VALENCE: Jusqu'à dix mois de prison ferme ont été requis mardi contre neuf hommes accusés d'avoir participé, à l'appel de l'ultradroite, à des manifestations fin novembre à Romans-sur-Isère, dans la Drôme, après la mort du jeune Thomas dans un village voisin.
Après plusieurs heures d'audience, le tribunal correctionnel de Valence a prononcé la relaxe de deux d'entre eux pour "participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences", mais a condamné l'un des deux à une amende de 300 euros pour "port d'arme blanche".
Le jugement a été mis en délibéré au 21 février pour les sept autres, poursuivis pour les mêmes chefs.
Une centaine de militants d'ultradroite venus de toute la France s'étaient donné rendez-vous à Romans-sur-Isère les 25 et 26 novembre pour demander "Justice pour Thomas", mortellement blessé à la fin d'un bal dans le village de Crépol.
Sept prévenus, âgés de 19 à 24 ans, avaient été interpellés le samedi soir quand des militants cagoulés avaient tenté d'en "découdre", selon des sources policières, avec des jeunes du quartier de la Monnaie, d'où sont issus certaines des personnes mises en cause dans le drame.
Les deux autre, âgés de 20 et 33 ans et jugés mardi, avaient été interpellés le lendemain matin lors d'un rassemblement dans le centre-ville.
Peu diserts devant les questions incisives de la présidente du tribunal, Elénonore Laigre, ils ont tous martelé qu'ils étaient venus à Romans pour "rendre hommage à Thomas".
"Pourquoi faut-il rendre hommage devant des +assaillants+", a demandé la magistrate, reprenant les mots de l'un d'eux. "Je ne sais pas", a répondu l’intéressé, un développeur web de 24 ans.
"Le cache-cou ?" retrouvé sur un autre. "Parce que je suis très frileux", a lâché un étudiant en master en relations internationales de 20 ans. "Il semblerait qu'il y ait beaucoup de frileux parmi vous", a tranché Mme Laigre.
Dans son réquisitoire, la procureure Léa Derenne a également noté qu'ils étaient tous arrivés "avec des armes et quelque chose pour se cacher le visage". "On n’est pas là pour des opinions politiques, d’extrême droite, d’extrême gauche, d’extrême centre, peu importe. On est là pour la violence", a-t-elle dénoncé.
Six manifestants âgés de 18 à 25 ans ont déjà été condamnés en comparution immédiate à des peines de six à 10 mois de prison ferme pour le défilé nocturne qui avait dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre. Tous ont été remis en liberté début janvier dans l'attente de leur procès en appel.
Aucun n'avait reconnu son appartenance à une mouvance politique. Des perquisitions menées après leur arrestation avaient permis de saisir différentes armes ou encore un exemplaire de "Mein Kampf", le manifeste d'Adolf Hitler.
L'ultradroite, mais aussi l'extrême droite et la droite parlementaire, s'étaient emparées de l'émoi suscité par le décès du jeune Thomas pour rebondir sur le thème de l'insécurité et des dangers de l'immigration.
Deux groupuscules d'ultradroite, la Division Martel et la Citadelle ont été dissous dans la foulée des rassemblements de Romans-sur-Isère. Une personne liée à la Division Martel "est soupçonnée d'avoir contribué à la coordination sur place" du défilé, selon le décret de dissolution.