Départ prochain du patron de Boeing, gangréné par des problèmes de qualité

Cette photographie prise le 18 juin 2023 montre la dérive du Boeing 737 et une ailette du Boeing 737 Max (à droite) lors du salon international de l'aéronautique et de l'espace à l'aéroport de Paris-Le Bourget. (Photo, AFP)
Cette photographie prise le 18 juin 2023 montre la dérive du Boeing 737 et une ailette du Boeing 737 Max (à droite) lors du salon international de l'aéronautique et de l'espace à l'aéroport de Paris-Le Bourget. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 25 mars 2024

Départ prochain du patron de Boeing, gangréné par des problèmes de qualité

  • L'avionneur américain avait du mal à remonter la pente après les crashs de deux 737 MAX 8 en 2018 et en 2019
  • Le groupe a signalé maints problèmes de qualité sur ses chaînes de production, en particulier concernant son avion-vedette, le 737

NEW YORK: Boeing, en pleine tourmente après des problèmes de qualité et de sécurité sur ses avions, tente de prendre un nouveau départ en remaniant sa direction, avec notamment le départ, fin 2024, de son patron Dave Calhoun.

L'avionneur américain avait du mal à remonter la pente après les crashs de deux 737 MAX 8 en 2018 et en 2019, puis la pandémie de Covid qui dans son sillage a mis à mal la chaîne d'approvisionnement alors que les commandes explosaient.

Le groupe a signalé maints problèmes de qualité sur ses chaînes de production, en particulier concernant son avion-vedette, le 737.

L'incident début janvier sur un 737 MAX 9 de la compagnie Alaska Airlines a été crucial car survenu en plein vol. Une porte-bouchon s'est détachée de la carlingue, ne faisant que quelques blessés légers. Plusieurs enquêtes ont été lancées, mettant notamment en évidence des problèmes récurrents de "non-conformité".

Après plusieurs semaines de révélations, le couperet est tombé: Dave Calhoun va quitter son poste de directeur général fin 2024, a annoncé Boeing lundi dans un communiqué. Son successeur sera désigné ultérieurement.

Un aveu d'échec: il était arrivé en janvier 2020 pour rétablir la confiance après les crashs des 737 MAX 8 des compagnies Lion Air et Ethiopian Airlines qui ont fait un total de 346 morts. Son prédécesseur, Dennis Muilenburg, avait été très critiqué pour sa gestion pendant cette crise.

M. Calhoun, qui aurait pu rester jusqu'en 2028, n'est pas le seul à partir.

Stan Deal, directeur de la division de l'aviation commerciale, est remplacé, avec effet immédiat, par Stephanie Pope, qui travaille chez Boeing depuis près de trente ans. Elle a été nommée, en décembre, au poste tout nouvellement créé de directrice des opérations ce qui, selon des experts, la plaçait en bonne position pour prendre à terme la direction générale de l'avionneur.

Par ailleurs, la présidence du conseil d'administration va revenir à Steve Mollenkopf. Membre du conseil exécutif de Boeing et ancien patron du fabricant de puces Qualcomm, il sera chargé notamment de trouver le futur directeur général de Boeing.

Le 21 février, Boeing avait annoncé le départ d'Ed Clark, vice-président et directeur général du programme 737. Il dirigeait également l'usine de Renton (Etat du Washington), près de Seattle, où est assemblé ce modèle.

Vers 16H45 GMT, l'action Boeing progressait de 1,39% à la Bourse de New York.

"Après une série de désastres, un changement était inévitable", commente auprès de l'AFP Neil Saunders, directeur chez GlobalData, soulignant que clients et passagers avaient "perdu toute confiance" en Boeing.

Mais, comme lui, le consultant du cabinet spécialisé AIR, Michel Merluzeau, estime que ce sera insuffisant "sans d'importantes améliorations opérationnelles et changements dans les usines". Selon M. Merluzeau, "l'urgence est dans les usines" et, si rien n'y change, "les résultats tangibles ne se produiront pas" car ces problèmes "mijotent depuis plus de quarante ans" à Seattle.

Série noire

"Servir Boeing a été le plus grand privilège de ma vie", a fait savoir M. Calhoun dans une lettre adressée aux employés, jointe au communiqué. "Les yeux du monde sont rivés sur nous et je sais que nous en sortirons meilleurs en tant qu'entreprise", a-t-il ajouté.

"Avec un conseil d'administration solide, une excellente équipe de direction et 170.000 employés dévoués de Boeing, je suis pleinement confiant dans l'avenir de notre entreprise", a affirmé le président du conseil d'administration Larry Kellner, cité dans le communiqué.

Après l'incident du 5 janvier, l'Agence américaine de l'aviation civile (FAA) a lancé un audit sur le contrôle qualité du constructeur.

Début mars, elle a indiqué que des "problèmes de non-conformité" avaient été repérés dans le contrôle de production de Boeing et de son sous-traitant Spirit AeroSystems.

Résultat: la cadence de production des 737 a été gelée par la FAA au niveau de fin 2023 (38 par mois), alors que l'avionneur comptait poursuivre sa hausse jusqu'à 50 mensuels en 2025/2026.

Le groupe comptait sur cet accroissement pour atteindre son objectif de dix milliards de dollars par an de flux de trésorerie positif à cet horizon.

"Ce que veut la FAA et, plus important encore, ce que je veux, c'est un système de production qui soit sous contrôle à chaque étape du processus", peu importe le nombre d'appareils produits au final, a commenté lundi Dave Calhoun sur la chaîne américaine CNBC.

Problèmes de production et autres incidents ont provoqué le mécontentement des compagnies aériennes qui, faute de recevoir les avions commandés dans les temps, ont revu leurs programmes de vol pour 2024 et gelé des milliers de recrutements. Plusieurs ont demandé la semaine dernière à rencontrer le conseil d'administration.

Le patron de Ryanair, gros client de Boeing, s'est manifesté à plusieurs reprises et, lundi, a salué les changements annoncés, "indispensables", selon Michael O'Leary.

 


L'Iran estime que la proposition américaine sur le nucléaire va à l'encontre de ses intérêts

"L'indépendance (du pays) signifie ne pas attendre le feu vert de l'Amérique et de ses semblables", a ajouté devant des fidèles et des responsables Ali Khamenei, à l'occasion du 36e anniversaire de la mort du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Rouhollah Khomeini. (AFP)
"L'indépendance (du pays) signifie ne pas attendre le feu vert de l'Amérique et de ses semblables", a ajouté devant des fidèles et des responsables Ali Khamenei, à l'occasion du 36e anniversaire de la mort du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Rouhollah Khomeini. (AFP)
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  • "La proposition (sur le nucléaire iranien) présentée par les Américains est 100% à l'encontre du slogan +nous pouvons+", a déclaré lors d'un discours à Téhéran l'ayatollah Khamenei
  • Cette formulation fait référence aux piliers de la Révolution islamique de 1979 sur l'indépendance du pays, et les progrès réalisés depuis par l'Iran notamment sur le plan technologique

TEHERAN: Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a estimé mercredi que la proposition américaine faite à son pays en vue d'un accord sur le nucléaire allait à l'encontre des intérêts nationaux, sur fond de divergences liées à l'enrichissement d'uranium.

L'Iran et les Etats-Unis ont débuté en avril, sous la médiation du sultanat d'Oman, de délicates discussions sur l'épineux dossier du nucléaire iranien.

Après cinq cycles de pourparlers, les deux pays, ennemis depuis quatre décennies, se sont quittés le 23 avril à Rome sans avancée notable.

Samedi, l'Iran avait affirmé avoir reçu des "éléments" sur une proposition américaine en vue d'un potentiel accord.

"La proposition (sur le nucléaire iranien) présentée par les Américains est 100% à l'encontre du slogan +nous pouvons+", a déclaré lors d'un discours à Téhéran l'ayatollah Khamenei.

Cette formulation fait référence aux piliers de la Révolution islamique de 1979 sur l'indépendance du pays, et les progrès réalisés depuis par l'Iran notamment sur le plan technologique.

"L'indépendance (du pays) signifie ne pas attendre le feu vert de l'Amérique et de ses semblables", a ajouté devant des fidèles et des responsables Ali Khamenei, à l'occasion du 36e anniversaire de la mort du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Rouhollah Khomeini.

L'enrichissement d'uranium demeure l'un des principaux points de blocage entre les deux pays.

"Ligne rouge" 

Washington s'oppose à tout enrichissement d'uranium par l'Iran, tandis que ce dernier considère cette demande comme une "ligne rouge", en vertu du Traité de non-prolifération (TNP) dont il est signataire.

Les Etats-Unis n'ont "pas" leur "mot à dire" sur l'enrichissement d'uranium, a ajouté Ali Khamenei.

L'Iran est soupçonné par les pays occidentaux et par Israël de vouloir se doter de la bombe atomique, ce dont il se défend.

Mais Téhéran souligne son droit à poursuivre un programme nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie.

"Si nous avons 100 centrales nucléaires mais que nous ne pouvons enrichir (l'uranium) cela ne nous sera d'aucune utilité" car "les centrales nucléaires ont besoin de combustible" pour fonctionner, a argué Ali Khamenei.

"Si nous ne pouvons pas produire ce combustible localement, nous devrons nous tourner vers les Etats-Unis, qui pourraient poser des dizaines de conditions" pour le faire, a poursuivi le dirigeant iranien, au pouvoir depuis 1989.

Le président américain Donald Trump a affirmé lundi que les Etats-Unis n'autoriseraient "aucun enrichissement d'uranium dans le cadre d'un potentiel accord" avec l'Iran.

Interdire à l'Iran d'enrichir son uranium constitue une "ligne rouge", a rétorqué mardi le principal négociateur iranien, le chef de la diplomatie Abbas Araghchi.

Réunion au sommet 

Il a estimé que la proposition américaine, dont le contenu n'a pas été dévoilé, comportait "de nombreuses ambiguïtés".

Ces déclarations surviennent après la divulgation d'un rapport consulté samedi par l'AFP de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), selon lequel Téhéran a accéléré sa production d'uranium hautement enrichi.

L'AIEA a appelé l'Iran à davantage de transparence sur son programme nucléaire. Téhéran a dénoncé des conclusions jugées "politiques".

Le gendarme onusien du nucléaire doit tenir du 9 au 13 juin un Conseil des gouverneurs, une importante réunion trimestrielle à Vienne durant laquelle seront notamment passées en revue les activités nucléaires de l'Iran.

Abbas Araghchi a condamné les "pressions exercées" selon lui sur l'AIEA par "certains pays européens" et les a menacés de représailles s'ils utilisaient ce rapport à des fins politiques durant cette réunion.

La France, le Royaume-Uni et l'Allemagne sont avec la Russie et la Chine membres d'un accord pour encadrer le programme nucléaire iranien conclu en 2015. Les Etats-Unis s'en sont retirés unilatéralement trois ans plus tard durant le premier mandat de Donald Trump.

Paris, Londres et Berlin ont menacé ces dernières semaines d'enclencher un mécanisme prévu dans l'accord de 2015 qui permet le rétablissement de sanctions onusiennes si l'Iran ne respecte pas ses engagements.

Selon l'AIEA, ce pays est le seul Etat non doté d'armes nucléaires à enrichir de l'uranium à un niveau élevé (60%), bien au-delà de la limite de 3,67% fixée par l'accord de 2015.

 


ONU: Les actions d'Israël «comprennent des éléments des crimes les plus graves au regard du droit international»

Des Palestiniens transportent des sacs remplis de nourriture et d'aide humanitaire fournis par la Fondation humanitaire de Gaza, une organisation soutenue par les États-Unis et approuvée par Israël, à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, mardi. (AP)
Des Palestiniens transportent des sacs remplis de nourriture et d'aide humanitaire fournis par la Fondation humanitaire de Gaza, une organisation soutenue par les États-Unis et approuvée par Israël, à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, mardi. (AP)
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  • Volker Turk : Les attaques meurtrières contre les civils qui tentent d'accéder à des "quantités dérisoires" d'aide alimentaire sont "inadmissibles"
  • Le système destiné à contourner le mécanisme de l'ONU "met en danger des vies et viole les normes internationales en matière de distribution de l'aide"

NEW YORK : Les actions d'Israël à Gaza "comprennent des éléments des crimes les plus graves en vertu du droit international", a averti mardi le chef des droits de l'homme de l'ONU.

"L'entrave délibérée à l'accès à la nourriture et à d'autres fournitures de secours vitales pour les civils peut constituer un crime de guerre", a déclaré Volker Turk.

"La menace de famine, associée à 20 mois de meurtres de civils et de destructions massives, de déplacements forcés répétés, de rhétorique intolérable et déshumanisante et de menaces des dirigeants israéliens de vider la bande de Gaza de sa population, constituent également des éléments des crimes les plus graves au regard du droit international."

Au cours des trois derniers jours, des dizaines de Palestiniens affamés ont été tués par des tirs israéliens alors qu'ils tentaient de se procurer de la nourriture à un point d'aide géré par la Fondation humanitaire de Gaza, une organisation controversée soutenue par les États-Unis.

Les attaques meurtrières contre des civils affolés qui tentaient d'accéder aux "quantités dérisoires" d'aide alimentaire à Gaza sont "inadmissibles", a déclaré M. Turk, qui a demandé qu'une enquête "rapide et impartiale" soit menée sur chacune de ces attaques et que les auteurs soient tenus de rendre compte de leurs actes.

"Les attaques dirigées contre des civils constituent une grave violation du droit international et un crime de guerre", a-t-il déclaré, ajoutant que les Palestiniens ont été placés devant "le choix le plus sinistre : mourir de faim ou risquer d'être tués en essayant d'accéder à la maigre nourriture mise à disposition par le mécanisme d'aide humanitaire militarisé d'Israël".

Ce système militarisé de distribution de l'aide, qui vise à contourner le mécanisme de l'ONU à Gaza, "met des vies en danger et viole les normes internationales en matière de distribution de l'aide", a-t-il ajouté.

M. Turk a rappelé qu'en 2024, la Cour internationale de justice "a ordonné à Israël de prendre toutes les mesures nécessaires et efficaces pour assurer sans délai, en pleine coopération avec les Nations unies, la fourniture sans entrave et à grande échelle, par toutes les parties concernées, des services de base et de l'aide humanitaire dont les Palestiniens ont un besoin urgent, notamment la nourriture, l'eau, l'électricité, le carburant, les abris, les vêtements, l'hygiène et l'assainissement, ainsi que les fournitures médicales et les soins médicaux dans l'ensemble de la bande de Gaza. Rien ne justifie le non-respect de ces obligations".

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Allemagne : un ex-milicien syrien pro-Assad condamné pour crimes contre l'humanité

L'accusé est décrit par la justice comme le chef d'une milice musulmane chiite qui fut active à Bosra al-Sham, une ville dans le sud du pays, et soutenue par le mouvement islamiste Hezbollah, basé au Liban. (AFP)
L'accusé est décrit par la justice comme le chef d'une milice musulmane chiite qui fut active à Bosra al-Sham, une ville dans le sud du pays, et soutenue par le mouvement islamiste Hezbollah, basé au Liban. (AFP)
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  • Cet homme de 33 ans a été reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014, au terme d'un procès qui s'est tenu devant le tribunal de Stuttgart, dans le sud-ouest de l'Allemagne
  • Les audiences, depuis le 15 octobre 2024, ont permis d'entendre 30 témoins, pour la plupart originaires de Syrie et venus du monde entier dont certains du Brésil, de Belgique, des Pays-Bas et de toutes les régions d'Allemagne, a précisé la Cour

BERLIN: La justice allemande a condamné mardi un ancien chef d'une milice syrienne soutenant l'ex-président Bachar al-Assad à la prison à vie "pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité" perpétrés pendant la guerre civile en Syrie.

Cet homme de 33 ans a été reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014, au terme d'un procès qui s'est tenu devant le tribunal de Stuttgart, dans le sud-ouest de l'Allemagne.

Les audiences, depuis le 15 octobre 2024, ont permis d'entendre 30 témoins, pour la plupart originaires de Syrie et venus du monde entier dont certains du Brésil, de Belgique, des Pays-Bas et de toutes les régions d'Allemagne, a précisé la Cour dans un communiqué.

L'accusé est décrit par la justice comme le chef d'une milice musulmane chiite qui fut active à Bosra al-Sham, une ville dans le sud du pays, et soutenue par le mouvement islamiste Hezbollah, basé au Liban.

Ce groupe de combattants a, selon le tribunal, activement soutenu le régime de l'ancien dictateur Bachar el-Assad, tombé en décembre dernier, "en commettant plusieurs agressions, en terrorisant la population civile sunnite locale, considérée comme opposée au régime, afin de l'intimider et de la chasser de la ville de manière aussi définitive que possible".

Le Syrien a notamment été condamné pour avoir, lors d'une attaque en août 2012, abattu un étudiant âgé de 21 ans dont la maison a également été pillée, saccagée et incendiée.

Il est également jugé coupable d'avoir capturé et maltraité physiquement des résidents sunnites au cours des deux années suivantes, et de les avoir remis aux services de renseignements militaires syriens qui les ont par la suite torturés.

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle.

Des procès sur les abus commis par le régime syrien ou des groupes qui lui sont liés ont également eu lieu ailleurs en Europe, notamment en France et en Suède.