Plus qu’une aide: Comment l’Arabie saoudite défend la cause palestinienne en plein conflit

Le bâtiment détruit du journaliste palestinien Adel Zorob, tué pendant la nuit dans un bombardement israélien, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 19 décembre (Photo, AFP).
Le bâtiment détruit du journaliste palestinien Adel Zorob, tué pendant la nuit dans un bombardement israélien, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 19 décembre (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 25 décembre 2023

Plus qu’une aide: Comment l’Arabie saoudite défend la cause palestinienne en plein conflit

  • Le Royaume, par l'intermédiaire de l'agence d'aide saoudienne KSrelief, a acheminé 4 500 tonnes d'aide humanitaire à Gaza
  • L’Arabie saoudite a également utilisé activement son influence diplomatique pour défendre les droits des Palestiniens, s'érigeant en chantre de la paix

RIYAD: La cause palestinienne est au cœur de la politique étrangère de l'Arabie saoudite en raison des liens profondément enracinés entre les deux populations. Depuis longtemps, les Palestiniens en Arabie saoudite reconnaissent le rôle diplomatique et humanitaire significatif du Royaume envers leur cause, une reconnaissance qui s'est intensifiée au cours de la crise actuelle.

En réaction à l'escalade de la violence et aux attaques à Gaza, en particulier à la suite de la riposte d'Israël à l'assaut du Hamas le 7 octobre, l'Arabie saoudite a intensifié ses efforts pour tenter d'endiguer l'agression. Sobhi al-Haddad, un résident saoudien à Gaza depuis 1957 avec de nombreux proches – dont certains ont été victimes des récents bombardements – a partagé avec Arab News le soutien constant du Royaume aux nations arabes en crise, en mettant particulièrement en lumière son engagement envers la cause palestinienne.

Al-Haddad explique que «la position du Royaume a toujours été claire au cours de l'Histoire. Il soutient tous les pays arabes dans toutes les crises auxquelles ils sont confrontés, et au cœur de celles-ci se trouve la cause palestinienne. Le Royaume tente de protéger les intérêts des Palestiniens et de préserver leurs droits légitimes».

En effet, l'Arabie saoudite s’efforce activement de résoudre le conflit tout en protégeant les civils des atrocités. Le Royaume, par l'intermédiaire de l'agence d'aide saoudienne KSrelief, a acheminé 4 500 tonnes d'aide humanitaire à Gaza pour répondre aux besoins critiques générés par la guerre.

Al-Haddad rappelle les efforts des dirigeants saoudiens, notamment celui du roi Salmane et du prince héritier Mohammed ben Salmane, en faveur du peuple palestinien. L'Arabie saoudite a également lancé une campagne nationale de collecte de fonds via la plate-forme Sahem de KSrelief, soulignant ainsi son engagement de longue date envers le bien-être palestinien en période de crise.

«Les efforts saoudiens ne se limitent pas aux échanges diplomatiques avec les dirigeants mondiaux. Le Royaume a apporté son soutien aux Palestiniens dans l'épreuve à laquelle ils sont confrontés en lançant une campagne nationale de collecte de fonds via la plate-forme Sahem», indique Al-Haddad. «En mon nom et au nom de mes frères palestiniens, j'exprime mes profonds remerciements, mon appréciation et ma gratitude au gardien des lieux saints et à son Altesse le prince héritier pour cette noble initiative humanitaire, ainsi que pour le soutien politique et diplomatique sans limite à la cause palestinienne», déclare-t-il.

Dans ce contexte géopolitique complexe du Moyen-Orient, le soutien indéfectible de l'Arabie saoudite à la Palestine se démarque et trouve ses racines profondes dans l’histoire régionale. Ce soutien, qui transcende les domaines de l'engagement diplomatique, repose sur un héritage partagé et des liens culturels. Au fil des ans, ce lien s'est transformé en un système de soutien diversifié et solide, s'étendant des rues de Riyad aux zones en conflit de Gaza et de la Cisjordanie.

Influence diplomatique 

L'engagement de l'Arabie saoudite dépasse les domaines de l'aide financière et humanitaire. Le Royaume a activement utilisé son influence diplomatique pour défendre les droits des Palestiniens, s'érigeant depuis longtemps en chantre de la paix et promouvant activement des initiatives et le dialogue visant à résoudre le conflit israélo-palestinien.

Un aspect clé de son soutien réside dans son appui à la création d'un État palestinien, avec Jérusalem-Est comme capitale. Ces efforts ont conféré à l'Arabie saoudite un rôle majeur dans la formation des perspectives mondiales et ont attiré l'attention sur la situation précaire des Palestiniens.

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Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal bin Farhan, a déclaré que les Palestiniens ont droit à leur terre et à vivre en sécurité et dans la dignité sur leur terre (Photo, AFP).

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, a abordé la question des réfugiés palestiniens le 29 novembre, soulignant que la solution n’est pas dans le déplacement, mais dans l'arrêt de la violence, la levée des blocus et la facilitation de l’acheminement de l'aide humanitaire à la Palestine.

Il a réaffirmé la position ferme de l'Arabie saoudite en faveur des Palestiniens qui devraient vivre en sécurité et avec dignité sur leur terre.

«Le fardeau doit être levé, mais ce n'est pas au monde arabe de le faire. Il doit être levé en mettant fin aux massacres, en levant le blocus et en permettant l'acheminement d'une aide humanitaire suffisante pour soutenir la Palestine», a-t-il assuré.

L'Arabie saoudite était l'un des 153 pays plaidant en faveur d'un cessez-le-feu immédiat début décembre. Le prince Faisal a également insisté sur l’importance que les Palestiniens ne quittent pas leur terre, en affirmant leur droit à leur territoire.

«Les Palestiniens ne veulent pas abandonner leur terre, et nous ne les encouragerons pas ni ne les forçons à le faire. Nous ne collaborerons avec personne ayant de telles intentions», a-t-il ajouté.

Bassel Abdelaziz, 63 ans, résident saoudien avec des proches à Gaza, a salué le soutien indéfectible du Royaume à la cause palestinienne. Il souligne que ce soutien va au-delà de l'aide financière pour inclure un appui moral et politique dans les forums internationaux, et maintenir constamment la question palestinienne au premier plan de la conscience mondiale.


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.