A Davos, Macron appelle l'Europe à s'armer en 2024 face à «l'accélération» du monde

Emmanuel Macron a appelé mercredi depuis Davos l'Europe à tenir le choc de "l'accélération" du monde (Photo, AFP).
Emmanuel Macron a appelé mercredi depuis Davos l'Europe à tenir le choc de "l'accélération" du monde (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 18 janvier 2024

A Davos, Macron appelle l'Europe à s'armer en 2024 face à «l'accélération» du monde

  • Le président français a estimé qu'il fallait «investir beaucoup plus» face aux efforts massifs des Etats-Unis et de la Chine
  • Sur le plan diplomatique, Emmanuel Macron a aussi jugé que 2024 serait «une année-clé» dans le soutien européen à l'Ukraine

DAVOS: Emmanuel Macron a appelé mercredi depuis Davos l'Europe à tenir le choc de "l'accélération" du monde, en plaidant pour de nouveaux emprunts communs européens afin d'investir dans les "grandes priorités d'avenir".

Pour le président français, 2024, année d'élections européennes en juin, "sera aussi une année au cœur de tous nos défis parce que nous voyons bien le monde se recomposer sous nos yeux".

"Il y a une formidable accélération des innovations, il y a une accélération de tous les agendas. Et l'Europe est face à de très grandes difficultés dans cette réorganisation du monde", a-t-il lancé devant un parterre de décideurs lors de la réunion organisée comme chaque année par le Forum économique mondial dans la luxueuse station de ski suisse.

Le président français a estimé qu'il fallait "investir beaucoup plus" face aux efforts massifs des Etats-Unis et de la Chine dans l'intelligence artificielle ou le verdissement de l'industrie.

Pour cela, il a incité l'Union européenne à émettre à nouveau de la dette commune, comme lors de la pandémie de Covid-19.

"Il faut plus d'investissements publics européens", "peut-être en osant à nouveau des +eurobonds+", "sur des grandes priorités d'avenir", a-t-il déclaré.

«Risque de division»

"A côté de ça, il nous faut aussi approfondir l'union des marchés de capitaux. Nous devons absolument avoir une Europe financière qui soit beaucoup plus intégrée", a-t-il ajouté, esquissant de premières propositions qui pourraient donner le ton de sa campagne pour le scrutin européen.

Sur le plan diplomatique, Emmanuel Macron a aussi jugé que 2024 serait "une année-clé" dans le soutien européen à l'Ukraine, où il doit se rendre en février.

L'UE doit donc éviter de "céder au risque de division et essayer d'avoir un agenda efficace qui assurera le fait que la Russie ne peut ni ne doit gagner en Ukraine", a-t-il insisté, exhortant les Etats membres à "donner de la visibilité" à Kiev et à "réengager" leurs "efforts quoi qu'il advienne aux États-Unis" lors de la présidentielle de novembre qui pourrait signer le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Plus largement, le président français était venu vanter les rendez-vous français de 2024, dont le 80e anniversaire du Débarquement en Normandie en juin et les Jeux olympiques à Paris, deux événements qu'il veut utiliser pour en faire un "temps diplomatique utile", a-t-il glissé sans plus de précisions. Puis le sommet de la Francophonie et la réouverture en décembre de Notre-Dame-de-Paris cinq ans après l'incendie qui a ravagé la cathédrale.

Il a aussi mis en avant son bilan économique en France, assurant avoir réalisé toutes les réformes promises lors de sa précédente venue à Davos en 2018, peu après sa première élection. Et a décliné un "acte II" de ces réformes économiques et du marché du travail, évoqué la veille lors d'une conférence de presse à l'Elysée.

Accompagné de quatre présidents de région (Grand Est, Ile-de-France, Pays-de-la-Loire et Sud) et d'une vingtaine de patrons de start-ups ou de PME, le chef de l'Etat a confirmé vouloir "durcir les règles de l'assurance-chômage" en France, et simplifier les normes pour libérer l'économie.

Emmanuel Macron a enfin annoncé son intention d'"enclencher une réforme du premier cycle universitaire pour mieux allouer nos formations aux besoins de la nation".

L'objectif est de tenir sa promesse phare en faveur du "plein emploi", alors que le taux de chômage semble stagner autour de 7,4% après avoir baissé ces dernières années.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.