Gaza: Les espoirs d’une génération compromis par la destruction des établissements scolaires

Des universitaires mettent en garde contre la destruction des écoles et autres établissements d'enseignement de Gaza par l'armée israélienne, qui pourrait aboutir à la création d'une génération perdue (Photos, AFP).
Des universitaires mettent en garde contre la destruction des écoles et autres établissements d'enseignement de Gaza par l'armée israélienne, qui pourrait aboutir à la création d'une génération perdue (Photos, AFP).
Tarek al-Anabi, un Palestinien de 25 ans, rassemble des enfants déplacés à l'école Taha Hussein entre Israël et les militants palestiniens du Hamas (AFP).
Tarek al-Anabi, un Palestinien de 25 ans, rassemble des enfants déplacés à l'école Taha Hussein entre Israël et les militants palestiniens du Hamas (AFP).
Des universitaires mettent en garde contre la destruction des écoles et autres établissements d'enseignement de Gaza par l'armée israélienne, qui pourrait aboutir à la création d'une génération perdue (Photos, AFP).
Des universitaires mettent en garde contre la destruction des écoles et autres établissements d'enseignement de Gaza par l'armée israélienne, qui pourrait aboutir à la création d'une génération perdue (Photos, AFP).
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Publié le Jeudi 08 février 2024

Gaza: Les espoirs d’une génération compromis par la destruction des établissements scolaires

  • Des universitaires affirment que la «destruction massive» du système éducatif de Gaza rend le territoire palestinien inhabitable
  • Israël insiste sur le fait que ses forces n'ont bombardé les écoles et les universités que parce que le Hamas les utilisait comme camps d'entraînement

LONDRES: Les enfants et les jeunes qui survivent à la campagne militaire israélienne à Gaza ont peu de chances de recevoir une éducation appropriée, car la destruction de l'enclave palestinienne réduit ses écoles, ses collèges et ses universités à l'état de ruines.

Al-Israa était la dernière des quatre universités de Gaza encore debout après plus de trois mois de bombardements. Cependant, à la mi-janvier, l'armée israélienne, qui avait campé dans son enceinte, l'a fait sauter.

Des images partagées sur les réseaux sociaux par Nicola Perugini, professeur agrégé à l'université d'Édimbourg, montrent le moment où le bâtiment s'est effondré, après avoir été apparemment piégé avec des explosifs. En réaction, Nicola Perugini a appelé à un «boycott académique complet» d'Israël.

Il n'est pas le seul. Le centre britannique d'études et de recherche sur le Moyen-Orient a également dénoncé la «destruction massive» du système éducatif de Gaza et a exhorté les universités britanniques à soutenir davantage les éducateurs et les institutions du territoire palestinien.

Un courriel de la British Society for Middle Eastern Studies (BRISMES) envoyé aux recteurs britanniques indique qu’«Israël a systématiquement détruit toutes les universités de Gaza». Des images diffusées par la BBC montrent Al-Israa complètement détruite. Cet acte de destruction gratuite fait suite à des attaques répétées depuis le début de la guerre».

Le courriel demandait ensuite aux institutions britanniques de «s'engager à mettre en place des stages et des bourses» pour les étudiants palestiniens, d'améliorer les stages pour les universitaires palestiniens et de proposer une coopération interinstitutionnelle.

Notant avec «regret» que de telles offres n’étaient pas actuellement en place, la BRISMES a dénoncé ce qu’elle a qualifié de «deux poids deux mesures claires lorsqu’il a été mis en opposition aux réponses à l’attaque de la Russie contre l’Ukraine», appelant au même niveau de soutien pour les Gazaouis.

«Quatre mois après l'invasion russe, 71 partenariats avaient été mis en place avec des universités ukrainiennes et les universités britanniques s'étaient manifestées en masse pour soutenir leurs homologues ukrainiennes, avec l'appui d'initiatives et de financements du gouvernement britannique», a ajouté le courrier.

Il est certain que la perte d'Al-Israa met en évidence les répercussions multigénérationnelles que cette guerre aura sur ceux qui y survivront. Nombreux sont ceux qui partagent aujourd'hui l'avis de la BRISMES selon lequel ces pertes sont en fait un objectif clé du gouvernement israélien.

Des Palestiniens passent devant le bâtiment endommagé de l'une des facultés de l'université Al-Azhar à Gaza, le 26 novembre 2023, au troisième jour de la trêve entre Israël et le Hamas (Photo, AFP).
Des Palestiniens passent devant le bâtiment endommagé de l'une des facultés de l'université Al-Azhar à Gaza, le 26 novembre 2023, au troisième jour de la trêve entre Israël et le Hamas (Photo, AFP).

L'université de Bir Zeit, un institut palestinien basé en Cisjordanie, a condamné la destruction d'Al-Israa comme une nouvelle «partie de l'assaut de l'occupation israélienne contre les Palestiniens... dont le but est de rendre Gaza inhabitable; une continuation du génocide».

Samia al-Botmeh, professeure agrégée d'économie à Bir Zeit, a déclaré au magazine Times Higher Education que la destruction délibérée de grands bâtiments publics, notamment d'universités, nécessitait une planification importante, soulignant qu'elle ne pouvait avoir été effectuée que dans le cadre d'un plan intentionnel visant à rendre la bande de Gaza «inhabitable».

Elle a indiqué: «La destruction du secteur de l'éducation fait partie de cette stratégie globale de destruction de tous les aspects du service à Gaza qui rendent la vie possible.»

Neve Gordon, professeur de droit des droits de l'homme à l'université Queen Mary, l'a même qualifiée d'«éducide».

Israël a cherché à défendre ses bombardements d'instituts d'enseignement en affirmant que ces bâtiments étaient utilisés par le Hamas comme camps d'entraînement. Gordon a signalé au Times Higher Education qu'il faudrait «dix à vingt ans pour se remettre des dégâts causés».

Les infrastructures ne sont pas les seules à avoir été attaquées. L'Observatoire Euro-Med des droits de l'homme a enregistré l'assassinat de 94 universitaires par l'armée israélienne au cours de cette guerre, dont 17 étaient titulaires d'une chaire et 58 d'un doctorat.

Euro-Med, basée à Genève, a déclaré: «L'armée israélienne a pris pour cible des personnalités universitaires, scientifiques et intellectuelles de la bande de Gaza en menant des raids aériens délibérés et spécifiques sur leurs maisons, sans préavis.

«Les personnes visées ont été écrasées sous les décombres, ainsi que les membres de leurs familles et d'autres familles déplacées. Les données initiales indiquent qu'il n'y a pas de justification ou de raison claire derrière le ciblage de ces personnes», a-t-il précisé.

D'autres se sont montrés moins convaincus par les affirmations concernant le ciblage délibéré de l'éducation, notamment Yossi Mekelberg, membre associé du programme pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Chatham House, et critique virulent de la guerre d'Israël contre Gaza.

Mekelberg a indiqué que si la destruction des écoles et des universités de Gaza faisait «bien sûr» partie de la stratégie globale à Gaza, il n'était pas convaincu que la prévention de l'éducation dans la bande de Gaza soit une priorité pour l'armée israélienne à l'heure actuelle.

Soulignant qu'il ne s'agissait en aucun cas de justifier ce comportement, il a déclaré à Arab News que le plan de guerre israélien consistait à traiter «l'ensemble de la bande de Gaza comme un dommage collatéral, et malheureusement l'éducation en souffre également».

Des enfants palestiniens déplacés assistent à un cours de Coran à l'école Bear al-Saba à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 24 janvier 2024, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas (Photo, AFP).
Des enfants palestiniens déplacés assistent à un cours de Coran à l'école Bear al-Saba à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 24 janvier 2024, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas (Photo, AFP).

De même, Julia Roknifard, professeure agrégée à l'école de politique, d'histoire et de relations internationales de l'université de Nottingham, a déclaré qu'elle n'avait pas encore vu de témoignages «explicites ou implicites» indiquant que c'était effectivement ce qui était prévu.

«À tout le moins, cela s'inscrit dans l'approche générale de la droite», a-t-elle révélé à Arab News. «En d'autres termes, il ne s'agit pas d'armer spécifiquement l'éducation, mais de détruire toutes les infrastructures. Il est difficile d'isoler l'éducation dans ces circonstances, alors que tout le reste est également sujet à destruction.»

Alors que le système universitaire de Gaza est en ruine, ses écoles ne s'en sortent guère mieux. Les chiffres du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies indiquent qu'au 4 février, quelque 78% des écoles – soit 386 établissements – avaient subi des dommages, dont 138 des dommages importants.

Phillippe Lazzarini, commissaire général de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa), a prévenu que l'étendue des dégâts entraînerait la perte d'une «génération» de jeunes Gazaouis.

S'adressant à la BBC après la diffusion d'images montrant des troupes de l'armée israélienne célébrant la destruction d'une école gérée par les Nations unies dans le nord de Gaza, Lazzarini a déclaré: «Il y a aujourd'hui plus d'un demi-million d'enfants dans le système scolaire primaire et secondaire. Comment retourneront-ils si vous ne pouvez pas ramener les gens dans leurs maisons qui ont été complètement détruites? Et je crains que nous ne courions le risque de perdre une génération d'enfants.»

Des critiques ont accusé le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahou de réduire délibérément les écoles de Gaza à l'état de débris dans le cadre d'un processus de «punition collective» pour les attaques menées par le Hamas le 7 octobre.

Dans une déclaration, l'Unesco a voulu rappeler à «tous les acteurs» leur obligation de se conformer à la résolution 2601 de 2021, qui «condamne fermement» les attaques et les menaces contre les écoles, les étudiants et les enseignants.

Prenant acte de l'adoption de la résolution par le Conseil de sécurité des Nations unies, la déclaration a ajouté que «l'Unesco demande instamment à toutes les parties à un conflit armé de mettre immédiatement fin à ces attaques et menaces d'attaques et de s'abstenir de toute action susceptible d'entraver l'accès à l'éducation».

Cette résolution «condamne également l'utilisation militaire des écoles en violation du droit international et reconnaît que l'utilisation par les forces armées et les groupes armés peut faire des écoles des cibles légitimes d'attaques, mettant ainsi en danger la sécurité des enfants et des enseignants ainsi que leur éducation».

Des troupes israéliennes prennent position devant une école lors d'une opération militaire dans le nord de la bande de Gaza (Photo, Armée israélienne / handout via AFP).
Des troupes israéliennes prennent position devant une école lors d'une opération militaire dans le nord de la bande de Gaza (Photo, Armée israélienne / handout via AFP).

Al-Botmeh, de l'université de Bir Zeit, a déclaré au Times Higher Education que l'apprentissage avait été un «mécanisme de résistance» pour le peuple palestinien, ce que le gouvernement israélien avait bien compris, selon elle.

C'est pourquoi Israël «tente de saper notre capacité à survivre, à résister, à continuer en tant que peuple», a-t-elle déclaré, ajoutant que si de tels efforts compromettaient le processus de reconstruction, «cela ne nous arrêtera pas».

«Les peuples du monde entier ne sont pas brisés par les colonisateurs», a soutenu Al-Botmeh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le nombre de prix remportés par Arab News s’élève à cent vingt-cinq, avec trois nouvelles récompenses au concours Newspaper Design

Les reconnaissances passées englobent une gamme de projets spéciaux, notamment la couverture du « Règne animal saoudien », le « Guide étape par étape du Hajj 2023 » et l'édition spéciale de la « Coupe du monde de la FIFA Qatar 2022 ». (Photo, AN)
Les reconnaissances passées englobent une gamme de projets spéciaux, notamment la couverture du « Règne animal saoudien », le « Guide étape par étape du Hajj 2023 » et l'édition spéciale de la « Coupe du monde de la FIFA Qatar 2022 ». (Photo, AN)
Les reconnaissances passées englobent une gamme de projets spéciaux, notamment la couverture du « Règne animal saoudien », le « Guide étape par étape du Hajj 2023 » et l'édition spéciale de la « Coupe du monde de la FIFA Qatar 2022 ». (Photo, AN)
Les reconnaissances passées englobent une gamme de projets spéciaux, notamment la couverture du « Règne animal saoudien », le « Guide étape par étape du Hajj 2023 » et l'édition spéciale de la « Coupe du monde de la FIFA Qatar 2022 ». (Photo, AN)
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  • Présidé par Mario Garcia, le jury de cette année a félicité Arab News pour son innovation et ses prouesses en matière de narration visuelle
  • Ces distinctions témoignent de l’évolution éditoriale d’Arab News sous la direction de son rédacteur en chef, Faisal J. Abbas, qui a mené sa relance en 2018

LONDRES: Arab News, le premier quotidien anglophone d’Arabie saoudite, a remporté trois prix d’excellence lors du 6e concours Newspaper Design, ce qui porte le nombre total de récompenses à cent vingt-cinq depuis sa relance, en 2018.

The Kingdom's Bride and Joy La Mariée et la Joie du Royaume»), qui était une édition papier spéciale consacrée au mariage royal jordanien, a remporté le prix de la meilleure page, et Riyadh: A city steeped in history Riyad: une ville chargée d’histoire») celui de la meilleure double page. Accession to the British ThroneL’accession au trône britannique») a obtenu le prix de la meilleure infographie pour la couverture spéciale qu’Arab News a réservée au couronnement du roi Charles III, l’année dernière.

Créé en 2009, Newspaper Design est le premier site Internet d’Asie consacré à la conception de journaux. Il récompense les contributions exceptionnelles à la conception de journaux, tant dans les médias imprimés qu’en ligne.

Présidé par Mario Garcia, un concepteur de médias américano-cubain de renommée mondiale, le jury de cette année a félicité Arab News pour son innovation et ses prouesses en matière de narration visuelle.

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La page The Kingdom's Bride and Joy, qui commémore l’union historique entre le prince héritier Hussein de Jordanie et la Saoudienne Rajwa al-Saif, a été saluée pour son illustration cinématographique, qui soulignait l’importance de l’événement. «Cette page commémore un événement historique. Elle en saisit l’ampleur et la signification grâce à une illustration soignée qui ressemble davantage à une affiche de film remarquablement conçue qu’à une simple première page de journal», ont estimé les juges.

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De même, la page consacrée à la fête nationale de l’Arabie saoudite et à la campagne d’Arab News sur l’Expo 2030 a été saluée pour son mélange innovant de photographies de paysages et d’illustrations. Ce document raconte de manière lumineuse l'histoire de la ville de Riyad.

La couverture par Arab News de l’accession au trône du roi Charles III en mai dernier a été récompensée pour ses infographies élégantes et festives. En décembre, la page a également été récompensée dans la catégorie «Suppléments» pour les occasions spéciales des European Newspaper Awards.

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Ces distinctions témoignent de l’évolution éditoriale d’Arab News sous la direction de son rédacteur en chef, Faisal J. Abbas, qui a mené sa relance en 2018.

Sous la direction d’Omar Nashashibi, chef du département de conception, Arab News continue de recevoir des éloges et a récemment reçu plusieurs prix lors de la 59e édition de la prestigieuse Society of Publications Designers, notamment pour sa première page Onions' tears and inflation fears et pour sa conception personnalisée de l’enquête spéciale The Kingdom vs Captagon («Le Royaume contre le Captagon»).

Les récompenses obtenues par le passé englobent toute une série de projets spéciaux, notamment plusieurs prix internationaux pour la couverture du «Royaume animal saoudien», pour le «Guide du Hajj 2023, étape par étape» et pour l'édition spéciale de la «Coupe du monde de football 2022 au Qatar».

Pour plus d’informations sur Arab News et ses projets primés, consultez le lien suivant: https://www.arabnews.com/greatesthits

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le roi et le prince héritier saoudiens présentent leurs condoléances au président des EAU à la suite du décès d’un haut responsable

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  • Le roi Salmane a fait part de ses «plus profondes et sincères condoléances» après le décès du cheikh Tahnoun ben Mohammed al-Nahyane
  • Le prince héritier, Mohammed ben Salmane, a lui aussi exprimé ses «condoléances les plus chaleureuses et les plus sincères»

RIYAD: Le roi Salmane et le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, ont présenté jeudi leurs condoléances au président des Émirats arabes unis (EAU) après le décès d’un haut responsable et membre de la famille royale, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

Dans un télégramme adressé au cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyane, le roi Salmane a fait part de ses «plus profondes et sincères condoléances» après le décès du cheikh Tahnoun ben Mohammed al-Nahyane, représentant de l’émir d’Abu Dhabi à Al-Aïn, le 1er mai 2024.

Le prince héritier, Mohammed ben Salmane, a lui aussi exprimé ses «condoléances les plus chaleureuses et les plus sincères» dans un télégramme séparé adressé au président émirati, selon la SPA.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: le coût de la reconstruction estimé entre 30 et 40 milliards de dollars, selon l'ONU

Près de sept mois de bombardements israéliens ont causé des milliards de dollars de dégâts, réduisant en tas de nombreux immeubles en béton de grande hauteur de la bande surpeuplée. (AFP)
Près de sept mois de bombardements israéliens ont causé des milliards de dollars de dégâts, réduisant en tas de nombreux immeubles en béton de grande hauteur de la bande surpeuplée. (AFP)
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  • Les estimations du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour tout reconstruire dans la bande de Gaza dépassent les 30 milliards de dollars, pouvant aller jusqu'à 40 milliards de dollars
  • Si la reconstruction de Gaza devait être menée selon le processus traditionnel, cela pourrait prendre des décennies, et le peuple palestinien n'a pas le luxe de patienter si longtemps

AMMAN: L'ONU a estimé jeudi entre 30 et 40 milliards de dollars le coût de la reconstruction de la bande de Gaza, ravagée depuis bientôt sept mois par une guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas palestinien, à cause de l'ampleur sans précédent des destructions.

"Les estimations du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour tout reconstruire dans la bande de Gaza dépassent les 30 milliards de dollars, pouvant aller jusqu'à 40 milliards de dollars", a déclaré Abdallah al-Dardari, directeur du bureau régional pour les Etats arabes du PNUD, lors d'une conférence de presse à Amman.

"L'ampleur de la destruction est énorme et sans précédent (...) C'est une mission à laquelle la communauté internationale n'a pas été confrontée depuis la Seconde Guerre mondiale", a encore dit M. Dardari, également sous-secrétaire général de l'ONU.

Il a indiqué que "des discussions ont eu lieu concernant le financement (de la reconstruction) avec des pays arabes", faisant état de "signaux extrêmement positifs", sans donner plus de détails.

Il a ajouté que si la reconstruction de Gaza devait être menée selon le processus traditionnel, "cela pourrait prendre des décennies, et le peuple palestinien n'a pas le luxe de patienter" si longtemps.

"Il est donc important que nous agissions rapidement pour reloger les gens dans des logements décents et rétablir leur vie normale sur les plans économique, social, sanitaire et éducatif. C'est notre priorité absolue, et cela doit être réalisé dans les trois premières années suivant la cessation des hostilités."

En outre, il a estimé à "37 millions de tonnes" le total des décombres accumulés à la suite des bombardements et des explosions. "Nous parlons d'un chiffre colossal, et ce chiffre augmente tous les jours. Les dernières données indiquent qu'il approche déjà les 40 millions de tonnes".

Chute du PIB

Le responsable de l'ONU a d'autre part précisé que "72% de tous les bâtiments résidentiels avaient été entièrement ou partiellement détruits".

Aussi, "le développement humain à Gaza, dans tous ses aspects, notamment la santé, l'éducation, l'économie et les infrastructures, a reculé de 40 ans. Quarante années d'efforts et d'investissements sont parties en fumée".

"La reconstruction doit être minutieusement planifiée, efficace et d'une manière extrêmement flexible, car nous ignorons comment la guerre prendra fin" et quel type de gouvernance sera établi dans la bande de Gaza, a-t-il encore dit.

M. Dardari a souligné l'importance d'une préparation en amont pour pouvoir agir dès la fin des hostilités. "Nous devons être prêts pour fournir des logements temporaires décents, déblayer les décombres et nous occuper des milliers de cadavres qui se trouvent sous ces décombres".

Le PNUD estime dans un rapport publié jeudi que la guerre devrait entraîner en 2024 une perte de 26,9% du PIB pour l'ensemble des Territoires palestiniens, par rapport aux projections initiales du bureau palestinien des statistiques.

Avant le début de la guerre le 7 octobre, la croissance palestinienne était prévue à 3,5% en 2023, mais l'année s'était achevée sur une récession de 5,5% - une différence presque totalement due à l'effondrement de l'économie gazaouie, qui a reculé de plus 90% sur les trois derniers mois de l'année.

La Cisjordanie occupée est également concernée, son économie chutant de 18,8% sur le dernier trimestre 2023 par rapport à la même période un an plus tôt.

"La guerre dévastatrice à Gaza entraînera un coût économique et social pour les futures générations qui entraveront la reprise post-guerre et le développement dans l'ensemble des territoires palestiniens occupés", a ajouté le rapport.

L'espérance de vie dans l'ensemble des territoires palestiniens a chuté de quatre ans et pourrait même perdre sept années si la guerre dure trois mois de plus.