Niger: les maîtres de la musique traditionnelle face à un patrimoine en péril

Aichata Adamou joue un gourimi traditionnel lors d'un atelier pour jeunes défavorisés à Niamey le 25 décembre 2023 (Photo, AFP).
Aichata Adamou joue un gourimi traditionnel lors d'un atelier pour jeunes défavorisés à Niamey le 25 décembre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 03 janvier 2024

Niger: les maîtres de la musique traditionnelle face à un patrimoine en péril

  • Les vocations musicales sont aussi contrariées par l'essor d'un islam rigoriste dans ce pays à 99% musulman
  • Mais aussi par un système de castes qui réservait la pratique des instruments à des griots

NIAMEY: De l'intérieur d'une case plongée dans l'obscurité, résonne une succession de coups graves et aigus qui scandent un appel en langue haoussa: un musicien nigérien envoie un "télégramme" traditionnel frappé sur un tambour.

"Tu vois ? Il a entendu son nom !", se réjouit Oumarou Adamou, alias "Maïdouma", l'un des plus célèbres musiciens traditionnels du Niger et grand maître du douma, une percussion typique du patrimoine haoussa dont il module la fréquence en faisant pivoter son pied nu sur la membrane en peau de chèvre.

Rares sont ceux qui, désormais, comprennent ce langage codé. La jeunesse nigérienne, éprise de rap et de musique électronique, oublie ces savoirs.

Le temps d'une démonstration, M. Adamou enfile son boubou de scène bleu ciel et redevient "Maïdouma". Son regard s'illumine tandis qu'il commence à frapper ses percussions fétiches. Les "Bonne chance ! Bon travail ! Longue vie ! Dieu est grand !" rythment sa logorrhée.

Ambassadeur des musiques nigériennes sur les scènes du monde entier, M. Adamou est désormais leur gardien au Centre de formation et de promotion musicale (CFPM), une institution gouvernementale fondée en 1989 à Niamey.

Bien peu de curieux viennent visiter son "musée", une case ronde dans un coin du CFPM où s'entasse une collection de percussions, d'instruments à cordes et à vent, sauvés de l'incendie du musée national en 2011.

"Nos instruments de musique traditionnelle sont menacés de disparition, les jeunes d'aujourd'hui veulent tous jouer des instruments modernes, comme la guitare et la batterie", déplore M. Adamou.

Si le gotha de la musique traditionnelle nigérienne se retrouve encore quotidiennement entre les bâtisses ocre du CFPM, les maîtres du douma, kalangou, gouroumi, molo, se font vieux et rares. Leurs instruments, ainsi que leurs rythmes et leurs significations ancestrales, sont menacés de disparaître avec eux.

Jeunes «impatients»

"Combien d'artistes répètent ici ? C'est fini, ils sont tous partis", regrette Yacouba Moumouni, alias "Denké Denké", célèbre chanteur et maître peul de la flûte.

Le manque de financement contrarie tous les projets de préservation dans un pays classé parmi les plus pauvres du monde où les moins de 25 ans composent 70% de la population.

Les tensions diplomatiques entre les autorités militaires au pouvoir et plusieurs partenaires occidentaux depuis le coup d'Etat du 26 juillet sont de mauvais augure pour le monde de la culture qui a longtemps bénéficié de financements étrangers.

Mais le problème est plus profond et le diagnostic posé par les doyens est unanime: les jeunes "impatients" préfèrent composer sur ordinateur plutôt que de s'astreindre à un long apprentissage peu rémunérateur.

Les vocations musicales sont aussi contrariées par l'essor d'un islam rigoriste dans ce pays à 99% musulman. Mais aussi par un système de castes qui réservait la pratique des instruments à des griots, aujourd'hui victimes d'une image généralement peu flatteuse.

"Les griots, on ne les considère pas comme au Mali ou au Sénégal. Au Niger quand tu es griot, tu es un peu vulgaire dans la société", explique M. Moumouni, dont le fils est actuellement l'unique apprenti.

Pauvreté 

Au contraire de ses voisines du Mali ou du Nigeria, la musique traditionnelle du Niger n'a pas su "s'ouvrir aux autres musiques du monde" et se moderniser, estime de son côté Mahamane Sani, artiste et enseignant.

Parti de ce constat, il organise depuis 2018 des ateliers destinés à des jeunes issus de milieux défavorisés, où ils apprennent à jouer et à fabriquer des instruments traditionnels.

Des activités indissociables, car dans la tradition, "celui qui joue des instruments doit être capable de les fabriquer lui-même", souligne ce spécialiste de la musique nationale.

A quelques pas du musée des instruments, dans une salle de classe du CFPM, une dizaine d'élèves s'initient sous sa houlette au maniement du gourimi, instrument à corde d'origine haoussa.

Couverte d'un voile blanc, Aichata Adamou frotte ses premières cordes avec prudence. "Si j'arrive à vendre même un seul gouroumi, cet atelier sera un bénéfice pour nous", estime la jeune femme.

Certains des élèves des précédentes éditions se sont lancés dans une carrière musicale. D'autres ont trouvé un travail dans la compagnie de fabrication d'instruments de musique et du spectacle vivant, fondée par Mahamane Sani.

Au delà de trouver un emploi à ces jeunes, il s'agit "d'ouvrir leurs yeux, qu'ils comprennent ce qu'ils peuvent gagner, ce que cela comporte comme intérêt d'être porteur de ces valeurs ancestrales", insiste ce dernier.

Un discours qui trouve son écho auprès d'une jeunesse qui affirme son identité. "On imite les gens qui sont à l'étranger, mais on a nos propres instruments, pourquoi ne pas travailler sur eux ?" demande Oumarou Abourahamane, un jeune rappeur qui participe à l'atelier.

De quoi renforcer l'inaltérable optimisme d'Oumarou Adamou, qui ambitionne de former "des jeunes volontaires de toutes les régions du Niger" en 2024 si les finances le lui permettent.

"Bonne chance, bon travail, longue vie!" "Maïdouma" et ses instruments n'ont peut-être pas fini de bavarder.


AlUla accueille le Sommet pour les créateurs de contenu sur Instagram

Le programme comprend des tables rondes interactives, des discours d'ouverture et des conversations sur l'avenir de la création de contenu, couvrant des sujets tels que les médias sociaux, l'intelligence artificielle et l'évolution du paysage numérique. (SPA)
Le programme comprend des tables rondes interactives, des discours d'ouverture et des conversations sur l'avenir de la création de contenu, couvrant des sujets tels que les médias sociaux, l'intelligence artificielle et l'évolution du paysage numérique. (SPA)
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  • Ce sommet révolutionnaire est le premier du genre dans la région et réunira des créateurs de contenu de premier plan du monde entier

ALULA : AlUla s'apprête à accueillir le premier sommet pour les créateurs de contenu sur Instagram au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. L'événement aura lieu du 20 au 22 avril, organisé par Meta, la société de technologie, en partenariat avec la Commission royale pour AlUla, et en collaboration avec l'Autorité saoudienne du tourisme et Riyadh Air.

Ce sommet révolutionnaire est le premier du genre dans la région et réunira les principaux créateurs de contenu du monde entier. Au programme figurent des tables rondes interactives, des allocutions d'ouverture ainsi que des discussions prospectives sur l’avenir de la création de contenu. Les échanges aborderont des thématiques telles que les médias sociaux, l’intelligence artificielle et l’évolution du paysage numérique.

Ces créateurs ont collectivement collecté plus de 231 millions de followers dans le monde entier, soulignant l'importance croissante du marketing d'influence dans les destinations de voyage d'aujourd'hui.

Le sommet proposera également des sessions sur la manière d'utiliser au mieux les outils de la plateforme, d'explorer les dernières mises à jour techniques et d'identifier de nouvelles opportunités dans la Creator Economy.

Des dialogues interactifs offriront aux participants l’opportunité d’échanger directement avec les directeurs de produit de Meta, tandis que des forums ouverts favoriseront le partage d’expertise et la création de collaborations durables entre créateurs.

Ce sommet est l'occasion d'acquérir des connaissances, d'entrer en contact avec les leaders de l'industrie et de rester à l'avant-garde de la scène numérique en constante évolution.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le lancement de Cinamaa, une nouvelle ère pour les études cinématographiques en Arabie saoudite

L'exposition Cinamaa de la Commission saoudienne du film. (AN)
L'exposition Cinamaa de la Commission saoudienne du film. (AN)
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  • Des experts ont souligné l'importance du développement des études cinématographiques en Arabie saoudite

RIYAD : La Commission saoudienne du film a lancé une nouvelle initiative, Cinamaa, pour promouvoir les études cinématographiques et soutenir les personnes qui se lancent dans l'industrie.

Un événement de lancement a eu lieu mercredi au Palais culturel de Riyad, organisé par la commission et la National Film Archive.

Le site web Cinamaa, une plateforme destinée à aider à former les cinéastes, les critiques et les cinéphiles aspirants, en leur permettant de partager leur travail, offre aux utilisateurs l'accès à des articles, des études, des discussions, des ateliers et des courts-métrages sur divers sujets liés au cinéma.

À l’issue d’une table ronde consacrée à l’importance des études cinématographiques dans le milieu universitaire, Salma Tarek, professeure de littérature au département de langue française de l’Université du Caire, a déclaré à Arab News : « Nous devons distinguer entre les études universitaires et les études sur le cinéma, c'est-à-dire l'enseignement de niveau universitaire, et les études dans les instituts cinématographiques, qui visent à former des techniciens et des cinéastes ».

« Ces dernières sont très importantes et largement disponibles, mais les études cinématographiques aux niveaux scolaire et universitaire font encore défaut », a-t-elle ajouté. 

À l'étranger, par exemple, les enfants de l'école primaire suivent des programmes de lecture et d'alphabétisation qui comprennent une section sur la façon de "lire" un film. Ils apprennent ce qu'est un plan, ce que signifie un mouvement de caméra, car ces éléments font désormais partie du langage de base qui nous permet d'interpréter le monde qui nous entoure", a déclaré Mme Tarek.

« Le cinéma n'est plus seulement une forme d'art, c'est une forme de discours. Nous y sommes constamment exposés et il est très important que nous apprenions à décoder ses messages », a-t-elle indiqué. 

Selon Mme Tarek, ces messages sont constamment envoyés aux spectateurs, qui doivent les recevoir de manière ouverte et réfléchie.

« L'université est l'institution la mieux placée pour jouer ce rôle », a-t-elle précisé. 

Lorsqu'on lui demande ce qui peut être fait pour faire avancer ce programme, elle répond qu'il faut d'abord être convaincu de la valeur des études cinématographiques, une tâche qui, selon elle, n'est "pas simple".

Le point d'entrée, cependant, se trouve dans les études interdisciplinaires.

"Par exemple, les départements de littérature peuvent proposer des cours sur la relation entre l'art de la performance et le cinéma. Dans les départements d'histoire, il peut y avoir un cours sur le cinéma et l'histoire. Peu à peu, ces frontières s'ouvriront et nous commencerons à développer une culture cinématographique au sein des institutions académiques.

Ces institutions auront alors les capacités et les bases nécessaires pour créer des départements dédiés aux études cinématographiques, ce qui, selon M. Tarek, est le "but ultime".

Le panel a également discuté de la nécessité de produire davantage de contenu arabe original en plus des traductions de films étrangers.

Tareq Al-Khawaji, critique de cinéma et conseiller culturel au Centre du Roi Abdulaziz pour la culture mondiale, a déclaré que les jeunes Saoudiens intéressés par l'écriture de scénarios ont une grande opportunité de développer des scénarios qui peuvent contribuer à renforcer la scène cinématographique dans le Royaume.

Le lancement de Cinamaa a été suivi de la signature de deux protocoles d'accord entre la Commission du film saoudien et ses partenaires, la Saudi Broadcasting Authority et la Fédération internationale des critiques de cinéma.

Le directeur général de la commission, Abdullah Al-Qahtani, a pris la parole aux côtés de Mohammed Fahad Al-Harthi, directeur général de la SBA et ancien rédacteur en chef d'Arab News, et du directeur général de Fipresci, Ahmad Shawky.

La création de l'Association des critiques de cinéma a également été annoncée. Il s'agit de la première entité professionnelle indépendante dédiée à la critique cinématographique en Arabie Saoudite.

À la fin de la soirée, les portes se sont ouvertes pour accueillir les invités dans une exposition sur l'histoire du cinéma dans le monde arabe. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Arabie saoudite célèbre la Journée du patrimoine mondial avec six jours d’évènements à Riyad

Abdullah Al-Fawzan est l'un des artistes participant à l'événement. Il présente ses œuvres en bois sculpté inspirées des motifs des portes Najdi. (Photo AN)
Abdullah Al-Fawzan est l'un des artistes participant à l'événement. Il présente ses œuvres en bois sculpté inspirées des motifs des portes Najdi. (Photo AN)
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  • Les événements, qui se déroulent du 16 au 21 avril à la vallée de Laysen, visent à honorer et à promouvoir les valeurs historiques et culturelles du Royaume et de son patrimoine par le biais d'activités éducatives et interactives
  • Les visiteurs seront accueillis par une expérience immersive qui les transportera dans les huit sites du patrimoine mondial du Royaume et mettra en valeur leur importance culturelle

RIYAD : Une série d'événements spéciaux se déroulent cette semaine à la vallée de Laysen à Riyad pour célébrer la Journée du patrimoine mondial le 18 avril.

Organisées par la Commission du patrimoine du ministère de la Culture, ces activités, qui se déroulent du 16 au 21 avril, visent à honorer et à promouvoir les valeurs historiques et culturelles de l'Arabie saoudite et de son patrimoine par le biais d'activités éducatives et interactives.

Selon les organisateurs, les visiteurs de la vallée de Laysen seront accueillis par une expérience immersive qui les transportera dans les huit sites du patrimoine mondial du Royaume et mettra en évidence leur importance culturelle par le biais de récits, d'un spectacle de lumière numérique et de recréations en direct des lieux.

Un certain nombre d'artistes participent aux événements, notamment Abdullah Al-Fawzan, dont les œuvres en bois sculpté s'inspirent des motifs najdi. Les portes de l'ancien Najd, connues pour leur riche décoration et leurs motifs inspirés des structures naturelles, sont emblématiques des racines profondes et de la culture de la région centrale de l'Arabie saoudite.

Interrogé par Arab News, M. Al-Fawzan a expliqué que la sculpture sur bois est un élément essentiel des traditions de sa famille, qui remonte à six générations. Sous la direction de son père, il a commencé à apprendre cette technique à l'âge de sept ans. Il a créé une centaine de portes de style najdi pour de nombreux projets dans différentes parties de la capitale, notamment à Diriyah et à Al-Doho, un quartier historique du sud de Riyad.

« On peut dire que les artisans sont considérés comme le pont entre le passé et le présent. Nous travaillons sur des pièces entièrement faites à la main, tout en préservant l'authenticité et l'identité du Najd », a-t-il affirmé. 

M. Al-Fawzan travaille de six à dix heures par jour pour sculpter et peindre ses œuvres, et son métier lui a appris l'art de la patience, en particulier lorsqu'il rencontre des problèmes.

« Nous avons un proverbe qui dit : Celui qui est patient triomphe. Je ne peux pas travailler sur quelque chose de grand si je suis de mauvaise humeur. Je dois être d'humeur claire, loin de tout problème et prêt à travailler », a-t-il lancé. 

Parmi les autres attractions de la Journée du patrimoine figurent un espace réservé aux enfants et des pavillons présentant des objets d'art et d'artisanat traditionnels. Des ateliers, des démonstrations en direct par des artisans et des marchés où les artisans vendront des articles faits à la main sont également prévus. En outre, une série de spectacles de drones sera organisée à Wadi Al-Turath le 18 avril.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com