PARIS: Au lendemain de la décision du Conseil constitutionnel sur le projet de loi immigration, le ministre de l'Intérieur a présenté vendredi ses instructions aux préfets pour application dès la promulgation de la loi, avec notamment un ré-examen de situations individuelles pouvant désormais mener à une expulsion.
"Les préfets réexamineront l'ensemble des situations individuelles dont l'éloignement n'était pas possible en raison des protections prévues par la loi (jusqu'à présent: ndlr), et qui représentent toujours une menace pour l'ordre public", selon le document diffusé vendredi soir par le ministère.
"Conformément à la doctrine instituée par l'instruction du 3 août 2023, ces étrangers feront l'objet d'un placement prioritaire en centre de rétention pour mener à bien leur éloignement", précise ce document.
Autre instruction du ministre Gérald Darmanin aux préfets: "mettre un terme au placement en rétention des familles avec mineurs".
"L'éloignement des familles accompagnées de mineurs devra être organisé par d'autres moyens, en recourant prioritairement au dispositif de préparation au retour, aux retours aidés réformés en octobre 2023 pour rendre ce dispositif plus incitatif en revalorisant ses montants (...), (et) aux assignations à résidence", détaille le document.
Les préfets doivent aussi "organiser la régularisation des étrangers travaillant dans les métiers en tension sans l'accord de l'employeur".
Ce dispositif, applicable jusqu'au 31 décembre 2026, "permet l'admission exceptionnelle au séjour d'un étranger justifiant d'une expérience professionnelle salariée dans un métier en tension d'au moins douze mois, consécutifs ou non, au cours des 24 derniers mois, de trois ans de résidence en France et de l'absence de mention au casier judiciaire".
Enfin, pour "lutter contre les trafics et l'exploitation des étrangers", les préfets, en lien avec les procureurs de la République, "mobiliseront l'ensemble des services de contrôle dans le cadre des comités départementaux anti-fraude (CODAF) pour appliquer les mesures destinées à tarir les écosystèmes qui alimentent l'immigration irrégulière".
"Des contrôles spécifiques seront diligentés dans les secteurs particulièrement sujets à l'emploi d'étrangers sans titre de séjour et contre les marchands de sommeil proposant des logements insalubres ou indignes, et pour vérifier la régularité du séjour des étrangers exerçant en tant qu'auto-entrepreneurs".
Jeudi, le Conseil constitutionnel a censuré très largement la loi immigration, décision vivement contestée à droite mais satisfaisante pour le gouvernement qui s'apprête à promulguer le texte "dans les prochaines heures", avait-il indiqué jeudi soir. Les premières mesures devront être appliquées "dès ce week-end".