PARIS: Paris a identifié une "manœuvre coordonnée de la Russie" pour diffuser de fausses informations impliquant la France, comme la présence présumée de "mercenaires" français combattant pour Kiev en Ukraine, a annoncé vendredi le ministère des Armées.
"Les services compétents de l’Etat ont identifié et suivent la manœuvre coordonnée de la Russie, y compris par les réseaux d’information pro-russes et les médias d’Etat tel que Sputnik News, RT et RIA Novosti, pour relayer et amplifier ces fausses informations", a indiqué le ministère dans un communiqué.
Depuis le début du conflit en Ukraine, la France est "la cible d’une campagne de désinformation russe", qui s’est "intensifiée" mi-janvier après "la réaffirmation du soutien (français) à l’Ukraine" par Emmanuel Macron, affirme ce texte.
"Nous ne pouvons pas laisser la Russie gagner", avait alors lancé le président français, annonçant de nouvelles livraisons d'armes à Kiev.
Au lendemain de ces déclarations, le 17 janvier, le ministère de la défense russe avait affirmé avoir frappé un immeuble de Kharkiv (nord-est ukrainien) servant de "zone de déploiement temporaire de mercenaires, dont la plupart étaient des citoyens français". Soixante combattants ont été "éliminés" et 20 blessés, avait alors assuré Moscou.
La "manœuvre de désinformation russe" s’est poursuivie lundi avec la diffusion de "listes de prétendus mercenaires français tués dans cette attaque sur les chaînes Telegram russes", sachant que "certaines de ces listes avaient déjà été diffusées en 2022, dans les premières semaines du conflit", explique le ministère des Armées français.
Mercredi, la "campagne" a continué avec l'annonce par Sputnik international de la destruction d'un système sol-air franco-italien SAMP-T livré à l’Ukraine, de même source.
Or "aucune de ces informations n’est confirmée par la France", insiste le ministère des Armées.
"Face à l’intensification de l’aide militaire française à l’Ukraine, nous nous attendons à ce que cette manœuvre d’intoxication russe se poursuive : nous la condamnons et nous renforçons notre dispositif de suivi de ces manipulations", a averti le ministre des Armées Sébastien Lecornu dans ce communiqué.
"La France n'a pas de 'mercenaires', ni en Ukraine, ni ailleurs, contrairement à d'autres", avait déjà réagi le ministère français des Affaires étrangères en dénonçant "une nouvelle manipulation grossière russe".
Si la guerre en Ukraine a rapidement attiré des volontaires étrangers partis combattre aux côtés des soldats ukrainiens, et certains des Français mentionnés appartiennent vraisemblablement à la Légion internationale ukrainienne, plusieurs noms figurant sur les listes russes sont faux, avait également déclaré une source diplomatique française à l'AFP.
Le mot de "mercenaire" choisi par Moscou n'est pas anodin. La loi française interdit le mercenariat, soit le fait de combattre moyennant rétribution à l'étranger, passible de 5 ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.
Ce terme est aussi celui employé par la France pour dénoncer les activités du groupe paramilitaire russe Wagner, accusé depuis des années par Paris de prédation et de crimes de guerre en Afrique.