PARIS: L'Assemblée nationale a décidé mercredi d'adresser un signalement à la justice pour un "faux témoignage" potentiel de l'ex-journaliste de BFMTV Rachid M'Barki, qui avait contesté devant les députés avoir reçu de l'argent pour des brèves litigieuses diffusées à l'antenne.
En mars 2023, lors de son audition devant la commission d'enquête sur les ingérences étrangères, l'ancien présentateur de la chaîne avait assuré n'avoir jamais été rémunéré par le lobbyiste Jean-Pierre Duthion pour des brèves controversées sur les pays étrangers en 2021 et 2022.
M. Duthion avait lui aussi affirmé n'avoir "jamais payé, ni M. M'Barki, ni aucun autre" journaliste.
Depuis, Jean-Pierre Duthion, mis en examen à Paris dans l'enquête portant sur des soupçons d'ingérence étrangère dans la politique et l'actualité françaises, a reconnu avoir rémunéré l'ex-journaliste de BFMTV.
Mis en examen également, Rachid M'Barki avait lui-même avoué avoir perçu cet argent, lors de sa garde à vue en décembre, avait révélé Le Parisien: "Il m'est arrivé de recevoir des sommes d'argent (...) Oui, je reconnais les faits de corruption passive", avait-il déclaré. Une somme qu'il évalue entre "six et huit mille euros" en liquide.
Selon des sources parlementaires, le bureau de l'Assemblée, sa plus haute instance, a décidé de saisir la justice pour de "forts soupçons" de "faux témoignage" devant la commission d'enquête. Il avait été saisi par la rapporteure Renaissance Constance Le Grip.
Le président RN de la Commission Jean-Philippe Tanguy avait déjà annoncé un signalement réalisé de son côté.
L'enquête judiciaire avait débuté après une plainte de BFMTV et une enquête internationale mi-février 2023 du collectif de journalistes Forbidden Stories.
Elle pointait les activités d'une société israélienne, surnommée Team Jorge, spécialisée dans la désinformation au profit de différents clients, dont des Etats.
Dans le cas de Rachid M'Barki sur BFMTV, elle pointait des brèves relatives à des oligarques russes, au Qatar, Soudan, Cameroun, ou encore au Sahara occidental.
Outre MM. Duthion et M'Barki, l'information judiciaire s'intéresse a minima à deux autres hommes: le politologue spécialiste du Qatar Nabil Ennasri, mis en examen et placé en détention provisoire en octobre, ainsi que le député écologiste Hubert Julien-Laferrière, dont le bureau a été perquisitionné fin septembre.