TÉHÉRAN: Les États-Unis ont réclamé que les transferts de tous les fonds iraniens destinés à acheter des vaccins anti-Covid passent par des banques américaines, a affirmé samedi le président iranien, Hassan Rohani, en disant toutefois craindre que les Américains ne saisissent cet argent.
Le président américain, Donald Trump, a retiré unilatéralement en 2018 les États-Unis de l'accord sur le programme nucléaire iranien conclu en 2015 avec les grandes puissances et rétabli de lourdes sanctions économiques contre Téhéran.
L'Iran a des avoirs gelés dans plusieurs pays, dont les États-Unis, son ennemi juré.
En théorie, les aliments et les médicaments sont exemptés des sanctions américaines, mais en réalité, les banques internationales ont tendance à refuser les transactions impliquant l’Iran pour éviter d’être exposées à d'éventuels litiges.
«Nous voulions transférer les fonds du pays où se trouve notre argent» pour l'achat du vaccin et «ce pays a accepté», a dit Hassan Rohani lors d'une réunion du Comité de lutte contre le nouveau coronavirus, sans nommer le pays en question.
«Le Bureau de contrôle des avoirs étrangers du Trésor américain (OFAC)» a, lui, dit au départ «qu'il n'y avait pas de problème» pour un tel transfert de fonds mais il «a ensuite déclaré que l'argent devrait passer par la banque américaine avant d'être transféré» pour l'achat du vaccin, a ajouté Hassan Rohani.
«Qui peut faire confiance à des gens comme vous? Vous avez volé notre argent partout où vous l'avez retrouvé», a-t-il lancé à l'adresse de l'administration américaine.
En avril, M. Rohani s'est félicité d'une «belle victoire» juridique pour avoir obtenu le déblocage au Luxembourg de fonds s'élevant à 1,6 milliard de dollars gelés à la demande de Washington.
Avec plus de 54 500 morts sur près de 1 195 000 personnes contaminées, selon les statistiques officielles, l'Iran est le pays le plus durement frappé par la pandémie de la Covid-19 au Proche et Moyen-Orient.
Début décembre, le ministre de la Santé a annoncé que l'Iran avait «pré-acheté» environ 16.8 millions de doses de vaccin via Covax, le mécanisme d'accès équitable aux vaccins mis en place par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
L'achat «pourrait être plus coûteux et avoir du retard, mais ce sera certainement fait», a assuré samedi M. Rohani.
L'Iran a en outre lancé un appel aux volontaires ces derniers jours pour le début des essais cliniques sur son propre vaccin qu'il a commencé à développer au printemps, selon le ministère de la Santé.