LA HAYE: La plus haute juridiction de l'ONU rend mardi une décision sur un recours du Nicaragua, qui accuse l'Allemagne d'avoir violé la convention sur le génocide de 1948 en fournissant des armes à Israël pour la guerre à Gaza.
Face à la situation dans la bande de Gaza, théâtre d'une guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas, le Nicaragua a intenté une action en justice contre l'Allemagne devant la Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye, aux Pays-Bas.
La CIJ rendra à partir de 15H00 (13H00 GMT) une ordonnance sur une demande de mesures urgentes formulée par le pays d'Amérique centrale, qui espère notamment que les juges enjoindront à Berlin de cesser de fournir des armes et d'autres aides à Israël.
Managua s'en prend à l'Allemagne plutôt qu'aux Etats-Unis, principal allié d'Israël, car Washington ne reconnaît pas la compétence de la cour, ont expliqué les avocats du Nicaragua.
Lors d'une audience plus tôt ce mois-ci, le Nicaragua a jugé "pathétique" que l'Allemagne donne des armes au gouvernement israélien tout en fournissant simultanément de l'aide à Gaza.
Une présentation "grossièrement biaisée" selon la délégation allemande, qui a rétorqué que la sécurité d'Israël était "au cœur" de la politique étrangère de Berlin.
"L'Allemagne ne fournit des armes que sur la base d'un examen minutieux qui dépasse de loin les exigences du droit international", a affirmé Tania von Uslar-Gleichen, représentante de l'Allemagne devant la CIJ.
Cette fourniture d'armes et d'autres équipements militaires à Israël est "soumise à une évaluation continue de la situation sur le terrain", a-t-elle ajouté.
Demande de suspension
"Dès qu'on y regarde de plus près, les accusations du Nicaragua s'effondrent", a déclaré un autre représentant de l'Allemagne, Christian Tams.
En attendant la résolution complète de l'affaire - qui peut prendre des années - Managua a demandé cinq mesures provisoires, notamment que l'Allemagne "suspende immédiatement son aide à Israël, en particulier son assistance militaire, y compris les équipements militaires".
Les affaires devant la CIJ liées au conflit dans le petit territoire palestinien sont attentivement suivies.
Dans une autre procédure, l'Afrique du Sud accuse Israël de perpétrer un génocide dans la bande de Gaza, ce que le pays nie avec véhémence. Dans cette affaire, la cour a notamment appelé Israël à faire tout ce qui était en son pouvoir pour empêcher tout acte de génocide et a récemment ordonné des mesures supplémentaires obligeant Israël à accroître l'accès à l'aide humanitaire.
Mais si les décisions de la CIJ sont contraignantes, elle ne dispose pas de mécanisme d'application. Elle a par exemple ordonné à la Russie de mettre fin à son invasion de l'Ukraine, en vain.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, massacrant 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes, et s'emparant d'otages.
En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu'il considère comme une organisation terroriste, de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son offensive à Gaza a fait 34.488 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.