LONDRES: Quelque 8 500 personnes sont toujours portées disparues, selon l’Unicef, plus de deux mois après que la tempête Daniel a provoqué des inondations dévastatrices dans l’est de la Libye, où deux barrages se sont effondrés à Derna, détruisant de grandes parties de la ville côtière.
Seuls les corps emportés par la mer – une faible proportion – ont été retrouvés après des semaines d’efforts de recherche, rapporte mardi le journal The Guardian.
Malgré des périodes prolongées de violence et d’instabilité politique, la Libye demeure une destination prisée des migrants en quête de meilleures conditions de vie ou qui espèrent traverser la Méditerranée vers des pays d’Europe.
Hamad al-Chalwi, membre du comité de crise de Derna, estime qu’environ 6 000 migrants venus d’Égypte, du Soudan, de Palestine et de Syrie se trouvaient dans la ville lorsque la tempête a frappé. Il s’agit toutefois d’une estimation prudente; un rapport de l’Organisation internationale des migrations de 2023 évaluait ce nombre à plus de 21 000.
Lu’ay Afifi, un ouvrier palestinien du bâtiment qui vivait à Derna, fait partie des personnes toujours portées disparues, ainsi que sa femme et ses deux filles. Sa sœur, Sanaa, 60 ans, qui vit à Benghazi, à quelque 300 kilomètres, confie au journal The Guardian qu’elle a aucune idée de ce qui leur est arrivé.
«Je suis convaincue que mon frère et sa famille ont survécu à cette catastrophe. Mon mari et mon fils sont allés chez Lu’ay et il ne restait plus rien de la maison. J’ai inscrit leurs noms sur une liste établie par un comité du consulat palestinien à Benghazi pour la recherche des disparus. Je ne sais pas ce que je peux faire d’autre.»
Indemnisation
Lu’ay et sa famille ont été ajoutés à une liste de 65 Palestiniens tués par la tempête, selon les responsables du consulat de Benghazi.
«Le gouvernement libyen a déployé des efforts considérables dans les opérations de recherche et de sauvetage, fournissant par ailleurs une assistance médicale à ceux qui en avaient besoin», indique au même journal Ibrahim Jumaa, membre du comité de crise du consulat palestinien de Derna. «Mais, pour l’instant, aucune compensation financière n’a été versée aux 90 familles [palestiniennes] touchées.»
Les citoyens libyens, en revanche, commencent à recevoir une indemnisation d’un montant moyen de 50 000 dinars libyens (9 482 euros) par famille, note le responsable.
La situation est particulièrement tragique pour les familles d’immigrés sans papiers, comme Ali Achraf, un forgeron égyptien de 25 ans. Sa disparition a des répercussions graves sur ses proches. Sa famille, qui vit dans la province de Minya, l’une des régions les plus pauvres d’Égypte, dépendait largement des virements bancaires qu’il leur envoyait chaque mois pour survivre.
«Le ministère égyptien des Affaires étrangères et le Croissant-Rouge égyptien sont entrés en contact avec nous pour recueillir ses coordonnées», déclare la sœur d’Ali, Samah, 30 ans, au journal The Guardian.
«Nous avons également publié ses photos sur les réseaux sociaux en espérant que quelqu’un pourra nous fournir des informations.»
Selon le ministère égyptien de la Solidarité sociale, le gouvernement donne 25 000 livres égyptiennes (742 euros) aux citoyens blessés par les inondations et 100 000 livres (2 966 euros)aux familles des victimes. Cependant, la famille d’Achraf n’a toujours rien reçu.
«Cela ne compensera jamais notre perte, mais nous n’avons reçu aucun soutien ni compensation de la part des gouvernements égyptien ou libyen, pas même ses effets personnels», soutient Samah. «Ce ne sera pas facile de prouver qu’il se trouvait à Derna lorsque la tempête a frappé.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com