PARIS: La nouvelle ministre de l'Education Amélie Oudéa-Castéra a transféré ses enfants de l'école publique au privé en raison de sa "frustration" devant "les paquets d'heures" d'enseignement "qui n'étaient pas sérieusement remplacées" lors des absences de professeurs, a-t-elle dit vendredi, interrogée à ce sujet.
"Je ne vais pas esquiver votre question (...) on va aller sur le champ du personnel", a-t-elle répondu lors d'un point presse à un journaliste de Mediapart, après la visite d'un collège à Andrésy (Yvelines).
Il s'agissait de son premier déplacement en tant que ministre de l'Education, aux côtés de son prédécesseur Gabriel Attal, désormais à Matignon.
"Mon fils aîné, Vincent, a commencé, comme sa maman, à l'école publique (élémentaire) à Littré (VIe arrondissement de Paris)", a-t-elle expliqué, avant d'évoquer sa "frustration" ainsi que celle de son mari, qui ont "vu des paquets d'heures qui n'étaient pas sérieusement remplacées".
Le couple en a "eu marre, comme des centaines de milliers de familles qui, à un moment, ont fait un choix d'aller chercher une solution différente", s'est-elle défendu, en précisant qu'il s'agissait d'un "choix de proximité" puisqu'ils habitaient rue Stanislas.
Le collège-lycée Stanislas, également dans le VIe arrondissement, au coeur de Paris, est un prestigieux établissement privé catholique.
Le patron du Parti socialiste Olivier Faure a jugé sur X "hallucinants" les propos de la ministre en les parodiant : "+l’école publique dont je suis désormais la ministre n’était pas assez bien pour mes enfants alors je les ai scolarisés dans un lycée privé dont les valeurs sont, selon les enquêtes qui y ont été réalisées, loin des valeurs républicaines+".
Les syndicats enseignants ont aussi réagi vivement. "Des propos lunaires et provocateurs, contre le service public d'éducation et ses personnels", a commenté sur X Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire.
La CGT Educ'action a fustigé une "lamentable et indigne prise de parole de la nouvelle ministre". Pour Jean-Rémi Girard, président du Snalc (collèges et lycées), c'est "une histoire intéressante par ce qu'elle dit sur l'abandon de l'école publique par nos dirigeants".
Lors de leur visite, Gabriel Attal et Amélie Oudéa-Castéra ont échangé avec des élèves sur le dispositif "devoirs faits", le sport à l'école ou encore un projet de rédaction d'une loi contre les stéréotypes dans le sport.
Avant de ressortir, Gabriel Attal a lancé un tonifiant "travaillez bien !" au mégaphone devant des élèves qui s'étaient préparés à l'acclamer dans la cour. Comme un écho à l'invitation "au travail" lancée au gouvernement par le chef de l'État lors du Conseil des ministres.
"Quand vous en aurez fini avec le cirque, il faudra penser au pain pour les Français", a commenté sur X le chef de file des députés LR Olivier Marleix.