Dans les décombres de Gaza, des écoles et des rêves d'enfant

Une vue aérienne montre des Palestiniens déplacés devant des tentes dans un camp de fortune pour personnes déplacées à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 27 mars 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (AFP)
Une vue aérienne montre des Palestiniens déplacés devant des tentes dans un camp de fortune pour personnes déplacées à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 27 mars 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (AFP)
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Publié le Vendredi 05 avril 2024

Dans les décombres de Gaza, des écoles et des rêves d'enfant

  • «625 000 enfants sont en âge d'aller à l'école, et aucun n'a eu une seule heure de cours dans une école depuis six mois», dit Jonathan Crickx, porte-parole de l'Unicef dans les Territoires palestiniens
  • Selon l'Unicef et plusieurs ONG, 67% des 563 établissements scolaires de Gaza ont subi des frappes et 82,5% été endommagés

TERRITOIRES PALESTINIENS: Ils lèvent le doigt, mâchouillent leur crayon, lorgnent le cahier du voisin... dans un camp de toile du sud de la bande de Gaza ravagée par la guerre, quelques dizaines d'enfants palestiniens "jouent" à l'école, en attendant de pouvoir y retourner vraiment. A un horizon indéterminé.

A l'approche de six mois de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, une tente a été dressée dans un camp de Rafah, à l'initiative d'une directrice d'école, démarche symbolique quand des centaines d'établissements ont été détruits ou endommagés et les autres transformés en refuge pour des personnes déplacées par les combats.

"Cela permet surtout aux enfants de gérer un peu le traumatisme", dit Jonathan Crickx, porte-parole de l'Unicef dans les Territoires palestiniens, qui s'alarme d'une "situation absolument dramatique": "625 000 enfants sont en âge d'aller à l'école, et aucun n'a eu une seule heure de cours dans une école depuis six mois".

«Catastrophe» pour les enfants

Selon des informations satellitaires et de terrain recueillies par l'Unicef et plusieurs ONG, 67% des 563 établissements scolaires de Gaza ont subi des frappes et 82,5% été endommagés.

Dans cette bande de terre, où près de la moitié de la population a moins de 18 ans, le système scolaire était déjà miné par le chômage, la pauvreté et des affrontements récurrents avec Israël dont plusieurs guerres depuis 2008.

Mais celle déclenchée le 7 octobre par l'attaque du Hamas ayant entraîné la mort de 1.170 personnes côté israélien, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels, y a cette fois des impacts jamais vus: quelque 33.000 morts dont 14.500 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas, et un quotidien marqué par les déplacements, souvent la faim, et la peur, sur fond de combats et de bombardements.

Plus encore que la reconstruction des écoles, c'est bien celle des enfants et adolescents qui préoccupe les professionnels de santé.

"Reconstruire sera extrêmement complexe, mais restera plus simple que les enjeux d'apprentissage", résume David Skinner, de l'ONG Save the Children.

"On oublie souvent, quand on pense à Gaza, la catastrophe que cela représente pour les enfants. Voici des enfants qui ont perdu des proches, certains ont été tués, ont souffert de graves problèmes physiques, ou sont malades ou mal nourris".

D'abord chercher du pain

Deux semaines après le début de la guerre, Majd Halawa, lycéen de 16 ans, a dû évacuer l'appartement familial "en trois minutes". Direction: le sud de Gaza, pour échapper aux combats.

"On passait notre temps à faire la queue pour du pain, on n'avait le temps pour rien d'autre", raconte l'adolescent, réfugié au Canada depuis janvier.

Là-bas, reprendre une vie normale reste difficile, pour lui qui se rêvait avocat.

"C'est vraiment difficile d'étudier seul, de faire rentrer une année scolaire en deux ou trois mois", dit Majd. Il explique ne pas pouvoir "oublier tout ce qui s'est passé", son établissement bombardé, ses amis restés à Gaza, certains injoignables, d'autres tués, a-t-il appris, depuis son départ.

Pour Jonathan Crickx, de l'Unicef, "à peu près l'ensemble des enfants de la bande de Gaza ont besoin d'assistance en santé mentale, c'est la conséquence de six mois de violence et de bombardements intenses". Et "pour qu'un enfant retourne à l'école, il faut non seulement un bâtiment et des professeurs, mais en plus qu'il se sente en sécurité pour apprendre".

Les enfants ont "un cerveau qui fonctionne au prisme du traumatisme", explique la pédopsychiatre Audrey McMahon, qui a travaillé à Gaza pour Médecins sans frontières. "Ils ont tout perdu, et ils continuent à être attaqués, et à souffrir de la faim. Les défis auxquels ils font face sont immenses et il leur faudra du temps pour guérir".

Pas de stylos

L'experte anticipe d'importantes "difficultés de concentration", des expressions de "colère ou d'injustice", et rappelle que la malnutrition affecte le développement cérébral des plus petits.

Dans certains pays marqués par la guerre, même après la fin des hostilités, de nombreux enfants ne reprennent jamais le chemin de l'école. En Irak, six ans après que le gouvernement a déclaré le groupe djihadiste Etat islamique défait, des dizaines de milliers d'enfants restent déscolarisés, selon la Banque mondiale.

Alors pour tenter d'éviter un décrochage scolaire sans retour, des écoles d'appoint ont été montées à la hâte à Gaza ces dernières semaines.

Sous la "tente-école" de Rafah, soutenue par des associations privées, une trentaine d'élèves ont appris à déchiffrer leurs premiers mots, d'après Hiba Halaweh, leur institutrice, qui cependant reste modeste: "Les enfants sont contents de s'y remettre mais on a beaucoup de difficultés, à commencer par le manque de cahiers et de stylos".


Israël réaffirme que le Hamas «sera désarmé», face à la proposition d'un «gel»

L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël. (AFP)
L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël. (AFP)
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  • Le Hamas "sera désarmé" dans le cadre du plan Trump, a déclaré jeudi un responsable gouvernemental israélien
  • "Le groupe terroriste sera désarmé et Gaza sera démilitarisée", a affirmé le responsable sous couvert d'anonymat, en réponse à une question de l'AFP sur les déclarations de Khaled Mechaal

JERUSALEM: Le Hamas "sera désarmé" dans le cadre du plan Trump, a déclaré jeudi un responsable gouvernemental israélien, au lendemain de la proposition d'un dirigeant du mouvement islamiste palestinien de geler l'armement.

"Le groupe terroriste sera désarmé et Gaza sera démilitarisée", a affirmé le responsable sous couvert d'anonymat, en réponse à une question de l'AFP sur les déclarations de Khaled Mechaal dans un entretien mercredi à la chaîne qatarie Al Jazeera.

L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël.

 

 


Oman et le Liban appellent à un retrait total d’Israël et exhortent à la fin des attaques

Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
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  • Joseph Aoun et le sultan Haitham ben Tariq lancent un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais
  • Réaffirmation de la position arabe unifiée en faveur de la fin de l’occupation israélienne et de l’établissement d’un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967

​​​​​​BEYROUTH : Le président libanais Joseph Aoun et son homologue omanais, le sultan Haitham ben Tariq, ont lancé mercredi un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais et un retrait total de toutes les terres arabes occupées, avertissant que la poursuite des violations constitue une menace directe pour la stabilité régionale.

La déclaration a été faite lors d’un sommet de haut niveau à Mascate, où les deux dirigeants ont exprimé leur « profonde préoccupation face à l’agression israélienne en cours » et qualifié l’occupation de « violation flagrante » de la Résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que d’autres résolutions internationales.

Les deux parties ont également exprimé leur soutien aux efforts internationaux visant à apaiser les tensions, stabiliser la situation sur le terrain, faciliter le retour des personnes déplacées et faire progresser la reconstruction post-conflit.

Aoun conduisait une délégation ministérielle libanaise à Oman, comprenant les ministres des affaires étrangères, de l’intérieur, de la défense, de la santé et de l’agriculture, pour des discussions avec des responsables omanais.

La déclaration commune a mis l'accent sur le renforcement des relations bilatérales et l'élargissement de la coopération dans des secteurs clés tels que la politique, l'économie, l'investissement, le secteur bancaire, le tourisme, les transports et la logistique.

Les deux parties ont appelé à engager rapidement les préparatifs pour tenir la première session du Comité mixte omano-libanais, coprésidé par les ministres des affaires étrangères à Mascate, et à poursuivre de nouveaux accords et mémorandums d’entente destinés à renforcer la collaboration dans le commerce, la culture et la science. La déclaration a également souligné la nécessité de dynamiser la participation du secteur privé dans les opportunités de développement partagé.

La partie omanaise a réaffirmé son plein soutien à la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale du Liban, ainsi qu’au renforcement des institutions étatiques libanaises, en particulier l’armée et les forces de sécurité légitimes, et à l’appui apporté au pays dans ses réformes économiques, financières et administratives.

Les deux parties ont réaffirmé la position arabe unifiée appelant à mettre fin à l’occupation israélienne et à établir un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Elles ont également souligné l’importance de renforcer la solidarité arabe, de respecter la souveraineté des États et de promouvoir les principes de bon voisinage et de droit international.

La visite officielle d’Aoun à Oman s’inscrivait dans le rôle établi de Mascate en tant que médiateur régional et international. Lors de ses rencontres, Aoun a salué le statut diplomatique et l’approche du Sultanat, la qualifiant de « sage et responsable ».

Il a salué la politique étrangère d’Oman, fondée sur le dialogue, la médiation, l’équilibre et le bon voisinage, estimant qu’elle avait conféré au Sultanat « un statut distingué et un rôle pivot dans la promotion de la stabilité et la résolution des conflits par des moyens pacifiques ».

Aoun a déclaré qu’au Liban, « nous tenons cette approche sage en haute estime et accordons une grande valeur au soutien constant du Sultanat envers le Liban dans divers forums internationaux, ainsi qu’à son appui face aux défis qui se dressent devant nous ».

Pour sa part, le sultan Haitham ben Tariq a réaffirmé l’engagement continu d’Oman envers la stabilité du Liban et son suivi attentif des développements récents dans le pays.

Il a souligné la profondeur des relations entre les deux pays et l’importance de renforcer la coopération et la coordination bilatérales. Le sultan a également salué les contributions positives de la communauté libanaise à Oman.

En marge de la visite, le ministre libanais de l’intérieur Ahmed Al-Hajjar a tenu une réunion avec son homologue omanais, Hamoud ben Faisal Al-Busaidi, au palais Al-Alam à Mascate. Ils ont souligné le renforcement de la coopération conjointe, en particulier dans les domaines de la sécurité et du maintien de l’ordre.

Selon une déclaration conjointe, les discussions ont également porté sur les efforts du Liban pour consolider la sécurité interne et maintenir la stabilité.

Ont participé aux discussions élargies, côté omanais : Al-Busaidi ; Shihab ben Tariq Al-Saïd, vice-premier ministre chargé des affaires de défense ; Badr ben Hamad Al-Busaidi, ministre des affaires étrangères ; Hamad ben Saïd Al-Aufi, chef du cabinet privé ; Mahad ben Saïd Ba’owain, ministre du travail et chef de la mission d’honneur ; Saoud ben Hamoud Al-Habsi, ministre de l'Agriculture, de la Pêche et des Ressources hydriques ; et Hilal ben Ali Al-Sabti, ministre de la santé.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation de l'Iran

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
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  • Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a refusé une invitation à se rendre en Iran, évoquant des conditions inappropriées, et a proposé une rencontre dans un pays tiers neutre
  • Ce refus intervient sur fond de pressions américaines pour désarmer le Hezbollah, soutenu par l'Iran, alors que Beyrouth insiste sur la non-ingérence dans ses affaires internes

BEYROUTH: Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a décliné mercredi une invitation de son homologue à se rendre en Iran, qui soutient le Hezbollah islamiste, et proposé une rencontre dans un pays tiers.

Le gouvernement libanais est soumis à une intense pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, affaibli par une guerre avec Israël, alors que l'Iran a affiché son opposition à cette mesure.

Début décembre, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait invité M. Raggi à se rendre à Téhéran pour évoquer "les relations bilatérales" ainsi que les "développements régionaux et internationaux", selon le ministère iranien des Affaires étrangères.

En réponse à M. Araghchi, "j'ai déclaré que je ne pouvais pas accepter son invitation à me rendre à Téhéran dans les circonstances actuelles", a annoncé mercredi M. Raggi sur X.

"Cela ne signifie pas un refus d'engager le dialogue, mais plutôt que les conditions ne sont pas propices à cette visite", a-t-il ajouté.

Il a proposé à son homologue de s'entendre pour se rencontrer "dans un pays tiers neutre", soulignant que les relations entre le Liban et l'Iran devaient être basées sur le principe de "non ingérence dans les affaires internes" de chaque pays.

L'Iran arme et finance le puissant Hezbollah, qu'une guerre a opposé à Israël d'octobre 2023 à novembre 2024.

En août, le Liban avait signifié à un haut responsable iranien, Ali Larijani, en visite à Beyrouth, son refus catégorique de "toute ingérence" dans ses affaires internes, après des critiques par Téhéran de la décision du gouvernement de désarmer le Hezbollah.

Téhéran dénonce régulièrement les frappes israéliennes qui le visent. Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient appelé en novembre à "venger" l'assassinat par Israël au Liban du chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.