GENEVE: Au moins 17 000 enfants sont "non accompagnés ou séparés" de leur famille dans la bande de Gaza, où la population s'agglutine à Rafah, dans le sud, véritable "usine à désespoir", a averti l'ONU vendredi.
"Au moins 17 000 enfants (...). Cela correspond à environ 1% pour l'ensemble de la population déplacée (1,7 million)", a déclaré un porte-parole de l'Unicef pour les territoires palestiniens, Jonathan Crickx, aux journalistes à Genève.
S'exprimant en visio conférence depuis Jérusalem, il a indiqué qu'il était "extrêmement difficile" de retrouver la trace de ses enfants car parfois "ils ne peuvent même pas dire leur nom" lorsqu'ils arrivent dans les hôpitaux, blessés ou en état de choc.
Lors des conflits, les enfants qui se retrouvent sans leurs parents sont souvent pris en charge par d'autres proches. Mais actuellement à Gaza, où la population manque de nourriture, d'eau et d'abri, "ces familles élargies ont elles-mêmes du mal à subvenir aux besoins de leurs propres enfants et de leur famille", a expliqué M. Crickx.
Selon l'Unicef, plus d'un million d'enfants de la bande de Gaza, "presque la totalité", ont besoin d'une aide en termes de santé mentale, contre plus de 500 000 avant le début de cette guerre déclenchée par l'attaque d'une ampleur inédite lancée le 7 octobre par le Hamas.
"Ils présentent des symptômes tels que des niveaux extrêmement élevés d'anxiété, une perte d'appétit, ils ne peuvent pas dormir, ils ont des accès d'émotions ou de panique chaque fois qu'ils entendent les bombardements", a raconté le porte-parole de l'Unicef.
L'attaque du Hamas le 7 octobre contre Israël a fait plus de 1 160 morts, en majorité des civils, selon un décompte réalisé par l'AFP à partir de chiffres officiels israéliens.
Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza le 7 octobre. Selon les autorités israéliennes, 132 otages sont toujours retenus à Gaza. Parmi eux, 27 ont été déclarés morts par l'armée.
En riposte, Israël a juré d'"anéantir" le Hamas et lancé une offensive militaire ayant fait plus de 27 000 morts, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.
Plus de 1,3 million des habitants de la bande de Gaza, selon l'ONU, soit plus de la moitié des habitants, sont à présent réfugiés à Rafah, dans le sud, coincés contre la frontière fermée avec l'Egypte, menacés en plein hiver par la famine et les épidémies.
"La plupart vivent dans des abris de fortune, des tentes ou à l'air libre. Rafah est une usine à désespoir et nous craignons ce qui va se passer ensuite", a déclaré un porte-parole du bureau de coordination des Affaires humanitaires (Ocha) de l'ONU, Jens Laerke, lors du point de presse à Genève.