«On se sent encore plus à leur place»: à Paris, un début de ramadan assombri par Gaza

Les musulmans de France entament en début de semaine le ramadan, mois de jeûne, de prières et de partage, avec cette année une inquiétude et un sentiment de solidarité accru avec les Palestiniens de Gaza (Photo d'illustration, AFP).
Les musulmans de France entament en début de semaine le ramadan, mois de jeûne, de prières et de partage, avec cette année une inquiétude et un sentiment de solidarité accru avec les Palestiniens de Gaza (Photo d'illustration, AFP).
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Publié le Dimanche 10 mars 2024

«On se sent encore plus à leur place»: à Paris, un début de ramadan assombri par Gaza

  • La date exacte sera officiellement annoncée dimanche soir par la Grande mosquée de Paris à l'issue d'une réunion appelée «Nuit du doute»
  • Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a demandé aux préfets de renforcer la sécurité autour des lieux de culte musulman pendant le ramadan

PARIS: Les musulmans de France entament en début de semaine le ramadan, mois de jeûne, de prières et de partage, avec cette année une inquiétude et un sentiment de solidarité accru avec les Palestiniens de Gaza.

La date exacte sera officiellement annoncée dimanche soir par la Grande mosquée de Paris à l'issue d'une réunion appelée "Nuit du doute", même si le CFCM (Conseil français du culte musulman, ex-instance de dialogue avec l'Etat) a de son côté déjà fixé à lundi le début du ramadan, qui s'achèvera par l'Aïd el-Fitr autour du 9 avril.

"La chose particulière cette année, c'est la guerre à Gaza. Ça nous donne encore plus de courage pour jeûner, on se sent encore plus à leur place", déclare à l'AFP, devant la Grande mosquée de Paris, Mohammed (il ne souhaite pas donner son nom), 33 ans.

"On y pense constamment", abonde Youssra Medjaldi, une étudiante de 23 ans. Si partout dans le monde les musulmans entament un mois de jeûne, "les Palestiniens, eux, jeûnent tous les jours", ajoute-t-elle.

"Ils sont dans nos prières, depuis plusieurs années déjà, mais encore plus cette année. Plusieurs familles sont dans un esprit d'austérité par solidarité pour nos frères musulmans", déclare la jeune femme.

Sa voisine, Lucie Kienlen, 25 ans, abonde: "On est conscient que chacun n'a pas suffisamment pour se nourrir là-bas". Interrogée sur l'opportunité d'un boycott des produits israéliens, auquel plusieurs comptes appellent sur les réseaux sociaux, l'étudiante estime que "c'est plus que nécessaire", d'autant que "certaines marques ne nous apportent rien".

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a demandé aux préfets de renforcer la sécurité autour des lieux de culte musulman pendant le ramadan. La France compte entre cinq et six millions de musulmans, ce qui fait de l'islam la deuxième religion du pays.

Aumône et grands repas

Lucie Kienlen, qui s'est convertie l'an dernier, se prépare avec enthousiasme à son deuxième ramadan, l'un des piliers de l'islam. "L'an dernier, ça a affermi ma décision", explique-t-elle, assurant avoir été "très bien accompagnée" pour ce "moment de partage", où elle n'a "jamais coupé le jeûne seule" car elle était invitée "une fois chez l'un, une fois chez l'autre".

"J'avais très peur d'avoir faim et soif. Mais ça a été tellement facile!", ajoute-t-elle.

Le jeûne est prescrit aux musulmans pubères, mais des dispenses sont prévues pour les voyageurs, les malades, les personnes âgées, les femmes enceintes ou venant d'accoucher.

Le ramadan est aussi la période où d'importants dons sont consentis aux mosquées et salles de prières (environ 2.560 en France). Les musulmans sont invités à acquitter une aumône pour les pauvres, la zakât el-Fitr.

"C'est un moment où on initie des actes qu'on veut pérenniser, l'occasion de faire le point. Les portes du paradis sont grandes ouvertes pendant ce mois, les bonnes actions acceptées, le pardon plus facilement accordé", résume Adam, 23 ans, un étudiant en médecine qui compte venir plusieurs fois par semaine à la mosquée, notamment pour les prières nocturnes.

"On devrait profiter de ce mois pour revoir nos habitudes alimentaires et ne pas tomber dans le piège de la surconsommation dans lequel on tombe souvent dans le ramadan", ajoute le jeune homme.

"On ne gâche pas de nourriture. Quand on a plus, on donne à la mosquée", assure Nur Moulin, 48 ans, qui a déjà commencé les préparatifs du ramadan chez elle -- dont "la décoration, car l'ambiance est importante" en cette période qui voit de grands repas festifs en famille à la rupture du jeune.

"Brochettes de poulet, poulet au riz..." elle énumère les plats d'un air gourmand, même si cette année, avec l'inflation, "les prix ont augmenté: quand on fait des courses, on le remarque". "Mais c'est le moment où on compte pas!" ajoute-t-elle.


Paris appelle les forces rwandaises à «quitter instamment la RDC»

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  • "La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa
  • Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame

PARIS: Paris appelle les forces rwandaises à "quitter instamment" la République démocratique du Congo et le groupe armé M23 qu'elles soutiennent à "se retirer immédiatement des territoires dont il a pris le contrôle", a affirmé jeudi le ministère des Affaires étrangères.

"La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa.

Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame.

Comme l'avait fait Emmanuel Macron lors d'un échange téléphonique avec son homologue rwandais il y a quelque jours, le chef de la diplomatie française, "redira cette position: le retrait des troupes rwandaises" du territoire de la RDC, selon Christophe Lemoine.

La démarche diplomatique française s'inscrit "en soutien aux processus" de Luanda et de Nairobi", des médiations conduites par l'Angola et le Kenya, respectivement au nom de l'Union africaine et de la Communauté des États d'Afrique de l'Est, a-t-il précisé.

Le groupe armé antigouvernemental M23 a pris le contrôle de Goma, grande ville de plus d'un million d'habitants, à l'issue d'une offensive éclair de quelques semaines au côté de troupes rwandaises. Il a indiqué jeudi qu'il continuerait sa "marche de libération jusqu'à Kinshasa".


Larcher au PS: «censurer à nouveau le gouvernement» serait «irresponsable»

Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
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  • Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable"
  • Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi

PARIS: Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable", alors qu'une réunion cruciale pour trouver un compromis entre Assemblée et Sénat sur le projet de budget de l'État doit s'ouvrir à 9h30.

"Il faut qu'ils mesurent leur responsabilité vis-à-vis du pays", a déclaré Gérard Larcher sur France 2. "Est-ce qu'on peut continuer à être sans budget, avec les conséquences que ça a au quotidien pour les citoyens, pour les collectivités territoriales, pour le monde économique?", a-t-il interrogé.

Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi. Dans la chambre basse, le Premier ministre François Bayrou devrait faire usage du 49 alinéa 3 de la Constitution, pour le faire adopter sans vote et donc s'exposer à une motion de censure des députés.

"Est-ce qu'on peut continuer à jouer de cette manière? Je pense que les socialistes sont des gens responsables et qu'à un moment ou un autre, ils marqueront  clairement qu'ils ne sont pas d'accord avec ce budget", a défendu le président du Sénat. "Mais l'idée de censurer à nouveau le gouvernement m'apparaît une idée irresponsable".

Interrogé sur le point d'achoppement spécifique de l'aide médicale d'État (AME) avec la gauche mais aussi les macronistes, qui appartiennent à la coalition gouvernementale, Gérard Larcher a souhaité que la réduction de son enveloppe par le Sénat ne soit pas "caricaturée".

"Bien entendu, les soins d'urgence, les grossesses, la prévention, les vaccins, tout ceci est maintenu", a-t-il assuré, "mais nous réduisons l'enveloppe de l'aide médicale d'État et nous mettons sous condition d'avis médical un certain nombre d'interventions".

La droite souhaite diminuer de 200 millions les crédits alloués à l'AME réservée aux étrangers en situation irrégulière. In fine, la version commune proposée devrait acter cette réduction, selon une source parlementaire.


L’Europe en rangs dispersés face à la déferlante Trump

Le président américain Donald Trump arrive sur la pelouse sud de la Maison Blanche à Washington, DC, le 27 janvier 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump arrive sur la pelouse sud de la Maison Blanche à Washington, DC, le 27 janvier 2025. (AFP)
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  • Les Européens ont beau tenter de se préparer au retour de la déferlante Trump, ils ne sont toujours pas à jour, selon un ancien diplomate français
  • Il craint que l’Europe ne soit en train de risquer gros, en raison de son manque de préparation

PARIS: Ça va mal pour l’Europe. C’est le constat que fait un ancien diplomate français, un peu plus d’une semaine à peine, après l’investiture du président Républicain Donald Trump pour un nouveau mandat à la Maison Blanche.

Durant son premier mandat (2017 à 2021), les dirigeants européens ont certes eu le loisir d’expérimenter ses méthodes brusques unilatérales et souvent provocantes.

Ils ont également compris que toutes ses décisions sont prises sur la seule base des intérêts des États Unis partant du fameux slogan « America first », faisant fi des accords internationaux et bilatéraux ainsi que des intérêts de ses propres alliés.

Pendant ces cinq années, Trump à avancé à la manière d’une déferlante, porté par un courant d’américains protestataires, que certains croyaient éphémère et voué à disparaître sous le poids des frasques présidentielles.

Depuis son retour à la Maison Blanche, Trump s’est d’emblée livré à une multitude de coups d’éclat, dont le dernier en date est sa décision de se retirer de nouveau de l’Accord de Paris sur le climat.

- Arlette Khouri

Avec sa réélection pour succéder au président démocrate Joe Biden, force est de constater que c’est le contraire qui s’est passé.

Au lieu de se dissiper, le courant protestataire s’est radicalisé, pour devenir un courant idéologique porteur d’une vision bien précise du monde et de la place suprémaciste  des États-Unis à la tête de ce monde.

Les européens ont eu beau tenté de se préparer au retour de la déferlante Trump, ils ne sont toujours pas à jour assure l’ancien diplomate, qui craint que l’Europe ne soit en train de risquer gros, par son manque de préparation.

Or depuis son retour à la Maison Blanche, Trump s’est d’emblée livré à une multitude de coups d’éclat, dont le dernier en date est sa décision de se retirer de nouveau de l’Accord de Paris sur le climat.

Auparavant il avait assuré qu’il est en mesure de régler le conflit ukrainien en 24 heures dans l’ignorance la plus totale des intérêts européens et des menaces que cela peut impliquer au niveau de la sécurité du continent.

Sans tenir compte de leurs capacités économiques, il a sommé les pays européens de consacrer cinq pour cent de leurs revenus au budget de la défense, tout en laissant planer un doute sur l’avenir de l’engagement américain dans le cadre de la sécurité européenne.

Il a réitéré  à souhait son attachement à une mondialisation débridée, privilégiant les marchés et les produits américains, sans écarter une hausse exorbitante des droits de douanes sur les exportations européennes vers les États-Unis.

Pour comble, le couple franco-allemand qui a pendant de longues années été le moteur qui fait évoluer l’Europe et met un peu d’ordre dans ses rangs est en panne.

- Arlette Khouri

Face à cela, souligne la source diplomatique, il faut une Europe homogène, et unifiée au sujet de l’attitude à adopter face au retour de Trump, mais cela est loin d’être le cas, puisque les rangs européens sont plus que jamais dispersés.

Pour comble, le couple franco-allemand qui a pendant de longues années été le moteur qui fait évoluer l’Europe et met un peu d’ordre dans ses rangs est en panne, pour des raisons inhérentes à la mauvaise conjoncture politique aussi bien à Paris qu’à Bonn.

Selon la même source l’Europe diverge et hésite, entre une approche d’apaisement et une approche robuste et défensive.

La présidente de la commission européenne, Ursula Von Der Leyen prône une approche latérale, qui consiste à proposer au président américain « des Deals » conçus de façon à donner à Trump l’impression d’être à son avantage.

La France, indique la source, cherche à dégager un minimum de dénominateurs communs entre les composantes européennes, et une approche commune à minima pour éviter à l’Europe, nombre de revers économiques et politiques dans les cinq années à venir.

Cela semble en tout cas  être l’objectif de la rencontre européenne informelle qui se tiendra à l’initiative de la France au Château Limont, le 3 février prochain, sans aucune garantie de succès, surtout que précise la source, certains pays d’Europe, dont l’Italie et la Pologne, courtisent Trump.

Par ailleurs, cette approche ne fait pas l’unanimité en France, où de nombreuses voix s’élèvent à la faveur d’une politique musclé face aux États-Unis, allant jusqu’à brandir le slogan « œil pour œil et dent pour dent », pour affronter l’agressivité Trumpiste.

La période est cruciale estime l’ancien diplomate, et à défaut d’unité et de préparation, les années à venir risquent d’être une sorte de « vallée de larmes », aussi bien pour l’Europe que pour le reste du monde, lorgné à travers le prisme abrupte et arbitraire du président américain.