WATTEN: Une fillette de sept ans s'est noyée dimanche, dans le nord de la France, alors qu'elle se trouvait sur une petite embarcation pour rejoindre l'Angleterre.
Ce drame, qui est survenu à Watten, dans un canal qui se jette dans la mer du Nord, survient quatre jours après une tentative de traversée de la Manche qui a fait un mort et deux disparus.
"Plusieurs gardes à vue sont en cours", a annoncé à l'AFP le parquet qui a ouvert une enquête pour "homicide involontaire", "blessures involontaires", "association de malfaiteurs" et "aide à l'entrée et au séjour irrégulier en bande organisée avec mise en danger d'autrui".
Seize migrants, dont dix enfants âgés de sept à 13 ans, étaient à bord de l'embarcation, selon le parquet. Celle-ci "n'était pas dimensionnée pour supporter autant de personnes", a affirmé la préfecture dans un communiqué.
Celle-ci a chaviré à une trentaine de kilomètres de la côte, "peu de temps après la montée de ces personnes", a-t-elle ajouté, en précisant à l'AFP que tous les passagers étaient tombés à l'eau.
Ce naufrage si éloigné des côtes pourrait s'expliquer par le fait que les migrants partent désormais de plus loin dans les terres, afin de contourner la surveillance des forces de l'ordre et cheminer vers les plages à l'abri des regards.
«Colère»
Alertés par un promeneur, gendarmes et pompiers se sont immédiatement rendus sur les lieux.
"Les pompiers sont très vite intervenus. Nous aussi on a fait le maximum. On a déclenché le plan communal de sauvegarde", a déclaré le maire Watten, Daniel Deschodt.
La fillette est décédée "sur place, des suites d'un arrêt cardio-respiratoire, les tentatives de réanimation par les secours" ayant été "vaines", a indiqué le parquet.
Les parents de la petite fille, qui se trouvaient à bord avec leurs trois autres enfants, ont été transportés à l'hôpital, tout comme cinq autres personnes, a précisé la préfecture.
A bord de cette petite embarcation, "vraisemblablement volée", selon elle, "se trouvaient également un couple, deux hommes et six jeunes enfants", dont les "jours ne sont pas en danger".
"Aujourd'hui, les politiques aux frontières ont tué, encore", a écrit l'Auberge des Migrants, une association d'aide aux migrants, sur le réseau social X (anciennement Twitter).
"La colère nous empêche d'avoir les mots", a réagi une autre association, Utopia 56.
Ce drame est le troisième ayant entraîné des décès en 2024 lors de tentatives de traversée de la Manche pour rejoindre l'Angleterre.
Douze morts en 2023
Mercredi, un Turc de 22 ans, tombé de son embarcation au large de Calais pour une raison encore indéterminée, est décédé et deux autres migrants sont portés disparus.
Un ressortissant érythréen a été inculpé et incarcéré samedi dans ce dossier. Né en 1996, il est poursuivi pour "homicide involontaire" et "aide à l'entrée au séjour irrégulier".
Dans la nuit du 13 au 14 janvier, cinq migrants, dont un adolescent syrien de 14 ans, étaient morts à Wimereux alors qu'ils tentaient de rejoindre une embarcation déjà en mer dans une eau autour de 9 degrés, pour gagner l'Angleterre.
Douze migrants ont perdu la vie en 2023 en tentant de traverser la Manche, selon la préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord.
En 2023, 29.437 migrants ont rejoint illégalement les côtes anglaises, contre 45.774 en 2022, année record, d'après des chiffres du ministère britannique de l'Intérieur.
Environ 20% étaient originaires d'Afghanistan. Venaient ensuite les Iraniens, les Turcs, les Érythréens et les Irakiens.
Un des réseaux de passeurs les "plus importants" organisant ces traversées a été démantelé le 21 février dans une vaste opération internationale.
Dix-neuf personnes ont été arrêtées en Allemagne dans ce coup de filet ayant impliqué les autorités françaises, belges et allemandes, coordonné par Europol et Eurojust.