne devaient fermer qu'en cas de situation "gravissime", le Premier ministre Jean Castex n'a pas exclu jeudi d'aller encore plus loin et de prendre des "mesures nationales supplémentaires".
Musées, cinémas, théâtres et salles de sport (sauf pour les mineurs) : tous ces établissements et équipements fermés depuis le 30 octobre vont par ailleurs le rester au moins tout le mois de janvier. Pas de réouverture non plus avant début février, au mieux, pour les remontées mécaniques dans les stations de ski.
Quant aux bars et aux restaurants, ils ont vu l'échéance reculer à mi-février a minima.
"Coup de tabac annoncé"
Avec près de 24.448 patients Covid-19 hospitalisés, dont 2.573 en services de réanimation, la charge pour les hôpitaux reste élevée. La France a enregistré cette semaine près de 2.000 décès de personnes atteintes du Covid-19, à l'hôpital ou en Ehpad, soit un total de 66.841 morts depuis le début de l'épidémie.
Et alors que les fêtes faisaient déjà craindre un rebond de l'épidémie, la menace de deux variants du Covid-19, vraisemblablement plus contagieux, est prise "très au sérieux" par les autorités sanitaires, a indiqué jeudi soir le ministre de la Santé, Olivier Véran.
Pour l'instant, deux potentiels "clusters à risque" du variant "VOC 202012/01", qui flambe depuis plusieurs semaines au Royaume-Uni, ont été détectés dans un établissement pour personnes âgées près de Rennes, et en région parisienne. Toutefois, la première contamination au sein du cluster à Rennes, sur neuf cas suspects, ne correspond pas au variant britannique, a annoncé vendredi l'Agence régionale de Santé (ARS) Bretagne.
Trois cas de contamination par la variante "501.V2", repérée initialement en Afrique du sud, ont aussi été détectés en France.
"URGENCE. Coup de tabac COVID19 annoncé : recroissance exponentielle des contaminations", s'est alarmé le président de la Ligue contre le cancer, le généticien Axel Kahn, qui avait déjà recommandé fin décembre d'accélérer la campagne de vaccination.
"Faites-vous vacciner"
Très critiqué pour sa campagne, qui a démarré au compte-gouttes, le gouvernement a accéléré le tempo depuis plusieurs jours et changé de ton. "Faites-vous vacciner, aidez vos proches à se faire vacciner", a lancé Olivier Véran. Aucun effet indésirable grave n'a été observé en France à ce stade, a rassuré vendredi l'agence nationale du médicament (ANSM).
Concrètement, Jean Castex a annoncé que les plus de 75 ans, soit environ 5 millions de personnes, pourront se faire vacciner dès le 18 janvier dans un centre en ville, avec une procédure simplifiée.
L'exécutif avait déjà opéré un tournant en ouvrant la vaccination à tous les professionnels de santé de plus de 50 ans ou présentant des fragilités, en plus des résidents et personnels à risque dans les Ehpad, qui demeurent prioritaires.
Sur le terrain, "tous les Ehpad en ce moment reçoivent les dates" de vaccination de la part des Agences régionales de santé (ARS), a expliqué à l'AFP la déléguée générale du Synerpa, syndicat des maisons de retraites privées, Florence Arnaiz-Maumé, qui s'attend à une montée en charge, comme prévu au départ, à partir de la semaine prochaine.
Afin d'accélérer les opérations, et alors que le nombre de vaccins est limité, le gouvernement a aussi décidé, à l'instar d'autres pays, de différer jusqu'à six semaines l'injection de la 2e dose du vaccin Pfizer/BioNTech, pour permettre de multiplier dès à présent le nombre de premières piqûres.
La Haute autorité de santé (HAS) a par ailleurs donné son feu vert vendredi à l'utilisation d'un deuxième vaccin, celui de l'entreprise américaine Moderna.
La France approchait jeudi soir un total de 50.000 personnes ayant reçu l'injection, alors que le gouvernement s'était fixé pour objectif d'achever la première phase de vaccination dans les Ehpad, qui concerne environ 1 million de personnes, courant janvier et février.