Violences au Capitole: Préoccupée, la communauté internationale réagit

Membres de la garde nationale chargé de protéger le bâtiment officiel face aux manifestants (Photo, AFP).
Membres de la garde nationale chargé de protéger le bâtiment officiel face aux manifestants (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 07 janvier 2021

Violences au Capitole: Préoccupée, la communauté internationale réagit

  • Les violences mercredi soir à Washington, avec l'irruption de manifestants pro-Trump au Capitole, ont été condamnées par les dirigeants mondiaux, qui ont dénoncé une «attaque contre la démocratie»
  • Le Premier ministre britannique Boris Johnson a dénoncé des « scènes honteuses », et appelé à une transition « pacifique et ordonnée » du pouvoir vers le démocrate Joe Biden

PARIS: « Honteuses », « choquantes », « préoccupantes » : les violences mercredi soir à Washington, avec l'irruption de manifestants pro-Trump au Capitole, ont été condamnées par les dirigeants mondiaux, qui ont dénoncé une « attaque contre la démocratie » et appelé au respect du résultat de l'élection présidentielle. Voici les principales réactions :

- Royaume-Uni

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a dénoncé des « scènes honteuses », et appelé à une transition « pacifique et ordonnée » du pouvoir vers le démocrate Joe Biden. 

« Rien ne peut justifier ces tentatives violentes pour faire échouer la transition légale et conforme du pouvoir », a jugé de son côté le ministre des Affaires étrangères, Dominic Raab.

- Allemagne

Le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a appelé les partisans de Donald Trump à « cesser de piétiner la démocratie », ajoutant que « les paroles incendiaires se muent en actions violentes ».

Le ministre des Finances et vice-chancelier Olaf Scholz a condamné les « images inquiétantes » de Washington, dénonçant « une attaque insupportable contre la démocratie ».

- France

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a condamné « une atteinte grave contre la démocratie ». « La volonté et le vote du peuple américain doivent être respectés », a-t-il ajouté.

Le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand a envoyé pour sa part ses « pensées démocratiques et amicales » aux parlementaires américains empêchés de siéger après l'irruption des manifestants pro-Trump.

- Italie

Le Premier ministre italien a dit suivre les événements « avec une grande inquiétude ». « La violence est incompatible avec l'exercice des droits démocratiques et des libertés. J'ai confiance en la force et la robustesse des institutions des Etats-Unis », a tweeté Giuseppe Conte.

Son ministre des Affaires étrangères, Luigi di Maio, a écrit sur le même réseau social : « Ce qui se passe à Washington ces heures-ci est très grave. C'est une véritable honte pour la démocratie et une attaque contre les libertés du peuple américain. Nous condamnons fermement toute forme de violence, dans l'espoir qu'il y aura bientôt un transfert de pouvoir ordonné et pacifique ».

- UE

« Je crois dans la force des institutions et de la démocratie américaine. Une transition pacifique en est le cœur », a tweeté la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. « Joe Biden a gagné l'élection. Je me réjouis de travailler avec lui en tant que prochain président des Etats-Unis ».

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a dénoncé un « assaut inédit contre la démocratie américaine » et appelé au respect du résultat de l'élection présidentielle. 

« Assister aux scènes de ce soir à Washington est un choc. Nous comptons sur les Etats-Unis pour permettre un transfert de pouvoir pacifique à Joe Biden », a déclaré pour sa part le président du Conseil européen Charles Michel sur Twitter.

Le président du Parlement européen David Sassoli a, lui, qualifié de « profondément préoccupantes » les scènes qui se sont déroulées au Capitole. « Les votes démocratiques doivent être respectés », a-t-il ajouté.

- Australie

Le Premier ministre australien a déploré des « scènes très pénibles au Congrès américain ». « Nous condamnons ces actes de violence et nous attendons avec intérêt un transfert pacifique du gouvernement à l'administration nouvellement élue dans la grande tradition démocratique américaine », a écrit Scott Morrison sur Twitter.

- Otan

Le chef de l'Otan Jens Stoltenberg a dénoncé des « scènes choquantes », et appelé au respect du résultat de la présidentielle remportée par Joe Biden.

- Irlande

Le Premier ministre irlandais Micheal Martin a rappelé « le lien profond » de son pays avec les Etats-Unis, disant observer les événements à Washington avec « beaucoup d'inquiétude et de consternation ». 

« Scènes choquantes et profondément tristes à Washington DC, que l'on doit nommer pour ce qu'elles sont : une agression délibérée de la démocratie par un président sortant et ses supporters », a condamné le ministre des Affaires étrangères irlandais Simon Coveney. 

- Pays-Bas

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a qualifié d’« horribles » les images de Washington, et appelé Donald Trump à « reconnaître Joe Biden comme le futur président aujourd'hui ».

- Norvège

« Ce que l'on voit en ce moment à Washington est une attaque totalement inacceptable contre la démocratie aux Etats-Unis. Le président Trump a la responsabilité d'arrêter cela. Images effrayantes, incroyable que ce soit les Etats-Unis », a réagi la Première ministre norvégienne Erna Solberg.

- Hongrie

« Les images choquantes du Capitole devraient être gardées à l'esprit avant, pendant et après les élections partout dans le monde », a tweeté la ministre hongroise des Familles, Katalin Novak.

Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, était l'un des rares dirigeants de l'UE à soutenir Donald Trump avant les élections, avant de féliciter Joe Biden.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.