Comment la crise provoquée par le coronavirus a bouleversé l’ordre urbain à travers le monde

Des Marocains, portant des masques, marchent dans une rue de la capitale Rabat, après que les autorités ont assoupli, dans certaines villes, les mesures de confinement visant à contenir la propagation du nouveau coronavirus, le 25 juin 2020. (AFP/Fichier Photo)
Des Marocains, portant des masques, marchent dans une rue de la capitale Rabat, après que les autorités ont assoupli, dans certaines villes, les mesures de confinement visant à contenir la propagation du nouveau coronavirus, le 25 juin 2020. (AFP/Fichier Photo)
Des piétons, portant des masques, se promènent au bord de l’eau près de la Tour blanche à Thessalonique le 31 octobre 2020, dans le cadre du confinement partiel d’un mois annoncé par le Premier ministre grec. (AFP/Fichier Photo)
Des piétons, portant des masques, se promènent au bord de l’eau près de la Tour blanche à Thessalonique le 31 octobre 2020, dans le cadre du confinement partiel d’un mois annoncé par le Premier ministre grec. (AFP/Fichier Photo)
La façon dont les villes du monde se sont adaptées à la pandémie de Covid-19 pourrait bien déterminer leur résilience et leur longévité, selon les experts. (AFP/Fichier Photo)
La façon dont les villes du monde se sont adaptées à la pandémie de Covid-19 pourrait bien déterminer leur résilience et leur longévité, selon les experts. (AFP/Fichier Photo)
Un homme portant un masque contemple le ciel de Dubaï à travers une fenêtre, lors de la fermeture imposée par les autorités pour ralentir la propagation du coronavirus dans cette ville des Émirats arabes unis, le 5 avril 2020. (AFP/Fichier Photo)
Un homme portant un masque contemple le ciel de Dubaï à travers une fenêtre, lors de la fermeture imposée par les autorités pour ralentir la propagation du coronavirus dans cette ville des Émirats arabes unis, le 5 avril 2020. (AFP/Fichier Photo)
Une photo prise le 18 avril 2020 montre les pyramides éclairées en bleu et affichant par projection laser le message Stay at home sur le plateau de Gizeh, près de la capitale égyptienne du Caire, à l’occasion de la Journée du patrimoine mondial, alors que le pays lutte contre la propagation de la Covid-19. (AFP/Fichier Photo)
Une photo prise le 18 avril 2020 montre les pyramides éclairées en bleu et affichant par projection laser le message Stay at home sur le plateau de Gizeh, près de la capitale égyptienne du Caire, à l’occasion de la Journée du patrimoine mondial, alors que le pays lutte contre la propagation de la Covid-19. (AFP/Fichier Photo)
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Publié le Vendredi 08 janvier 2021

Comment la crise provoquée par le coronavirus a bouleversé l’ordre urbain à travers le monde

  • Pour pouvoir émerger de la pandémie avec plus de résilience, les responsables des villes du Moyen-Orient doivent repenser les prochaines étapes
  • Pour les villes d’Asie de l’Est, l’investissement à long terme porte désormais ses fruits dans la mesure où elles comblent le fossé qui les séparait des villes occidentales

DUBAÏ: L’histoire regorge d’exemples de villes puissantes mises à genoux par des épidémies de maladies mortelles. Le nombre de victimes de la Covid-19 dans le monde reste certes minime si on le compare, par exemple, aux ravages de la peste noire au Moyen Âge. Néanmoins, l’ampleur de l’urbanisation et de l’interconnexion des économies modernes a accentué l’impact de la pandémie du coronavirus. La façon dont les différentes villes se sont adaptées à la nouvelle épidémie pourrait bien déterminer leur résilience et leur longévité.

La crise provoquée par la Covid-19 a sans aucun doute perturbé le paysage urbain dans le monde et remis en question la réputation de plusieurs villes occidentales. Pourtant, cette pandémie n’a fait qu’accélérer, à bien des égards, une tendance vers l’Est qui existait depuis bien longtemps.

Dans un rapport publié en 2020, intitulé «Nouvelles Priorités pour un monde nouveau» («New priorities for a new world»), le cabinet de conseil en gestion Kearney a analysé l’impact de la pandémie sur la vie urbaine ainsi que sur la compétitivité économique des métropoles du monde. Cette année, l’étude inclut des données provenant de 151 villes – contre 130 en 2019 – et illustre l’importance grandissante des espaces urbains au Moyen-Orient, en Chine et en Asie centrale.

Sans surprise, les conclusions du rapport pour l’année 2020 sont bien éloignées de celles des années précédentes. En effet, les villes continuent de restreindre l’entrée des visiteurs, d’annuler des événements et des festivals, et de limiter la libre circulation et la mixité sociale pour leurs citoyens afin de contenir les vagues successives du virus et ses récentes mutations.

Selon le cabinet Kearney, l’analyse des perspectives des villes mondiales (GCO) suggère que, si quelques concurrents bien établis ont maintenu leur classement pendant l’année, d’autres ont, en revanche, vu leur destin basculer – pour le meilleur ou pour le pire.

Ainsi, Londres a conservé son classement privilégié en 2020 en dépit des verrouillages répétés imposés à la capitale britannique et des incertitudes économiques liées au Brexit. Dans le même temps, pour bon nombre de villes en plein essor, notamment en Chine et au Moyen-Orient, les investissements à long terme consacrés à la gouvernance et aux infrastructures économiques commencent à porter leurs fruits, car elles comblent rapidement l’écart avec les autres villes américaines et européennes.

Abu Dhabi en est un bon exemple, puisqu’elle s’est hissée à la 7e place du classement, avec une progression de 13 points par rapport à 2019, devançant ainsi les villes de Stockholm, d’Amsterdam et de Dublin. La ville figure également en tête du classement économique en matière d’infrastructures grâce, comme l’indique le rapport, à son ouverture au secteur privé et à son engagement solide dans les partenariats entre les secteurs public et privé. Ces mesures ont stimulé le produit intérieur brut (PIB) par habitant ainsi que les investissements étrangers directs.

Dubaï peut également se réjouir puisqu’elle a gagné 16 points dans le classement pour se hisser à la 18e place en 2020, alors qu’elle était 34e en 2019 et 41e en 2018. En Asie, Singapour a reculé d’un cran et occupe désormais la 3e place, tandis que Tokyo a progressé de deux places pour se classer 4e. Bien qu’elles n’aient pas été épargnées par la pandémie, ces villes puissantes de l’Est sont prêtes pour une croissance significative dans les années à venir.

Le Dr Parag Khanna est directeur associé de FutureMap, un cabinet de conseil qui analyse les tendances de la mondialisation. Il affirme que le monde se divise désormais en deux catégories. «Les régions qui ont évolué en même temps et qui vont déterminer comment aller de l’avant et celles qui n’ont pas réussi à maintenir un plan précis», déclare-t-il à Arab News.

«Des pays comme les Émirats arabes unis, le Kazakhstan et Singapour sont tous des États qui vont sortir de la pandémie sans forcément progresser, mais qui figurent parmi les pays qui ont suivi un plan et qui réussiront à maintenir leurs bénéfices dans les années à venir.»

L’analyse du cabinet Kearney suggère que, pour sortir plus forts et plus résilients de la crise actuelle, les dirigeants des villes ont dû repenser les prochaines étapes.

Le rapport couvre quatre dimensions – le bien-être des individus, l’économie, l’innovation et la gouvernance – qui constituent des indicateurs clés de la capacité d’une ville à attirer le capital humain talentueux, à engendrer une croissance économique, à accroître la compétitivité et à assurer la stabilité et la sécurité.

Une vue aérienne montre la Ville économique du roi Abdallah (King Abdullah Economic City) et la route périphérique du Nord, désertée en raison de la pandémie de Covid-19, le premier jour de la fête de l’Aïd al-Fitr qui marque la fin du ramadan, dans la capitale saoudienne Riyad, le 24 mai 2020. (AFP/Fichier Photo)

L’étude souligne la nécessité de «créer des valeurs urbaines», ce qui signifie que, pour rester pertinentes et compétitives dans un monde postpandémique, «les villes mondiales devront concentrer davantage leurs efforts sur la création de valeur publique – c’est-à-dire une valeur centrée sur le bien commun dans tous les secteurs et toutes les couches de la société».

Parmi les grandes priorités figurent également la promotion de la «connectivité mondiale des villes» – à savoir la circulation internationale des biens, des idées et des personnes – et la «transformation de l’espace urbain» – qui impose aux dirigeants des villes la responsabilité de «relever les nombreux défis liés à l’espace physique qui ont été si brutalement dévoilés pendant la pandémie».

Selon M. Khanna, la crise provoquée par le coronavirus montre que certains pays sont tenus de ralentir et de réévaluer la situation. «L’important désormais est de redresser les villes qui existent plutôt que de construire de nouvelles villes dont nous n’aurons pas forcément besoin à l’avenir», explique-t-il.

«Aujourd’hui, lorsqu’on observe les villes, on doit se poser trois questions : Quelles sont les villes stables et prospères? Dans quelles villes les gens se regroupent-ils? Quelles villes vont attirer les jeunes talents qui peuvent se retrouver actuellement n’importe où dans le monde en raison du travail à distance?» Dubaï, Riyad, Tel-Aviv, Istanbul ou Mascate répondent-elles à ces critères?

Le cas Neom en Arabie saoudite en est un bon exemple. Avant la pandémie, le monde entier observait avec impatience l’Arabie saoudite exposer les plans de cette ville futuriste et intelligente située dans la province de Tabuk, dans le nord-ouest du pays.

Dans un article publié dans Arab News en juillet de l’année dernière, Roxana Mohammedian-Molina, directrice de stratégie chez Blend Network, une société de technologie financière basée à Londres, écrit: «La ville de Neom a l’occasion unique de devenir la principale capitale mondiale des technologies de la santé et un centre mondial pour l’innovation et la coopération dans le domaine des technologies liées à la santé et au bien-être», alors que la crise sanitaire mondiale risque de catalyser la transformation numérique dans divers secteurs.

Quant à la capitale saoudienne, pour Afshin Molavi, chercheur senior à l’école Johns Hopkins des hautes études internationales: «La ville de Riyad est en train d’adopter un grand nombre de mesures judicieuses, notamment en modernisant les infrastructures de transport et en élargissant l’offre de divertissements.»

«Si elle continue d’évoluer dans cette direction, Riyad pourrait se retrouver dans la plupart des classements des meilleures villes au cours des prochaines années.»

La pandémie semble en effet avoir accéléré une tendance qui se dessine depuis longtemps: la migration des entreprises vers l’Est, avec l’ouverture de grands centres économiques en Chine, en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient.

La montée en puissance et la prééminence manifeste de l’Orient pendant la période difficile que nous traversons peuvent également avoir un rapport avec la planification, l’allocation des ressources et le leadership manifestés dans cette région du monde.

«L’ascension de l’Est n’est pas liée à la chute de l’Ouest», précise M. Khanna. «Le gâteau économique mondial a continué de grossir pendant des siècles et pendant des décennies durant toute la période qui a suivi la guerre froide».

«L’ascension de l’Est a démarré à la seconde où les bombes atomiques ont été larguées, en 1945, quand le Japon a décidé de se réinventer en tant que pays pacifique. Par la suite, le Japon a mis exactement trente ans – de 1945 à 1975 – pour devenir la deuxième économie mondiale».

Selon M. Khanna, de nombreux pays de l’Est ont résisté à la punition sévère de la pandémie du coronavirus grâce, en partie, à une planification socio-économique solide. «Cela confirme l’importance que prendra l’Asie dans l’avenir », poursuit-il.

En ces temps de morcellement mondial, on constate également une reprise perceptible de l’activité économique à l’échelle régionale. «Il ne s’agit pas de démondialisation, mais d’un renforcement de la coopération régionale», précise M. Khanna.

«Ce n’est pas un hasard si la réconciliation avec le Qatar se produit aujourd’hui, si les relations entre Israël et les EAU se normalisent ou si le récent Partenariat économique régional global (RCEP) – le grand accord commercial qui vient d’être conclu en pleine pandémie – se concrétise. C’est parce que les Chinois, les Japonais, les Vietnamiens, les Thaïlandais et les Coréens comprennent que, dans un futur proche, ils vont commercer bien plus entre eux qu’à travers les vastes océans.»

Rien d’étonnant donc, comme le conclut le rapport de Kearney, si les villes qui émergent dans le classement sont celles qui, depuis bien longtemps, innovent pour l’avenir, adhèrent à des plans solides, et renforcent leurs liens régionaux en prévision de la route cahoteuse qui les attend.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


A l'ONU, l'enquêtrice en chef sur Gaza a encore espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés

Navi Pillay, la présidente de la commission d'enquête indépendante de l'ONU qui a accusé cette semaine Israël de commettre un génocide à Gaza, ne perd pas espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés. (AFP)
Navi Pillay, la présidente de la commission d'enquête indépendante de l'ONU qui a accusé cette semaine Israël de commettre un génocide à Gaza, ne perd pas espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés. (AFP)
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  • Selon les enquêteurs, le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, ont "incité à commettre un génocide"
  • Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger"

GENEVE: Navi Pillay, la présidente de la commission d'enquête indépendante de l'ONU qui a accusé cette semaine Israël de commettre un génocide à Gaza, ne perd pas espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés.

"La justice est lente", a affirmé l'ancienne juge sud-africaine, dans un entretien à l'AFP.

Mais "comme l'a dit (Nelson) Mandela, cela semble toujours impossible, jusqu'à ce qu'on le fasse. Je considère qu'il n'est donc pas impossible qu'il y ait des arrestations et des procès" à l'avenir, a-t-elle ajouté.

La commission d'enquête, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, a établi qu'Israël commet un génocide à Gaza depuis le début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas du 7-Octobre.

Selon les enquêteurs, le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, ont "incité à commettre un génocide".

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger".

La Cour pénale internationale (CPI) avait déjà émis des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant.

Mme Pillay reconnaît que la CPI dépend des Etats pour la mise en œuvre des mandats d'arrêt car elle n'a "ni shérif, ni forces de police".

Mais elle veut y croire, faisant une comparaison : "Je n'aurais jamais pensé que l'apartheid prendrait fin de mon vivant".

"Tellement douloureux" 

Jeune avocate d'origine indienne dans l'Afrique du Sud de l'apartheid, devenue juge et Haute-Commissaire aux droits de l'homme à l'ONU (2008-2014), Mme Pillay, 83 ans, a l'art de traiter des dossiers difficiles.

Sa carrière l'a menée des cours sud-africaines, où elle a défendu les activistes anti-apartheid et obtenu des droits cruciaux pour les prisonniers politiques, au Tribunal pénal international pour le Rwanda, en passant par la CPI.

Sa mission est des plus ardues depuis qu'elle préside, depuis sa création en 2021, la commission chargée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU d'enquêter sur les atteintes aux droits dans les territoires palestiniens et en Israël.

Elle déplore d'avoir été qualifiée d'"antisémite" depuis et dénonce les appels sur les réseaux sociaux de ceux qui réclament que les Etats-Unis la sanctionnent, comme Washington l'a fait pour une rapporteure de l'ONU, des juges de la CPI et des ONG palestiniennes.

Mais le plus dur, pour elle et son équipe, est de visionner les vidéos provenant de Gaza.

"Nous nous inquiétons pour notre personnel. Nous les surmenons et c'est traumatisant ces vidéos", dit-elle, citant "des violences sexuelles contre les femmes" et "les médecins qui sont dénudés par l'armée".

"C'est tellement douloureux" à regarder même si "on ne peut pas comparer notre souffrance à celle de ceux qui l'ont vécue", poursuit-elle.

Alors qu'elle présidait le Tribunal pénal international pour le Rwanda, des vidéos de civils abattus ou torturés l'ont aussi "marqué à vie".

Selon elle, la comparaison entre le Rwanda et Gaza ne s'arrête pas là : "Je vois des similitudes. Ce sont les mêmes méthodes".

Du Rwanda à Gaza 

"Dans le cas du Rwanda, c'était le groupe des Tutsi qui était visé. Ici, tous les éléments de preuve montrent que c'est le groupe palestinien qui est visé", dit-elle.

Elle mentionne aussi les propos de dirigeants israéliens qui "déshumanisent" les Palestiniens en les comparant à des "animaux". Comme lors du génocide rwandais, lorsque les Tutsi étaient "traités de cafards", ce qui revient à dire qu'"il est acceptable de les tuer", dénonce-t-elle.

Mme Pillay a indiqué qu'à l'avenir la commission entendait se pencher aussi sur des crimes supposés commis par d'autres "individus", expliquant qu'une grande partie des preuves a été publiée par les soldats israéliens eux-mêmes sur les réseaux sociaux.

Elle déplore toutefois que, faute de financements, la commission n'ait pas pu encore examiner si certains Etats qui fournissent de l'armement à Israël pouvaient être considérés complices.

Un travail qu'elle laisse à son successeur. Elle quitte la commission le 3 novembre en raison de son âge et de problèmes de santé.

Avant cela, elle doit présenter un dernier rapport devant l'Assemblée générale de l'ONU à New York. "J'ai déjà un visa", confie-t-elle.


Gaza: Bruxelles propose de taxer des biens importés d'Israël dans l'UE et de sanctionner deux ministres

La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.  "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu. "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
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  • L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres
  • Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE

BRUXELLES: La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.

"Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas.

Les mesures commerciales devraient, si elles étaient adoptées par les pays de l'UE, renchérir de quelque 227 millions d'euros le coût de certaines importations israéliennes, principalement d'origine agricole.

La Commission européenne a également proposé de sanctionner deux ministres israéliens d'extrême droite, Itamar Ben-Gvir, chargé de la Sécurité nationale, et Bezalel Smotrich chargé des Finances, selon un responsable de l'UE.

L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres. Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE.

"Tous les États membres conviennent que la situation à Gaza est intenable. La guerre doit cesser", a toutefois plaidé mercredi Mme Kallas. Ces propositions seront sur la table des représentants des 27 Etats membres dès mercredi.

Les sanctions dans le domaine commercial ne nécessitent que la majorité qualifiée des Etats membres. Mais là encore, un accord sera difficile à obtenir, jugent des diplomates à Bruxelles.

Des mesures beaucoup moins ambitieuses, également présentées par la Commission européenne il y a quelques semaines, n'avaient pas trouvé de majorité suffisante pour être adoptées. Avait notamment fait défaut le soutien de pays comme l’Allemagne ou l'Italie.

Les exportations israéliennes vers l'UE, son premier partenaire commercial, ont atteint l'an dernier 15,9 milliards d'euros.

Seuls 37% de ces importations seraient concernés par ces sanctions, si les 27 devaient donner leur feu vert, essentiellement dans le secteur agro-alimentaire.


Trump s'en prend à des magistrats après l'assassinat de Charlie Kirk

Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X
  • Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a de nouveau stigmatisé mercredi des magistrats qui l'avaient poursuivi et jugé durant le mandat de Joe Biden, prenant prétexte du récent assassinat de l'influenceur ultraconservateur Charlie Kirk.

Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X.

Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre.

"Pourquoi le merveilleux Turning Point a-t-il été mis sous ENQUÊTE par le +Dérangé+ Jack Smith et l'administration Biden Corrompue et Incompétente ?", s'interroge Donald Trump dans un message sur Truth.

"Ils ont essayé de forcer Charlie, ainsi que de nombreuses autres personnes et mouvements, à cesser leurs activités. Ils ont instrumentalisé le ministère de la Justice contre les opposants politiques de Joe Biden, y compris MOI!", s'offusque-t-il encore.

Jack Smith, lui-même visé par une enquête administrative depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, avait été nommé procureur spécial en 2022.

Il avait lancé des poursuites fédérales contre Donald Trump, pour tentatives illégales d'inverser les résultats de l'élection de 2020 et rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche.

Les poursuites avaient été abandonnées après la réélection de Trump, en vertu de la tradition consistant à ne pas poursuivre un président en exercice. Jack Smith avait ensuite démissionné du ministère de la Justice.

Sans jamais le citer nommément, le président Trump s'en prend également sur le réseau Truth à Juan Merchan, qui a présidé le procès Stormy Daniels. Le président avait été reconnu coupable de 34 chefs d'accusation, pour des paiements cachés de 130.000 dollars à l'ex-star du X.

Donald Trump exprime le souhait que le juge "corrompu" paie "un jour un prix très élevé pour ses actions illégales".

Depuis l'assassinat de Charlie Kirk, le camp républicain redouble de véhémence contre les démocrates et organisations progressistes, accusés de promouvoir la violence politique.

"La gauche radicale a causé des dégâts énormes au pays", a affirmé le président républicain mardi, avant son départ au Royaume-Uni. "Mais nous y remédions".

Selon le Washington Post, un élu républicain du Wisconsin a déposé une proposition de loi visant à bloquer les fonds fédéraux aux organisations employant des personnes "qui tolèrent et célèbrent la violence politique".

Le New York Times précise pour sa part que sont notamment dans le viseur l'Open Society Foundation du milliardaire George Soros ainsi que la Ford Foundation, qui toutes deux financent des organisations de gauche.