ABIDJAN: Couvert d'or avec Liverpool, Mohamed Salah est maudit sous le maillot de la sélection égyptienne avec laquelle il multiplie les échecs cruels. Mais le Pharaon n'a pas abandonné ses rêves de conquête à l'approche de la Coupe d'Afrique qui commence samedi en Côte d'Ivoire.
Il a tout gagné en club, rien en sélection. Pire, le joueur africain de l'année en 2017 et 2018 a perdu deux finales de CAN (2017 et 2022), un barrage du Mondial-2022 et a joué blessé sa seule Coupe du monde, en 2018.
La malédiction de l'attaquant commence avec la CAN-2017, au Gabon. Alors que son équipe se dirigeait vers un huitième titre, menant 1-0 contre le Cameroun sur un but de Mohamed Elneny où Salah était passeur décisif, les Lions Indomptables ont pris une vieille revanche, après deux finales perdues contre le même adversaire (1986 et 2008) en renversant la vapeur en seconde période (2-1).
L'année suivante, alors que le joueur formé aux Arab Contractors allait disputer sa première Coupe du monde, et la troisième seulement de l'Égypte, après 1934 et 1990, il est blessé par Sergio Ramos au bout de 30 minutes de la finale de Ligue des champions 2018, perdue par Liverpool contre le Real Madrid (3-1).
Humilié à domicile
La star du Nil manque le premier match en Russie, perdu contre l'Uruguay (1-0).
Les staffs techniques et médicaux font tout pour remettre l'idole sur pied, il dispute les deux matches suivants mais est trop diminué. Même s'il marque les deux seuls buts de son équipe, il n'empêche pas deux nouvelles défaites, contre la Russie (3-1) et l'Arabie Saoudite (2-1).
L'Égypte, détentrice du record de victoires en CAN (sept), n'a toujours pas remporté le moindre match de Coupe du monde.
L'année 2019 semble devoir être la bonne. Cette fois, les "Reds" de Salah ont enfin gagné la Ligue des champions, 2-0 contre Tottenham, où il a ouvert le score sur penalty dès la deuxième minute, et l'Égypte joue la CAN à domicile. Elle a remporté la Coupe d'Afrique trois fois sur quatre quand elle l'a organisée, en 1959, 1986 et 2006 (demi-finaliste en 1974).
Mais après un premier tour parfait, avec trois victoires et deux buts de Salah, les Pharaons sont humiliés dès les 8es de finale par l'Afrique du Sud (1-0).
En 2022 au Cameroun, pour l'édition 2021 décalée de quelques mois, le meilleur joueur égyptien semble sur le point de conjurer le sort.
Le sortilège des tirs au but
Il porte son équipe jusqu'à une nouvelle finale, avec deux buts et un tir au but transformé en demi-finale contre le vieux rival camerounais (0-0, 3 t.a.b. à 1).
Mais Salah bute à nouveau sur la dernière marche, battu par le Sénégal (0-0, 4 t.a.b. à 2). Il boit le calice jusqu'à la lie car, placé en position de dernier tireur, il ne peut même pas exécuter son "péno" et voit Sadio Mané, son partenaire de Liverpool, devenir lui le héros de son pays en transformant le dernier tir au but.
Pour parachever le sortilège qui pèse sur lui en sélection, le capitaine échoue encore contre le même Sénégal en barrage pour la Coupe du monde au Qatar (1-0/0-1, 3 t.a.b. à 1). Et cette fois il rate son tir au but...
Salah, qui va manquer plusieurs matches avec les Reds dont un tour de "Cup" contre Arsenal et potentiellement un choc de Premier League contre ces mêmes "Gunners" si l'Égypte va loin, remet donc son métier sur l'ouvrage.
"Nous jouerons chaque match comme une finale", promet-il. Il ne faudra pas les perdre, cette fois...