Faut-il armer les drones? La coalition de Merkel se déchire

Un drone Mikado de la Bundeswehr vole lors d'un spectacle de soldats allemands au Camp Marmal à Mazar-e-Sharif le 23 décembre 2013. Environ 3 000 soldats allemands sont déployés en Afghanistan, où le pays est le chef de file dans la région nord relativement pacifique. (AFP)
Un drone Mikado de la Bundeswehr vole lors d'un spectacle de soldats allemands au Camp Marmal à Mazar-e-Sharif le 23 décembre 2013. Environ 3 000 soldats allemands sont déployés en Afghanistan, où le pays est le chef de file dans la région nord relativement pacifique. (AFP)
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Publié le Vendredi 01 janvier 2021

Faut-il armer les drones? La coalition de Merkel se déchire

  • Tout commence par un contrat signé en 2018 avec le fabriquant israélien IAI prévoyant la location de cinq drones Heron TP
  • L'Allemagne n'a jusqu'ici utilisé que des drones de reconnaissance, au Mali et en Afghanistan

BERLIN : Faut-il doter l'armée allemande de drones tueurs ? La question déchire, à moins d'un an des élections, la coalition de conservateurs et sociaux-démocrates dirigée par Angela Merkel, suscitant l'impatience de l'Otan.

Tout commence par un contrat signé en 2018 avec le fabriquant israélien IAI prévoyant la location de cinq drones Heron TP. L'accord de coalition négocié par la CDU (conservateurs) et le SPD (sociaux-démocrates) prévoyait un vote au parlement avant d'éventuellement armer ces appareils.

L'Allemagne n'a jusqu'ici utilisé que des drones de reconnaissance, au Mali et en Afghanistan.

Les conservateurs sont favorables à l'armement de ces engins sans pilote, comme une partie du SPD, les libéraux et l'extrême droite. Les Verts, la gauche de la gauche et des sociaux-démocrates y sont eux farouchement opposés.

Coup de théâtre le 15 décembre, quand un des co-dirigeants du SPD, Norbert Walter-Borjans, et le chef du groupe social-démocrate, Rolf Mützenich, mettent leur veto à l'armement des drones israéliens.

- « Tuer au joystick » –

Un vote prévu au Bundestag sur le sujet est repoussé sine die et le projet de loi qui prévoyait une enveloppe de 25 millions d'euros, présenté par le ministre des Finances, Olaf Scholz, par ailleurs candidat social-démocrate à la chancellerie, est gelé.

« La frontière entre défendre la vie de nos soldats et tuer au joystick est très mince », relève notamment M. Walter-Borjans.

Un argument balayé par le directeur de la conférence annuelle de Munich sur la sécurité, Wolfgang Ischinger: « Que fait le pilote (d'un avion de chasse), sinon tuer par joystick, en appuyant sur un bouton à 50 kilomètres de distance, sans voir sa cible, et en tirant un missile air-sol? ».

M. Mützenich plaide lui pour un grand débat éthique, qui ne se limiterait pas aux cercles d'initiés, sur cette « mise à mort automatisée », à laquelle serait selon lui opposée « la moitié des Allemands ».

« Cela me dérange que pratiquement seuls les militaires, les responsables de l'armement et de la défense aient leur mot à dire, mais jamais les médecins ou les représentants de l'Eglise » par exemple, souligne-t-il.

La législature a été ponctuée de tensions au sein de la coalition sur les questions militaires.

Compte-tenu des responsabilités du pays dans la Seconde guerre mondiale, le sujet des missions de l'armée allemande est traditionnellement très sensible.

Le blocage suscite des critiques jusqu'au sein du SPD. Le porte-parole du parti pour les questions de défense, Fritz Felgentreu, a ainsi démissionné au lendemain du veto opposé par son parti.

Les conservateurs eux ne décolèrent pas, accusant leur partenaire de coalition, en difficulté dans les sondages, de mettre un coup de barre à gauche pour « trouver de nouveaux partenaires d'alliance » électorale comme les écologistes, accuse Henning Otte, expert des questions de défense au sein de la CDU.

- « Lâcheté » -

Fervente partisane de l'armement des drones, la ministre de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, va jusqu'à accuser de « lâcheté » ses partenaires de coalition.

« Nous avons formulé des principes opérationnels qui stipulent que les drones armés ne peuvent être utilisés que de manière défensive par la Bundeswehr, c'est-à-dire pour protéger son propre peuple », martèle la ministre, éphémère "dauphine" de Mme Merkel qui cèdera la présidence de la CDU en janvier.

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, s'est immiscé dans le débat sur l'armement des drones, un pas déjà franchi par plusieurs pays signataires du Traité comme la France ou la Turquie.

« Ces drones peuvent soutenir nos troupes au sol et, par exemple, réduire le nombre de pilotes que nous mettons en danger », explique à l'agence allemande DPA M. Stoltenberg, pointant l'usage de ces armes contre le groupe Etat islamique en Syrie et Irak.

Des drones armés, de fabrication israélienne ou turque, ont aussi constitué un atout tactique pour l'Azerbaïdjan contre l'Arménie dans le récent conflit du Haut-Karabakh.

Cette question constitue en outre un enjeu européen puisque le programme SCAF, mené par la France, l'Allemagne et l'Espagne et destiné à doter l'Europe d'un nouveau système de combat aérien à partir de 2026 prévoit l'utilisation de drones armés.

En Allemagne, la question ne devrait finalement pas être tranchée, selon M. Walter-Borjans, « durant cette législature », qui prendra fin en septembre avec le départ de la chancelière Merkel.


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
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  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
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  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.


Netanyahu rencontrera lundi Trump à la Maison Blanche

Le président américain Donald Trump et  le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran.
  • Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

JERUSALEM : Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran, ont annoncé samedi ses services.

« Les deux dirigeants vont s'entretenir des droits de douane, des efforts pour ramener les otages israéliens, des relations israélo-turques, de la menace iranienne et de la lutte contre la Cour pénale internationale », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. 

Une grande partie des produits que les États-Unis importent du reste du monde sont soumis, depuis samedi, à des droits de douane additionnels de 10 %, mais l'addition sera encore plus lourde dès le 9 avril pour certains pays qui exportent plus qu'ils n'importent auprès du partenaire américain.

Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

Cette annonce intervient également au moment où un nouveau cessez-le-feu semble lointain dans le territoire palestinien de Gaza, où l'armée israélienne a intensifié ses opérations, et où les tensions autour du nucléaire iranien s'intensifient.

Le président américain, qui a appelé Téhéran à entamer des négociations sur son programme nucléaire, a menacé ces derniers jours de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie.

L'Iran se dit prêt à discuter avec les États-Unis, mais a refusé des pourparlers directs sous la menace et la pression.