Le Brexit devient réalité

Le Premier ministre britannique Boris Johnson revient au 10 Downing Street à Londres, le 30 décembre 2020, après avoir ouvert le débat sur la deuxième lecture du projet de loi sur les relations futures avec l'UE à la Chambre des communes. (AFP)
Le Premier ministre britannique Boris Johnson revient au 10 Downing Street à Londres, le 30 décembre 2020, après avoir ouvert le débat sur la deuxième lecture du projet de loi sur les relations futures avec l'UE à la Chambre des communes. (AFP)
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Publié le Jeudi 31 décembre 2020

Le Brexit devient réalité

  • Après un demi-siècle d'intégration européenne et quatre ans et demi d'une saga du Brexit aux multiples rebondissements, le Royaume-Uni vit jeudi ses dernières heures au rythme des règles européennes
  • « La destinée de ce grand pays réside à présent fermement entre nos mains », a souligné mercredi soir le Premier ministre Boris Johnson

LONDRES : Après un demi-siècle d'intégration européenne et quatre ans et demi d'une saga du Brexit aux multiples rebondissements, le Royaume-Uni vit jeudi ses dernières heures au rythme des règles européennes et entame une nouvelle page de son histoire dans un contexte de crise profonde.

À 23H00 locales et GMT (minuit à Bruxelles), marquées par les gongs de Big Ben, le Brexit deviendra réalité pour le pays, sorti officiellement de l'UE le 31 janvier mais ayant bénéficié d'une période de transition pour amortir le choc.

« La destinée de ce grand pays réside à présent fermement entre nos mains », a souligné mercredi soir le Premier ministre Boris Johnson.

C'est « un nouveau commencement pour l'histoire » du Royaume-Uni et « une nouvelle relation avec l'UE comme leur plus important allié », a ajouté le grand artisan de cette sortie, après la ratification express mercredi par le Parlement britannique de l'accord de libre-échange signé le jour même par Bruxelles et Londres.

Si le déploiement d'un nouveau vaccin anti-Covid éclipse le grand saut dans la presse britannique jeudi, le Daily Mail évoque « deux bonds géants vers la liberté », le Sun se réjouit que le Brexit soit « finalement réalisé » et The Times y voit un « au revoir à tout ça ».

L'accord commercial conclu in extremis évite une rupture trop abrupte et ses conséquences potentiellement dévastatrices pour l'économie, mais la libre circulation permettant aux marchandises comme aux personnes de passer sans entrave la frontière prendra fin.

Exportateurs et importateurs devront remplir des déclarations de douanes et risquent de voir leurs marchandises ralenties à la frontière par les contrôles. Les entreprises de la finance, secteur majeur à Londres, perdront leur droit automatique d'offrir leurs services dans l'UE. Et les universités britanniques ne seront plus éligibles au programme d'échanges pour étudiants Erasmus.

Devant les députés mercredi, Boris Johnson a émis l'espoir que ce cap permette de « passer à autre chose ». La tâche s'annonce délicate : les milieux économiques n'ont pas caché leurs craintes quant aux conséquences de ce bouleversement et les Britanniques sortent meurtris d'une période clivante.

 Jour « triste » 

Depuis le référendum du 23 juin 2016, remporté à 51,9% par le « leave », il aura fallu trois Premiers ministres, des heures de houleux débats parlementaires nocturnes à Westminster et trois reports avant que le Royaume-Uni ne largue les amarres pour de bon.

À l'image de ce processus douloureux, ce n'est que la veille de Noël que les laborieuses négociations ont fini par aboutir à un accord commercial, ne laissant que quelques jours pour mettre en œuvre ses 1 246 pages.

S'il a été adopté mercredi par le Parlement britannique, les eurodéputés ne se prononceront qu'au premier trimestre 2021, nécessitant une application provisoire.

« Un pays quitte l'UE pour la première fois après plus de 45 ans de vie commune (...) mais il faut se porter vers l'avenir » malgré ce jour « triste », a commenté sur la chaîne LCI le secrétaire d'État français aux Affaires européennes, Clément Beaune.

Au grand soulagement de pans entiers d'économies très connectées, l'UE offre au Royaume-Uni un accès sans droits de douane ni quotas à son marché de 450 millions de consommateurs. Mais il prévoit pour éviter toute concurrence déloyale des sanctions et des mesures compensatoires en cas de non-respect de ses règles en matière d'aides d'État, d'environnement, de droit du travail et de fiscalité.

Concernant la pêche, sujet difficile jusqu'aux dernières heures, l'accord prévoit une période de transition jusqu'en juin 2026, à l'issue de laquelle les pêcheurs européens auront progressivement renoncé à 25% de leurs prises. Un résultat qui a profondément déçu les pêcheurs britanniques, fers de lance du Brexit qui espéraient plus des promesses d'indépendance et de souveraineté retrouvée martelées par Boris Johnson.

Défi de rassembler 

Malgré ses critiques envers un accord commercial qu'il juge insuffisant, Keir Starmer, le chef de l'opposition travailliste, s'est voulu optimiste, estimant que « nos meilleures années restent à venir ».

C'est donc une victoire pour Boris Johnson, triomphant dans les urnes sur la promesse de réaliser le Brexit mais depuis mis en difficulté par la pandémie de la Covid-19, avec des hôpitaux au bord de la rupture et une flambée des contaminations. Une grande partie de la population a été reconfinée, assombrissant encore les perspectives pour une économie frappée par sa pire crise en 300 ans.

Au-delà de la pandémie, les défis sont considérables pour le gouvernement de Boris Johnson, qui a promis de donner au Royaume-Uni une nouvelle place dans le monde, résumée par le slogan « Global Britain ».

Il s'apprête cependant à perdre un allié de poids avec le départ de Donald Trump, fervent partisan du Brexit remplacé à la Maison Blanche par le démocrate Joe Biden, plus europhile.

À l'intérieur, il doit rassembler des Britanniques qui se sont déchirés sur le Brexit, au point de voir l'unité du pays se fissurer, l'Irlande du Nord et l'Ecosse, qui rêvent d'indépendance, ayant voté en majorité contre la sortie de l'UE.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.