PARIS: "Chaque enfant sans abri" doit être "une priorité nationale": dans une tribune publiée mercredi dans Le Monde, des personnalités, des associations et plus d'une centaine d'élus réclament l'ouverture de 10 000 places supplémentaires d'hébergement d'urgence pour loger des milliers de familles à la rue.
"Le seul maintien des 203 000 places d'hébergement d'urgence actuel est une réponse insuffisante", pointe le texte signé notamment par l'humoriste Blanche Gardin, le militant des droits de l'enfant Lyes Louffok, ainsi que par le Collectif des associations unies, qui rassemble une quarantaine d'associations de lutte contre la précarité.
"Ce statu quo néglige la vie de milliers d'enfants", ajoute-t-il.
Près de 3 000 enfants, dont 700 de moins de trois ans, sont refusés chaque soir par le 115 (numéro que les personnes sans-abri peuvent appeler pour trouver un hébergement d'urgence). Ce chiffre, en hausse de 41% en un an, ne reflète toutefois "que la partie émergée de l'iceberg" puisqu'il "ne rend compte que des situations des enfants dont les parents ont réussi à joindre le 115".
Depuis des mois, les associations de solidarité dénoncent également la saturation de ce numéro d'urgence. En novembre, le gouvernement avait annoncé le recrutement pour janvier de 500 personnes supplémentaires au Samu Social afin de désengorger le service.
"Face à cette tragédie, il est temps que le gouvernement prenne des mesures adéquates", insistent les signataires.
Pour répondre à l'urgence de la situation, la Fondation Abbé Pierre suggère de créer des "cellules d'urgence sociales", composées des services sociaux et associations dans les grandes villes concernées par la saturation des hébergements d'urgence. Ces cellules seraient chargées de "recenser les bâtiments vides, publics et privés" du territoire et de les aménager pour accueillir les familles sans abris lorsqu'ils seraient adaptés à cet usage.
"Cela suppose que l'Etat débloque des moyens supplémentaires, ce serait une solution temporaire mais meilleure que des gymnases", commente auprès de l'AFP Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre.
Mardi, les maires socialistes et écologistes de six grandes villes (Bordeaux, Grenoble, Lyon, Paris, Rennes et Strasbourg) ont également demandé un rendez-vous au président Emmanuel Macron pour évoquer le système d'hébergement d'urgence "à bout de souffle" et "la crise humanitaire en cours".