DOHA: En pénétrant dans la galerie Fire Station de Doha, l’un des principaux espaces artistiques de la capitale qatarie, vous découvrirez un espace faiblement éclairé, composé d’un lit, de fauteuils et d’un éclairage psychédélique. Des œuvres d’art murales et des rideaux complètent l’ensemble, tandis que de la musique est diffusée par des haut-parleurs.
Les visiteurs oublieront le monde extérieur en découvrant l’exposition baptisée «Electric Idyll» de l’artiste suisse Pipilotti Rist, conçue comme un «diorama hypnotique», selon les notes de l’exposition, ou comme un paysage numérique et physique global représentant un royaume de rêves hors du commun. L’exposition comprend de nouvelles pièces juxtaposées à certaines de ses œuvres les plus célèbres, notamment son film de 1997 Ever is Over All, qui a valu à Mme Rist le prestigieux prix du meilleur jeune artiste à la Biennale de Venise en 1997.
«Electric Idyll», organisée par Massimiliano Gioni, également commissaire de la 55e Biennale de Venise en 2023, propose un voyage multisensoriel revigorant à travers la nature, le genre et la technologie.
Cette exposition, qui se tiendra jusqu’au 1er juin 2024, constitue la deuxième plus grande production de Pipilotti Rist à Doha, après l’installation Your Brain to Me, My Brain to You (2022), qui sera exposée au Musée national du Qatar jusqu’au 30 avril 2024.
«Nous avons abordé cette exposition comme un complément à l’exposition du Musée national», explique M. Gioni à Arab News. «Nous nous sommes attachés à présenter une vue d’ensemble de la carrière de Pipilotti Rist, avec des œuvres qui s’étendent des années 1990 à aujourd’hui. Cependant, à la différence d’une exposition traditionnelle, dans laquelle les œuvres seraient montrées l’une après l’autre dans des salles individuelles ou de manière chronologique, nous avons travaillé avec l’artiste pour créer une installation totale, une sorte d’environnement enveloppant — ou un espace immersif, comme certains aiment à le dire — dans lequel des œuvres de différentes périodes sont montrées comme dialoguant les unes avec les autres. Il s’agissait de créer un espace qui constitue presque une œuvre d’art totale, mêlant vidéos, sons, lumières, mobilier et design.»
Massimiliano Gioni a mis l’accent sur l’aspect immersif et expérientiel de l’exposition.
«Le public est invité à utiliser et à habiter les installations. Ainsi, l’exposition vit grâce à la présence du public, qui entre littéralement dans l’exposition et en devient partie intégrante», souligne-t-il.
À l’intérieur de la galerie Fire Station, un groupe de visiteurs se rassemble sur des canapés et des fauteuils, riant et discutant. L’œuvre de Mme Rist est déjà devenue un lieu de socialisation et de collaboration.
«Je pense que l’on pourrait décrire le travail de Pipilotti Rist comme une réflexion sur la technologie et les médias: elle nous invite à réfléchir à la manière dont les technologies façonnent nos rêves et nos visions et à considérer la technologie non pas comme une expérience solitaire et aliénante, mais plutôt comme une opportunité communautaire et participative», indique M. Gioni à Arab News.
«Il y a aussi dans son travail une volonté claire de nous faire prendre conscience de la beauté et de la complexité de l’univers. La façon dont son appareil photo caresse les plantes et les arbres ou les rivières et les lacs nous incite à repenser notre relation à la nature et à l’univers», ajoute-t-il. «La façon dont Pipilotti Rist crée des espaces qui accueillent le public est aussi une invitation à considérer l’art comme un lieu où nous nous réunissons pour élargir notre conscience.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com