LONDRES : Un chimiquier sud-coréen a été arraisonné dans le détroit d'Ormuz par les forces iraniennes: c’est le dernier d'une série d'incidents maritimes qui soulève des tensions sur l'une des voies de navigation les plus importantes du monde.
Selon Dryad Global, société de surveillance et de conseil en matière de sécurité maritime, le navire sud-coréen Hankuk Chemi «s'est détourné de sa route vers le Nord dans les eaux territoriales iraniennes lors de son arrivée à Fujaïrah [dans les Émirats arabes unis], alors qu’il venait de [la ville saoudienne d’] Al-Jubail.»
Dryad Global déclare que le navire, dont l’équipage compte vingt-trois ressortissants indonésiens et birmans, «a été arraisonné par les forces iraniennes». L’information a ensuite été confirmée par les médias officiels iraniens.
Les relations entre Téhéran et Séoul, alliées des États-Unis, se sont détériorées ces dernières années, en partie en raison d'un différend sur l'argent du pétrole iranien qui aurait été gelé dans les banques sud-coréennes.
David Munro Anderson, l’un des associés de Dryad Global, précise à Arab News que cet incident maritime est représentatif de la stratégie régionale, prise au sens large, et de la politique étrangère iraniennes.
«Le navire a été arraisonné à cause de ce que l’Iran qualifie de “pollution par les hydrocarbures”, ce qui est complètement absurde», affirme-t-il. Il ajoute que l’immobilisation du navire est sans aucun doute liée au différend sur l’argent gelé du pétrole.
De tels incidents montrent «que l'Iran cherchera à tirer parti de toutes sortes d'actions imputables – comme non imputables – à ceux qu'il perçoit comme travaillant contre ses intérêts», prévient-il.
Anderson ajoute que, d’une manière générale, la sécurité des transports maritimes dans la région n’est pas en régression, mais que les navires et les marins des États impliqués dans des différends avec l’Iran courent le risque accru d’être ciblés dans le cadre de la stratégie de Téhéran dans le golfe Arabique.
L’arraisonnement de navires «est une stratégie classique de l'Iran et du CGRI [Corps des gardiens de la révolution islamique], qui montre que l'Iran a la capacité et l'intention d'exercer son influence dans la région pour atteindre ses objectifs plus larges de politique étrangère», précise-t-il.
Anderson ajoute que cet incident était le dernier d'une série d'actions imputables à l'Iran. Parmi elles, rappelons la récente découverte de mines magnétiques sur deux navires dans le golfe Arabique et au large des côtes de l'Irak. Les Iraniens «ont montré que c'est ainsi qu'ils opéraient», explique-t-il.
«L'Iran continuera à utiliser sans scrupules toutes sortes de moyens peu conventionnels pour faire avancer son programme de politique étrangère», le golfe Arabique «étant un espace naturel pour le faire», conclut-il.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com