Olivier Duhamel visé par une enquête pour «viols et agressions sexuelles»

«La Familia Grande» (Ed. Seuil) qui révèle les attouchements qu’aurait imposé Olivier Duhamel à son beau-fils, paraîtra jeudi (Photo, AFP).
«La Familia Grande» (Ed. Seuil) qui révèle les attouchements qu’aurait imposé Olivier Duhamel à son beau-fils, paraîtra jeudi (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 06 janvier 2021

Olivier Duhamel visé par une enquête pour «viols et agressions sexuelles»

  • Camille Kouchner dénonce dans un livre les agressions incestueuses qu'aurait imposées son beau-père, le politologue Olivier Duhamel, à son frère jumeau quand il était adolescent
  • Selon elle, les agressions auraient duré «un an» ou «des années» écrit dans ce récit autobiographique de 200 pages la fille de l'ancien ministre Bernard Kouchner

PARIS: Le parquet de Paris a ouvert mardi une enquête après les accusations de Camille Kouchner, qui dénonce dans un livre les agressions incestueuses qu'aurait imposées son beau-père, le politologue Olivier Duhamel, à son frère jumeau quand il était adolescent à la fin des années 1980.

L'enquête a été ouverte pour « viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité sur mineur de 15 ans », a annoncé dans un communiqué le procureur de Paris Rémy Heitz.

Dans un livre à paraître jeudi, « La Familia grande » (Ed. Seuil), Camille Kouchner raconte que son frère jumeau, « Victor », lui a révélé, quand ils étaient âgés de 14 ans, subir des attouchements de leur beau-père, politologue de renom, ancien eurodéputé et chroniqueur dans plusieurs médias.

Selon elle, les agressions auraient duré « un an » ou « des années ». « Deux ou trois. Je ne sais pas », écrit dans ce récit autobiographique de 200 pages la fille de l'ancien ministre Bernard Kouchner et de la professeure de droit Evelyne Pisier (morte en 2017), qui s'était remariée avec Olivier Duhamel.

En 2011, une « précédente procédure » sur ces faits avait déjà été ouverte, a précisé Heitz.

Selon le récit de Camille Kouchner, son frère aurait alors été entendu par les enquêteurs. Après leur avoir raconté « dans les détails » les agressions sexuelles que lui aurait imposées son beau-père, « Victor » aurait toutefois refusé de déposer plainte. « Non. Je ne souhaite pas porter plainte. Cette histoire ne vous regarde pas », dit-il aux enquêteurs, selon sa sœur.

Cette enquête a été « classée sans suite », a précisé le procureur de Paris, sans donner les raisons de l'abandon de la procédure. 

A l'époque, déjà, les faits semblaient prescrits.

Au moment où se sont déroulées les agressions que « Victor » dit avoir subies à la fin des années 1980, la loi prévoyait qu'une victime mineure pouvait porter plainte pour « viol par ascendant » pendant dix ans à compter de sa majorité. Deux lois, depuis, ont allongé ce délai de prescription, à vingt ans en 2004 puis trente ans en 2018, mais elles ne sont pas applicables aux faits déjà prescrits.

Dans le cas de « Victor », il est possible que les faits aient été prescrits dans sa 28e année, soit en 2003, selon des juristes.

La nouvelle enquête ouverte mardi, confiée à la Brigade de protection des mineurs (BPM), « s'attachera à faire la lumière sur ces faits, à identifier toute autre victime potentielle et à vérifier l'éventuelle prescription de l'action publique », a ajouté le procureur. La prescription semble à nouveau probable.

Dans les entretiens donnés par Camille Kouchner au Monde et à L'Obs, qui ont publié lundi des extraits de son livre, la juriste avance elle-même que « les faits sont prescrits ».

Omerta

Sollicité par Le Monde et L'Obs, Olivier Duhamel, 70 ans, a, lui, indiqué n'avoir « rien à dire » et n'a pas souhaité réagir à ces accusations.

Il a démissionné de toutes ses fonctions lundi : président de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), et intervenant ou animateur sur la chaîne LCI et la radio Europe 1.

Dans son livre, Camille Kouchner évoque la lente propagation dans la famille du secret, d'abord gardé par « Victor », puis révélé peu à peu pour protéger d'autres enfants afin qu'ils ne se retrouvent pas avec le « beau-père ».

Selon sa belle-fille, Olivier Duhamel a été « protégé » par une forme d'omerta familiale et par sa femme, Evelyne Pisier. 

« Très vite, le microcosme des gens de pouvoir, Saint-Germain-des-Prés, a été informé. Beaucoup savaient et la plupart ont fait comme si de rien n'était », accuse ainsi Camille Kouchner.

Elisabeth Guigou, présidente de la toute nouvelle commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, figure parmi les noms cités de l'entourage du politologue.

« Le silence pendant des années de cette famille, que je connais, nous montre combien il faut être courageux pour que ce tabou puisse être levé », a-t-elle déclaré, affirmant avoir découvert l'histoire dans la presse. « Nous côtoyons tous des victimes et des agresseurs sans le savoir », a ajouté Guigou.

« Un lourd secret qui pesait sur nous depuis trop longtemps a été heureusement levé », avait réagi Bernard Kouchner lundi soir dans un communiqué transmis par son avocate Maryline Lugosi.

« En 2011, Bernard Kouchner s'est tu sur ce drame de l'inceste à la demande expresse de son fils et de sa fille qui ne voulaient pas qu'il rende cette affaire publique », a précisé mardi Me Lugosi.


Le Liban réforme le secret bancaire, une mesure clé pour ses bailleurs

Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
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  • Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays
  • Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans

BEYROUTH: Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays, plongé dans une grave crise économique, par les bailleurs internationaux, dont le FMI.

Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans, couvrant donc le début de la crise économique lorsque les banquiers ont été accusés d'aider des personnalités à transférer des fonds importants à l'étranger.

Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a salué une "étape indispensable vers la réforme financière" que son gouvernement a promis de réaliser et un "pilier essentiel d'un plan de reconstruction".

Cette mesure, a-t-il ajouté, est "fondamentale pour restaurer les droits des déposants et la confiance des citoyens et de la communauté internationale". Il a mis en avant que l'opacité financière, prévalant de longue date au Liban, n'était plus aussi attractive pour les investisseurs qu'elle avait pu l'être.

"Il ne faut pas croire qu'avec cette loi, n'importe qui va entrer dans une banque et demander des détails sur un compte", a tempéré le ministre des Finances, Yassine Jaber, en déplacement à Washington avec son collègue de l'Economie, Amer Bisat, et le nouveau gouverneur de la Banque centrale, Karim Souaid.

Ces responsables doivent se rendre à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI).

Le Liban a longtemps été une plaque-tournante financière régionale, dont la législation stricte sur le secret bancaire était perçue comme un atout, jusqu'à la profonde crise économique et financière qui a éclaté en 2019 et terni sa réputation.

Depuis, les autorités sont sous pression, interne et internationale, pour réformer une législation accusée d'avoir permis une fuite de capitaux au déclenchement de la crise, alors que les simples déposants étaient privés de leur épargne et que la valeur de la monnaie locale plongeait.

- Loi rétroactive sur dix ans -

Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les changements votés jeudi autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations sans raison particulière".

Ces organismes pourront avoir accès à des informations comme le nom des clients et les détails de leurs dépôts, et enquêter sur d'éventuelles activités suspectes, selon Legal Agenda.

La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars et aider à la relance de l'économie libanaise, dont les maux sont imputés à la mauvaise gestion et à la corruption.

La récente guerre entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien Hezbollah a aggravé la situation et le pays, à court d'argent, a besoin de fonds pour la reconstruction.

M. Salam a souligné que la réforme "ouvrait une page nouvelle" dans la lutte contre l'évasion fiscale, la corruption et le blanchiment.

Le ministre des Finances a relevé que la Banque centrale aura "plus de marge de manoeuvre" pour accéder à certains comptes.

Selon Alain Aoun, membre de la commission des finances du Parlement, une première réforme en 2022 avait été jugée insuffisante par le FMI. Les organismes de contrôle pourront désormais demander "l'information qu'ils veulent", a-t-il dit à l'AFP.

En avril 2022, le Liban et le FMI avaient conclu un accord sous conditions pour un prêt sur 46 mois de trois milliards de dollars, mais les réformes alors exigées n'ont pour la plupart pas été entreprises.

En février, le FMI s'est dit ouvert à un nouvel accord, et le nouveau gouvernement libanais a promis d'autres réformes. Il doit prochainement soumettre au Parlement un projet de loi pour restructurer le secteur bancaire.

Mercredi, le gouvernement a aussi signé un accord de 250 millions de dollars avec la Banque mondiale pour relancer son secteur électrique en déshérence, qui prive régulièrement les Libanais de courant.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.