Les violences économiques conjugales: Un phénomène insidieux qui sort de l'ombre

Une femme sur quatre se dit victime de la part de son partenaire actuel de violences économiques en France (Photo d'illustration, AFP).
Une femme sur quatre se dit victime de la part de son partenaire actuel de violences économiques en France (Photo d'illustration, AFP).
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Publié le Jeudi 16 novembre 2023

Les violences économiques conjugales: Un phénomène insidieux qui sort de l'ombre

  • Pendant vingt ans, Florence a vécu au rythme des violences infligées par son mari, jusqu'à ce que ce dernier la poignarde sur son lieu de travail
  • Une femme sur quatre (23%) se dit victime de la part de son partenaire actuel de violences économiques

PARIS: "Tu n'es rien, tu n'as rien, tout est à moi": longtemps éclipsées par les violences physiques dont elles sont souvent le corollaire, les violences économiques faites aux femmes commencent à sortir de l'ombre et à être, lentement, prises en compte.

Pendant vingt ans, Florence a vécu au rythme des violences infligées par son mari. Jusqu'à ce que ce dernier la poignarde sur son lieu de travail. Elle a survécu et lui est décédé avant son procès pour tentative de meurtre.

Moins directes que les coups, les violences économiques sont insidieuses, raconte à l'AFP cette Jurassienne de 59 ans. "Je me rappelle m'acheter une voiture, il met la carte grise à son nom, on était mariés donc sur le moment je n'ai pas sourcillé mais je me rends compte que quasiment tout est à son nom".

"Quand je faisais les courses, s'il me passait sa carte, il fallait que je lui rapporte la note", poursuit-elle. "Il m'a fait croire toutes ces années que je ne ramenais rien. Sa phrase fétiche, c'était +tu n'es rien, tu n'as rien, tout est à moi+. Au final, j'ai tout perdu, la maison, les véhicules, mes affaires personnelles".

Deux ans après un rapport parlementaire passé relativement inaperçu, un sondage Ifop pour la newsletter Les Glorieuses publié début novembre a braqué les projecteurs sur les violences économiques dont près d'une femme sur quatre (23%) se dit victime de la part de son partenaire actuel.

En 2021 déjà, 25% des faits dénoncés au 3919, numéro dédié aux femmes victimes de violences conjugales, concernaient ce type de violences, selon la Fédération nationale solidarité femmes, association qui gère ce numéro.

"Ça peut aller du prêt contracté sans que la femme soit au courant, à l'engagement de dépenses auxquelles elle n'a pas forcément donné son accord", énumère sa présidente Françoise Brié. Elle cite le cas de femmes "enfermées pendant des jours dans des maisons isolées jusqu'à ce qu'elles signent, sous la menace, des donations de leurs biens".

Ça m'a sauvée

Certaines se voient privées de carte bancaire et se retrouvent totalement dépendantes de leur conjoint, qui, parfois, les a poussées à quitter leur travail.

Une "emprise" qui complique par la suite toute tentative de quitter le domicile conjugal, insiste Élise Sélimovic-Lartillier, du collectif féministe "Nous toutes", évoquant un "véritable frein".

Une analyse partagée par Virginie (son prénom a été changé). Elle a occupé des postes importants dans le secteur de l'hôtellerie avant de rejoindre l'entreprise de son mari.

Lorsqu'elle lui annonce son intention de quitter ce travail, à la suite de "problèmes de santé liés aux violences" qu'il lui inflige, il "menace" de la "détruire" en ne finançant pas les études des enfants, "car il avait compris que j'allais aussi le quitter", raconte à l'AFP cette femme âgée de la cinquantaine.

Mais "le fait d'avoir toujours travaillé, de savoir que je pourrais travailler ailleurs et être indépendante financièrement" m'a "évidemment aidée à partir", dit-elle. "Ca m'a sauvée".

Son départ ne signe pas pour autant la fin des pressions. Son ex-conjoint a notamment "baissé volontairement ses revenus pour réduire le montant de la pension alimentaire", détaille Virginie, encore "profondément choquée".

Intention de nuire

Face à cette forme de violences encore mal identifiée, des mesures commencent à voir le jour.

En 2021, un rapport parlementaire a dressé une série de recommandations, dont la prise en compte, en droit, de la notion de violences économiques, afin d'aboutir à leur pénalisation.

Un an plus tard, la loi dite Rixain impose que tous les salaires et prestations sociales payés par virement soient désormais versés sur le compte bancaire du salarié ou  bénéficiaire (ou sur un compte commun auquel le salarié a -théoriquement- accès).

Autre avancée saluée par les associations féministes, la récente déconjugalisation de l'allocation aux adultes handicapés (AAH).

Mais au niveau pénal, les progrès avancent lentement. "Démontrer qu'il y un élément moral, une intention de nuire au prisme de l'analyse de la comptabilité ou de la gestion financière d'une entité familiale est extrêmement compliqué", souligne Anne Bouillon, avocate spécialisée en droits des femmes.

"La frontière est floue entre une femme qui ne s'occupe pas de l'argent du couple en disant +ça ne m'intéresse pas+ et une situation de dépossession", abonde Céline Bessière, sociologue et co-autrice du "Genre du Capital".

"L'intérêt de qualifier cela de violences économiques, c'est de dire +c'est un vol, c'est passible de la justice pénale+. Mais on n'y est pas encore", ajoute-t-elle.


« Attentat terroriste » en France : un mort, le ministre de l'Intérieur blâme l'Algérie sur l'immigration

La police scientifique française travaille sur le site d'une attaque au couteau où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux policiers à Mulhouse, dans l'est de la France, le 22 février 2025. (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
La police scientifique française travaille sur le site d'une attaque au couteau où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux policiers à Mulhouse, dans l'est de la France, le 22 février 2025. (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • dans l'est de la France, un homme de 37 ans, fiché pour risque de « terrorisme », a tué une personne et blessé au moins trois policiers à l'arme blanche.
  • Selon le président Emmanuel Macron, il s'agit d'un « acte de terrorisme », tandis que le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a mis en cause la non-coopération de l'Algérie sur l'immigration.

MULHOUSE, FRANCE : Samedi, dans l'est de la France, un homme de 37 ans, fiché pour risque de « terrorisme », a tué une personne et blessé au moins trois policiers à l'arme blanche. Selon le président Emmanuel Macron, il s'agit d'un « acte de terrorisme », tandis que le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a mis en cause la non-coopération de l'Algérie sur l'immigration.

Selon des témoignages concordants obtenus par l'AFP, l'assaillant a crié « Allah u Akbar » (« Dieu est le plus grand » en arabe) à plusieurs reprises samedi, lors de l'attaque menée dans la ville de Mulhouse, ainsi que lors de son interpellation par les forces de l'ordre.

Selon le parquet de Mulhouse, l'assaillant a agressé les victimes avec un couteau, blessant notamment un Portugais de 69 ans qui est décédé.

Deux policiers municipaux ont été grièvement blessés, l'un à la carotide et l'autre au thorax, a affirmé à l'AFP le procureur de Mulhouse Nicolas Heitz. Si le second a pu sortir de l'hôpital, le premier doit être transféré dimanche au centre hospitalier de Colmar, à environ 40 kilomètres de Mulhouse. Trois autres policiers municipaux auraient été plus légèrement atteints, a précisé le procureur.

En déplacement au Salon de l'agriculture à Paris, Emmanuel Macron a dénoncé un « acte de terrorisme islamiste » qui ne fait pas de doute.

Nicolas Heitz a déclaré que le suspect était inscrit au fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste.

Interrogé sur la chaîne TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et accusé l'Algérie de l'avoir refusé à dix reprises.

« Une fois de plus, c'est le terrorisme islamiste qui a frappé. Et, une fois de plus, j'ajoute que ce sont les désordres migratoires qui sont aussi à l'origine de cet acte terroriste », a-t-il lancé.

Devant l'hôtel de police de Mulhouse, où il a rendu hommage au sang-froid des policiers, M. Retailleau a précisé que le suspect présentait également « un profil schizophrène » et que son acte présentait « une dimension psychiatrique ».

Selon des sources syndicales, le suspect était placé sous contrôle judiciaire avec assignation à résidence.

Les faits se sont déroulés à 15 h 40 (14 h 40 GMT), près d'un marché très animé du quartier populaire.

L'homme a d'abord blessé grièvement des agents de stationnement, puis un sexagénaire portugais, mortellement atteint d'un coup de couteau.

« Nous ne savons pas s'il s'est trouvé par hasard sur son chemin ou s'il a fait un acte de bravoure en s'interposant », a indiqué le ministre.

L'assaillant a ensuite été poursuivi par des policiers municipaux qui sont parvenus à le maîtriser sans faire usage d'armes à feu.

À la nuit tombée, plusieurs membres de la police scientifique s'affairaient encore à la lueur d'un projecteur sur la dalle située à l'extérieur du marché couvert. Le périmètre était gardé par des militaires.

« Le fanatisme a encore frappé et nous sommes en deuil », a réagi le Premier ministre centriste François Bayrou, qui a adressé ses « félicitations aux forces de l'ordre pour leur intervention rapide ».

« L'horreur vient de saisir notre ville », a déploré la maire de Mulhouse, Michèle Lutz, sur Facebook.

En janvier, un homme de 32 ans avait blessé une personne au couteau dans un supermarché d'Apt, dans le sud de la France, en criant « Allah Akbar ». Il a été inculpé et écroué pour tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste.

Fin janvier, le procureur antiterroriste, Olivier Christen, avait souligné que « l'absence d'actes terroristes mortels en France en 2024 ne reflète pas une diminution du risque terroriste », rappelant que neuf attentats ont été déjoués l'an dernier sur le territoire français.


Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lors d'un rassemblement antifasciste à Paris

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  • Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée.
  • « Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle.

PARIS : Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée, pour laquelle six membres de l'ultradroite ont été inculpés, a constaté un journaliste de l'AFP.

« Paris, Paris, Antifa ! », « Pas de quartier pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers », « Nous sommes tous antifascistes », ont scandé les manifestants réunis place de la République. Un drapeau rouge « No pasaran » a été accroché sur un flanc de la statue, au centre de la place emblématique.

Ce rassemblement se tient six jours après l'agression à l'arme blanche d'un homme membre du collectif Young Struggle, qui se présente comme une « organisation de jeunesse socialiste » et adhérent au syndicat CGT. Il avait dû être hospitalisé quelques heures.

Dimanche dernier, « une vingtaine de personnes » appartenant à la mouvance d'ultradroite, « cagoulées et munies de tessons de bouteille » selon la préfecture de police, avaient pénétré dans la cour d'un immeuble où se situe une association culturelle de travailleurs immigrés de Turquie et agressé une personne avant de prendre la fuite.

Six jeunes hommes ont été inculpés pour violences volontaires aggravées. L'un d'eux, qui avait du sang sur ses vêtements et qui a reconnu sa participation, a été incarcéré.

« Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle, avant de faire siffler le nom de Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur et connu pour ses positions très conservatrices.

« Partout, l'extrême droite se répand, encouragée par les saluts nazis de Elon Musk et Steve Bannon », a déclaré à sa suite Mathilde Panot, cheffe des députés du parti de gauche radicale LFI (La France Insoumise).

Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, a récemment été sous le feu des projecteurs pour un geste qualifié de salut nazi lors de la convention CPAC, la grand-messe des conservateurs américains près de Washington.

Il a brièvement tendu sa main en l'air après avoir déclaré devant les supporters de Donald Trump : « Nous n'allons pas reculer, nous n'allons pas capituler, nous n'allons pas abandonner. Luttez, luttez, luttez ! »

En janvier, le milliardaire Elon Musk, conseiller de Donald Trump, avait lui-même été épinglé pour un geste ambigu analogue.


Macron dira à Trump qu'entre alliés on ne peut pas "faire souffrir l'autre" avec des droits de douane

Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
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  • "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris
  • Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques

PARIS: "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris alors que Donald Trump menace d'imposer des droits de douane sur de multiples produits européens.

"Je vais (lui) en parler parce qu'on a besoin d'apaiser tout ça", a relevé le président français qui doit rencontrer son homologue américain lundi à Washington.

"La filière agricole et agroalimentaire (française), c'est une grande filière d'exportation, donc il faut la défendre pour la rendre encore plus compétitive", a-t-il ajouté.

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques, c'est-à-dire que les États-Unis appliqueront le même niveau de droits de douane sur les produits en provenance d'un pays que le niveau appliqué dans ce pays aux produits américains.

Il a également annoncé le retour de droits de douane sur l'acier et l'aluminium. Et, s'il a déjà visé le Canada, le Mexique et la Chine, il a régulièrement assuré que les pays européens étaient également menacés.

En France, les viticulteurs sont particulièrement inquiets d'un retour des droits de douane américains sur le cognac et le vin, qu'ils exportent en masse vers les États-Unis, d'autant que le cognac souffre déjà d'un différend commercial entre l'UE et la Chine, son premier marché en valeur.

"Je suis déterminé sur tous les sujets pour avoir un échange" avec Donald Trump, a encore dit Emmanuel Macron. "On partagera nos accords, nos désaccords et j'espère surtout qu'on trouvera des solutions sur la question de l'Ukraine".

Le président américain est reparti à la charge vendredi contre son homologue ukrainien. Tout en estimant que Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine allaient "devoir se parler", pour "mettre fin au massacre de millions de personnes", il a jugé que la présence de l'Ukrainien n'était "pas importante" dans des négociations avec la Russie.

Il a ciblé par ailleurs Emmanuel Macron, et Keir Starmer, qui n'ont selon lui "rien fait" pour mettre un terme à la guerre. Le Premier ministre britannique est attendu jeudi à Washington.