Mer Rouge, Taïwan, Panama: regain de menaces sur le commerce mondial

Le porte-conteneurs MV « Ever Given » battant pavillon panaméen est aperçu au terminal ECT Delta dans le port de Rotterdam, à Rotterdam, le 1er août 2022. (Photo de JOHN THYS / AFP)
Le porte-conteneurs MV « Ever Given » battant pavillon panaméen est aperçu au terminal ECT Delta dans le port de Rotterdam, à Rotterdam, le 1er août 2022. (Photo de JOHN THYS / AFP)
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Publié le Vendredi 19 janvier 2024

Mer Rouge, Taïwan, Panama: regain de menaces sur le commerce mondial

  • Un diagnostic partagé par l'OMC, qui espérait encore début octobre, avant l'attaque du Hamas contre Israël, une croissance du commerce mondial de marchandises de 3,3% cette année
  • «Les Houthis (...) changent le commerce mondial et les coûts du transport maritime», relève Karen Harris, économiste du cabinet Bain

DAVOS: Faut-il craindre le retour des pénuries? Les champions de la mondialisation, rassemblés cette semaine à Davos, regardent avec inquiétude les tensions géopolitiques qui menacent de gripper à nouveau les rouages du commerce mondial, déjà ébranlé par la pandémie, puis la guerre en Ukraine.

"Nous pensions que (les chaînes d'approvisionnement) s'étaient normalisées après le Covid. Clairement, c'est un peu plus précaire après ce qui se passe en mer Rouge", a indiqué à l'AFP Francesco Ceccato, patron de Barclays Europe, en marge de la réunion du Forum économique mondial qui s'achève vendredi à Davos.

Un diagnostic partagé par l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui espérait encore début octobre, avant l'attaque du Hamas contre Israël, une croissance du commerce mondial de marchandises de 3,3% cette année.

Elle est désormais "moins optimiste", a reconnu sa directrice générale Ngozi Okonjo-Iweala, évoquant notamment "l'aggravation des tensions géopolitiques, les perturbations qu'on voit en mer Rouge, sur le canal de Suez, le canal de Panama".

Attaques en mer Rouge

"Les Houthis (...) changent le commerce mondial et les coûts du transport maritime", relève auprès de l'AFP Karen Harris, économiste du cabinet Bain.

Ce groupe soutenu par l'Iran, qui dit agir en solidarité avec les Palestiniens de Gaza, multiplie les attaques contre des navires marchands qu'il estime liés à Israël en mer Rouge, une zone cruciale pour le commerce international.

Au lieu de passer par le canal de Suez, beaucoup de transporteurs font donc le détour par le cap de Bonne-Espérance. C'est plus long, et plus cher.

Cela "perturbera les chaînes d'approvisionnement pendant au moins quelques mois", a estimé lors d'un panel à Davos Vincent Clerc, directeur général du poids lourd du commerce maritime Maersk.

Les constructeurs automobiles Tesla et Volvo ont déjà annoncé des suspensions temporaires de production en Europe, par manque de pièces détachées.

Et le transport de Gaz Naturel Liquéfié (GNL) "sera affecté", a affirmé le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdulrahmane Al-Thani.

L'inconnue Taïwan

L'élection présidentielle à Taïwan a suscité un regain de tensions entre Pékin et Washington autour de cette île que la Chine considère comme l'une de ses provinces, à réunifier par la force si nécessaire.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a rappelé à Davos l'importance des échanges commerciaux transitant par le détroit de Taïwan, prévenant que s'ils "venaient à être perturbés, cela toucherait toute la planète".

Francesco Ceccato relève également "l'importance de Taïwan pour la production de semi-conducteurs, et toute perturbation dans le flux de ce produit va être (...) une inquiétude".

Ces puces, indispensables pour l'électronique des téléphones comme des voitures, figuraient parmi les pénuries les plus criantes ayant suivi la pandémie.

Sécheresse au Panama

Dans le canal de Panama, ce n'est pas la géopolitique mais la sécheresse et la pénurie d'eau liée au changement climatique et au phénomène El Niño qui réduit le trafic des navires.

Causes politiques, naturelles, climatiques, ou même sociétales comme pendant la pandémie: "Nous avons davantage de sources de perturbations", et il est donc plus probable que plusieurs événements s'accumulent et créent des "goulots d'étranglement" dans le transport mondial, a expliqué à Davos Tobias Meyer,le patron de DHL.

Il relativise cependant l'impact des difficultés actuelles: "la demande mondiale dans l'ensemble est encore assez faible", et il y a "beaucoup de capacités maritimes disponibles".

Repli sur soi

Pour Karen Harris néanmoins, "chacune de ces perturbations renforce le retour sur investissement pour le +nearshoring+ ou le +reshoring+", à savoir l'implantation dans une zone proche ou la relocalisation chez soi de productions jusqu'alors réalisées à l'autre bout du monde.

C'est bien l'enjeu quand on encourage la fabrication des vaccins en Afrique pour que le continent y ait un meilleur accès, ou quand l'Europe tente d'attirer sur son sol de stratégiques usines de batteries pour véhicules électriques.

Une situation géopolitique plus tendue est aussi plus propice au retour de mesures protectionnistes.

Le Premier ministre chinois Li Qiang a d'ailleurs dénoncé à la tribune les "mesures discriminatoires pour le commerce et l'investissement".

Il n'a pas élaboré, mais difficile de ne pas y voir une allusion aux freins mis par Washington à l'exportation de certaines puces très avancées, utilisées par exemple dans l'armement ou l'intelligence artificielle. Une mesure au nom de la sécurité nationale, selon le conseiller de la Maison Blanche en la matière, Jake Sullivan. Il a assuré à Davos que ce n'était en rien un "blocus technologique".


Chine: Swatch s'excuse pour une publicité jugée raciste sur les réseaux sociaux

L'horloger suisse Swatch a présenté ses excuses et retiré une publicité montrant un mannequin tirant les coins de ses yeux, après des accusations de racisme et des appels au boycott sur les réseaux sociaux chinois. (AFP)
L'horloger suisse Swatch a présenté ses excuses et retiré une publicité montrant un mannequin tirant les coins de ses yeux, après des accusations de racisme et des appels au boycott sur les réseaux sociaux chinois. (AFP)
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  • De nombreux internautes ne se sont pas satisfaits de la réponse de la société et ont maintenu leurs appels au boycott des marques du groupe Swatch, qui comprennent Blancpain, Longines et Tissot
  • Un utilisateur de Weibo comptant plus d'un million d'abonnés a accusé le groupe de "racisme envers les Chinois", et exigé qu'il soit sanctionné

PEKIN: L'horloger suisse Swatch a présenté ses excuses et retiré une publicité montrant un mannequin tirant les coins de ses yeux, après des accusations de racisme et des appels au boycott sur les réseaux sociaux chinois.

Dans un message publié samedi sur Instagram et sur le réseau social chinois Weibo, Swatch a reconnu les "récentes préoccupations concernant la représentation d'un mannequin" dans la publicité en question, et a déclaré avoir décidé de la supprimer.

"Nous nous excusons sincèrement pour toute détresse ou tout malentendu que cela a pu causer", a poursuivi la société.

De nombreux internautes ne se sont pas satisfaits de la réponse de la société et ont maintenu leurs appels au boycott des marques du groupe Swatch, qui comprennent Blancpain, Longines et Tissot.

Un utilisateur de Weibo comptant plus d'un million d'abonnés a accusé le groupe de "racisme envers les Chinois", et exigé qu'il soit sanctionné.

D'autres ont exhorté les consommateurs à boycotter la société.

La Chine est l'un des plus grands marchés du groupe Swatch, et le secteur de l'horlogerie dans son ensemble est confronté à une baisse de la demande dans le pays.

En juillet, le groupe a annoncé une baisse de 11,2% de son chiffre d'affaires net pour les six premiers mois de l'année, en raison de la faiblesse de la consommation en Chine, à Hong Kong et à Macao ainsi que sur les marchés d'Asie du Sud-Est "fortement dépendants des touristes chinois", a reconnu l'horloger suisse.

Swatch n'est pas la première marque étrangère à être accusée de racisme en Chine.

Dolce & Gabbana a été vivement critiquée en 2018 après avoir publié des vidéos promotionnelles montrant un mannequin chinois utilisant maladroitement des baguettes pour manger de la cuisine italienne.

En 2023, Dior a également suscité un tollé avec une publicité montrant un mannequin tirant, elle aussi, sur le coin de son oeil.


Une délégation d'entreprises syriennes attend à Riyad

 Les accords d'investissement d'une valeur de 6,4 milliards de dollars ont été annoncés par le ministre de l'investissement Khalid Al-Falih, deuxième à gauche, lors du forum d'investissement syro-saoudien qui s'est tenu à Damas le 24 juillet. (SPA)
Les accords d'investissement d'une valeur de 6,4 milliards de dollars ont été annoncés par le ministre de l'investissement Khalid Al-Falih, deuxième à gauche, lors du forum d'investissement syro-saoudien qui s'est tenu à Damas le 24 juillet. (SPA)
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  • Cette visite fait suite au Forum d'investissement syro-saoudien qui s'est tenu le mois dernier à Damas
  • Les 47 promesses d'investissement concernaient l'immobilier, les infrastructures, la finance, les télécommunications et les technologies de l'information, l'énergie, l'industrie, le tourisme, le commerce et la santé

RIYADH : Une délégation syrienne composée de représentants du secteur privé et de responsables gouvernementaux est attendue à Riyad lundi, l'Arabie saoudite renforçant son engagement à renouer avec ce pays ravagé par le conflit et à soutenir ses efforts de reconstruction.

La délégation sera conduite par Mohammad Nidal Al-Shaar, ministre syrien de l'économie et de l'industrie, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Cette visite fait suite au forum d'investissement syro-saoudien qui s'est tenu le mois dernier à Damas et auquel ont participé plus de 100 entreprises saoudiennes et 20 entités gouvernementales, et qui a débouché sur des contrats d'investissement d'une valeur de 6,4 milliards de dollars.

Les 47 promesses d'investissement concernaient l'immobilier, les infrastructures, la finance, les télécommunications et les technologies de l'information, l'énergie, l'industrie, le tourisme, le commerce et la santé.

Parmi ces promesses d'investissement, on compte 1,07 milliard de dollars de la part d'entreprises de télécommunications saoudiennes, dont Saudi Telecom Co. et GO Telecom, de la société de sécurité numérique Elm et de la société de cybersécurité Cipher, ainsi que 2,93 milliards de dollars pour la construction de trois nouvelles cimenteries destinées à soutenir les efforts de reconstruction de la Syrie.


Partenariat Aramco–BlackRock : cap sur le développement gazier de Jafurah

Jafurah, le plus grand champ de gaz non associé du Royaume, contient environ 229 billions de pieds cubes de gaz brut et 75 milliards de barils de condensat.
Jafurah, le plus grand champ de gaz non associé du Royaume, contient environ 229 billions de pieds cubes de gaz brut et 75 milliards de barils de condensat.
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  • Aramco a signé un accord de cession-bail de 11 milliards de dollars avec un consortium dirigé par BlackRock
  • L’accord soutient le programme d’expansion gazière d’Aramco, avec une montée en puissance de la production prévue à Jafurah et une optimisation de son portefeuille d’actifs

RIYAD : Saudi Aramco a conclu un accord de cession-bail d’une valeur de 11 milliards de dollars avec un consortium dirigé par Global Infrastructure Partners, affilié à BlackRock, portant sur des actifs intermédiaires liés au développement gazier de Jafurah.

Dans le cadre de cet accord, la société nouvellement créée Jafurah Midstream Gas Co. (JMGC) obtiendra les droits de développement et d’exploitation de la Jafurah Field Gas Plant et de l’installation de fractionnement Riyas NGL, avant de les relouer à Aramco pour une période de 20 ans, selon un communiqué de presse.

La société percevra un tarif de la part d’Aramco, qui conserve l’exclusivité de la réception, du traitement et de la valorisation du gaz brut issu du champ.

Cette transaction représente l’un des plus importants investissements directs étrangers dans le secteur énergétique du Royaume et s’inscrit dans la continuité du partenariat stratégique entre Aramco et BlackRock. En 2022, BlackRock avait déjà co-dirigé un consortium d’investisseurs pour une participation minoritaire dans Aramco Gas Pipelines Co.

Dans un communiqué, Amin H. Nasser, président-directeur général d’Aramco, a déclaré :
« Jafurah constitue une pierre angulaire de notre ambitieux programme d’expansion gazière, et la participation du consortium mené par GIP en tant qu’investisseur dans un actif clé de nos opérations gazières non conventionnelles démontre la solidité de notre projet. »

Il a ajouté : « Cet investissement direct étranger reflète également l’attrait de la stratégie à long terme d’Aramco auprès des investisseurs internationaux. Alors que Jafurah s’apprête à démarrer la phase 1 de sa production cette année, le développement des phases suivantes progresse comme prévu. »

Dans le cadre de l’accord, Aramco détiendra 51 % de JMGC, tandis que le groupe dirigé par GIP en possédera les 49 % restants. La transaction, qui ne comporte aucune restriction de volume de production, sera finalisée une fois les conditions habituelles remplies.

Jafurah, le plus grand champ de gaz non associé du Royaume, contient environ 229 000 milliards de pieds cubes de gaz brut et 75 milliards de barils de condensats. Le site est central dans le plan d’Aramco visant à augmenter de 60 % sa capacité de production de gaz entre 2021 et 2030, afin de répondre à la demande croissante.

Bayo Ogunlesi, président-directeur général de GIP, a déclaré : « Nous sommes heureux de renforcer notre partenariat avec Aramco grâce à cet investissement dans les infrastructures gazières d’Arabie saoudite, un pilier clé des marchés mondiaux du gaz naturel. »

L’accord a suscité un fort intérêt auprès des investisseurs internationaux, avec la participation de co-investisseurs d’Asie et du Moyen-Orient. Aramco a indiqué que cet accord contribuera à optimiser son portefeuille d’actifs et à générer davantage de valeur grâce au développement de Jafurah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com