Port-au-Prince en «état de siège», évacuation de diplomates européens

La capitale haïtienne Port-au-Prince continuant de s'enfoncer dans les violences liées aux gangs (Photo, AFP).
La capitale haïtienne Port-au-Prince continuant de s'enfoncer dans les violences liées aux gangs (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 11 mars 2024

Port-au-Prince en «état de siège», évacuation de diplomates européens

  • Port-au-Prince est le théâtre d'affrontements entre policiers et bandes armées, qui s'en prennent à des sites stratégiques dont le palais présidentiel, des commissariats et prisons
  • L'accès aux soins est fortement compromis, avec «des hôpitaux qui ont été attaqués par des gangs et qui ont dû évacuer personnel médical et patients, y compris des nouveaux-nés»

PORT-AU-PRINCE: La capitale haïtienne Port-au-Prince continuant de s'enfoncer dans les violences liées aux gangs, les Etats-Unis ont annoncé dimanche avoir évacué une partie du personnel de leur ambassade, suivis par l'Allemagne, qui a évacué son ambassadeur et des membres de la délégation de l'Union européenne.

Les Etats-Unis ont évacué une partie du personnel de leur ambassade et renforcé les équipes en charge de sa sécurité. "La recrudescence des violences des gangs dans les quartiers proches de l'ambassade américaine et de l'aéroport a conduit le département d'État à décider de procéder au départ d'agents supplémentaires", a indiqué dimanche un porte-parole de la diplomatie américaine.

L'Allemagne a annoncé un mouvement similaire. "En raison de la situation sécuritaire très tendue en Haïti, l'ambassadeur d'Allemagne et le représentant permanent à Port-au-Prince sont partis aujourd'hui pour la République dominicaine avec des représentants de la délégation de l'UE", a déclaré à l'AFP un porte-parole du ministère, ajoutant qu'ils travailleraient depuis la République dominicaine "jusqu'à nouvel ordre".

Port-au-Prince est le théâtre d'affrontements entre policiers et bandes armées, qui s'en prennent à des sites stratégiques dont le palais présidentiel, des commissariats et prisons.

Et ce en l'absence du Premier ministre Ariel Henry, dont elles réclament la démission tout comme une partie de la population.

C'est "une ville en état de siège", a alerté samedi Philippe Branchat, le chef pour Haïti de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

"Nous avons perdu tous nos biens, tout ce que nous possédions. Nous perdons nos familles", a dit à l'AFP Reginald Bristol, habitant de Port-au-Prince.

Les autorités ont décrété il y a une semaine l'état d'urgence dans le département de l'Ouest, qui comprend la capitale, et ont instauré un couvre-feu nocturne.

Face à la nouvelle flambée de violences, la Communauté des Caraïbes (Caricom) a convié des représentants des Etats-Unis, de la France, du Canada et de l'ONU à une réunion d'urgence lundi en Jamaïque.

Réponse internationale

Le Conseil de sécurité de l'ONU a donné son accord il y a des mois à l'envoi d'une mission de multinationale dirigée par le Kenya pour aider la police haïtienne, mais son déploiement se fait cruellement attendre.

Le Premier ministre haïtien a signé début mars un accord à Nairobi pour permettre l'envoi de policiers kényans, et cherche depuis à regagner Haïti. Il était aux dernières nouvelles toujours bloqué à Porto Rico, territoire américain dans les Caraïbes.

Le chef de la diplomatie américaine et le président du Kenya se sont entretenus sur la crise en cours et ont "souligné leur engagement inébranlable en faveur du déploiement d'une mission multinationale de soutien à la sécurité" permettant de "créer les conditions de sécurité nécessaires à la tenue d'élections libres et équitables", a indiqué samedi un porte-parole du département d'Etat.

Haïti, sans président ni Parlement, n'a connu aucune élection depuis 2016 et Ariel Henry, nommé par le président Jovenel Moïse juste avant son assassinat en 2021, aurait dû quitter ses fonctions début février.

Administrations fermées

Du fait des violences en cours dans la capitale, l'ambassade des États-Unis va restreindre ses activités, a indiqué le porte-parole du département d'Etat.

L'évacuation d'une partie de son personnel s'est déroulée au cours de la nuit de samedi à dimanche par hélicoptère, selon des habitants du quartier.

"Tous les agents du personnel évacués travaillent pour le gouvernement américain", a précisé un responsable américain, ajoutant que "des agents en charge de la sécurité ont été transportés à Port-au-Prince pour renforcer la sécurité de l'ambassade".

Les administrations et écoles de la capitale sont fermées depuis plusieurs jours, et l'aéroport et le port ne fonctionnent plus, faisant craindre un effondrement de l'approvisionnement de la population du pays le plus pauvre des Amériques.

L'accès aux soins est fortement compromis, avec "des hôpitaux qui ont été attaqués par des gangs et qui ont dû évacuer personnel médical et patients, y compris des nouveaux-nés", selon l'IOM.

Le pape François a dit dimanche suivre "avec préoccupation et douleur" cette "grave crise" et a appelé toutes les parties à oeuvrer en faveur de la paix.

Selon l'OIM, 362.000 personnes - dont plus de la moitié sont des enfants - sont actuellement déplacées en Haïti, un chiffre qui a bondi de 15% depuis le début de l'année.

"Depuis hier soir, nous n'avons pas pu dormir. Nous sommes en train de fuir, moi avec mes effets personnels posés sur ma tête, sans savoir où aller", a raconté à l'AFP Filienne Setoute, une fonctionnaire contractuelle, qui a dû quitter sa maison.

Maigre signe d'espoir: cinq personnes enlevées en février à Port-au-Prince, dont quatre religieux, ont été libérées, a annoncé dimanche leur congrégation catholique, appelant à la libération de deux autres religieux retenus.


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.