Frankly Speaking: Quels sont les défis auxquels doit faire face le nouveau Premier ministre pakistanais?

Le Dr Ali Awadh Asseri, ancien ambassadeur de l’Arabie saoudite auprès du Liban et du Pakistan, s’adresse à l’animatrice de l’émission d’actualités Frankly Speaking d’Arab News, Katie Jensen. (Photo AN)
Le Dr Ali Awadh Asseri, ancien ambassadeur de l’Arabie saoudite auprès du Liban et du Pakistan, s’adresse à l’animatrice de l’émission d’actualités Frankly Speaking d’Arab News, Katie Jensen. (Photo AN)
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Publié le Lundi 11 mars 2024

Frankly Speaking: Quels sont les défis auxquels doit faire face le nouveau Premier ministre pakistanais?

  • M. Sharif a été élu Premier ministre du Pakistan pour la deuxième fois le 3 mars, après avoir obtenu deux cent une voix au Parlement nouvellement formé
  • Les élections ont eu lieu le mois dernier dans un contexte d’inflation galopante, de chômage élevé, de pénurie d’énergie et de hausse du coût des produits de première nécessité

DUBAÏ: Un diplomate saoudien chevronné et observateur attentif de la politique pakistanaise se dit «très optimiste» quant à l’avenir du pays sous la direction de Shehbaz Sharif, le nouveau Premier ministre. 

Invité de l’émission hebdomadaire d’actualités Frankly Speaking d’Arab News, le Dr Ali Awadh Asseri espère également que le résultat des élections de 2024 renforcera les relations déjà solides entre le Pakistan et l’Arabie saoudite. 

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Le Dr Ali Awadh Asseri, ancien ambassadeur de l’Arabie saoudite auprès du Liban et du Pakistan, s’adresse à l’animatrice de l’émission d’actualités Frankly Speaking d’Arab News, Katie Jensen. (Photo AN) 

M. Sharif a été élu Premier ministre du Pakistan pour la deuxième fois le 3 mars, après avoir obtenu deux cent une voix au Parlement nouvellement formé. Les élections ont eu lieu le mois dernier dans un contexte d’inflation galopante, de chômage élevé, de pénurie d’énergie et de hausse du coût des produits de première nécessité. 

«Shehbaz Sharif est une personne très expérimentée. Il a été ministre en chef du Pendjab, la plus grande province du Pakistan. Il est doté d’une solide expérience et il semble s’être entouré, jusqu’à présent, d’une très bonne équipe professionnelle», soutient le Dr Asseri, qui a été ambassadeur d’Arabie saoudite auprès du Pakistan de 2001 à 2009. 

Guider le Pakistan à travers ses difficultés économiques ne sera pas une tâche facile. Le pays croule sous le poids de dettes extérieures et intérieures qui s’élèvent à plus de 270 milliards de dollars (1 dollar = 0,92 euro), selon un rapport de février du groupe de réflexion Tabadlab, basé à Islamabad. 

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Shehbaz Sharif, nouveau Premier ministre pakistanais et chef de la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), a occupé le poste de ministre en chef du Pendjab, la plus grande province du pays. (AFP) 

Une série d'inondations en 2022, dont la Banque mondiale estime qu'elles ont causé plus de 30 milliards de dollars de dégâts et de pertes économiques, est venue aggraver les difficultés du Pakistan. Le pays ne s'en est pas encore remis. 

Le Dr Ali Awadh Asseri considère M. Sharif comme l’homme politique le plus à même de diriger le Pakistan dans ces circonstances grâce à «son expérience, son patriotisme, sa loyauté envers son pays et son acceptation par la plupart des gens». 

«La personnalité de Shehbaz Sharif et sa loyauté envers son pays sont des éléments qui m’incitent à faire preuve d’optimisme et à espérer que ses qualités porteront leurs fruits», déclare-t-il à Katie Jensen, l’animatrice de Frankly Speaking

Il poursuit: «Nous espérons que le Pakistan se relèvera et saura gérer son économie. Tel était, me semble-t-il, le slogan lors des élections.» 

M. Sharif a ordonné l’ouverture immédiate de négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) concernant un programme de facilité de financement élargi qui fournirait une aide financière et une période de remboursement plus longue. 

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Des vendeurs ambulants proposent des collations le long de la promenade de Karachi, au Pakistan, le 3 février 2024. Le Pakistan croule sous le poids de dettes extérieures et intérieures qui s’élèvent à plus de 270 milliards de dollars. (AFP) 

Le FMI a accordé vingt-deux prêts au Pakistan depuis la création du pays, ce qui a permis d’éviter les défauts de remboursement des prêts et d’obtenir un accord de confirmation à 3 milliards de dollars du fonds l’année dernière. 

«Je pense que le Pakistan bénéficiera de l’aide du FMI. Le gouvernement est digne de confiance et professionnel, donc je crois que leurs négociations avec le FMI ne seront pas aussi difficiles que dans le passé sans gouvernement», précise le Dr Asseri. 

«Ils sont expérimentés et ils savent quoi faire... je constate de grands progrès dans la sélection des ministres. La pertinence est très importante lorsque vous nommez un ministre à ce poste. Espérons que tout ira pour le mieux.» 

Le Dr Ali Awadh Asseri souligne la nécessité pour Shehbaz Sharif d’adopter une approche multidimensionnelle de la reprise économique, avec une exploitation accrue des ressources, l’industrialisation et le développement d’un commerce et d’investissements internationaux forts. 

«Il y a beaucoup de ressources au Pakistan qui n’ont pas du tout été exploitées (l’industrie manufacturière, à titre d’exemple). L’une des meilleures villes industrielles que j’ai pu observer est Sialkot où sont produits les ballons de la Fifa», indique le Dr Asseri. 

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La fabrication d’armes est considérée comme l’un des points forts de l’économie pakistanaise. (AFP) 

«Ils ont des produits. Ils fabriquent du matériel chirurgical. Donc, s’ils pouvaient se concentrer sur ces éléments et les améliorer, puis attirer des investissements, qu’ils proviennent d’Arabie saoudite ou des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), cela serait très bénéfique.» 

La réélection de M. Sharif intervient après des années de troubles politiques, qui ont commencé en 2022, lorsque Imran Khan a été démis de ses fonctions et emprisonné pour corruption. Cette année-là, la Ligue musulmane du Pakistan – dirigée par Nawaz Sharif, ancien Premier ministre – s’est associée au Parti du peuple pakistanais pour évincer M. Khan de son poste de Premier ministre et installer Shehbaz Sharif comme son successeur. 

Imran Khan et ses partisans affirment que le mandat du peuple a été volé lors des élections du 8 février. Les candidats soutenus par de dernier ont obtenu des résultats remarquables, remportant quatre-vingt-treize sièges, même s’il a fait l’objet de nombreuses accusations criminelles et qu’il a été interdit de tout mandat dans la fonction publique. 

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Des partisans du parti Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI) brandissent des portraits de l’ancien Premier ministre pakistanais, Imran Khan, alors qu’ils protestent au sujet des allégations de fraude lors des élections nationales au Pakistan, à Peshawar, le 10 mars 2024. (AFP) 

Interrogé sur l'équité et la transparence des élections, le Dr Ali Awadh Asseri répond: «J’ai passé neuf ans au Pakistan et, lors de chaque élection, l’opposition avait le même slogan. La question qui se pose est la suivante: qui va aider le Pakistan?» 

«Certes, l’opposition trouvera toujours à redire à propos du gouvernement, qu’il s’agisse d’Imran Khan ou de tous les autres.» 

Le Dr Asseri estime que la lutte contre la corruption et l’instauration d’une bonne gouvernance sont nécessaires pour restaurer la confiance du peuple pakistanais dans ses dirigeants et ses responsables. 

Une enquête Gallup, menée le mois dernier, révèle que près de 70% des Pakistanais se méfient des élections de leur pays, 88% de la population estimant que la corruption est répandue au Pakistan. 

«Je pense que, dans le passé, la gouvernance n’était pas aussi bonne et professionnelle qu’elle aurait dû l’être», précise-t-il. 

«Le peuple pakistanais sait exactement ce qui peut l’aider à redresser son économie. Sa monnaie a perdu beaucoup de valeur au cours des trois ou quatre dernières années. La réponse à ces problèmes passe par une bonne gouvernance et l’évolution dont nous sommes aujourd’hui témoins me rend très optimiste.» 

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Les réserves de change désespérément faibles du Pakistan ont été renforcées, en juillet 2023, grâce à un dépôt de 2 milliards de dollars de l’Arabie saoudite, avant une réunion décisive du FMI pour approuver un accord de secours. (AFP) 

Le Dr Ali Awadh Asseri espère également que le résultat des élections renforcera encore plus la relation entre le Pakistan et l’Arabie saoudite – une relation auparavant consolidée et continuellement alimentée par une foi commune. 

«Avec le Pakistan, le fondement de la relation est la force de notre foi. Les Pakistanais forment, par ailleurs, une société musulmane très conservatrice», souligne-t-il. 

Le Dr Asseri se souvient d’une époque où l’un des imams de la Grande Mosquée de La Mecque était en visite au Pakistan. «Cinq cent mille personnes priaient derrière lui, même à l’extérieur de la mosquée d’Islamabad», rapporte-t-il. «Cela reflétait sans doute leur amour et leur affection envers les Lieux saints et l’Arabie saoudite.» 

Il poursuit: «L’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent vraiment d’excellentes relations, depuis 1943, avant même que le Pakistan ne devienne le Pakistan. Le roi Abdelaziz et ses fils se sont rendus à Karachi lorsqu’ils ont subi des inondations pour aider le Pakistan. Avec chaque nouveau dirigeant, leur relation se développe: c’est une relation de peuple à peuple.» 

Lors des inondations dévastatrices de 2022, le Centre d’aide humanitaire et de secours du roi Salmane d’Arabie saoudite a envoyé de grandes quantités d’aide par voie aérienne vers les régions les plus touchées du Pakistan. 

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Dix vols saoudiens chargés de divers biens de secours ont acheminé l’aide et les colis ont été remis à l’Autorité nationale de gestion des catastrophes. (Agence de presse saoudienne) 

Alors que les fortes pluies de cette semaine provoquent des inondations catastrophiques dans le sud-ouest du Pakistan, le centre a une fois de plus organisé des livraisons d’aide humanitaire – 873 tonnes, dont neuf mille colis alimentaires et neuf mille kits d’abris – pour secourir plus de soixante-trois mille personnes victimes des inondations. 

«L’Arabie saoudite n’a jamais laissé tomber le Pakistan en cette période difficile», déclare le Dr Ali Awadh Asseri, soulignant que le prince héritier, Mohammed ben Salmane, s’était rendu au Pakistan à plusieurs reprises «parce qu’il est conscient de l’importance du Pakistan et de notre relation avec le pays». 

À l’avenir, les relations saoudo-pakistanaises pourraient apporter de grands avantages économiques aux deux pays, affirme-t-il. 

Faisant référence au fonds souverain d’Arabie saoudite, il déclare: «Nous avons le Fonds public d’investissement (PIF). Il pourrait investir dans de grandes usines au Pakistan et les moderniser en vue d’une plus grande production.» 

«De nombreux domaines peuvent être exploités avec l’aide des dirigeants dynamiques d’Arabie saoudite et notre stratégie économique. Je pense que nous pouvons aider davantage le Pakistan et qu’il s’aidera aussi.» 

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Des ouvriers moulent des tiges d’acier en fusion dans une aciérie d’Islamabad le 9 février 2023. Le 9 février, le gouvernement pakistanais restait engagé dans des négociations cruciales avec le FMI pour le déblocage d’un plan de sauvetage financier le dernier jour prévu de la visite du prêteur mondial. (AFP) 

Lorsqu’on lui demande quels conseils il donnerait à M. Sharif du point de vue saoudien, le Dr Asseri joue la carte de la franchise: «Examinez l’économie pour trouver la corruption. Essayez de moderniser les villes industrielles, car elles disposent de très bons matériaux. Attirez les investissements. L’économie est la réponse pour aider les Pakistanais et le Pakistan.» 

Le Dr Ali Awadh Asseri s’attarde également sur l’hostilité de longue date entre le Pakistan et son voisin, l’Inde. Il a déjà écrit sur les avantages potentiels de la coopération entre les deux pays. Aujourd’hui, souligne-t-il, de meilleures relations sont encore possibles. 

«Ce qu’il faut, c’est réduire les tensions entre les deux pays, car il y a des liens de parenté entre des familles au Pakistan et d’autres en Inde. Il faut améliorer l’accès et les déplacements entre le Pakistan et l’Inde, pour faciliter les accords commerciaux entre les deux pays.» 

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Les Rangers pakistanais (en noir) et les soldats de la Force de sécurité des frontières indiennes participent à la cérémonie «Battre en retraite» au poste-frontière pakistano-indien de Wagah. Ali Awadh Asseri, ancien envoyé saoudien à Islamabad, affirme que le Pakistan et l’Inde pourraient mutuellement bénéficier d’un apaisement des tensions et d’une coopération accrue. (AFP) 

«Nous espérons que cela conduira à une discussion très constructive entre les deux pays et, à terme, à la paix et à la stabilité.» 

Le Dr Asseri ne doute pas que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU) puissent jouer un rôle central dans la médiation entre le Pakistan et l’Inde. 

L’Arabie saoudite et les EAU «entretiennent de très bonnes relations avec les deux pays, l’Inde et le Pakistan», ajoute-t-il. 

«C’est tout un processus qui ne peut pas vraiment se faire en peu de temps. Le processus aboutit finalement à un bon compromis, à une bonne solution entre les deux pays.» 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 

 


A l'ONU, l'enquêtrice en chef sur Gaza a encore espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés

Navi Pillay, la présidente de la commission d'enquête indépendante de l'ONU qui a accusé cette semaine Israël de commettre un génocide à Gaza, ne perd pas espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés. (AFP)
Navi Pillay, la présidente de la commission d'enquête indépendante de l'ONU qui a accusé cette semaine Israël de commettre un génocide à Gaza, ne perd pas espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés. (AFP)
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  • Selon les enquêteurs, le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, ont "incité à commettre un génocide"
  • Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger"

GENEVE: Navi Pillay, la présidente de la commission d'enquête indépendante de l'ONU qui a accusé cette semaine Israël de commettre un génocide à Gaza, ne perd pas espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés.

"La justice est lente", a affirmé l'ancienne juge sud-africaine, dans un entretien à l'AFP.

Mais "comme l'a dit (Nelson) Mandela, cela semble toujours impossible, jusqu'à ce qu'on le fasse. Je considère qu'il n'est donc pas impossible qu'il y ait des arrestations et des procès" à l'avenir, a-t-elle ajouté.

La commission d'enquête, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, a établi qu'Israël commet un génocide à Gaza depuis le début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas du 7-Octobre.

Selon les enquêteurs, le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, ont "incité à commettre un génocide".

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger".

La Cour pénale internationale (CPI) avait déjà émis des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant.

Mme Pillay reconnaît que la CPI dépend des Etats pour la mise en œuvre des mandats d'arrêt car elle n'a "ni shérif, ni forces de police".

Mais elle veut y croire, faisant une comparaison : "Je n'aurais jamais pensé que l'apartheid prendrait fin de mon vivant".

"Tellement douloureux" 

Jeune avocate d'origine indienne dans l'Afrique du Sud de l'apartheid, devenue juge et Haute-Commissaire aux droits de l'homme à l'ONU (2008-2014), Mme Pillay, 83 ans, a l'art de traiter des dossiers difficiles.

Sa carrière l'a menée des cours sud-africaines, où elle a défendu les activistes anti-apartheid et obtenu des droits cruciaux pour les prisonniers politiques, au Tribunal pénal international pour le Rwanda, en passant par la CPI.

Sa mission est des plus ardues depuis qu'elle préside, depuis sa création en 2021, la commission chargée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU d'enquêter sur les atteintes aux droits dans les territoires palestiniens et en Israël.

Elle déplore d'avoir été qualifiée d'"antisémite" depuis et dénonce les appels sur les réseaux sociaux de ceux qui réclament que les Etats-Unis la sanctionnent, comme Washington l'a fait pour une rapporteure de l'ONU, des juges de la CPI et des ONG palestiniennes.

Mais le plus dur, pour elle et son équipe, est de visionner les vidéos provenant de Gaza.

"Nous nous inquiétons pour notre personnel. Nous les surmenons et c'est traumatisant ces vidéos", dit-elle, citant "des violences sexuelles contre les femmes" et "les médecins qui sont dénudés par l'armée".

"C'est tellement douloureux" à regarder même si "on ne peut pas comparer notre souffrance à celle de ceux qui l'ont vécue", poursuit-elle.

Alors qu'elle présidait le Tribunal pénal international pour le Rwanda, des vidéos de civils abattus ou torturés l'ont aussi "marqué à vie".

Selon elle, la comparaison entre le Rwanda et Gaza ne s'arrête pas là : "Je vois des similitudes. Ce sont les mêmes méthodes".

Du Rwanda à Gaza 

"Dans le cas du Rwanda, c'était le groupe des Tutsi qui était visé. Ici, tous les éléments de preuve montrent que c'est le groupe palestinien qui est visé", dit-elle.

Elle mentionne aussi les propos de dirigeants israéliens qui "déshumanisent" les Palestiniens en les comparant à des "animaux". Comme lors du génocide rwandais, lorsque les Tutsi étaient "traités de cafards", ce qui revient à dire qu'"il est acceptable de les tuer", dénonce-t-elle.

Mme Pillay a indiqué qu'à l'avenir la commission entendait se pencher aussi sur des crimes supposés commis par d'autres "individus", expliquant qu'une grande partie des preuves a été publiée par les soldats israéliens eux-mêmes sur les réseaux sociaux.

Elle déplore toutefois que, faute de financements, la commission n'ait pas pu encore examiner si certains Etats qui fournissent de l'armement à Israël pouvaient être considérés complices.

Un travail qu'elle laisse à son successeur. Elle quitte la commission le 3 novembre en raison de son âge et de problèmes de santé.

Avant cela, elle doit présenter un dernier rapport devant l'Assemblée générale de l'ONU à New York. "J'ai déjà un visa", confie-t-elle.


Gaza: Bruxelles propose de taxer des biens importés d'Israël dans l'UE et de sanctionner deux ministres

La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.  "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu. "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
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  • L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres
  • Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE

BRUXELLES: La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.

"Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas.

Les mesures commerciales devraient, si elles étaient adoptées par les pays de l'UE, renchérir de quelque 227 millions d'euros le coût de certaines importations israéliennes, principalement d'origine agricole.

La Commission européenne a également proposé de sanctionner deux ministres israéliens d'extrême droite, Itamar Ben-Gvir, chargé de la Sécurité nationale, et Bezalel Smotrich chargé des Finances, selon un responsable de l'UE.

L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres. Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE.

"Tous les États membres conviennent que la situation à Gaza est intenable. La guerre doit cesser", a toutefois plaidé mercredi Mme Kallas. Ces propositions seront sur la table des représentants des 27 Etats membres dès mercredi.

Les sanctions dans le domaine commercial ne nécessitent que la majorité qualifiée des Etats membres. Mais là encore, un accord sera difficile à obtenir, jugent des diplomates à Bruxelles.

Des mesures beaucoup moins ambitieuses, également présentées par la Commission européenne il y a quelques semaines, n'avaient pas trouvé de majorité suffisante pour être adoptées. Avait notamment fait défaut le soutien de pays comme l’Allemagne ou l'Italie.

Les exportations israéliennes vers l'UE, son premier partenaire commercial, ont atteint l'an dernier 15,9 milliards d'euros.

Seuls 37% de ces importations seraient concernés par ces sanctions, si les 27 devaient donner leur feu vert, essentiellement dans le secteur agro-alimentaire.


Trump s'en prend à des magistrats après l'assassinat de Charlie Kirk

Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X
  • Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a de nouveau stigmatisé mercredi des magistrats qui l'avaient poursuivi et jugé durant le mandat de Joe Biden, prenant prétexte du récent assassinat de l'influenceur ultraconservateur Charlie Kirk.

Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X.

Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre.

"Pourquoi le merveilleux Turning Point a-t-il été mis sous ENQUÊTE par le +Dérangé+ Jack Smith et l'administration Biden Corrompue et Incompétente ?", s'interroge Donald Trump dans un message sur Truth.

"Ils ont essayé de forcer Charlie, ainsi que de nombreuses autres personnes et mouvements, à cesser leurs activités. Ils ont instrumentalisé le ministère de la Justice contre les opposants politiques de Joe Biden, y compris MOI!", s'offusque-t-il encore.

Jack Smith, lui-même visé par une enquête administrative depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, avait été nommé procureur spécial en 2022.

Il avait lancé des poursuites fédérales contre Donald Trump, pour tentatives illégales d'inverser les résultats de l'élection de 2020 et rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche.

Les poursuites avaient été abandonnées après la réélection de Trump, en vertu de la tradition consistant à ne pas poursuivre un président en exercice. Jack Smith avait ensuite démissionné du ministère de la Justice.

Sans jamais le citer nommément, le président Trump s'en prend également sur le réseau Truth à Juan Merchan, qui a présidé le procès Stormy Daniels. Le président avait été reconnu coupable de 34 chefs d'accusation, pour des paiements cachés de 130.000 dollars à l'ex-star du X.

Donald Trump exprime le souhait que le juge "corrompu" paie "un jour un prix très élevé pour ses actions illégales".

Depuis l'assassinat de Charlie Kirk, le camp républicain redouble de véhémence contre les démocrates et organisations progressistes, accusés de promouvoir la violence politique.

"La gauche radicale a causé des dégâts énormes au pays", a affirmé le président républicain mardi, avant son départ au Royaume-Uni. "Mais nous y remédions".

Selon le Washington Post, un élu républicain du Wisconsin a déposé une proposition de loi visant à bloquer les fonds fédéraux aux organisations employant des personnes "qui tolèrent et célèbrent la violence politique".

Le New York Times précise pour sa part que sont notamment dans le viseur l'Open Society Foundation du milliardaire George Soros ainsi que la Ford Foundation, qui toutes deux financent des organisations de gauche.