PARIS: L'Italie, la France et l'Espagne doivent "procéder à des ajustements budgétaires", estime la directrice générale du FMI Kristalina Georgieva dans une interview à plusieurs journaux européens, s'inquiétant aussi des conséquences du conflit au Proche-Orient et de la montée du populisme.
La France, l'Italie et l'Espagne, "ont vu leur ratio dette/PIB augmenter considérablement", note la patronne du Fonds monétaire international (FMI) dans cette interview à plusieurs journaux européens dont le français Les Echos, publiée jeudi.
"Leur réponse budgétaire à la Covid a été, à juste titre, très ferme, mais elle a conduit à une augmentation des niveaux d'endettement et également à une augmentation des déficits", détaille-t-elle, les appelant désormais à "vraiment (...) procéder à des ajustements budgétaires".
Pour l'Italie, "le problème est aggravé par le ralentissement de la croissance résultant du retrait des mesures de soutien politique", selon elle. "Ce qui figure actuellement dans le budget italien devrait être renforcé: l'ajustement budgétaire que l'Italie est en train de mettre en place ne fonctionnera pas assez rapidement pour réduire les déficits et les niveaux d'endettement", avance Mme Georgieva.
Notant que la France est "dans une meilleure position car la croissance permet un ajustement budgétaire", la directrice générale du FMI estime toutefois "que 2024 doit marquer un tournant vers le resserrement budgétaire".
L'Espagne, qui a bénéficié d'un fort rebond des services et du tourisme, prévoit un ajustement de 0,3%, ce que, dit-elle, le FMI juge "acceptable tant que l'Espagne ne renouvelle pas les mesures de soutien politique qui devraient expirer à la fin de cette année".
«Impact tangible»
Evoquant la guerre entre Israël et le Hamas, Kristalina Georgieva relève que si elle "se prolonge ou même s'intensifie, elle aura un impact tangible" sur l'économie mondiale.
"La croissance en Israël va inévitablement être affectée", ajoute-t-elle, et "il en va de même pour les pays voisins comme le Liban, la Jordanie et l'Egypte, où le tourisme est également important".
Interrogée sur la montée du populisme, Kristalina Georgieva estime que "si nous ne sommes pas conscients de la nécessité de perfectionner constamment les compétences des gens (...), nous pourrions alimenter encore une fois le populisme".
Mais elle met aussi en avant "le rôle des réseaux sociaux", "une plateforme pour les plus bruyants, les plus colériques et les plus haineux".
Interrogée sur le programme économique du président élu argentin Javier Milei, la patronne du FMI souligne que "le pays a besoin d'un plan de réformes ambitieux".
"C'est notre message à l'Argentine depuis un certain temps et c'est toujours le même", ajoute-t-elle.