Des milliers d'Irakiens conspuent l'Amérique, un an après la mort de Soleimani

Une femme irakienne porte un portrait du défunt commandant irakien Abu Mahdi al-Muhandis et du commandant iranien Qasem Soleimani à l'aéroport de Bagdad, à Bagdad, le 2 janvier 2021, sur le site de leur meurtre. (AFP)
Une femme irakienne porte un portrait du défunt commandant irakien Abu Mahdi al-Muhandis et du commandant iranien Qasem Soleimani à l'aéroport de Bagdad, à Bagdad, le 2 janvier 2021, sur le site de leur meurtre. (AFP)
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Publié le Dimanche 03 janvier 2021

Des milliers d'Irakiens conspuent l'Amérique, un an après la mort de Soleimani

  • Des milliers d'Irakiens ont conspué dans la nuit de samedi à dimanche les États-Unis à Bagdad, à l'endroit même où le général iranien Qassem Soleimani et son lieutenant irakien ont été tués
  • Les États-Unis et la République islamique d'Iran sont à couteaux tirés et les fortes tensions entre les deux pays ennemis font craindre un conflit ouvert sur le sol irakien

BAGHDAD : Des milliers d'Irakiens ont conspué dans la nuit de samedi à dimanche les États-Unis à Bagdad, à l'endroit même où le général iranien Qassem Soleimani et son lieutenant irakien ont été tués dans une attaque américaine il y a un an.

À la lueur de bougies, femmes hommes et enfants, tous vêtus de noir, ont salué à l'aéroport international de Bagdad leurs « martyrs » et conspué le « Grand Satan », en référence aux États-Unis, avant une autre manifestation anti-américaine prévue plus tard dimanche place Tahrir dans le centre de Bagdad.

Puissances agissantes en Irak, les États-Unis et la République islamique d'Iran sont à couteaux tirés et les fortes tensions entre les deux pays ennemis font craindre un conflit ouvert sur le sol irakien.

Le 3 janvier 2020 et sur ordre du président Donald Trump, une attaque au drone a pulvérisé les deux véhicules où se trouvaient Qassem Soleimani, l'architecte de la stratégie iranienne au Moyen-Orient, et Abou Mehdi al-Mouhandis, le commandant du Hachd al-Chaabi, une coalition rassemblant des dizaines de milliers de paramilitaires pro-Iran en Irak.

« Nous disons à l'Amérique et aux ennemis de l'islam (...) que nous continuerons à résister malgré le sang versé », a dit à l'AFP Batoul Najjar, une partisane du Hachd al-Chaabi, la coalition désormais intégrée aux forces de sécurité irakiennes.

« Attention au piège »

« Abou Mehdi al-Mouhandis, nous allons sortir par millions pour brandir ton portrait sur Tahrir », a lancé Ahmed Assadi, un leader du bloc parlementaire du Hachd.

Plus tard dimanche et à l'appel du Hachd al-Chaabi, les Irakiens doivent converger place Tahrir pour dénoncer « l'occupant américain ».

Depuis samedi, du haut du « restaurant turc », immense bâtiment à l'abandon, un poster géant de Qassem Soleimani et d'Abou Mehdi al-Mouhandis surplombe cette place emblématique.

Déployée par le Hachd al-Chaabi, cette affiche, c'est tout un symbole. Durant des mois en 2019, par dizaines de milliers, les Irakiens ont conspué depuis le « restaurant turc » et Tahrir le pouvoir irakien et son « parrain » iranien. Dans certaines manifestations de la « révolution d'octobre », des portraits de Soleimani ont même été piétinés.

Dans ce contexte de fortes tensions, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a tweeté qu'en Irak, « des agents provocateurs israéliens préparent des attaques contre des Américains » pour placer « Trump dans une impasse avec un casus belli fabriqué ».

Téhéran a d'ailleurs accusé M. Trump de chercher à fabriquer « un prétexte » pour lancer « une guerre » avant son départ après un mandat de « pression maximale » contre Téhéran.

« Attention au piège », a lancé M. Zarif, « tout feu d'artifice connaîtra un sérieux retour de flamme, notamment contre votre meilleur ami (Israël, NDLR) ».

Baroud d'honneur de Trump?

Depuis le 3 janvier 2020, la réponse de M. Trump est la même. Evoquant « des spéculations sur de nouvelles attaques contre des Américains en Irak », il a prévenu: « si un Américain est tué, je tiendrai l'Iran pour responsable ».

Il y a un an exactement, les positions arc-boutées de Washington et de Téhéran avaient fait redouter au monde que leurs tensions explosent en conflit ouvert en Irak.

L'Iran avait riposté à l'assassinat de Soleimani en tirant des missiles sur des bases irakiennes abritant des soldats américains. Et il a averti que les auteurs de l'assassinat de son général ne seraient « nulle part en sécurité ».

En 2021, le danger semble plus grand encore, selon les experts.

Les chefs du Hachd ne cessent de sous-entendre que le Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi, arrivé dans la foulée de la révolte travaille avec les manifestants anti-pouvoir, pour les États-Unis.

M. Kazimi a fait le choix de la diplomatie des petits pas avec les pro-Iran. Parce qu'il est incapable de gagner si une confrontation s'imposait, assurent les experts.

Les Irakiens attendent anxieusement les semaines à venir alors que Washington et Téhéran se sont trouvés au bord de la guerre ces derniers 18 mois, surtout après l'élimination de Soleimani. Sans oublier les tensions dans le Golfe et celles liées à l'accord international sur le nucléaire iranien dénoncé unilatéralement par M. Trump.

D'un côté, les groupes irakiens pro-Iran ont repris leurs attaques à la roquette contre des intérêts américains en Irak.

De l'autre, le spectre d'un possible baroud d'honneur de M. Trump, avant que Joe Biden ne lui succède le 20 janvier, plane toujours.


Pour l'Iran, le mandat d'arrêt de la CPI contre Netanyahu signifie «la mort politique» d'Israël

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  • Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue"
  • Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant

TEHERAN: Le chef des Gardiens de la Révolution iraniens a estimé vendredi que les mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) à l'encontre du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et son ancien ministre de la Défense signifiaient la "mort politique" d'Israël.

"Cela signifie la fin et la mort politique du régime sioniste, un régime qui vit aujourd'hui dans un isolement politique absolu dans le monde et dont les responsables ne peuvent plus se rendre dans d'autres pays", a déclaré le général Hossein Salami, chef des Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique, dans un discours diffusé par la télévision d'Etat.

Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue" et de "grande victoire pour les mouvements de résistance palestinien et libanais", respectivement le Hamas et le Hezbollah, tous deux soutenus par la République islamique.

Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024".

La CPI a aussi émis un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas, pour les mêmes chefs, "sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", jour de l'attaque sans précédent du Hamas en Israel, qui a déclenché la guerre en cours dans la bande de Gaza.

L'Iran fait du soutien à la cause palestinienne un des piliers de sa politique étrangère depuis l'instauration de la République islamique en 1979, et ne reconnaît pas l'Etat d'Israël.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de M. Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

 


L'aviation israélienne pilonne la banlieue sud de Beyrouth, 22 morts dans l'est du Liban

Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
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  • L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités
  • L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah

BEYROUTH: L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités, le Hezbollah revendiquant sa frappe la plus profonde en Israël depuis plus d'un an d'hostilités.

L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah.

Les raids ont été précédés par des appels de l'armée israélienne à évacuer certains quartiers.

Les images de l'AFPTV montraient d'épaisses colonnes de fumée sur la banlieue sud de la capitale libanaise, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes quotidiennes qui la visent depuis fin septembre.

Les frappes, qui s'étaient arrêtées mardi, ont repris au lendemain du départ de l'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente d'arracher un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

Après Beyrouth, il devait rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Des frappes israéliennes ont également visé jeudi l'est et le sud du Liban, bastions du Hezbollah, selon l'ANI.

Les frappes de "l'ennemi israélien" sur cinq zones de la région de Baalbeck (est) ont coûté le vie à 22 personnes, a indiqué le ministère de la Santé.

L'ANI a précisé qu'une frappe sur le village de Makneh dans cette région avait entraîné la mort d'au moins quatre membres d'une même famille.

La coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert s'est rendue sur le site de Baalbeck, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, qui a annoncé lundi placer sous "protection renforcée provisoire" 34 sites culturels au Liban menacés par les bombardements israéliens, et octroyer une assistance financière d'urgence pour sauver le patrimoine de ce pays.

- Khiam -

Pour sa part, la formation islamiste a annoncé jeudi avoir lancé des missiles sur une base aérienne près de la ville d'Ashdod, dans sa première attaque contre le sud d'Israël.

Dans un communiqué, le Hezbollah a précisé que cette base à l'est d'Ashdod se trouvait "à 150 km de la frontière" israélo-libanaise.

C'est la première fois que le Hezbollah annonce viser un objectif aussi éloigné de la frontière depuis plus d'un an d'affrontements.

La formation pro-iranienne a également revendiqué des tirs contre le nord d'Israël, où les secours ont annoncé qu'un homme était mort après avoir été blessé à la suite de tirs de projectiles en Galilée.

Dans le sud du Liban frontalier d'Israël, le Hezbollah a fait état dans neuf communiqués distincts d'attaques menées par le mouvement contre des soldats israéliens dans et autour du village de Khiam.

Les médias officiels libanais ont affirmé que l'armée israélienne dynamitait des maisons et bâtiments dans cette localité proche de la frontière israélienne.

Les violences entre Israël et le Hezbollah, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.583 morts depuis octobre 2023 au Liban.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
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  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.