PARIS: Le député européen et probable tête de liste socialiste aux élections européennes Raphaël Glucksmann ne veut pas laisser le "match" entre le Premier ministre Gabriel Attal et le président du Rassemblement national Jordan Bardella "kidnapper" le scrutin européen du 9 juin.
"La campagne du parti macroniste a commencé avec la nomination de Gabriel Attal (comme Premier ministre, ndlr). Ils vont essayer d'installer le match Attal-Bardella, mais nous ne les laisserons pas kidnapper l'élection européenne", affirme dans un entretien au Monde le candidat fondateur du mouvement Place publique.
"Les enjeux de cette élection sont trop grands pour être occultés par un plan de com’", ajoute M. Glucksmann.
«La grande surprise»
Il dit son espoir de devenir, avec d'autres partis ou soutiens, "la grande surprise" du scrutin européen, alors que le nouveau gouvernement d'Emmanuel Macron penche à droite et suscite l'espoir à gauche d'un nouvel espace politique.
Le président a, selon lui, "raté son rendez-vous avec "l'histoire le 24 février 2022" quand la Russie a commencé à envahir l'Ukraine. "Aujourd'hui, la France est avant-avant-dernière en Europe dans l'aide à l'Ukraine par rapport à son PIB. Même le chancelier Olaf Scholz nous exhorte à faire plus" et Emmanuel Macron "se montre pro-européen jusqu'à ce que des intérêts privés puissants soient heurtés. Son gouvernement a bloqué la directive sur les travailleurs des plateformes qui donnerait des droits à des millions de travailleurs exploités par Uber et les autres".
Il considère par ailleurs que scander "+immigration zéro+ est un mensonge" et qu'il "faut gérer les politiques migratoires au niveau européen, sinon ce sera l'implosion et le conflit généralisé".
Il demande de "relancer les opérations de sauvetage en Méditerranée" mais aussi des "voies légales et contrôlées d'immigration" avec "de nouveaux mécanismes de répartition". "Ça ne veut pas dire que vous allez ouvrir les vannes à tout le monde comme le prétendent les démagogues, cela veut dire que vous avez le souci du droit et du réel", fait-il valoir.
Raphaël Glucksmann défend la transition écologique qui est pour lui "le véhicule pour reprendre en main notre destin face à la globalisation dérégulée", car elle "débouchera sur plus d'usines en Europe".
Il prône "un protectionnisme écologique aux frontières européennes" et "un saut fédéral de l'Union" pour qu'elle devienne "une puissance politique et budgétaire" et puisse "lever de l'impôt" voire "mettre en place une taxe sur les plus hauts patrimoines".