Au Niger, les partenaires s’activent pour combler le vide laissé par la France

Les derniers soldats français embarquent dans un avion militaire français pour quitter définitivement le Niger, sur la base française remise à l'armée nigérienne, à Niamey, le 22 décembre 2023. (Photo, AFP)
Les derniers soldats français embarquent dans un avion militaire français pour quitter définitivement le Niger, sur la base française remise à l'armée nigérienne, à Niamey, le 22 décembre 2023. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 22 décembre 2023

Au Niger, les partenaires s’activent pour combler le vide laissé par la France

  • Après le départ de la France poussée vers la sortie, les autres pays occidentaux entendent garder un pied au Niger, notamment pour contrer l’influence russe dans la région
  • Les Etats-Unis, qui disposent d’une base aérienne dans le nord du pays, ont été les premiers à assouplir leur position et ont annoncé mercredi être prêts à reprendre leur coopération avec le Niger

NIAMEY: Les partenaires internationaux renouent un à un avec les autorités militaires qui ont pris le pouvoir par un coup d’État au Niger en espérant combler le vide laissé par la France, dont les derniers soldats ont quitté leur base vendredi.

La communauté internationale, les pays occidentaux et la France en tête, avait presque unanimement condamné le coup de force du 26 juillet qui avait renversé le président élu Mohamed Bazoum.

Les Etats-Unis, l’Union européenne et la France avaient suspendu leur coopération militaire et leur appui budgétaire, tandis que la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) avait imposé de lourdes sanctions économiques au pays, en attendant le rétablissement de l’ordre constitutionnel.

Quatre mois plus tard, le président Mohamed Bazoum est toujours séquestré au palais présidentiel. Les militaires ne se sont pas encore officiellement prononcés sur la durée de la transition, mais la Cedeao a ouvert la voie à un allègement des sanctions en le conditionnant à une "transition courte" avant un retour des civils au pouvoir.

Et le régime sort progressivement de l’isolement diplomatique.

Jeudi, le président béninois Patrice Talon a déclaré quant à lui vouloir "rétablir rapidement les relations" entre le Niger et le Bénin.

Lundi, l’Assemblée générale de l’ONU a donné son feu vert à la demande d’accréditation pour un ambassadeur, soumise par les généraux de Niamey.

Européens divisés

Après le départ de la France poussée vers la sortie, les autres pays occidentaux entendent garder un pied au Niger, notamment pour contrer l’influence russe dans la région.

Les Etats-Unis, qui disposent d’une base aérienne dans le nord du pays, ont été les premiers à assouplir leur position et ont annoncé mercredi être prêts à reprendre leur coopération avec le Niger, à condition que le régime militaire s'engage notamment à une transition courte.

Les pays européens, eux, ont commencent à se désolidariser de la France, qui a fermé son ambassade et campe toujours sur une posture de fermeté, refusant de reconnaître la légitimité des autorités militaires.

Le ministre allemand de la Défense en visite à Niamey, Boris Pistorius, a ainsi affirmé que l'Allemagne est "intéressée par la reprise de projets" au Niger, dans le cadre de la coopération militaire.

"On essaye de comprendre l’approche française après l’épisode de cet été. La France se désengage du Sahel, mais derrière, il faut qu’on puisse trouver un terrain d’entente, une approche européenne sur cette région, et non que chacun parle pour lui", estime un diplomate européen.

Selon un autre diplomate occidental, l’Union européenne se retrouve dans une "position intenable", avec des Etats membres peu pressés de s’accorder sur une réponse commune.

"Sur sept Etats membres qui étaient présents au Niger, six (la France exceptée) veulent à tout prix revenir et dandinent de la queue", face à des militaires nigériens qui "ont bien joué leur jeu", estime cette source.

Les autorités nigériennes ont accentué la pression sur les pays membres, en mettant fin à deux missions de sécurité et de défense de l'UE dans le pays, et abrogé une loi qui criminalisait le transport de migrants et éloignait la pression migratoire des frontières de l’espace Schengen.

"Il ne faut pas voir ces signes d’ouverture comme une capitulation vis-à-vis des autorités militaires. Mais il y a une sorte de pragmatisme qui s’affirme face aux principes dogmatiques de la diplomatie à l’occidentale, dans un contexte de reconfiguration des alliances stratégiques au Sahel", assure Fahiraman Rodrigue Koné, spécialiste du Sahel à l'Institut des études de sécurité (ISS).

"Vu la nature des tensions avec l’allié français, qui joue un rôle important dans la diplomatie européenne, la stratégie des autorités nigériennes serait de développer une coopération bilatérale avec certains acteurs européens", précise-t-il.

Spectre de Moscou

Ces partenaires européens se trouvent "face à un dilemme" d’après un diplomate italien: "nous avons pour responsabilité de ne pas partir, parce que le vide serait immédiatement comblé par les Russes", argue-t-il.

Début décembre, une délégation russe est arrivée à Niamey pour renforcer la coopération militaire. Moscou est déjà l’allié privilégié des régimes militaires au Mali et au Burkina Faso, deux pays qui ont formé une alliance avec le Niger en septembre et envisagent de créer ensemble une confédération.

En dehors du terrain sécuritaire, "l’allié russe ne comblerait pas tous les défis", estime toutefois Fahiraman Rodrigue Koné.

Une éventuelle reprise de l’apport budgétaire européen et de l’aide au développement pourrait soulager le régime de Niamey qui a annoncé une réduction de 40% de son budget national.

Mais le Niger peut également compter sur les dividendes d’un projet d’oléoduc entrepris en coopération avec la Chine, qui doit être inauguré en janvier et permettra au pays d’exporter pour la première fois son brut, soit environ 90.000 barils par jour, vers le Bénin.


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Short Url
  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
Short Url
  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Short Url
  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.