RABAT: Des milliers d'enseignants ont manifesté jeudi à Rabat pour réclamer notamment une réforme "équitable" de leur statut dans le secteur de l'éducation, perturbé depuis trois mois par des grèves, a constaté un collaborateur de l'AFP.
"Dans l'unité et la solidarité, nous allons avoir gain de cause", ont scandé les manifestants en défilant de la principale artère du centre de la capitale jusqu'au siège du ministère de l’Éducation nationale.
Selon des chiffres du ministère, 50.000 enseignants sur 280.000 ont observé une grève de deux jours mercredi et jeudi, rejetant un accord trouvé entre le gouvernement et les principales centrales syndicales du secteur autour du statut des enseignants, à l'origine de la crise en octobre.
L'exécutif s'est engagé fin décembre à accorder "la qualité de fonctionnaire public à l'ensemble des travailleurs du secteur de l'éducation", répondant donc à la revendication phare de 140.000 enseignants dits contractuels du secteur public recrutés depuis 2016, selon un communiqué officiel.
Le gouvernement a également annoncé une augmentation de 1.500 dirhams (près de 140 euros) pour tous les enseignants dont le salaire moyen est de 5.000 dirhams (environ 463 euros).
Mais la Coordination nationale du secteur de l'éducation, un regroupement informel de plusieurs groupes catégoriels, a rejeté l'accord.
«Réforme équitable»
"Le gouvernement cherche seulement à absorber la colère des enseignants. Nous n'adhérons pas à cet accord car il a été signé par des syndicats qui ne nous représentent pas", a expliqué à l'AFP Rabie El Gourii, membre de la Coordination.
Les grèves perturbent depuis octobre la scolarité des 7 millions d'élèves du secteur public, soit 87% des apprenants marocains, selon les chiffres du ministère de l'Education.
"On veut une réforme équitable pour les enseignants", a poursuivi M. El Gourii.
Un mouvement de grève similaire avait été enclenché en 2019 par les enseignants dits contractuels (recrutés à travers des contrats avec les Académies régionales) qui revendiquaient le statut de fonctionnaire public.
L'enseignement public marocain fait souvent l'objet de critiques entre un niveau des élèves jugé faible, un taux élevé d'abandon scolaire, des classes surchargées, et aussi une privatisation constante du secteur.