PARIS: Bars, cafés et restaurants resteront fermés «a minima» jusqu'à mi-février, au vu d'une situation sanitaire dégradée: angoissés, les professionnels du secteur dont la situation financière ne cesse d'empirer après une année 2020 déjà sombre, espèrent une aide renforcée de l'Etat.
«Toutes les activités, tous les établissements, tous les équipements qui sont aujourd'hui fermés, les restaurants encore jusqu'à la fin de ce mois, les musées, les cinémas, les théâtres, les salles de spectacle,
les équipements sportifs ou de loisirs, ne connaîtront, dans les semaines qui viennent, aucun assouplissement», a déclaré jeudi le Premier ministre Jean Castex lors d'une conférence de presse.
Pour les restaurants fermés depuis le 30 octobre -seule une activité résiduelle de vente à emporter leur est permise-, «une réouverture en janvier n'est pas réaliste» et sera «a minima reportée jusqu'à mi février», a-t-il déclaré, au côté du ministre de la Santé Olivier Véran.
Les restaurateurs s'attendaient déjà à ne pas pouvoir rouvrir le 20 janvier, cette réouverture étant conditionnée à une amélioration de la situation sanitaire. Or, les indicateurs restent dégradés.
«Ce n'est pas une grosse surprise, mais c'est une énorme angoisse pour les professionnels», a réagi Didier Chenet, président du GNI, le syndicat patronal des indépendants de l'hôtellerie restauration.
Cette «date de mi-février n'est pas une certitude, loin de là», a-t-il souligné. «C'est extrêmement angoissant: les professionnels auront été fermés huit mois minimum, sur un an, et on ne voit pas de perspectives: certains sont en train de craquer, à la limite du désespoir».
A l'Umih, principal syndicat de l'hôtellerie restauration, le vice président Hervé Becam retient que «l'accélération de la campagne de vaccination est vitale pour que nos établissements puissent rouvrir le plus tôt possible».
Seules 45 000 personnes ont été vaccinées en France ces cinq derniers jours, contre des centaines de milliers en Grande-Bretagne ou en Allemagne, une lenteur très critiquée.
«Accompagnements complémentaires»
«Je m'attendais à pire, je me fixais début mars, vu ce qui se passe en Angleterre et en Allemagne», explique Grégory Detouy, patron du restaurant parisien Au temps des cerises, qui se sent «soutenu par l'Etat», avec l'aide portée à 20% du chiffre d'affaires en décembre.
Toutefois les restaurateurs doivent «être rassurés» quant à la capacité des banques à assurer un report des échéances de prêts: suspendus pour un an, les remboursements des emprunts doivent reprendre fin mars, rappelle M. Chenet. «Se dire: “demain, mon banquier peut me couper les vivres”, c'est minant», dit-il.
Pendant «toute cette période de fermeture ou d'activités», tous les dispositifs d'aide «seront maintenus dans les mêmes conditions» pour les secteurs concernés, a affirmé M. Castex: chômage partiel, Fonds de solidarité «rénové» et aides sectorielles.
Et dès la semaine prochaine, les ministères recevront les acteurs des filières, pour «examiner d'éventuels besoins d'accompagnement complémentaires», notamment pour ceux «fermés sur une très longue durée».
Hôteliers - dont les établissements sont fermés ou quasi vides - et restaurateurs veulent pouvoir percevoir jusqu'à 3 millions d'euros, à l'image de ce que l'Allemagne verse à ses entreprises pour le paiement de leurs charges fixes. Bruxelles doit valider le dispositif.
Quant aux Prêts garantis par l'Etat (PGE) accordés aux entreprises, le «robinet est en train de se fermer» pour des professionnels à la situation financière de plus en plus dégradée: les banques, qui doivent garantir 20% du montant, traînent des pieds, tandis que les prêts déjà souscrits commencent à s'épuiser.
Pour les stations de ski, déjà privées de remontées mécaniques en décembre, un mois qui représente en moyenne 25% de leur activité annuelle, un point sera fait le 20 janvier pour étudier une éventuelle réouverture début février.
D'autres professionnels, paralysés depuis mars comme les exploitants de discothèques ou septembre comme ceux de l'événementiel, n'ont aucune perspective de réouverture.
Quelque 30% des professionnels des cafés, bars et restaurants se disent «en grande difficulté», «mais cela pourrait être beaucoup plus», selon M. Becam: certains «n'avouent pas» l'ampleur de leurs difficultés.