PARIS: Les médecins étrangers à diplôme hors Union européenne (Padhue) exerçant dans les hôpitaux français seront-ils régularisés, comme annoncé par le président français en janvier 2024? Indispensables au fonctionnement des services médicaux, ces praticiens risquent de perdre leurs emplois en raison de l’expiration de leurs contrats précaires.
La désertification médicale est une réalité en France. Syndicats et chefs de service tirent la sonnette d’alarme, craignant, sans l’apport des médecins Padhue, l’effondrement du fonctionnement des services de santé publique. Selon eux, sans leur régularisation, l’hôpital serait en péril.
Pour pallier ce manque crucial de praticiens, les responsables des structures de santé ont eu recours, depuis de nombreuses années, au recrutement de médecins diplômés à l’étranger. Selon le Syndicat national Snpadhue et Action praticiens hôpital (APH), entre quatre mille et cinq mille praticiens Padhue ont joué un rôle majeur dans les hôpitaux pendant la période de la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19. Mal rémunérés (de 1 500 à 2 200 euros mensuels, contre 3 700 à 7 500 euros pour leurs confrères ayant un diplôme européen), ces praticiens occupent pourtant des postes en médecine et en spécialités médicales dans tous les domaines: urgentistes, gynécologues, psychiatres, ophtalmologues, cardiologues ou chirurgiens. Ils réclament désormais une «autorisation de plein exercice» dans les structures de santé françaises.
Les syndicats pour un statut pérenne et digne
Pour y parvenir, les syndicats appellent à un moratoire pour l’examen des dossiers en commission permettant l’octroi d’un statut pérenne, sans le passage obligé par le concours. «Ces praticiens, exerçant en France depuis de nombreuses années sous des statuts précaires et souvent sous-payés, ont rempli leurs missions de soin et se sont intégrés dans nos hôpitaux, nos villes, notre pays», précisent, le 19 janvier 2024, le Snpadhue et APH, lesquels plaident pour «l’obtention d’une reconnaissance de leurs compétences sous forme d’une validation dans leur spécialité d’exercice pour pouvoir être inscrits à l’Ordre et obtenir un statut pérenne».
«Ces praticiens, exerçant en France depuis de nombreuses années sous des statuts précaires et souvent sous-payés, ont rempli leurs missions de soin et se sont intégrés dans nos hôpitaux, nos villes, notre pays», précisent, le 19 janvier 2024, le Snpadhue et APH, lesquels plaident pour «l’obtention d’une reconnaissance de leurs compétences sous forme d’une validation dans leur spécialité d’exercice pour pouvoir être inscrits à l’Ordre et obtenir un statut pérenne»
Rappelons que le Snpadhue (certains statuts d’embauche sont arrivés à échéance au 31 décembre 2023) fait part de situations personnelles et professionnelles chaotiques. Pour ses membres, la perte du contrat de travail menace leur présence légale sur le territoire français. «Les collègues Padhue, leurs familles, les équipes hospitalières sont dans des situations effroyables. Un tel gâchis aurait dû être évité, car il brise des vies, des familles, des équipes et il prive dans certains cas des territoires de santé, pourtant en grande difficulté, de compétences reconnues par leurs pairs.»
Reconnaissance des compétences
Dans un entretien accordé à Arab News en français, Ahmed Laouedj, sénateur de la Seine-Saint-Denis, affirme que «le recours au recrutement des médecins à diplômes étrangers ne lui pose aucun problème». Il reconnaît que ces derniers «ont joué un rôle majeur durant la crise sanitaire», et il regrette que l’on «ne reconnaisse pas leurs formations et leurs compétences».
«Je trouve inadmissible que l’on prenne ces médecins comme des Kleenex qu’on utilise et dont on se débarrasse lorsqu’on en a plus besoin. Après des années de pratique, on leur signifie que leurs diplômes ne sont pas reconnus», révèle-t-il. Il rappelle que «le président de la république, Emmanuel Macron, et le Premier ministre, Gabriel Attal, se sont déclarés favorables à la régularisation de leurs situations, en reconnaissance de leur rôle crucial, bien sûr, et au regard de leur précarité administrative».
«Le gouvernement a décidé d’autoriser ces praticiens à exercer pendant les mois à venir en bénéficiant d’une attestation provisoire en attendant un nouveau passage pour les équivalences. Je ne trouve pas cela normal. Il ne faut pas avoir deux poids, deux mesures. Ce ne sont pas des médecins à moitié, ce sont des médecins à part entière.» Il précise qu’avec la loi sur l’immigration, promulguée le 26 janvier 2024, le Premier ministre a promis d’accorder des titres de séjour de façon pérenne à tous les médecins.
«J’espère que cette promesse sera tenue. Avec les déserts médicaux dans nos territoires, nous avons besoin de plus de médecins en France. Mais si nous le faisons, il faudra les accepter chez nous et leur donner les moyens de travailler dans de bonnes conditions, de les rémunérer en équivalence de leurs compétences dont le gouvernement a pris acte», conclut-il.