En Suède, le salaire minimum, épée de Damoclès pour les migrants

Dans un pays où les salaires sont négociés secteur par secteur et régulés par des conventions collectives négociées entre le patronat et les syndicats, cet interventionnisme fait hausser les sourcils. (AFP)
Dans un pays où les salaires sont négociés secteur par secteur et régulés par des conventions collectives négociées entre le patronat et les syndicats, cet interventionnisme fait hausser les sourcils. (AFP)
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Publié le Jeudi 22 février 2024

En Suède, le salaire minimum, épée de Damoclès pour les migrants

  • Le gouvernement suédois affiche depuis son arrivée en 2022 sa volonté de réduire drastiquement l'immigration légale, notamment peu qualifiée
  • «Nous voulons changer la nature de la main-d'oeuvre immigrée (...) et nous concentrer sur la main-d'oeuvre» diplômée, explique la ministre des Migrations

STOCKHOLM: Iryna Halubouskaya, Bélarusse de 41 ans, époussette les meubles d'un appartement situé dans un quartier bobo de Stockholm, un compteur en tête: faute d'atteindre le salaire mensuel exigé, elle risque l'expulsion.

Arrivée il y a six ans grâce à un visa de travail, elle devait à l'époque justifier d'un salaire minimal de 13 000 couronnes (1 150 euros) par mois pour pouvoir rester en Suède.

Depuis le 1er novembre, le salaire mensuel requis pour les étrangers hors espace Schengen ou Union européenne pour obtenir un tel visa a été doublé à 27 360 couronnes, soit 80% du salaire médian.

Payée à l'heure, Iryna a vu son rythme de travail considérablement augmenter. "Je pense tout le temps à mon salaire", raconte-t-elle à l'AFP.

Le gouvernement suédois, soutenu par le parti d'extrême droite des Démocrates de Suède, affiche depuis son arrivée en 2022 sa volonté de réduire drastiquement l'immigration légale, notamment peu qualifiée.

"Nous voulons changer la nature de la main-d'oeuvre immigrée (...) et nous concentrer sur la main-d'oeuvre" diplômée, explique à l'AFP la ministre des Migrations Maria Malmer Stenergard, du parti des Modérés.

Elle se dit "convaincue qu'il y a des personnes en Suède qui devraient être capables d'occuper" les emplois faiblement rémunérés, que ce soit des citoyens suédois ou des personnes d'origine étrangère arrivées dans le pays en tant que réfugiés ou demandeurs d'asile. D'autant que le chômage est à un niveau très élevé, souligne-t-elle: 8,1% en janvier, selon l'agence des statistiques SCB.

Mi-février, le gouvernement a dit vouloir placer la barre encore plus haut, à 100% du salaire médian, soit 34 200 couronnes.

Effet symbolique

Jennyfer Aydogdyeva, la patronne d'Iryna, est à la tête d'une entreprise de ménage d'une trentaine d'employées, Städfen AB. Six d'entre elles sont concernées par la nouvelle loi et risquent l'expulsion.

Alors pour que "ses filles", la plupart mères, puissent rester en Suède, elle leur trouve davantage de missions.

"Je ne pensais pas qu'ils allaient plus que doubler le critère de revenus du jour au lendemain, je ne pensais pas qu'on pouvait faire ça contre un être humain qui vit ici", lâche-t-elle.

Les deux secteurs les plus affectés sont la restauration et le nettoyage.

Selon des données de l'Agence des migrations au 1er novembre 2023, 14.991 visas de travail octroyés sur 63.477 n'atteignent pas le seuil salarial actuellement en vigueur, dans un pays d'environ 10,4 millions d'habitants.

L'impact sur le marché de l'emploi risque donc d'être symbolique.

Vladan Lausevic, membre de l'association Work Permit Holders dénonce ce qu'il considère comme une loi discriminatoire.

"Les partis de centre-droit en Europe autrefois favorables aux migrations de travail disent désormais aux électeurs : +nous contrôlons et empêchons l'arrivée de plus de gens en Suède+", note-t-il.

Pénurie d'infirmières

Il est trop tôt pour dire si cette loi aura les effets économiques escomptés, estime pour sa part Andrea Spehar, directrice du Centre on Global Migration à l'université de Göteborg.

"Si on compare la Suède à d'autres pays, la migration des travailleurs y est assez faible", explique-t-elle. "C'est avant tout une réforme qui vise les personnes d'origine étrangère" déjà présentes dans le pays.

Pour Mme Spehar, le gouvernement veut inciter les employeurs à recruter ces personnes plutôt que des ressortissants de pays tiers qui leur coûteraient moins cher.

Pour la Fédération nationale des collectivités territoriales (SKR), la réforme ne prend pas en compte les difficultés de recrutement dans le domaine de la santé et de la vieillesse.

Plusieurs communes, majoritairement dans le nord du pays, ont du mal à trouver "suffisamment d'infirmières, d'aides-soignantes et autre personnel", souligne un responsable de SKR Anders Barane, et se sont jusqu'à présent reposées sur une main-d'oeuvre étrangère.

Dans un pays où les salaires sont négociés secteur par secteur et régulés par des conventions collectives négociées entre le patronat et les syndicats, cet interventionnisme fait hausser les sourcils.

Certains employeurs ont augmenté les salaires de leurs employés étrangers pour leur permettre de rester en Suède.

"Ce n'est pas la bonne voie", estime M. Barane qui craint une "spirale" qui pousserait le salaire médian à la hausse, rendant encore plus difficile l'arrivée de main-d'oeuvre étrangère dans le pays, pourtant nécessaire, selon lui, pour pourvoir ces emplois.


Évolution du financement des banques saoudiennes face à la hausse de la demande de prêts hypothécaires, selon S&P Global

Le financement hypothécaire représentait 23,5 % du total des crédits alloués par les banques saoudiennes à la fin de 2023, contre 12,8 % en 2019. (AFP)
Le financement hypothécaire représentait 23,5 % du total des crédits alloués par les banques saoudiennes à la fin de 2023, contre 12,8 % en 2019. (AFP)
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  • l'agence de notation a déclaré que les profils de financement des institutions financières du Royaume devraient subir des changements, principalement en raison d'une initiative soutenue par l'État pour stimuler l'accession à la propriété
  • Les besoins de financement continus de l'initiative économique Vision 2030 et la croissance relativement faible des dépôts, sont susceptibles d'inciter les banques à rechercher d'autres sources de financement

RIYAD : Les banques saoudiennes devraient poursuivre des stratégies alternatives de financement pour faire face à l'expansion rapide des prêts, alimentée par la demande de nouveaux prêts hypothécaires, selon S&P Global.

Dans son dernier rapport, l'agence de notation a déclaré que les profils de financement des institutions financières du Royaume devraient subir des changements, principalement en raison d'une initiative soutenue par l'État pour stimuler l'accession à la propriété.

Selon l'analyse, le financement hypothécaire représentera 23,5 % de l'allocation totale de crédit des banques saoudiennes à la fin de 2023, contre 12,8 % en 2019.

« Les besoins de financement continus de l'initiative économique Vision 2030 et la croissance relativement faible des dépôts, sont susceptibles d'inciter les banques à rechercher d'autres sources de financement, y compris l’externe », a déclaré S&P Global. 

Le rapport prévoit également que cette recherche de financement externe pourrait potentiellement avoir un impact sur la qualité de crédit du secteur bancaire saoudien.

Selon l'agence de notation basée aux États-Unis, la croissance des prêts parmi les banques saoudiennes a dépassé celle des dépôts, avec un ratio prêts/dépôts supérieur à 100 % en 2022, contre 86 % à la fin de 2019.

S&P Global s'attend à ce que cette tendance persiste, en particulier avec les prêts aux entreprises jouant un rôle plus important dans la croissance au cours des prochaines années. « Nous considérons que les banques saoudiennes se tourneront probablement vers des stratégies de financement alternatives pour soutenir cette expansion », indique le rapport. 


Espagne: la maison mère de Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier se lance en Bourse

 Les marques Nina Ricci, Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier font vendredi leur entrée sur les marchés financiers avec l'introduction en Bourse à Madrid de leur maison mère, le groupe espagnol Puig, en pleine expansion dans le secteur du luxe. (AFP).
Les marques Nina Ricci, Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier font vendredi leur entrée sur les marchés financiers avec l'introduction en Bourse à Madrid de leur maison mère, le groupe espagnol Puig, en pleine expansion dans le secteur du luxe. (AFP).
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  • Cent dix ans après sa création, la maison de beauté catalane va connaître une petite révolution avec cette opération, censée lui donner les moyens de concurrencer les grands noms du secteur
  • C'est "une étape décisive" qui "nous permettra d'être plus compétitifs sur le marché international de la beauté", soulignait dans un récent communiqué le PDG de l'entreprise, Marc Puig

MADRID: Les marques Nina Ricci, Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier font vendredi leur entrée sur les marchés financiers avec l'introduction en Bourse à Madrid de leur maison mère, le groupe espagnol Puig, en pleine expansion dans le secteur du luxe.

Cent dix ans après sa création, la maison de beauté catalane va connaître une petite révolution avec cette opération, censée lui donner les moyens de concurrencer les grands noms du secteur comme Estée Lauder, Hermès, Kering et LVMH.

C'est "une étape décisive" qui "nous permettra d'être plus compétitifs sur le marché international de la beauté", soulignait dans un récent communiqué le PDG de l'entreprise, Marc Puig, en assurant viser une "approche de long terme".

Fondé en 1914 à Barcelone par l'entrepreneur Antonio Puig Castellò, le groupe de parfums et cosmétiques espagnol s'est fait une place ces dernières années parmi les géants du luxe et de la mode, en multipliant les acquisitions de marques de prestige.

La maison catalane contrôle ainsi les griffes Paco Rabanne, Nina Ricci, Charlotte Tilbury, Carolina Herrera, Dries Van Noten et Jean Paul Gaultier. Il a également noué des contrats de licence avec Prada, Christian Louboutin et Comme des Garçons.

Contrôle familial

L'introduction en Bourse de Puig se fera vendredi au prix de 24,50 euros par action. Elle est présentée par les analystes comme le plus gros lancement boursier de l'année en Espagne et comme l'un des principaux en Europe.

Le montant fixé pour l'action Puig valorise le groupe barcelonais à près de 14 milliards d'euros. Cela lui permettra d'intégrer directement l'Ibex 35, indice vedette regroupant les 35 plus grosses entreprises espagnoles.

Cette opération d'envergure se déclinera en deux phases: une émission de nouvelles actions, devant rapporter 1,25 milliard d'euros, et la vente de parts détenues par Exea, la holding de la famille Puig, pour près de 1,36 milliard d'euros.

Cette double opération pourrait être complétée par une vente de titres réservée à certains investisseurs pour un total de 390 millions d'euros, selon le groupe. De quoi lever au total quelque 3 milliards d'euros.

Malgré cette opération, la famille Puig assure qu'elle restera l'actionnaire majoritaire de l'entreprise avec 71,7% des parts. Elle conservera, en outre, une très large majorité des droits de vote (92,5%) au sein de son conseil d'administration.

« Muscle financier »

L'introduction en Bourse du groupe catalan avait été officialisée le 8 avril, après avoir été évoquée pour la première fois le 20 octobre par Marc Puig en personne dans un entretien au quotidien économique Financial Times.

Le PDG de 62 ans avait alors estimé qu'elle permettrait d'imposer une "discipline" de marché à l'entreprise et d'éviter les possibles "difficultés" auxquelles les sociétés familiales sont confrontées lors du passage de témoin entre générations.

Il arrive, en effet, "que les entreprises familiales perdent leur position sur le marché. Elles peuvent commencer à mourir lentement et personne au sein de l'entreprise n'en est conscient", avait insisté le petit-fils d'Antonio Puig, à la tête du groupe depuis 2004.

Selon Javier Cabrera, analyste chez XTB, ce lancement boursier devrait permettre à la maison de beauté catalane d'acquérir du "muscle financier", en profitant de la "bonne dynamique boursière du secteur".

De fait, le contexte est actuellement porteur pour le luxe, dont les poids lourds ont enregistré des niveaux de ventes record en 2023, malgré un léger ralentissement après deux années de croissance à deux chiffres.

Puig a, pour sa part, réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 4,3 milliards d'euros et dégagé un bénéfice net de 465 millions d'euros, en hausse de 16% sur un an. Et cette dynamique pourrait s'accélérer.

Les acquisitions réalisées ces dernières années permettent "une forte croissance" et une "diversification des revenus" du groupe, observe Javier Cabrera, qui insiste sur ses bons résultats en Chine, marché devenu incontournable pour le secteur du luxe.


Liban: l'Union européenne annonce une aide d'un milliard d'euros pour soutenir l'économie

Le Premier ministre libanais Najib Mikati (au centre) pose pour une photo avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président chypriote Nikos Christodoulides lors de leur rencontre au siège du gouvernement du Grand Sérail à Beyrouth (Photo, AFP).
Le Premier ministre libanais Najib Mikati (au centre) pose pour une photo avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président chypriote Nikos Christodoulides lors de leur rencontre au siège du gouvernement du Grand Sérail à Beyrouth (Photo, AFP).
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  • Le président chypriote s'était déjà rendu au Liban le 8 avril pour discuter avec M. Mikati de la question des réfugiés
  • Le Liban, frappé par une crise économique depuis 2019 dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens

BEYROUTH: La cheffe de la Commission européenne a annoncé jeudi à Beyrouth une aide d'un milliard d'euros pour soutenir la "stabilité socio-économique" du Liban et appelé ce pays à bien coopérer dans la lutte contre l'immigration clandestine.

Les fonds seront "disponibles à partir de cette année jusqu’en 2027. Nous voulons contribuer à la stabilité socio-économique du Liban", a déclaré Ursula von der Leyen, ajoutant "compter sur une bonne coopération" des autorités libanaises dans la lutte contre l'immigration clandestine vers l'Europe.

Le Liban, frappé par une crise économique depuis 2019 dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens, soit le plus grand ratio par habitant au monde.

Le petit pays méditerranéen, frontalier de la Syrie, n'a de cesse d'exhorter la communauté internationale de les rapatrier, les armes s'étant tues dans plusieurs régions syriennes.

Les migrants, demandeurs d'asile et réfugiés qui quittent le Liban par bateau à la recherche d'une vie meilleure en Europe se dirigent souvent vers Chypre qui affirme être en première ligne face aux flux migratoires au sein de l'UE.

"La réalité actuelle de cette question est devenue plus grande que la capacité du Liban à la traiter", a déclaré le Premier ministre libanais Najib Mikati, lors d'une conférence de presse en présence de Mme. von der Leyen et du président chypriote Nikos Christodoulides.

Augmentation des ressortissants syriens à Chypre 

"Nous renouvelons notre demande à l'UE, (...) d’aider les personnes déplacées dans leur pays (d'origine et non au Liban), pour les encourager à rentrer volontairement", a-t-il poursuivi.

De son côté, Chypre, qui fait état d'une augmentation des arrivées de ressortissants syriens, estime que la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, qui a déclenché des violences à la frontière israélo-libanaise, a affaibli les efforts de Beyrouth pour empêcher les départs.

De janvier à avril 2024, plus de 40 bateaux transportant environ 2.500 personnes ont accosté à Chypre, a indiqué à l'AFP l'agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

Chypre avait conclu il y a des années avec le Liban un accord pour le retour de migrants en situation irrégulière.

Le président chypriote s'était déjà rendu au Liban le 8 avril pour discuter avec M. Mikati de la question des réfugiés et de la manière de contrôler le flux migratoire vers son pays.