PARIS: En termes d’événements célébrant la culture arabe en France, l’année 2023 a été particulièrement riche. Qu’ils soient organisés à l’Institut du monde arabe (IMA) à travers des colloques, des rencontres et des expositions ou dans différents autres lieux tels que le Palais d’Iéna ou le cinéma Beaugrenelle à travers des initiatives privées, ces moments forts ont rythmé la vie culturelle française.
Histoire des parfums
L’exposition Parfums d’Orient a été inaugurée le 26 septembre à l’IMA, à Paris. Cet événement culturel historique, proposé par Hanna Boghanim et Agnès Carayon, est unique. Il appelle les visiteurs au voyage et à la découverte des parfums d’Orient – de Mascate, du Caire, de Tunis ou de Djeddah. Programmé jusqu’au 17 mars 2024, il présente plus de deux cents œuvres. On y trouve des manuscrits, des peintures, des photographies, des textiles ainsi que des dispositifs odorants, des vidéos, des miniatures et des installations. Il y est question de l’histoire des parfums et des huiles, de la fabrication des fragrances, des eaux florales, des baumes et de leurs usages dans la vie quotidienne ou à l’occasion de diverses célébrations.
Prix prestigieux
Avec pour enjeu la mise en lumière de la création du monde arabe sous toutes ses formes, l’IMA s’ouvre au design: il lance un prix prestigieux réparti en quatre catégories et destiné à une quinzaine de candidats d’horizons différents.
Sous l’impulsion de Jack Lang, l’institut lance en effet cette année son tout premier prix du design. Il est destiné à promouvoir le projet d’une entreprise de design et d’un jeune designer ressortissant de la Ligue arabe (ou dont la production est développée dans l’un des pays de la Ligue arabe). C’est l’occasion de célébrer une figure confirmée de cette industrie créative dans le monde arabe. L’IMA distingue les designers du monde arabe par l’attribution des récompenses suivantes: «talent émergent» , «talent entrepreneurial», «grand prix» et «grand prix d’honneur». Le jury, présidé par l’architecte franco-iranienne India Mahdavi, a révélé son palmarès le 6 septembre dernier.
L’IMA à l’heure palestinienne
«Ce que la Palestine apporte au monde» est le titre d’une exposition qui porte sur la créativité artistique et culturelle palestinienne. Elle s’est tenue à l’IMA du 31 mai et au 19 novembre 2023. Cette initiative inédite a pour objectif «la mise en valeur de l’ampleur et de l’originalité de la créativité artistique et culturelle palestinienne». Elle propose au public quatre expositions ainsi que l’édition d’un livre dans la collection Araborama, en partenariat avec les éditions du Seuil. L’ouvrage est consacré à la Palestine, à son peuple, à ses frontières et à son histoire. Il évoque l’organisation de diverses manifestations culturelles, qu’il s’agisse de musique, de littérature, de cinéma, de poésie ou de danse, autour de cette thématique. Expositions, spectacles, cinéma, rencontres et débats, visites guidées, ateliers jeune public, rencontres littéraires… Pendant six mois, c'est tout l’IMA qui s’est mis à l’heure palestinienne!
Le cinéma arabe à l’honneur
La 3e édition de la Nuit du cinéma saoudien a été organisée à l’IMA dans le cadre d’une tournée du cinéma saoudien en France à l’initiative de l’association d’amitié franco-saoudienne Génération 2030. Elle a connu une forte affluence en 2023. Cette association joue aujourd'hui le rôle de véritable «pont culturel» entre la France et l’Arabie saoudite. Le principe est le suivant: le temps d’une soirée, mettre en avant les œuvres récentes de jeunes réalisateurs saoudiens, les faire connaître en France et permettre le rapprochement des acteurs des industries européenne et saoudienne. L’événement propose la projection de courts métrages, mais également des moments d’échange avec le public. Les amateurs de cinéma français – étudiants, parties prenantes de l’industrie cinématographique ou simples curieux – ont découvert de jeunes talents d’Arabie saoudite qui sont reconnus sur la scène internationale. La plupart des films ont été projetés et commentés par les réalisateurs eux-mêmes ou par leurs producteurs saoudiens dans une ambiance conviviale.
Quelques mois auparavant avait eu lieu la 1re édition des Soirées du cinéma saoudien à Paris, organisée au cinéma Pathé Beaugrenelle à l’initiative de la Commission du film d’Arabie saoudite. Il s’agit de faire découvrir pendant plusieurs soirées de jeunes réalisateurs saoudiens. Lors de cet événement, cinq films principaux étaient à l’affiche : A Swing, de Dana et Raneem Almohandes, Othman, de Khaled Zidan, Dunya’s Day, de Raed Alsamari, Matchstick, de Salma Murad, et Starting Point, un film d’animation réalisé par Kamel Altamimi. Comme pour la Nuit du cinéma, ces œuvres ont été analysées par les cinéastes ou par leurs producteurs saoudiens.
Les relations culturelles et de coopération entre la France et l’Arabie saoudite sont aujourd’hui rayonnantes, notamment grâce à l’ouverture du Royaume et à la mise en œuvre de la Vision 2030, avec le programme Quality of Life (sport, culture, divertissement, tourisme).
Le Festival du film libanais de France a également connu une forte affluence en 2023. Sa 3e édition s’est tenue du 23 au 26 novembre à l’IMA ainsi qu’au cinéma Le Lincoln. Placée sous le signe de l’espoir, elle a proposé de nombreux films inédits ainsi que vingt-huit courts métrages (la moitié d’entre eux étaient réalisés par des étudiants issus de plus d’une dizaine d’universités). La programmation de cette édition s’articule autour des thématiques de la représentation du trauma et de la santé mentale, un sujet récurrent dans la production cinématographique libanaise. Ce thème, encore tabou dans le monde arabe, a fait l’objet de plusieurs discussions lors du festival. L’événement a également proposé des tables rondes, des débats et des rencontres dans le but de rassembler les cinéphiles et de créer des liens entre les professionnels du secteur.
4e édition réussie pour Menart Fair
Après le succès retentissant de ses trois premières éditions, la Menart Fair a eu lieu du 15 au 17 septembre au Palais d’Iéna, au cœur de la capitale française. Il a présenté le meilleur de la création moderne et contemporaine du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Trente et une galeries de onze pays ainsi que six institutions ont répondu à l'appel de cette initiative artistique unique qui souligne la fécondité et l'originalité de la création dans la région Mena. Cette jeune foire propose un parcours au sein d’une sélection exigeante de plus d’une centaine d’artistes; la plupart d’entre eux sont reconnus dans leurs pays respectifs. Elle permet de découvrir une scène dynamique et engagée qui nous invite à poser un nouveau regard sur un contexte géopolitique complexe et apporte une grande diversité artistique.
Perspectives de coopération
Les relations culturelles et de coopération entre la France et l’Arabie saoudite sont aujourd’hui rayonnantes, notamment grâce à l’ouverture du Royaume et à la mise en œuvre de la Vision 2030, avec le programme Quality of Life (sport, culture, divertissement, tourisme). Ce dernier multiplie les perspectives de coopération et de rayonnement culturel, surtout en ce qui concerne les grands projets (AlUla, Neom, Red Sea, Qiddiya, Diriyah…).
La coopération archéologique franco-saoudienne a débuté à Hégra en 2002. Elle s’étend aujourd’hui à seize lieux emblématiques du riche patrimoine saoudien.
D’autres liens ont également été renforcés: ainsi, l’accord de partenariat entre le Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou et la Commission royale pour AlUla contribuera à la mise en place d'un musée d'art contemporain à AlUla, un projet unique dans la région. Dans le secteur du cinéma, le film Jeanne du Barry, présenté en ouverture du Festival de Cannes, a bénéficié en 2023 d’un soutien du Fonds de la mer Rouge dans sa phase de postproduction, une première pour un film français.