DUBAÏ: Quatre décennies après son lancement, en 1983, Etoile Group célèbre des années de succès dans le domaine de la vente au détail. Il a apporté la mode et le luxe dans la région tout en offrant aux marques internationales l’accès à une base de clients diversifiée.
Ingie Chalhoub, fondatrice et présidente d'Etoile Group, a fait part de son expérience à l’occasion d'une réunion de haut niveau au cours de laquelle ont été évoqués les défis, les tendances et les plans d'expansion du groupe.
La chef d’entreprise a développé un goût pour la mode dès son jeune âge. Elle a été inspirée par sa mère et par la mode française, ce qui l'a amenée à ouvrir sa première boutique Chanel au Koweït au début des années 1980.
«Mon rêve était de ramener toutes les maisons de couture françaises dans cette partie du monde, y compris Chanel, Dior et Alaïa... C'était révolutionnaire d'avoir toutes ces marques sous le même toit», explique-t-elle.
Aujourd'hui, Etoile Group élargit sa présence dans la région grâce à des projets à Bahreïn et en Arabie saoudite. Le groupe a doublé son activité au cours des trois dernières années et il a pour objectif de maintenir cet élan.
«Nous nous concentrons de plus en plus sur l'Arabie saoudite. Le pays évolue, et nous connaissons très bien nos clients saoudiens», confie Samer Khouri, directeur général d'Etoile Group.
Influencée par le comportement des consommateurs, les tendances évolutives et la chaîne d'approvisionnement, l'industrie de la mode a ses propres défis. Depuis son lancement, le groupe a dû subir l'impact de l'instabilité politique dans la région. La guerre du Golfe a suspendu l'activité du groupe au Koweït, ce qui l’a poussé à délocaliser son activité aux Émirats arabes unis.
La crise financière de 2008 a amené le groupe à repenser ses modes de fonctionnement au niveau régional. La dernière perturbation provoquée par la Covid-19 a mis la pression sur l'industrie de la mode à l'échelle mondiale et a révélé des changements dans le comportement de consommation. Une augmentation de la consommation de produits de luxe a été observée après la pandémie.
«Après la Covid-19, il y a eu une ruée complète sur la mode et la beauté dans l'industrie du luxe. Nous avons dû produire plus, acheter plus, et nous avons dû nous adapter. L'agilité est très importante sur le marché du luxe. Avoir une équipe solide était essentiel pour naviguer à travers ces obstacles dans une industrie en évolution constante», souligne Ingie Chalhoub.
Cette dernière a introduit des marques internationales dans la région, comme Valentino, Ralph Lauren et Tod's. L’objectif est de présenter différentes écoles de mode, de styles et de savoir-faire, et de répondre à un public plus large.
Pour s'aligner sur les dynamiques culturelles diverses dans la région du Conseil de coopération du Golfe (CCG), le groupe adapte sa stratégie marketing à différents marchés.
«Nous avons mené des recherches approfondies sur le marché pour comprendre les différences culturelles au sein des pays du CCG», indique Lynn Maalouf, responsable du marketing d'Etoile Group.
«Nous adaptons les tendances mondiales au goût local. Dans ce sens, le marketing transcende la simple promotion de produits pour mettre en valeur l'héritage de la marque et pour pouvoir tisser des liens avec nos clients sur un plan émotionnel», ajoute-t-elle.
La durabilité façonne l'industrie de la mode et les habitudes de consommation, en particulier parmi la jeune génération, ce qui a une incidence sur les pratiques de marchandisage du groupe, qui se tourne vers des achats consolidés et opte pour une optimisation des ressources.
«Nous encourageons les pratiques durables en mettant l'accent sur le choix des matériaux, le bien-être des employés, l'expédition par voie maritime plutôt que le fret aérien... C'est une analyse globale pour encourager la durabilité», précise François Schweitzer, directeur général de la marchandisation.
Auparavant, il était difficile de convaincre les marques internationales de s'aventurer sur les marchés du Moyen-Orient, malgré le potentiel qu'ils offrent.
«Désormais, les femmes arabes occupent une place importante dans le monde de la mode et je suis fière d'avoir été partie prenante de ce parcours. Les marques ont compris que cette partie du monde était exceptionnelle», déclare la présidente du groupe.
Ingie Chalhoub continue d'être inspirée par ce que représente une «étoile». Le début d'un nouveau projet, d'une idée, d'un souhait, malgré les défis et la nature cyclique de l'industrie.
Inspirer la prochaine génération de designers dans la région est un exercice à plein temps. «Il y a beaucoup de potentiel au Moyen-Orient et dans la région du CCG en ce qui concerne la construction d'une industrie de la mode et la créativité au niveau domestique», conclut-elle.