PARIS: Les étudiants pourront-ils retrouver les amphis ? Après plus de deux mois de « distanciel », les universités pourront dès lundi accueillir quelques élèves, mais beaucoup attendront la semaine suivante pour concilier au mieux contraintes sanitaires, examens et fatigue.
« Dès la semaine du 4 janvier, vous pourrez accueillir sur convocation les étudiants nouvellement entrés dans l'enseignement supérieur en situation de grande vulnérabilité », avait annoncé mi-décembre la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, aux présidents d'université, dont les locaux sont en très grande partie vidés depuis fin octobre.
Concrètement, il y aura « une reprise progressive des enseignement présentiels, d'abord limitée à l'accueil de petits groupes de 10 étudiants maximum », a précisé cette semaine le ministère.
Chaque université étant pédagogiquement autonome et faisant face à différentes contraintes d'organisation, « les établissements pourront prendre quelques jours pour organiser le retour sur site des étudiants, entre le 4 et le 10 janvier ».
Puis, « selon l'évolution de la situation sanitaire", les travaux dirigés pourront reprendre « en présentiel pour les étudiants de première année post-baccalauréat, dans la limite de 50% de la capacité d'accueil des salles d'enseignement », ajoute-t-on.
Dans les universités, où cohabitent crainte du Covid et inquiétudes sur la santé mentale des étudiants - plusieurs professeurs de la Sorbonne avaient ainsi saisi le Conseil d'Etat pour demander une réouverture anticipée et éviter les « désastres psychologiques » - chacun essaye donc de s'organiser.
Pour certains, comme à Reims ou Lyon, la première semaine de janvier sera consacrée aux examens. Ou à la formation de tuteurs, chargés dès la semaine suivante d'aider les étudiants de première année à raccrocher.
A Lyon 3, les cours ne reprendront que le 11. Y seront alors accueillis des étudiants de première année « selon des modalités pas encore fixées" et des étudiants en situation de handicap », a indiqué l'université.
A Lyon 1, où la majorité des étudiants n'est de toute façon pas attendue avant la fin de la session d'examen le 20 janvier, plusieurs scénarios sont prêts, dans l'attente de directives précises.
Dans le premier, tous les étudiants reviennent - une option « pas activée pour l'instant, mais tout est prêt pour recevoir les étudiants en assurant leur sécurité sanitaire », explique l'établissement. Le second, en cas de reconfinement, prévoit un « tout distanciel ». Et le troisième, « hybride », table sur des cours magistraux à distance, et des travaux pratiques ou dirigés en présentiel avec des groupes divisés par deux. « En sciences, les étudiants sont déjà habituellement masqués, avec des lunettes de protection, etc. », ajoute la fac.
Fatigue
Mais d'autres université ont, elles, fait le choix clair de ne pas reprendre tout de suite.
A Toulouse 2, dans un mail du 17 décembre, la présidence de l'université a annoncé aux étudiants que les enseignements en distanciel le resteront pendant le mois de janvier.
Et à Saint-Etienne, un responsable de département de l'université a expliqué, sous couvert de l'anonymat, que « la reprise des cours en présentiel, individualisée au profit des publics les plus fragiles annoncée par la ministre était très difficile à mettre en œuvre compte-tenu des grosses masses d'étudiants et des faibles moyens dont dispose l'Université ».
Même constat à Rennes 2, où la direction s'est dite dans un mail consciente « qu'une reprise en présentiel est attendue de toutes et tous ». Mais, ajoute-t-elle, « sans garantie de pouvoir la mettre en œuvre dès la rentrée, et compte tenu de la fatigue des personnels et des étudiant·e·s, nous ne souhaitons pas annoncer un nouveau dispositif susceptible d'être annulé au dernier moment".
L'université table donc sur une reprise de l'ensemble des cours, en présentiel, le 1er février.
D'ici là, la France devrait accélérer sa campagne de vaccination. Vendredi, le nombre de nouveaux cas de Covid enregistrés sur 24 heures a été de 19 348, quasiment le même nombre que la veille (19 927). Toujours bien loin de l'objectif gouvernemental de descendre à 5 000 cas par jour.