Au Bangladesh, la faim et l'insécurité comme lot quotidien des Rohingyas

Des Rohingyas sur un marché du camp de réfugiés de Kutupalong à Ukhia, au Bangladesh (Photo, AFP).
Des Rohingyas sur un marché du camp de réfugiés de Kutupalong à Ukhia, au Bangladesh (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 24 décembre 2023

Au Bangladesh, la faim et l'insécurité comme lot quotidien des Rohingyas

  • Guerre des gangs, trafic de drogue et kidnappings contre rançon sont devenus monnaie courante de l'aveu même de la police
  • Déjà précaires, les conditions de vie dans les camps se sont encore dégradées ces derniers mois

KUTUPALONG: Dans les camps du Bangladesh, la faim et les violences sont de plus en plus le lot quotidien des réfugiés rohingyas, poussant un nombre croissant d'entre eux à entreprendre un périlleux périple par la mer vers l'Indonésie ou la Malaisie.

Entièrement dépendante de l'aide alimentaire de l'ONU depuis que son mari a été arrêté alors qu'il tentait de travailler hors du camp de Kutulapong, dans le sud-est du pays, Nur Kayes dit n'avoir qu'"une ration" quotidienne pour survivre avec ses deux enfants.

"Lorsque mes enfants voient les voisins manger quelque chose, ils se mettent à pleurer. Je ne supporte pas les larmes de mes enfants", confie la jeune femme de 27 ans, réfugiée depuis 2017. "Je passe mes journées et mes nuits à pleurer", ajoute-t-elle.

Comme elle, environ un million de membres de cette minorité à majorité musulmane ont fui les persécutions en Birmanie voisine, qui font l'objet d'une enquête internationale pour "génocide".

Déjà précaires, les conditions de vie dans les camps se sont encore dégradées ces derniers mois, avec l'aggravation des pénuries alimentaires et la multiplication des violences.

Guerre des gangs, trafic de drogue et kidnappings contre rançon sont devenus monnaie courante de l'aveu même de la police, selon qui plus de 60 Rohingyas ont été tués cette année, un record.

"Les Rohingyas n'en peuvent plus de vivre dans les camps et d'avoir leur vie à la merci de bandits", résume le jeune militant rohingya Saiful Arakani, 27 ans.

Kidnappé dans son sommeil 

Nur Kayes dit qu'un de ses voisins a été kidnappé "durant son sommeil" et que sa famille a dû lourdement s'endetter pour rassembler les quelque 1.350 dollars réclamés pour sa libération.

L'inquiétude de la jeune femme est d'autant plus importante qu'elle n'aurait elle-même aucun moyen de payer une rançon si elle ou un de ses enfants étaient enlevés, dit-elle.

Il lui a jusqu'à présent été impossible de rassembler assez d'argent pour aller rendre visite à son mari Faruk, un marin qui a été jeté en prison il y a six mois car il avait violé l'interdiction de travailler hors des camps.

A fortiori, Nur Kayes dit n'avoir rien pour payer un avocat qui pourrait peut-être lui obtenir une libération conditionnelle.

"Où pourrais-je trouver 4.000-5.000 takas (35-45 dollars) alors que je n'ai déjà rien pour ma famille?", s'interroge-t-elle.

Elle-même a la chance de travailler auprès d'une famille un peu plus aisée du camp. Mais elle consacre son maigre salaire et plus de la moitié de son aide alimentaire à rembourser la dette contractée pour construire sa hutte de bambou et de bâches.

La misère a poussé des dizaines de milliers de Rohingyas à travailler hors des camps, reconnaissent deux membres de la Commission bangladaise aux réfugiés qui ont requis l'anonymat.

Mais ces réfugiés font concurrence à la main d'oeuvre locale et, "de façon compréhensible, cela irrite les habitants", dit l'un d'eux.

Coûteuse traversée 

Alors pour de nombreux Rohingyas, notamment les plus jeunes, la seule issue est de tenter sa chance par-delà les mers, en Indonésie ou en Malaisie.

"Ils quittent les camps car ils sont désespérés et veulent avoir une meilleure vie loin des violences, peu importe s'ils meurent en mer, ils veulent partir", souligne Saiful Arakani.

Depuis novembre, les départs se sont multipliés de façon inédite depuis le déchaînement des persécutions en 2017 en Birmanie, avec plus de 1.500 Rohingyas arrivés dans la seule province indonésienne d'Aceh, à 1.800 km de là, selon l'ONU.

Bien que propriétaire d'une petite échoppe dans le camp, Mohammad Islam n'a pas hésité à envoyer son unique fils en Malaisie l'an dernier. "Les gens ne se soucient pas de leur vie, ils se soucient de leur estomac", dit-il.

Une entreprise non seulement risquée mais aussi coûteuse: les passeurs exigent de 900 à 1.800 dollars pour une traversée.

Une somme totalement hors d'atteinte pour Nur Kayes. "Si j'avais eu assez d'argent, je serais déjà partie avec ma famille en Indonésie ou en Malaisie", soupire la jeune femme.


Cinq candidats retenus pour la présidence de la Banque africaine de développement

Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD), s'exprime lors de la célébration du 60e anniversaire de l'institution à l'hôtel Sofitel Ivoire d'Abidjan, le 10 septembre 2024. (AFP)
Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD), s'exprime lors de la célébration du 60e anniversaire de l'institution à l'hôtel Sofitel Ivoire d'Abidjan, le 10 septembre 2024. (AFP)
Short Url
  • Cinq candidats ont été officiellement retenus pour succéder au Nigérian Akinwumi Adesina à la tête de la Banque africaine de développement (BAD), lors de l'élection prévue le 29 mai
  • La BAD, fondée en 1964, compte 81 pays membres, dont 54 pays africains

Abidjan, Côte d'Ivoire: Cinq candidats ont été officiellement retenus pour succéder au Nigérian Akinwumi Adesina à la tête de la Banque africaine de développement (BAD), lors de l'élection prévue le 29 mai, a annoncé vendredi l'institution basée à Abidjan.

Deux candidats viennent d'Afrique de l'ouest: les anciens ministres de l'Economie du Sénégal (2019-2022), Amadou Hott et de Mauritanie (2008-2015) Sidi Ould Tah.

Deux autres sont originaires d'Afrique australe: l'économiste zambien Samuel Munzele Maimbo et la Sud-Africaine Bajabulile Swazi Tshabalala qui a été vice-présidente de l'institution.

Le dernier candidat est l'ancien gouverneur de la Banque des Etats d'Afrique centrale (2017-2024), le Tchadien Abbas Mahamat Tolli.

La BAD, fondée en 1964, compte 81 pays membres, dont 54 pays africains.

Elle fait partie des grandes banques multilatérales de développement et ses ressources proviennent notamment des souscriptions des pays membres, des emprunts effectués sur les marchés internationaux, et des remboursements et revenus des prêts.

Elle aide les pays africains en favorisant l'investissement dans des projets dans divers secteurs comme l'agro-industrie, le transport ou encore l'énergie ou la santé.

M. Adesina passe la main à la tête de l'institution après deux mandats de cinq ans pendant lesquels le capital souscrit de la BAD a plus que doublé, à près de 200 milliards de dollars.

Il avait été réélu en 2020, unique candidat, malgré des accusations de mauvaise gestion et de favoritisme. Il avait été disculpé peu avant par un comité d'experts.

Le président de la BAD est élu par le conseil des gouverneurs constitué des représentants des 81 pays membres, qui sont habituellement les ministres des Finances et du Plan ou des gouverneurs de banques centrales.

L'élection doit se tenir le 29 mai à Abidjan, siège de l'institution.


L'UE conditionne son aide au Liban à une réforme bancaire et un accord avec le FMI 

La Banque centrale du Liban. (AFP)
La Banque centrale du Liban. (AFP)
Short Url
  • Vendredi, la commissaire européenne pour la Méditerranée, Dubravka Suica, a précisé que, sur les fonds alloués, "500 millions avaient déjà été adoptés en août dernier, et 500 millions supplémentaires seront bientôt débloqués"
  • "La principale condition préalable est la restructuration du secteur bancaire (...) ainsi qu'un bon accord avec le FMI", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse après sa rencontre avec le président Joseph Aoun

BEYROUTH: Une responsable de l'Union européenne (UE) en visite au Liban a déclaré vendredi que le versement d'un demi-milliard d'euros de financement était conditionné à une restructuration du secteur bancaire et à la conclusion d'un accord avec le Fonds monétaire international (FMI).

En mai dernier, l'UE avait annoncé une aide d'un milliard d'euros pour le Liban afin d'endiguer l'immigration clandestine vers l'Europe. Cette aide vise à renforcer les services de base, notamment l'éducation et la santé, alors que le pays traverse une grave crise économique.

Vendredi, la commissaire européenne pour la Méditerranée, Dubravka Suica, a précisé que, sur les fonds alloués, "500 millions avaient déjà été adoptés en août dernier, et 500 millions supplémentaires seront bientôt débloqués, mais certaines conditions doivent être remplies".

"La principale condition préalable est la restructuration du secteur bancaire (...) ainsi qu'un bon accord avec le FMI", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse après sa rencontre avec le président Joseph Aoun.

"Une fois ces conditions remplies, nous poursuivrons bien sûr le versement" des fonds, a-t-elle ajouté.

La communauté internationale réclame depuis longtemps que le Liban mette en oeuvre des réformes pour débloquer des milliards de dollars d'aide et relancer son économie, après la crise financière de 2019, imputée à la gabegie et la corruption.

Le mois dernier, le Liban a élu un nouveau président après plus de deux ans de vacance du pouvoir, et un gouvernement a été formé ce mois-ci, remplaçant l'administration intérimaire.

Cette semaine, le FMI a déclaré être ouvert à un nouvel accord de prêt avec le Liban après des discussions avec son nouveau ministre des Finances.

Mme Suica a également dit avoir discuté avec Joseph Aoun d'un "nouveau pacte pour la Méditerranée", ce qui signifie, selon elle, que "nous allons entamer des accords globaux de partenariat stratégique bilatéraux avec des pays, dont le Liban".

L'UE cherche à stabiliser le pourtour méditerranéen afin d'éviter d'importants flux migratoires vers l'Europe. Le Liban affirme accueillir environ deux millions de Syriens, soit le plus grand nombre de réfugiés par habitant au monde, et constitue également un point de départ pour les migrants en route vers l'Europe.

 


Le pape François a passé une nouvelle «bonne nuit et s'est levé», selon le Vatican

Short Url
  • "La nuit s'est bien passée. Ce matin, le pape François s'est levé et a pris son petit déjeuner", indique un bref communiqué, une semaine après son hospitalisation
  • Le Vatican avait fait savoir jeudi soir que l'état de santé du pape était en légère amélioration

CITE DU VATICAN: Le pape François, 88 ans, a passé une nouvelle nuit calme à l'hôpital Gemelli de Rome où il est soigné pour une pneumonie touchant les deux poumons, a indiqué vendredi le Vatican.

"La nuit s'est bien passée. Ce matin, le pape François s'est levé et a pris son petit déjeuner", indique un bref communiqué, une semaine après son hospitalisation.

Le Vatican avait fait savoir jeudi soir que l'état de santé du pape était en légère amélioration.

"L'état clinique du Saint-Père s'améliore légèrement. Il est apyrétique (sans fièvre, ndlr) et ses paramètres hémodynamiques (circulation sanguine) restent stables", a annoncé le Vatican dans un bulletin de santé.

"Ce matin, il a reçu l'Eucharistie et s'est ensuite consacré à ses activités professionnelles", selon la même source.

Selon une source vaticane, il s'agit de contacts avec ses plus proches collaborateurs, la lecture et la signature de documents et des appels téléphoniques.

Dans la journée déjà, des cardinaux s'étaient montrés encourageants sur l'état de santé du pape argentin, assurant que ce dernier était "sur la bonne voie".

François a été admis à l'hôpital Gemelli de Rome vendredi dernier pour une bronchite, mais le Saint-Siège a révélé mardi qu'il avait développé une pneumonie dans les deux poumons, une infection du tissu pulmonaire potentiellement mortelle.

Cette hospitalisation, la quatrième depuis 2021, suscite de vives inquiétudes alors que le pape a déjà été affaibli par une série de problèmes ces dernières années, allant d'opérations du côlon et de l'abdomen à des difficultés à marcher.

Messages de soutien 

Ces préoccupations sont renforcées par la diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux, notamment sur X, rapportant la mort du pape en plusieurs langues.

"Quelle perte de temps", a déploré le cardinal espagnol Juan José Omella, qui assure que le pape va "beaucoup mieux". "L'important est de savoir comment il réagit aux médicaments. Mais je pense qu'il y a de l'espoir", a-t-il affirmé aux journalistes.

Aucune indication n'a toutefois été fournie sur la durée de ce séjour et le Vatican n'a pas précisé si François, qui n'est plus apparu en public depuis le 14 février, pourrait présider dimanche la prière hebdomadaire de l'Angélus.

L'hospitalisation du pape, à la fois leader spirituel de 1,3 milliard de catholiques et chef de l'Etat de la Cité du Vatican, a relancé les spéculations autour de sa capacité à assurer sa charge, alors que le droit canonique ne prévoit aucune disposition en cas de problème grave qui altèrerait sa lucidité.

L'évêque de Rome a reçu de nombreux messages de sympathie du monde entier, de la part de responsables politiques et religieux, de fidèles ou des dessins d'enfants.

Malgré des alertes de santé à répétition ces dernières années, Jorge Bergoglio, connu pour sa force de caractère, a maintenu un rythme effréné, au grand dam de ses médecins qui ne cessent de lui répéter de ralentir la cadence.