WASHINGTON: Grand rituel annuel de la vie politique américaine, le discours sur l'état de l'Union du président prend cette année un relief particulier: Joe Biden cherchera jeudi, devant le Congrès, à faire décoller sa campagne contre Donald Trump.
"Je vous parlerai de nos progrès et de nos projets", a écrit le démocrate de 81 ans, candidat à un second mandat, à l'intention de ses compatriotes sur le réseau social X.
L'ancien président républicain de 77 ans, lui, a promis de "corriger" le discours en direct.
Les deux hommes, qui ont écrasé toute concurrence dans les primaires, sont assurés sauf surprise d'être investis cet été par leurs partis.
L'Amérique, que cette perspective rebute à en croire les enquêtes d'opinions, s'achemine donc vers un nouveau duel des deux hommes, déjà adversaires en 2020, lors de la présidentielle du 5 novembre.
«Mister Speaker»
A 21H00 heure locale (01H00 GMT vendredi) au Capitole de Washington, le responsable du protocole de la Chambre des représentants clamera la formule rituelle adressée au chef de cette institution: "Monsieur le Speaker, le président des Etats-Unis!" ("Mister Speaker, the president of the United States!)
Mais c'est en candidat que Joe Biden s'avancera entre les travées, et c'est un programme de campagne qu'il déroulera.
Face à des millions d'Américains, qui dans leur majorité l'estiment trop âgé pour se représenter voire pour gouverner, il devra prouver son endurance au fil d'une allocution qui, généralement, dure plus d'une heure.
Joe Biden, confronté à des sondages patibulaires, estime en avoir "fait plus en trois ans que la plupart des autres présidents en huit", en matière économique surtout.
La liste des invités de la Maison Blanche pour cette occasion solennelle annonce les thèmes qu'il abordera.
Survivant
Face à lui, Joe Biden estime être le meilleur rempart de la démocratie américaine.
Il lui faudra le prouver jeudi au Congrès, sur la forme autant, sinon plus, que sur le fond.
L'octogénaire, en bonne santé selon son médecin, montrera-t-il des signes de fatigue? Bafouillera-t-il? Répliquera-t-il avec le même aplomb si des élus trumpistes, comme l'an dernier, l'invectivent?
La Constitution américaine prévoit que le président informe "périodiquement" le Congrès sur "l'état de l'Union".
Le premier président George Washington s'était contenté d'une courte allocution de 1.000 mots - plus de 9.000 l'an dernier pour Joe Biden - et nombre de ses successeurs ont fait des rapports écrits.
Mais au fil du 20e siècle, le "State of the Union" s'est transformé en grand moment de théâtre politique, avec ses rituels incontournables, ainsi celui du "survivant désigné".
Il s'agit d'un membre du gouvernement qui reste à l'écart du Capitole, au cas où les plus hauts représentants des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, réunis pour écouter le discours présidentiel, devaient être décimés.