SAN FRANCISCO: Joe Biden a rencontré vendredi à San Francisco son homologue mexicain Andres Manuel Lopez Obrador pour parler d'immigration, avec toujours en arrière-plan la rivalité avec la Chine.
Les deux hommes ont rivalisé d'amabilités au début de leur entretien, en marge d'un sommet économique réunissant plusieurs pays du pourtour Pacifique en Californie.
Le président américain, pertinent que son homologue était assis à côté de son épouse Jill Biden la veille lors du dîner officiel du sommet, a blagué : "Vous étiez si captivant que j'ai eu peur que désormais elle ne vous préfère à moi."
Il a ensuite dit, plus sérieusement, qu'il ne pouvait avoir de "meilleur partenaire" que le Mexique face aux défis du moment.
«Pas facile»
Joe Biden a remercié son homologue de l'aider à "relever le défi" de la crise migratoire à la frontière des deux pays, en reconnaissant: "Je sais que ce n'est pas facile".
Il a également évoqué le travail des deux pays, dont les économies sont très intimement liées, sur les chaînes de production industrielles, et contre le trafic de fentanyl, puissant opiacé de synthèse à l'origine de dizaines de milliers d'overdoses chaque année aux Etat-Unis.
Le président mexicain a lui qualifié la relation entre les deux pays « d'excellente » et multiplie les compliments pour son hôte, un « président extraordinaire » et un homme « de convictions ».
L'entretien est organisé au lendemain d'une rencontre entre "AMLO" et le président chinois Xi Jinping, manifestant la compétition intense qui se livrent les Etats-Unis et la Chine jusqu'aux portes de l'Amérique.
Selon un communiqué publié par l'agence Chine nouvelle, le dirigeant chinois a "appelé à étendre la coopération entre la Chine et le Mexique dans la finance, les véhicules électriques et d'autres industries", tout en "approfondissant la coopération" dans les infrastructures.
Chine
Pékin a investi massivement dans de nombreux pays émergents, y compris en Amérique latine, dans le cadre d'un gigantesque programme de financement d'infrastructures appelé « Les nouvelles routes de la soie ».
Joe Biden se fait fort de proposer aux pays concernés une alternative séduisante, par exemple en concluant des accords divers et variés au sein de l'Apec.
Avec le Mexique, dont les Etats-Unis sont de loin le premier partenaire économique, le président américain a une autre priorité : répondre aux arrivées de migrants en grand nombre à la frontière entre les deux pays, longue de plus de 3.000 kilomètres.
Le démocrate brigue un deuxième mandat, et fait face aux attaques répétées de ses adversaires politiques contre sa politique migratoire, mais aussi à une grogne montante de certains responsables locaux démocrates.
Joe Biden assure qu'il veut aborder la question de l'immigration avec « humanité », tout en prenant, dans les faits, des décisions qui restreignent nettement l'accès au territoire américain.
Mur
Le dirigeant mexicain avait récemment qualifié de "pas en arrière" la reprise des travaux pour construire un mur à la frontière, un projet cher à l'ancien président américain Donald Trump et que Joe Biden dit être légalement obligé de poursuivre.
Vendredi, "AMLO", plus conciliant, a remercié son homologue d'avoir mis en place des voies légales d'immigration.
Il a également dit être "pleinement conscient des ravages" causés par le fentanyl aux Etats-Unis, et assuré qu'il aiderait à lutter contre ce trafic par "solidarité".
Il s'agit là aussi d'un sujet qui empoisonne la campagne de réélection du démocrate de 80 ans.
La drogue, fabriquée à base de produits provenant très souvent de Chine, est selon Washington introduite aux Etats-Unis par les cartels mexicains.
Commerce
Joe Biden avait d'ailleurs obtenu de Xi Jinping un engagement à lutter davantage contre ce trafic, lors d'un sommet mercredi entre les deux présidents, qui a permis de renouer un dialogue en souffrance depuis un an.
Les deux superpuissances ont promis vendredi de continuer leurs discussions à haut niveau sur un sujet particulièrement contentieux : le commerce.
Washington, qui accuse Pékin de manœuvres déloyales, et qui invoque la sécurité nationale, empile les mesures commerciales et technologiques contre la Chine.
Au grand mère du géant asiatique, dont le moteur économique a des taux.